Vivre avec la maladie (original) (raw)

Être malade : accepter pour résister

Résumé L'acceptation est souvent assimilée à la résignation, c'est-à-dire à une attitude passive de soumission. Or, si l'on comprend l'acceptation comme l'acte par lequel celui qui comprend ce qui lui arrive en prend acte, sans pour autant l'approuver, mais au contraire pour mieux s'y opposer, elle peut apparaître comme le chemin qu'il faut nécessairement emprunter pour mieux résister aux assauts des causes externes qui pourraient nous détruire. C'est en ce sens qu'être malade, qui ne signifie pas tout à fait la même chose qu'avoir une maladie, nécessite que soit emprunté un tel chemin. Dans la mesure où la compréhension des causes qui nous déterminent nous rend nécessairement plus puissants, notre conatus, cet effort par lequel nous persévérons dans l'être, ne peut que se trouver renforcé par l'acceptation en nous donnant la « force d'âme » indispensable pour appréhender la maladie avec une certaine équanimité. Reste à définir les modalités d'une telle compréhension. Si pour le philosophe, cela passe par la connaissance intuitive, pour l'ignorant qui en reste à la connaissance imaginative, cela passe certainement par le récit qui permet au malade d'être l'auteur d'une reconfiguration cohérente des événements heureux ou malheureux qui jalonnent son existence.

Vivre la maladie entre épreuves, récits et histoire

2018

L’experience de la maladie fait advenir dans le cours de la vie du sujet des formes de « pâtir » qui font evenement. Ces vecus de vulnerabilite, de degradation de la capacite a se maintenir agent de son devenir, de douleur et de souffrance, peuvent, selon certains, etre penses comme des moments initiatiques ; pour d’autres, comme un processus de transforma-tion identitaire ou, encore, comme une construction sociale du malade qui interagit dans des nouveaux milieux et sous d’autres regards (milieux hospitaliers, associations de patients…). La maladie implique un ajustement biographique et une reorganisation de l’image de soi. En faisant l’experience du peril ‒ selon un processus de mort/renaissance ‒ le patient se trans-forme au gre des evolutions de sa maladie, des gestes appris pour se maintenir en vie et le cotoiement de nouveaux milieux professionnels. Ces transformations adviennent selon des rythmes et des temporalites encore trop peu etudiees. La maladie a une histoire, indisso...

Vivre et travailler avec une maladie chronique (vih-vhc)

Nouvelle revue de psychosociologie, 2007

Distribution électronique Cairn.info pour ERES. © ERES. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit.

Vivre une épidémie

Endelstein Lucine, Favre Guillaume, Roux Sébastien (dir.), Effets secondaires. Vivre au temps du Covid-19, Lormont, Le bord de l'eau, 2022

Vivre avec la mort

Face aux aléas de l’existence, il y a une certitude : nous allons mourir. Ce livre se propose d’accompagner le lecteur dans l’écoute de ce que la Bible, qui est le livre de toute la vie humaine, nous révèle de la fin de l’existence terrestre. En dialogue avec les sciences et d’autres approches philosophiques et religieuses de la mort, il pose aussi la question du fondement sur lequel repose l’espérance chrétienne. Au cœur de cette démarche, il invite à rencontrer celui qui précède le croyant sur le chemin de la mort : le Christ mort et ressuscité pour nous. Avec une contribution du pasteur Charles Nicolas aumônier des hôpitaux à Alès.

Travail et maladie

Fractal: Revista de Psicologia, 2021

L’article présente les résultats d’une recherche qui porte sur l’analyse des congés médico-psychiatriques, suite à un diagnostic d’anxiété et/ou de dépression, chez les professionnels de la santé (infirmiers et travailleurs sociaux), fonctionnaires des hôpitaux publics. L’approche théorique est la psychosociologie, discipline qui articule expériences subjectives et rapports sociaux. La méthode des «histoires de vie professionnelle» permet une analyse des récits et de l’avènement du congé psychiatrique; six dimensions socio-cliniques ont été identifiées: (1) la fragilité psychosociale; (2) la hiérarchie dans le travail hospitalier; (3) la perte de l’acte pouvoir sur le travail; (4) la souffrance éthico-politique; (5) la régulation de la souffrance; (6) le retour à une nouvelle condition de travailleur. Selon les personnes interrogées, avant l’arrêt, le travail était un organisateur de vie et un espace d’insertion sociale important; après ce congé, suite au congé maladie, - le côté or...

