Géopolitique Des Migrations : Les Effets Répulsifs Ou Attractifs Des Constitutions (original) (raw)
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LES SOPHISMES MIGRATOIRES ET LA RÉPUBLIQUE [Migration fallacies and the Republic]
Panoramiques, 2001
La question de l’immigration verse trop souvent dans les excès ; d’un côté, certains prônent une ouverture totale des frontières ; à l’opposé, d’autres demandent leur fermeture complète, incluant le renvoi des « étrangers chez eux ». Compte tenu de la relative pauvreté du débat démocratique en France, tout discours sur l’immigration est rapidement classé dans l’une ou l’autre catégorie, même s’il consiste simplement à vouloir proposer une analyse objective de l’immigration. Cette relative fermeture du débat signifie la domination de raisonnements ayant les apparences de la vertu et dont l’utilisation et la répétition écartent toute approche scientifique et réaliste de la question de l’immigration. Quatre sophismes migratoires méritent un examen particulier : le sophisme sentimental, le sophisme mécaniste, le sophisme utilitariste et le sophisme rousseauiste. [The issue of immigration pays too often in excess; on one side, some advocate a total opening of borders; in contrast, others ask their complete closure, including the return of "foreign home". Given the relative poverty of democratic debate in France, any discourse on immigration is rapidly classified into one category or another, even if it is simply to want to propose an objective analysis of immigration. This relative closure of debate means the domination of reasoning with the appearance of virtue and the use of repetition and discard any scientific and realistic approach to the issue of immigration. Four fallacies migration deserve special consideration: the sentimental fallacy, the fallacy mechanistic, utilitarian fallacy and Rousseau fallacy.]
Rôle des flux migratoires et des réfugiés dans la construction d’un État
Populations réfugiées
La construction turque de l'État-nation est un phénomène récent, datant de la première moitié du XXe siècle. Cependant, les racines de la turquisation de l'actuelle république de Turquie sont bien plus anciennes et remontent au Moyen Âge, à l'époque des Croisades. L'histoire turque en Haute Asie et Asie centrale, puis en Anatolie, d'abord nomade, tiirke1 et seldjoukide, puis ottomane et enfin répu¬ blicaine, est faite de multiples courants migratoires, parmi lesquels réfugiés et déplacés jouent un rôle de premier plan. La Turquie est tout autant terre d'accueil de réfugiés, déplacés, expul¬ sésles muhacirs.2, plus de sept millions de personnes de 1783 à Populations réfugiées. De l'exil au retour aujourd'hui, mais les premiers « réfugiés » apparaissent en Anatolie dès l'époque gengiskhanide (XIIIe siècle)que terre de départ de réfugiés, déplacés et expulsés, Grecs anatoliens et pontiques, Arméniens, Kurdes, Assyro-Chaldéens..., dans un incessant tourbillon où les uns sont rem¬ placés par d'autres. Ce constat, toujours d'actualité en cette fin de XXe siècle, vaut depuis au moins 930 ans, si l'on retient la date de naissance de la Turquie selon les nationalistes, soit 1071, la bataille de Malazgirt ou Mantzikert. L'historiographie turque, réécrite et renouvelée durant les années 1930, dans l'optique de la construction d'un État-nation laïcisé, occidentalisé, modernisé, fait en réalité le lien entre histoire médiévale et actualité contemporaine et, par son discours autant que par ses silences sélectifs sur les flux migratoires et la présence de minorités autochtones, aide à l'édification d'une nation plus proche du modèle alle¬ mand (avec de fortes réminiscences impériales cependant) que du modèle français3. Nous tenterons de montrer comment la mobilité forcée ou volontaire, sous des formes très variables, peut être instrumentalisée, à l'entrée comme à la sortie d'un territoire particulier. En effet, l'actuelle Turquie se présente comme un réduit de l'ancien empire ottoman, recentrée sur une province asiatique, où la conception de l'État, sous une forme modernisée, reste hautement traditionnelle et étrangère à la logique « latine », et à notre avis, européenne occidentale de l'Étatnation. Nous montrerons également que cette conception reste vivante et peut générer des problèmes difficiles dans la nouvelle configuration du Moyen-Orient et de l'Asie centrale de « l'après perestroïka »4. En réalité, cette conception de la « nation » n'est pas
L’intégration comme injonction. Enjeux idéologiques et politiques liés à l’immigration
Cultures & conflits, 2006
L'intégration comme injonction. Enjeux idéologiques et politiques liés à l'im... Cultures & Conflits, 64 | hiver 2006 10 Ces précautions sémantiques ne sont compréhensibles que si l'on se rappelle que les mots ne sont pas neutres mais idéologiquement connotés, de sorte qu'ils signifient bien plus que ce que la définition des dictionnaires pourrait suggérer. L'intégration comme injonction. Enjeux idéologiques et politiques liés à l'im...
