Modèle québécois de développement et gouvernance: entre le partenariat et le néolibéralisme? (original) (raw)

Les complémentarités institutionnelles du modèle québécois de développement

Recherches sociographiques, 2010

Résumé Si le fonctionnement de l’économie québécoise poursuit principalement une logique libérale en raison de sa forte intégration continentale, divers facteurs historiques et culturels ont amené l’État du Québec à intervenir plus largement dans l’économie et à promouvoir un partage des fonctions de régulation avec certains groupes constitués de la société civile. À partir de la théorie des complémentarités institutionnelles, la présente étude cherche à alimenter le débat sur l’avenir du modèle québécois de développement. Refusant une approche manichéenne, cette étude repose sur l’hypothèse selon laquelle la performance économique du modèle québécois de développement serait fonction du degré d’intégration entre les institutions du libre marché et les institutions favorisant la redistribution des richesses et la participation citoyenne à la gouverne.

Le modèle québécois de gouvernance à l’épreuve du Plan Nord

L’État du Québec, Montréal, Institut du Nouveau Monde, p. 400-414., 2012

Une des caractéristiques du Québec est la relation particulière que l’État entretient avec les régions nordiques. Du point de vue de l’État, ces territoires sont avant tout des « régions ressources », et c’est sa prérogative d’en assurer le développement. Lorsqu’il s’engage dans le développement de ces territoires, ce n’est pas dans une simple perspective économique, mais pour en faire, selon les discours officiels, un projet collectif, un outil de souveraineté économique, voire un moyen de donner au Québec une place sur l’échiquier mondial. Le projet hydroélectrique de la Manicouagan, ceux de la Baie-James et maintenant le Plan Nord illustrent cette approche de développement « nationaliste » et économique du Nord au profit du Sud.

La gouvernance néolibérale et les organismes communautaires québécois: Étude de la Fondation Lucie et André Chagnon

Malmenés par un sous-financement chronique, les organismes communautaires québécois ouvrent une porte grandissante au secteur privé pour subvenir à leurs besoins. Faisant partie de ce lot, la « nouvelle philanthropie » s’introduit dans le champ du social avec des rationalités et des modes d’action différents des pratiques historiques de l’action communautaire. L’augmentation en présence des fondations vient alors restructurer les rapports de pouvoir et renouvèle du même coup les questionnements entourant l’autonomie de l’action communautaire, originellement liés à l’État. Notre recherche part du constat d’une transition dans les formes de l’action communautaire québécoise; d’un délaissement d’une culture d’opposition politique vers une « ère » partenariale. Ce mémoire s’intéresse au rôle moteur qu’a pu jouer la nouvelle philanthropie dans cette transformation au cours des dernières années. Nous avons tenté de cerner comment les fondations parviennent à diffuser une rationalité néolibérale à travers des mécanismes de gouvernance entrepreneuriale axée sur l’efficacité et l’efficience. Fort présente au Québec, la Fondation Lucie et André Chagnon, et ses partenariats public-privé Avenir d’enfants, Québec en Forme et Réunir Réussir, ont servi d’exemple analytique pour nos observations. Nous avons donc procédé à une analyse documentaire de leurs écrits, complétée par des sources journalistiques ou provenant de groupes d’action communautaire. Nos observations permettent d’analyser comment la gouvernance ou la rationalité gestionnaire parvient, à travers la bureaucratisation et la création d’un processus abstrait de l’intervention, à introduire une conception néolibérale de la prise en charge. Cette influence se traduit tant dans la définition des problèmes sociaux que dans l’organisation minutieuse des moyens de prise en charge et des étapes de sa réalisation. En valorisant l’introduction de procédés et de techniques de gouvernance du privé, la notion de l’intérêt est dissimulée et dépolitisée derrière son apparence de neutralité. Les formes de prises en charge privilégiées, telles que les regroupements locaux de partenaires, écartent alors la question des inégalités formelles de pouvoir entre les parties, pourtant au cœur des préoccupations historiques de l’action sociale et communautaire.

Enjeux actuels pour les organismes communautaires québécois : hyper concertation, nouvelle philanthropie, néolibéralisme et nouveaux paradigmes scientifiques et de gestion