Vivre dans la rue et se soigner

Sciences sociales et santé, 2008

Distribution électronique Cairn.info pour John Libbey Eurotext. © John Libbey Eurotext. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit.

Récits sur la maladie

Éthique & Santé, 2005

Dans le récit de vie se joue la construction même du sens. Cette construction peut-elle être monologique ? Un sens peut-il se dire en faisant abstraction de la relation à l'autre, hors d'un discours adressé, partagé, discuté ? Peut-on être le seul interprète de son existence ? En éthique médicale, face aux situations-limites que sont la maladie, ou l'approche de la fin, nos existences semblent parfois vides de sens. La sortie du paradigme herméneutique et narratif, trop égocentré, s'avère nécessaire pour réintroduire au coeur de la construction du sens la relation avec autrui. Ouverture qui n'est possible que par un dialogue, où l'autre peut m'introduire à de nouvelles interrogations et catégorisation de mon existence, décentrement qui s'avère souvent nécessaire au renouvellement du sens.

Le « travail de la maladie »

Psycho-Oncologie, 2013

La souffrance psychologique attachée aux transformations corporelles générées par le cancer et ses traitements est aujourd'hui reconnue. L'intensité et la persistance avec laquelle elle s'exprime parfois, alors que l'atteinte est objectivement jugée « minime », restent en revanche source de nombreuses interrogations, concernant ce qui explique les différences de vécu, mais aussi la manière de prendre en charge cette souffrance. Partant du concept de « travail de la maladie » (Pedinielli, 1986), nous proposons à partir d'une situation clinique une grille de lecture théorique qui puisse aider le clinicien à mettre à jour avec le patient ce qui se noue autour du changement physique.

Aise et Malaise

Au cours de l'histoire, les hommes, dit-on, cessèrent d'habiter avec les dieux, oubliant les rites et les passes qui assuraient leur fréquentation. A leur tour les sages, moins nombreux que les dieux, cessèrent de se faire connaître et même -selon certains -d'exister. Sans guide ni passeur pour accéder aux lieux réservés de ce qu'on appelle aujourd'hui leur surhumanité, les hommes ont pu et su trouver des ersatz de dieux et de sages qui sont venus à leur rescousse. Oublieux de la magie merveilleuse des dieux, mais connaissant encore la distance qui les séparait des sages, ils se nommèrent "philosophes", ce qui signifiait alors, paraît-il, ceux "qui se plaisent avec la sagesse". On croit savoir que là où ils apparurent ils furent plus nombreux que les dieux et beaucoup plus nombreux que les sages. Ils conçurent toutes sortes d'artifices pour se plaire avec cette sagesse qui comportait ellemême à l'époque de multiples aspects. Tantôt elle était contemplation, tantôt maîtrise de la vérité, tantôt dialectique, tantôt recherche du bien-être... Parmi ces "philosophes", les uns croyaient que les dieux existaient, d'autres non, d'autres ne s'en occupaient pas du tout; les uns enseignaient en public, d'autres en secret, d'autres pas du tout; les uns participaient à l'organisation de la communauté, d'autres la raillaient, d'autres s'en désintéressaient; les uns s'occupaient de la santé des hommes, d'autres de la nature, d'autres des voyages de l'âme. Parmi eux, cependant, il y en eut quelques-uns pour prétendre que de toutes les sagesses une seule était vraie et bonne, un seul artifice existant pour la révéler. Ils crurent avoir trouvé ce qui était bon pour les hommes et ils les sommèrent de les suivre. Ce que les hommes font depuis lors, se laissant conduire de bon coeur par ces philosophes. Mais, parce que les anciens chemins, nombreux et larges, avaient été rétrécis au point de n'être plus qu'un sentier petit et étroit, certains se donnèrent beaucoup de peine pour l'emprunter et quelques-uns n'y parvinrent même pas. Les causes de ce désastre semblent très obscures et mystérieuses. Certains assurent encore de nos jours que ce fut un tour joué aux hommes par les dieux. Ils en auraient choisi un, particulièrement megalophronos, nommé Parménide, pour recevoir, d'une belle déesse qui le tenait par la main, l'enseignement qui éloigna les hommes définitivement des dieux.