2020
Corrélations entre migration, intégration et retour : Analyse de la littérature sur mandat du SEM en réponse au postulat 16.3790 « Migration. Conséquences à long terme de l'intégration » Mandant : Secrétariat d'État aux migrations (SEM) Didier Ruedin (Université de Neuchâtel) Denise Efionayi-Mäder (Université de Neuchâtel) Sanda Üllen (ICMPD) Veronika Bilger (ICMPD) Martin Hofmann (ICMPD) Sanda Üllen, Veronika Bilger et Martin Hofmann ont rédigé le chapitre « Synthèse de la recherche : le cas du Kosovo » ; le reste du rapport a été élaboré par Didier Ruedin et Denise Efionayi-Mäder. Nous remercions le groupe d'accompagnement et Gianni D'Amato pour leurs nombreux commentaires constructifs, tout comme Irina Sille, Christine Diacon et Hoang-Mai Diep pour leur précieux soutien. Par souci de lisibilité, le masculin singulier est utilisé à titre épicène et désigne donc indifféremment le masculin et le féminin.
Emigrations Immigrations Mobilites Humaines un Fait Politique Total
(révision et mis à jour du texte de l'intervention en plénière au colloque international «Mobilités» organisé par l'ACSALF et l'AISLF le 14-17 octobre 2014 à Ottawa, à paraître dans les actes du colloque) On analyse ici les principaux aspects théoriques et méthodologiques permettant de penser les émigrations et les immigrations comme un «fait politique total», c.-à-d. l'un des faits qui depuis toujours sont au coeur de la formation et participent à la transformation de la société, voir à l'expérimentation continue qui implique la vie associée des êtres humains et donc aussi les changements de chaque individu. Les différentes questions de cette réflexion sont abordées à la fois sur la base d'un long parcours de recherches aussi sur d'autres objets et avec un effort pluridisciplinaire et en repensant Durkheim, Weber, Simmel et Mauss ainsi que Foucault, Goffman et Sayad. La discussion s'articule entre diachronie et synchronie, micro et macro et la confrontation entre différents cas. Cela permet de comprendre à la fois la reproduction des déplacements continus de population pour les plus diverses raisons ou causes, les analogies et les différences entre tous les cas individuels ou de groupe et la biopolitique des migrations. L'actuel prohibitionnisme néo-libéral des migrations est enfin analysé comme un continuum de la reproduction des guerres dites permanentes ainsi que de la reproduction de néo-esclavagisme et d'une hiérarchisation sociale violente, ce qui n'empêche pas la réussite d'une partie des émigrations et immigrations.
LOGIQUES ET EFFETS DE L'ENCAMPEMENT DES PERSONNES MIGRANTES : quelles politiques migratoires ?
Pourquoi parler des camps ? La réalité des camps de migrants est incontestable : le réseau Migreurop a recensé et listé les camps dans le monde (cf la carte). Il s'agit d'une réalité connue, affichée actuelle -si l'on se réfère par exemple au débat présidentiel où Nicolas Sarkozy a bien insisté sur le fait que son rival voulait fermer les centres de rétention-mais néanmoins tolérée. Dans quelle mesure l'est-elle et pour quels motifs ? En effet, la réalité quotidienne inhumaine de ces camps (dans une brochure éditée par la Fasti sur l'enfermement comprenant des témoignages au centre de rétention, on apprend que certains migrants avalent des lames de rasoirs...) n'est peut-être pas connue de tous. Cependant, l'histoire des camps (Camps de concentration -qui sont une réalité des camps vraiment à part nous reviendrons, camps des exilés espagnols...) donnent relativement mauvaise presse à ce phénomène. Ne serait-ce aussi rien que par le principe même qui consiste à « enfermer dehors » des personnes dont le seul crime consiste à avoir migré. Est-ce alors seulement parce que la réalité de ces camps n'est pas bien connue qu'ils peuvent encore exister ? Nous pensons que si le principe même de l'encampement est accepté (ou toléré) par l'opinion publique, nous devons chercher un peu plus loin que des arguments moraux pour tenter de comprendre l'existence d'un tel dispositif. Ce dispositif doit être dénoncé comme instrument d'une politique migratoire -entre autres-répressive, sécuritaire, criminalisante, stigmatisante, d'exception, de mise au ban... Toutefois, parallèlement à cette dénonciation, nous nous efforcerons également de comprendre pourquoi et comment une telle politique d'encampement a pu se mettre en place et au final, de quel modèle de société elle est révélatrice. « L'Europe et la misère du monde : mobilités, politiques migratoires en débats », http://www.cafe-geo.net/article.php3?id\_article=1686 Brochure : « La grande loterie de camps, pour en finir avec les centres de rétention et le monde qui va avec », http://infokiosques.net/IMG/pdf/loterie\_final.pdf