2015

Dans cet essai, l'auteure dresse un portrait du mouvement communautaire québécois à travers le temps, depuis ses origines. Au cours de cet historique, elle s'attarde à certains enjeux préoccupants pour ce secteur : l'hyper concertation, le néolibéralisme, la nouvelle philanthropie et la popularité grandissante de certains paradigmes scientifiques et de gestion, dont la nouvelle gestion publique et la prévention précoce. S'appuyant sur une rigoureuse revue de littérature, l'auteure propose une lecture critique de la situation actuelle pour le mouvement communautaire québécois. Elle soulève également des questionnements par rapport à l'avenir de ces institutions qui font vraisemblablement face à d'importantes difficultés. 4 C'est ainsi qu'au Canada, l'État s'inspire de plus en plus des idées keynésiennes et assume davantage la responsabilité de résoudre les problèmes sociaux, tâche qui était autrefois attribuée aux institutions privées, qu'il s'agisse de la famille ou de l'Église, par exemple (Mayer, 2002 : 63). C'est la naissance de l'Étatprovidence, qui met également à l'avant-plan de nouvelles valeurs : « l'idée de liberté, si chère au discours politique libéral, est mise au second plan au profit de valeurs de démocratie et d'égalité que ce dernier avait toujours laissées dans l'ombre » (Beauchemin, Bourque et Duchastel,1995 : 15). La solidarité sociale est au coeur du providentialisme et démontre bien à quel point ce nouveau système politique redéfinit les liens entre les individus, la société et le gouvernement (Beauchemin, Bourque et Duchastel,1995). Au Québec, la crise économique de 1929 a aussi eu d'importantes répercussions. Le gouvernement québécois prend, lui aussi, un virage vers le providentialisme à la sortie de cette crise. Plusieurs lois sont adoptées pour venir en aide à certaines catégories de citoyens qui sont plus durement touchés par la pauvreté. Les conceptions changent, et on perçoit de plus en plus la pauvreté comme un problème social et non individuel. Bref, les idées keynésiennes font leur chemin à cette époque, jusqu'à l'arrivée au pouvoir de Maurice Duplessis. En effet, durant la période où l'Union Nationale est au pouvoir, les principes solidaires qui avaient commencé à germer seront plus ou moins laissés de côté (Mayer, 2002 : 63). À partir des années 60, l'État-providence reprend concrètement son élan au Québec dans le contexte marqué par la Révolution tranquille. Le gouvernement libéral de Jean Lesage succède au parti beaucoup plus conservateur de Maurice Duplessis. Les mouvements ouvriers revendiquent de meilleures conditions de travail et luttent pour la syndicalisation (Mayer, 2002 : 214). L'État prend de plus de plus de place, il assume un plus grand rôle dans la définition et la gestion des problèmes sociaux, et il met en place divers programmes et politiques pour répondre aux besoins des Québécois. C'est au courant des années 70 que naîtront « la plupart des institutions du réseau publique de la santé et des services sociaux qui caractérise le Québec moderne » (Mayer, 2002 : 67-68). Les années 70 voient également la création de nombreux comités de citoyens, qui formulent différentes revendications concernant le logement, la santé et l'alimentation (Mayer, 2002 : 215). L'État dépense de plus en plus en matière de santé et de services sociaux. Les perspectives s'élargissent aussi, et on commence à prendre en compte les déterminants sociaux de la santé, c'est-à-dire tous les éléments de l'environnement qui peuvent avoir une influence directe ou indirecte sur la santé d'une population (Mayer, 2002 : 67-69). Durant cette période, plusieurs changements majeurs se produisent au Québec, tant au niveau social que politique. De nouveaux groupes prennent la parole, et de nouveaux débats obtiennent d'être entendus par les pouvoirs politiques. Les comités de citoyens se font de plus en plus nombreux, et la participation sociale devient un enjeu majeur. C'est dans ce contexte que naissent de nombreux organismes communautaires, aux origines aussi variées que leurs objectifs (Mayer, 2002 : 216 et 277).

De l'utopie radicale à la bonne gouvernance: le cas du Québec

AmeriQuests, 2010

Denyse Côté et Étienne Simard, Université du Québec en Outaouais « L'utopie est indispensable au changement social, à condition qu'elle soit fondée sur les contradictions de la réalité et sur des mouvements sociaux réels. » (Löwy, 2005) Le Québec, on le sait, est une « petite société » 1 nord-américaine de presque 8 millions d'habitants dont la langue d'usage est le français et qui est entourée d'une population de plus de 300 millions et dont la langue d'usage est l'anglais. Elle a connu dans la deuxième moitié du XX e siècle un mouvement social qui a radicalement transformé son échiquier politique, économique et social. Cet article a pour but de présenter la difficulté d'émergence de nouvelles radicalités dans le cadre de ce système construit sur cette radicalité antérieure. La génération radicale des années 1960 et 1970 aura en effet laissé derrière elle des structures, une culture politique et un discours qui occupent l'espace social et laissent peu de place à l'expression de nouvelles radicalités. Comment les nouvelles générations de militants radicaux font-ils leur place? Comment se situent-ils face aux politiques et discours socio-démocrates issus de ce demi-siècle d'histoire québécoise et dont le virage néolibéral est clairement entamé? Quels espaces peuventils investir? Quels blocages rencontrent-ils? Voilà les questions auxquels cet article tentera de répondre.

La topographie des think tanks patronaux québécois. La construction d’un paysage néolibéral

Globe: Revue internationale d’études québécoises, 2004

Cet article propose une topographie des laboratoires d’idées (think tanks) patronaux au Québec. Il brosse le portrait de trois laboratoires importants (le Conseil du patronat du Québec, le Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations, et l’Institut économique de Montréal), soulignant leur insertion dans un réseau les liant au patronat québécois et à l’État, ainsi que le contenu idéologique de leur recherche et leur discours. L’article se conclut avec une discussion des pistes de recherche que cette topographie soulève.

L’État partenaire du communautaire : vers un nouveau modèle de développement

Le dossier : l’arrimage entre le communautaire et le secteur public, 1994

Dans cet article, l'auteur, s'inscrivant dans le cadre de la théorie de la régulation, s'interroge sur le partenariat État/organismes communautaires sous l'angle d'un enjeu pour l'implantation d'un nouveau modèle de développement postprovidentialiste. Le scénario exploré est celui d'une mobilisation communautaire vers un modèle où l'État deviendrait partenaire de la société civile.