Au miroir de la traduction : avant-texte, intratexte, paratexte (original) (raw)

De la note du traducteur comme commentaire : entre texte, paratexte et prétexte

Palimpsestes, 2007

Les commentaires suscités par la fameuse note du traducteur sont aussi nombreux que variés car la N. D. T. fait débat, tout comme la question de sa nécessité qui lui est inséparable. Qu'elles suscitent l'irritation ou l'admiration des critiques 1 , accueillies comme un hommage à la « différence fraternelle » (Pasquier, 1992 : 196), qui sépare langues et cultures ou bien encore considérées comme un « dernier recours » (ibid. : 195), les notes nous rappellent que la traduction est un jeu d'écriture(s) aux règles jamais établies, toujours à négocier, et par essence polémique. La traduction appelle le commentaire critique et les prises de position, et il n'est guère surprenant que le traducteur fasse parfois précéder son texte d'une longue note liminaire où il explique, ou s'explique, c'est-à-dire pratique l'exégèse ou la justification 2 ; car, si au niveau macrostructurel, une traduction est, comme produit fini, souvent l'objet d'un jugement de valeur, décrétée « bonne » ou « mauvaise », « fidèle » ou « infidèle », c'est probablement qu'au niveau microstructurel, elle suppose un exercice d'interprétation récurrent, un art des variantes et du choix, auquel la N. D. T. prend tout naturellement part. 2 Mais si la note du traducteur est parfois tant décriée, c'est probablement aussi parce qu'en rompant l'unité du texte et en le décentrant, elle lui fait violence, et manifeste une crise de la traduction à être homologique, identique à soi, self-contained. La note signale un hiatus, le jeu différentiel qui affecte tout texte traduit. Lieu de surgissement de la voix propre du traducteur, elle trahit, au plus près du texte, la nature dialogique du traduire et le conflit d'autorité qui s'y trame. La note est scandaleuse car elle révèle au grand jour que la « disparition illocutoire du traducteur » (Ladmiral, 1994 : 230) n'est qu'un leurre,

L’importance du paratexte dans l’analyse des premières traductions du Popol Vuh

Actes des XXVes journées de linguistique (2011), 2013

Le Popol Vuh est un récit historique et mythique du peuple maya quiché. Il a été découvert en 1601 au Guatemala par un missionnaire espagnol, Francisco Ximénez, qui l'a retranscrit et traduit en espagnol. La première version française a également été faite par un membre du clergé, soit l'abbé Brasseur de Bourbourg, en 1861. Ces deux traductions ont inspiré la plupart des traductions qui nous sont parvenues jusqu'au milieu du 20 e siècle, principalement en raison du manque de connaissance de la langue quichée de certains des traducteurs de l'ouvrage. L'analyse du paratexte (préface, notes, illustrations, etc.) et de son évolution au fil du temps nous permet de constater de grandes différences entre les traductions. Alors que Ximénez était fortement influencé par son appartenance à l'Église ainsi que par la conception du monde et la mentalité coloniale de son époque, Bourbourg a tenté d'épurer le texte des idées reçues de Ximénez et de faire redécouvrir la culture maya aux Européens, sous un plus beau jour. La mise en relief du paratexte nous permet de situer les traductions dans leurs contextes historiques et culturels donnés, et de les aborder d'un oeil critique. La lecture du paratexte et la connaissance de ses tenants et aboutissants devraient donc faire d'un simple lecteur un véritable lecteur averti, qu'il s'agisse de la traduction du Popol Vuh ou de tout autre texte.

Au miroir de la traduction

Archives contemporaines, 2019

Faux double et commentaire en acte, la traduction est tout ensemble réflexion et reflet : témoin des pratiques langagières et éditoriales de son temps, elle constitue aussi un discours critique et autocritique où se formulent les grandes questions qui fondent la traductologie. Qu'il prenne la forme d'un paratexte explicite, d'une éloquente trace dans l'avant-texte ou d'une discrète réécriture autotraductive, ce discours constitue l'objet central que souhaitent explorer les quinze études ici réunies, dans une perspective à la fois linguistique, stylistique, génétique et culturelle.