Impact de croissance démographique sur les actions du Conseil Général: le poids de l'immigration
Guyana Francesa, 2005
La démarche anthropologique vise à étudier les produits et les actions humaines en relation avec leur environnement social, culturel, économique, politique, psychologique, historique, technique, etc. L'anthropologie étudie l'homme sous toutes ces dimensions en montrant comment ces éléments sociaux sont compris et expliqués qu'en relation entre eux. Chaque élément prend sa signification dans le « phénomène social total » (Mauss) dans lequel il s'insère. Pour mieux appréhender l'approche anthropologique de la question de l'immigration, il est important de rappeler que c'est une science humaine et sociale et qu'en tant que telle, elle nous démontre en permanence que : L'Homme est dynamique, vivant et changeant. L'Homme n'est pas conditionné à répéter sans cesse les mêmes gestes. Les actions humaines ne sont pas toujours quantifiables. Ainsi, on considère que l'anthropologie n'est pas une science exacte, pas parce que les données sont inexactes, mais parce que l'Homme et sa société sont en mouvement perpétuel. Parfois, il n'y a pas de réponses à apporter aux questions posées ou bien les réponses attendues vont à contresens des préjugés. De plus, le lecteur peut être déstabilisé par le fait que le sujet n'est pas traité sous l'angle statistique, démographique ou économique, mais conformément à la démarche anthropologique, c'est l'ensemble des champs sociaux qui sont pris en compte dans l'étude du sujet sur l'immigration. Pour finir, comme disent les Marrons à chaque réunion de conseil : « Je demande pardon d'avance. Si ce que je dis est juste, c'est ainsi que je le souhaitais. Si ce que je dis est mal pris, qu'on le corrige ». 4 Les travaux se sont déroulés en trois étapes sur une période de 5 mois (juillet à novembre 2005) :
LA POLITIQUE DANOISE D'IMMIGRATION : UNE FERMETURE CONSENSUELLE
La politique danoise d'immigration: une fermeture consensuelle, 2023
Lors des élections législatives du 1er novembre 2022, les Danois ont reconduit à la tête du pays le Parti social-démocrate. Si le Danemark a changé de majorité à plusieurs reprises, il déploie cependant depuis vingt ans la même politique d’immigration. Celle-ci se caractérise par la réduction drastique des flux migratoires, un programme d’intégration exigeant, un accès à la nationalité rendu difficile et, désormais, la volonté de recourir à un pays tiers extra-européen pour le traitement des demandes de visas. Initiée par la droite de gouvernement sous la pression d’une droite populiste accordant en échange son appui parlementaire, la politique danoise d’immigration a été reprise et prolongée par les sociauxdémocrates lors de leur retour au pouvoir en 2019. Ils ont été réélus en 2022, plus confortablement encore qu’en 2019. Du point de vue danois, la politique migratoire est une condition de la pérennité de l’État providence. Il s’agit de le préserver en limitant les recours aux aides jugés excessifs ou injustifiés au motif qu’ils dilapident les ressources du pays et sapent le consensus politique en propageant la suspicion. L’État providence dépend autant du niveau de confiance dans la société que des performances économiques du pays. En ce sens, on peut dire que l’homogénéité nationale à laquelle sont attachés les Danois repose moins sur des motifs ethniques que politiques, culturels et moraux. C’est ainsi que le Danemark a décidé de restreindre l’immigration et d’imposer aux arrivants un programme énergique d’intégration. L’effort pour réduire la distance culturelle séparant les immigrés de l’ensemble de la société danoise permet de cultiver et de transmettre la confiance interpersonnelle, la confiance dans les institutions et, finalement, le modèle national danois tout entier. La politique danoise d’immigration pose une question fondamentale aux Européens : peut-on assurer l’avenir de l’État providence sans une politique migratoire restrictive et intégratrice ?