La propagande du dernier souffle. Spectacle et machination dans Voltaire triomphant d'Anacharsis Cloots (original) (raw)

Le théâtre de la mort du déiste. Anacharsis Cloots, Voltaire triomphant ou les prêtres déçus (1784)

La fin du XVIIIe siècle fut la période où s'opéra, dans le théâtre français, une forme de "transfert de sacralité" (P. Frantz) : des drames comme celui d'Anarchsis Cloots, entre autres, tentèrent de fonder à coups d'hagiographies sans religion un panthéon des figures emblématiques du mouvement des Lumières. Le "Voltaire triomphant", qui met en scène la mort victorieuse de Voltaire sur les prêtres qui ont tenté de le convertir dans les dernières heures de sa vie, le fit de manière exemplaire : cet essai tente d'en éclaircir les principaux enjeux.

Voltaire et la dramaturgie du complot in "Revue Voltaire" 13 2013

Au dix-huitième siècle, par ses pièces et les discours théoriques qui les accompagnent, Voltaire a joué le rôle peut-être le plus important dans l'invention d'une nouvelle forme dramatique que j'ai appelée la dramaturgie du complot 1 . Cette nouvelle écriture théâtrale présente une structure tellement particulière que l'on peut dire qu'elle fait naître un genre tragique tout à fait nouveau. Il s'agit d'un processus graduel avec des implications très complexes, qui concernent plusieurs niveaux : l'esthétique du théâtre, les moeurs, la religion, la politique, mais aussi la mentalité et l'imaginaire des hommes du dix-huitième siècle. On reviendra sur ce point plus loin, à propos de l'esthétique de la catastrophe, qui, selon nous, est strictement liée à cette dramaturgie parce que celle-ci, poussée au terme de sa logique, comporte une rupture avec le récit de la tradition classique en France et en Italie. Ces questions conduisent surtout à interroger le parcours qui va de La Mort de César de Voltaire au Bruto secondo d'Alfieri et au théâtre jacobin italien.

La Pucelle d’Orléans, ou comment Voltaire écrase l’infâme

in Romaneske 37/3 (2012), p.42 – 45., 2012

On chercherait en vain une édition de La Pucelle d'Orléans de Voltaire en livre de poche. Cette oeuvre d'un des plus grands penseurs des Lumières, qui semble faire peur aux éditeurs grand public, n'est connue de nos jours que des spécialistes. Elle est cependant une de celles que les contemporains du grand homme ont consommées avec le plus de délices, au point d'en apprendre des parties entières par coeur. La Pucelle est aussi la production la plus abondamment illustrée de Voltaire, dans les différentes éditions qu'elle a connue au XVIIIe siècle et tout au long du XIXe. En 1945, on en dénombre une centaine, ce qui est évidemment énorme.

Entre pyrrhonisme et académisme : le scepticisme de Voltaire

Revue publiée avec le concours de la Région Rhône-Alpes La Société Voltaire bénéficie du soutien du Centre national du livre Nous remercions le Centre international d'étude du XVIII e siècle (Ferney-Voltaire) et le Centre de recherche sur les sciences de la littérature française (Université Paris Ouest Nanterre La Défense) de leur participation. La préparation de ce numéro a été facilitée par les services de la Les ouvrages pour compte rendu doivent être envoyés sans dédicace personnelle. Imprimé en France Études & textes Ci-dessus. Gravure d'Émilie Du Châtelet dans Johann Jakob Bruckner, Bilder-sal heutiges Tages lebender, und durch Gelahrheit berühmter Schrifft-Steller, Augspurg, Joh. Jacob Haid, 1745. Forschungsbibliothek Gotha. Au recto. Portrait d'Émilie Du Châtelet par Marianne Loir (vers 1715-1769). Musée des beaux-arts, Bordeaux. sébastien charles Entre pyrrhonisme, académisme et dogmatisme : le « scepticisme » de Voltaire J'abandonne Platon, je rejette Épicure. Bayle en sait plus qu'eux tous ; je vais le consulter : La balance à la main, Bayle enseigne à douter, Assez sage, assez grand pour être sans système, Il les a tous détruits, et se combat lui-même. Voltaire, Poème sur le désastre de Lisbonne