Au seuil de la traduction: la paratraduction

The present publication is foundational in intent and aims at presenting the university context and professional circumstances out of which the new concept of « paratranslation » has arisen within the birth of the new research group TI4 Translation & Paratranslation (T&P) of the University of Vigo. The reader will find here the theoretical foundations and some practical applications of paratranslation, all of which will make us verify how a new translation concept can modify the sedimental structures that have up to now configured our conception of translation theory, translation teaching and translation practice. Admitting the existence of paratranslation at the threshold of translation implies both an assertion and a disclosure. The very notion of paratranslation, on the one hand, claims once and for all that the translator, as translating subject and first paratranslator agent, does not only translate texts but also paratranslates paratexts; on the other hand, it leads us to disclose the existence of an hors-texte ground —the space of an authentic (para)translating task which is closer to everyday intersemiotic practice of transcultural communication in 21st century. Paratranslation thus becomes a key notion in accounting for the essential role of translations in the dynamics of cultural exchange. Event or Incident. On the Role of Translation in the Dynamics of Cultural Exchange_Book Synopsis: Translations are crucial to the flow of themes, images, forms and ideas across boundaries. They constitute a special case of cultural dynamics as, in a sense, they are existing texts revived in a new form. The introduction of textual works in a target culture involves a high degree of strategy and control. These moments of control, selection and influence deserve special attention in cultural, receptional, and translation-historical studies. The essays in this yearbook address aspects of the central topic: the impact of translations on culturalhistorical developments in Europe. First and foremost is the question which works were selected and why, and next which were neglected and why. In a wider scope: what - in the long-term processes of cultural transfer - were the «peaks» or key moments, and of which nature was the discourse accompanying the presence of a foreign-language culture in translation? Why did it all happen like this, and what was the precise impact of the introduction of new works, new ideas, new culture through the medium of translation? These are the questions to which the authors of this work attempt to provide answers.

"CERCLE, SPIRALE, CHAOS : CAS LIMITES DE L'AUTOTRADUCTION", in E. Hartmann et P. Hersant (dir.), Au miroir de la traduction : avant-texte, intratexte, paratexte, Paris, EAC, 2019, pp. 97-109

2019

http://www.archivescontemporaines.com/books/9782813003089 Résumé : Cette contribution se propose d’examiner les cas borderline, c’est-à-dire les phénomènes qui s’apparentent à l’autotraduction sans en constituer des cas typiques. Au-delà d’une définition classique (et basique) de l’autotraduction, nous serons amenés à réfléchir à ce qu’est l’autotraduction et à ce qu’elle n’est pas. Deux phénomènes seront examinés plus particulièrement. D’abord la traduction collaborative qui met en relation un traducteur et un écrivain fortement impliqué dans le processus, constituant ainsi une zone grise entre traduction collaborative et autotraduction. En second lieu, nous établirons une distinction entre l’écriture simultanée (un écrivain bilingue produit, en même temps, deux œuvres distinctes dans deux langues) et l’autotraduction à proprement parler, où nous voyons quant à nous une manifestation de l’écriture consécutive. Mots Clefs : autotraduction, traduction collaborative, processus de création, écriture consécutive, écriture simultanée Abstract : This paper aims to examine borderline cases, i.e. practices having to do with self-translation without constituting typical cases of it. Beyond a classical (and indeed basic) definition of self-translation, we will consider what self-translation is – and what it is not. We will focus on two practices in particular. First, we will examine collaborative translation involving a translator and a fully engaged author, thus creating a grey zone between collaborative translation and self-translation. Second, we will distinguish between simultaneous writing (a bilingual author writing, at the same time, two distinct works in two different languages) and self-translation proper, which to us is rather an instance of onsecutive writing. Keywords : self-translation, collaborative translation, creative process, simultaneous writing, consecutive writing

Traduire en Méditerranée : l'épreuve du miroir1

Transcontinentales. Sociétés, idéologie, système mondial, 2011

« Les "cultures"-ce qu'on appelle ainsi-ne s'additionnent pas. Elles se rencontrent, se mêlent, s'altèrent, se reconfigurent. » Jean-Luc Nancy 2 1 Dans un entretien avec Anne Laufer et Sofiane Hadjhadj en 2004 3 , le cinéaste Jean-Luc Godard s'insurgeait contre un excès de traduction qui, par le sous-titrage systématique des films, rendrait inaudible la différence des langues, des mondes qu'elles recouvrent, des réalités qui les travaillent. Il fallait, selon lui, en passer par l'épreuve d'une confrontation multilingue pour comprendre qu'on ne se comprend pas. La posture de Godard souligne les risques d'une « fausse fraternité », lorsque traduire se réduit à la transmission d'un message. Il invite à faire l'expérience de l'étrangeté inappropriable de la différence des langues en tant qu'elles sont l'expression d'un rapport au monde.

