Juge administratif et projections cinématographiques : un contrôle insolite sur une filmographie insolite (original) (raw)

« Toutes les histoires des films qui ne se sont jamais faits » : modalités de l’inadvenue au cinéma

Une histoire au négatif n’a de véritable intérêt que si elle prend la forme non d’une simple histoire des œuvres absentes mais est capable d’intégrer une réflexion sur les modalités d’absence en art – et dans tel ou tel art plus particulièrement. L’histoire du cinéma invisible se déploie pourtant le plus souvent sous forme de listes : listes d’auteurs maudits, listes de chefs d’œuvres irréalisés, listes de dates devenues les seules traces de films disparus… Il y a là une limite de nature à invalider l’intérêt théorique d’un tel projet. Un tel obstacle n’est surmontable qu’à condition de prendre en considération la fonction attribuée à l’écriture du scénario dans l’industrie du 7e art et par conséquent le statut très particulier de ce type de texte. J’aimerais défendre ici l’idée que non seulement l’inadvenue joue, au cinéma, un rôle plus important et plus systématique que dans n’importe quel autre art, mais que de plus c’est précisément à ce stade du scénario que se décide le sort de la plupart des films et par conséquent leur (in)aboutissement. Reste qu’envisager ainsi le cinéma sous l’angle de son inadvenue représente, par la réévaluation du scénario qu’un telle approche suppose, un défi historiographique qui heurte de manière directe l’habitude que nous avons d’assimiler le statut ontologique de l’œuvre cinématographique à son médium visuel.

L’aventure filmologique : documents et jalons d’une histoire institutionnelle

In collaboration with the Sorbonne, the Institute of Filmology unofficially began offering courses leading to a degree in film studies—the first such degree to be offered in France—in 1948. Its official birth, however, came through a decree published on October 28, 1950. It was subsequently closed down by another decree published in June 1963. What happened between these two dates? What were the conditions of birth of the Institute and why did it suddenly cease its operations some fifteen years later? This article, based on archival materials, examines the surprising institutional, political and even “secret” history of the Institute of Filmology and the role played by its founder and principal protagonist, Gilbert Cohen-Séat.

Les représentations de l’IA au cinéma : entre libre-arbitre et aliénation

Lexsociété, 2024

L'article explore les représentations de l'intelligence artificielle (IA) au cinéma, allant des robots physiques aux super-ordinateurs et logiciels, en passant par leurs interactions avec les humains (opposition, servitude, cohabitation). Le cinéma, souvent dominé par les États-Unis, anticipe et dramatise les possibilités de l'IA, influençant les perceptions publiques. Les œuvres varient de la spéculation à la réflexion critique, contribuant à la discussion sur les impacts éthiques et sociaux de l'IA.

Dictature et image absente dans le cinéma de non-fiction

Savoirs en Prisme, 2019

Numéro 9 de la revue Savoirs en prime : Dictature et image absente dans le cinéma de non-fiction Ce numéro de la revue Savoirs en Prisme s’intéresse spécifiquement à l’absence d’image d’archive originelle dans les documentaires réalisés au XXIe siècle sur les dictatures du siècle précédent. Il entend interroger la façon dont le cinéma des deux premières décennies du nouveau millénaire évoque cette absence, ce vide, dans le cadre d’une production qui est principalement centrée sur la construction d’une mémoire des dictatures. Le concept « d’image absente » forgé par Nancy Berthier (2008) permet de problématiser ce vide. En effet, lorsque l’image photomécanique, très tôt associée à un rôle testimonial avec une valeur de preuve, ne capte pas l’événement, son évocation visuelle relève de différentes stratégies de représentation, l’absence d’image mettant en quelque sorte l’événement « hors-champ ». Sous la direction de Marianne Bloch-Robin, Alberto da Silva, Rodrigo Nabuco de Araujo

L'intérmédialité aléatoire ou les rapports secrets entre littérature et cinéma

Cet article interroge la pertinence de la notion d’« intermédialité aléatoire», expression forgée à partir de celle d’« intertextualité » aléatoire de Michael Ri aterre, et développée grâce aux travaux sur la série figurale (Martin Lefebvre), le remake secret ou déguisé (Marie Martin, Anat Zanger) ou encore la réécriture (Marie-Claire Ropars). L’article s’attache à analyser certaines expériences d’intermédialité faites par le lecteur-spectateur, dont la mémoire crée, à partir de textes et de films dépourvus de rapport objectif de reprise, des réseaux et des séries personnels.

Crime syndiqué et cinéma : entre langue étrange et langue étrangère

Traduire la criminalité Perspectives traductologiques et discursives, 2020

Le crime organisé est très représenté au cinéma, notamment dans les productions américaines. Ces films, souvent du genre policier, montrent des groupes criminels marqués socio-ethniquement et insistent sur la composante identitaire du crime syndiqué. Ce milieu se retrouve aussi dans des comédies, où évoluent des gangsters stéréotypés, comme Broadway Danny Rose (1984) et Bullets Over Broadway (1994) (Allen), dont les personnages gèrent des démêlés loufoques avec la pègre italo-américaine. Ces opus souscrivent aux analyses du phénomène à la période de la diégèse fondées sur un déterminisme social et la théorie de l’« alien conspiracy ». Les origines italiennes des personnages sont mises en évidence via des traits culturels révélateurs de préjugés envers cette communauté. Cette farce et ce divertissement sont donc porteurs d’un discours marqué sociologiquement. Les personnages sont aussi reconnaissables à leur sociolecte : leurs activités clandestines les obligent à des implicitations, avec des xénismes ou des emprunts à l’italien et des métaphores argotiques quasi technolectiques. Ces marqueurs verbaux peuvent s’avérer problématiques à transférer dans des versions doublées et sous-titrées en d’autres langues et on étudie leur traitement dans les versions françaises des deux comédies pour voir si, dans ces parodies, l’adaptation modifie la représentation conventionnelle du syndicat du crime comme résultat du vice importé ou conforte les stéréotypes.