Comique de Voltaire: mélodramatique et larmoyant

Voltaire (1694-1778) me trotte, avec ou sans béquilles, dans la tête depuis très longtemps, depuis qu’en quatrième ou troisième nous nous passions dans le lycée municipal de Bordeaux, dit Collège Moderne, les passages expurgés de Candide fait prisonnier par des pirates qui fouillent de fond en comble le bateau et ses passagers et passagères. C’était peu de temps avant que l’on interdise « La Religieuse » (1966-67) de Jacques Calmette, ce film adapté de Denis Diderot. Mais une citation de ce Voltaire grand amateur de citations s’impose aujourd’hui comme une vérité éternelle et pourtant tellement mise en doute. « La philosophie, la seule philosophie, cette sœur de la religion, a désarmé des mains que la superstition avait si longtemps ensanglantées; et l’esprit humain, au réveil de son ivresse, s’est étonné des excès où l’avait emporté le fanatisme. » (Voltaire, Traité sur la tolérance, 1763, chapitre IV, «Si la tolérance est dangereuse, et chez quels peuples elle est permise») C’est en notre période cruelle beaucoup plus qu’une simple citation. Et c’est pour moi maintenant devenu un pèlerinage. Depuis plus de dix ans je remonte dans un sens et dans l’autre le Boulevard Voltaire de Paris de la Place de la Nation à la Place de la République de mon hôtel au Syndicat National des Auteurs et des Compositeurs, bien plus loi il est vrai, rue Taitbout que j’atteins tout le temps en passant devant la Synagogue de la rue de la Victoire, ses grilles municipales au garde-à-vous et son CRS dans sa guérite vitrée de garde 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. J’ai parcouru ainsi ce boulevard plusieurs centaines de fois et j’ai chaque fois regardé le Bataclan au point de ne même plus le voir. Mais l’actualité m’a tout à coup rappelé à la réalité et m’a ré-ouvert les yeux de la mémoire et j’ai revu ce bâtiment que je ne remarquais plus depuis longtemps. Et ce Boulevard Voltaire m’est alors apparu comme l’axe suivi le soir du 13 Novembre 2015 par des commandos en formation de combat armé de bombes et de religion. Et je suis passé devant le Bataclan et traversé la Place de la République bien des fois depuis particulièrement dans les mois qui ont suivi quand de véritables parterres de cierges, bougies, fleurs, messages chantaient la tolérance et mon projet de traiter du théâtre de Voltaire et de la philosophie dans ce théâtre se trouva un peu cerné et recentré sur une pièce devenue au cours des siècles plutôt confidentielle, même si le metteur en scène et auteur José Valverde la connaît, car il faut bien le dire le théâtre de Voltaire était un théâtre d’agitprop philosophique en son temps, et parfois même un peu sentimentalement mélodramatique à la Greuze. Jean Jacques Rousseau n’était pas beaucoup mieux. On est chez ces auteurs bien loin de Pierre de Marivaux (1688-1763) ou de Pierre de Beaumarchais (1732-1799). Denis Diderot (1713-1784) est presque un prodige dans cet ensemble philosophique plus que dramaturgique. Mais voilà ici le premier travail sur un certain nombre de comédies qui ne sont pas parmi l smeilleures pièces de Voltaire et qui ne laisseront pas beaucoup de gens rêver car ces comédies sont larmoyantes et pathétiques pour ne pas dire mélodramatiques. Je réserve Mahomet et Les Guèbres pour Avignon.

Voltaire sur la scène de l'utopie révolutionnaire

Lorsque l'on parle de théâtre et de Révolution, la tendance première serait sans doute d'évoquer Figaro, le personnage du Mariage ayant, selon la conscience collective, porté sur les planches les revendications des Lumières cinq ans avant la prise de la Bastille 1. Les historiens de la période romantique ont ancré dans les pensées que la Révolution Française découlait presque naturellement des idées des Montesquieu, Voltaire, Rousseau… On sait aujourd'hui combien il s'agit d'un raccourci au service d'une idéologie. Mais cette interprétation ne s'opère pas si tardivement : les Girondins s'en réclament déjà. Les noms des philosophes des Lumières sont scandés dans les textes les plus divers, leurs visages sont sculptés en séries et habitent désormais les lieux publics. C'est le début de la panthéonisation : Utilisés comme totems dans de vastes liturgies, Voltaire et Rousseau allaient désormais remplir très officiellement ce rôle un peu exorbitant de ...

Voltaire au prisme des "Mélanges": l'éclat du philosophe

2019

C’est en 1756, lorsqu’il prépare la publication de la Collection complète que Voltaire commence à faire référence à ses ‘petits chapitres’. Ces textes très courts – parfois seulement cinq pages – foisonnent dans la dernière partie de la vie de Voltaire. Progressivement, les ‘mélanges’ deviennent une vitrine pour la vente des œuvres de Voltaire. Diffusés largement, ils sont un amusement pour les lecteurs, trompent la censure et stimulent l’esprit critique. En 1765 paraissent les Nouveaux mélanges publiés par les frères Cramer à Genève. Cette édition entreprise initialement à l’insu de Voltaire se révélera au fil du temps d’une incroyable complexité déployant, volume après volume, des textes dont l’attribution à Voltaire apparaît de plus en plus douteuse. Comment les Nouveaux mélanges ont-ils infléchi les réflexions de Voltaire alors de plus en plus engagé dans la lutte contre l’Infâme ? Quelle a été l’histoire éditoriale de ces textes ? Les démarches entreprises par les frères Cramer pour éditer des textes inédits ont-elles incité le patriarche de Ferney à écrire de plus en plus vite et à moduler ses voix dans une production de plus en plus multiforme ? Finalement quel a été l’héritage de ces ‘mélanges’ ? Textes d’opinion, missiles contre l’Infâme et donc faciles à travestir. Les ‘mélanges’ brouillent plus encore l’image de Voltaire et accentuent la complexité de sa pensée et de son action.

Le plaisir du soufflet : promenade au cœur de l’ironie militante de Leopoldo Alas « Clarín »

HispanismeS, 2017

-série 1 | 2017 « Longtemps j'ai pris ma plume pour une épée ». Écriture et combat dans l'Espagne des XVIII e et XIX e siècles Le plaisir du soufflet : promenade au coeur de l'ironie militante de Leopoldo Alas « Clarín » El placer del fuelle : un paseo por la ironía militante de Leopoldo Alas « Clarín » The pleasure of the bellows : a walk through the militant irony of Leopoldo Alas « Clarín »

Voltaire et Lactance

Parmi les Pères de l'Eglise, Lactance tient dans l'oeuvre de Voltaire une place toute particulière...