Au miroir des langues : la traduction réflexive

« Au miroir de la traduction », éd. Esa Hartmann et Patrick Hersant, 2019

Les poèmes traduits ne sont jamais que des colombes auxquelles on a coupé les ailes, des Sirènes arrachées à leur élément natal, des exilés sur la rive étrangère qui ne peuvent que gémir qu'ils étaient mieux ailleurs 1 » : c'est peu dire que, pour mémorables qu'en soient les métaphores, cette assertion de Marguerite Yourcenar paraît aujourd'hui d'un autre âge -celui où la traduction, éternelle seconde et servante au grand coeur, semblait se confiner, sinon se complaire, dans la condition ancillaire où l'assignaient une doxa rarement interrogée, des siècles d'histoire littéraire et jusqu'à la majorité des traducteurs eux-mêmes. Ce n'est pas céder à l'illusion de quelque « progrès » en la matière, espérons-le, que d'accorder au discours contemporain sur la traduction le mérite de contester cette fausse évidence, et de rendre ses ailes à la colombe mutilée.

Le paratexte comme élément révélateur

Traduction et Langues , 2012

The paratext and paratextual elements are still under study although some authors such as Genette, Mitterand have rigorously demonstrated their importance in the text of stories, novels, short stories, etc. It is only in recent years that the surroundings of the text have been analyzed and that we discover with these elements the richness and the pleasure of the text, as Roland Barthes likes to say. The title and subtitle, the cover, the epigraph, the dedication, the preface and finally the titles of the chapters play the role of clutch and triggering of a possible reading. The paratext has been almost unrecognized if not ignored, whereas today it occupies a dominating place. It is a call that every author makes to his reader. In recent years, this expanded textual space has been the subject of numerous investigations that have resulted in fruitful debates. Title, subtitles, preface, notes, epigraph, dedications, and many other more or less visible surrounds are echoes of the text that any author explicitly or implicitly makes available to the reader who must know how to decode before any reading and who will make it easier for him to choose the book. These paratextual elements are the signature of the author that any informed or uninformed reader must know how to decipher for the understanding and analysis of a text.

Texte & contre-texte pour la période pré-moderne

2013

La lecture moderne et contemporaine des textes du Moyen Âge invite à la définition de normes : normes historiques, normes linguistiques, normes philologiques, normes littéraires. Pourtant, de Guillaume de Poitiers jusqu’aux « poétiques en transition » du tournant des XVe et XVIe siècles, les textes n’ont cessé de dire le contrordre à la norme. Cette question de la norme, propre au Moyen Âge, et plus particulièrement au moyen français, demande à être revisitée : l’imaginaire d’un Moyen Âge strictement normé, extrêmement codifié, se voit trop souvent opposé à celui d’un Moyen Âge sans normes sociales et sans principes poétiques. Transgressif ou subversif, satirique ou référentiel, thématique ou structurel, le contre-texte invite à penser le modèle et son contre-modèle dans un questionnement sur le « contre ». Celui-ci peut être entendu, pour les XIVe-XVe siècles, de plusieurs manières : - comme une opposition qui invite à la transgression ou à la subversion (portrait de beauté et portrait de laideur de Maroie dans le Jeu de la Feuillée d’Adam de la Halle) - comme une référence qui demande à être entérinée ou dépassée (courtoisie, anti-courtoisie, discourtoisie) par la récriture, la parodie, etc. - comme un modèle sur lequel pourra s’appuyer le texte en devenir (débat autour du Roman de la Rose), posant la question de l’auctoritas, mais aussi celle de l’habitude et de la prescription. Car le contre-texte, dans son jeu spéculaire avec le texte, se manifeste tant sur le plan historique que littéraire et linguistique. Il invite ainsi à plusieurs questionnements : 1/ Le « double linguistique » - répliques, jeux textuels, contrafactures, etc., - subversion et parodie - intertextualité et interdiscursivité 2/ La problématique du renversement - thématique de la tromperie, de la ruse et de l’inversion - genres littéraires dont la problématique du renversement devient parfois la marque (l’obscénité du fabliau, par exemple ; le jeu sur la représentation dans le théâtre) 3/ La norme et son contrordre - texte et contre-texte, auctoritas et texte - le manuscrit et ses marges (indices textuels, paratextuels et matériels) ; les ensembles narratifs (hybridité possible des mises en recueil) Ainsi, le texte en moyen français peut-il proposer au sein même de son espace textuel ou intertextuel la norme et son contraire, invitant à questionner les représentations esthétiques, les valeurs, les genres littéraires et mettant en tension la question de la norme et ses pratiques déviantes ou contestataires. Domaines de recherche : champs de l’histoire, de la littérature, de l’esthétique, du théâtre, de la linguistique, de la sociocritique, de la génétique textuelle et de la théorie de la réception Mots clés : moyen français, textualité, subversion des formes, récriture, réception textuelle et iconographique, originalité, création, composition, multiplicité, brouillage esthétique et moral, construction de la norme, altérité, poétique du contournement, manuscrit et imprimé