« Le projet poétique des auteurs latins d’épopées bibliques : la place des ekphraseis », dans Manifestes littéraires dans la latinité tardive, colloque international organisé par P. Galand-Hallyn et V. Zarini, Collection des Études Augustiniennes, série Antiquité, 188, Paris, 2009, p. 35-50 (original) (raw)
Related papers
Au moment où la poésie chrétienne s'épanouit dans le monde latin, après avoir longtemps abandonné l'espace littéraire à la prose, l'idée de couler la Bible dans le moule des genres poétiques antiques repose sur la conviction que les poètes païens ne sont pas restés étrangers à la Vérité du christianisme. Parce que l'Énéide de Virgile constitue un modèle particulièrement admiré, les poètes chrétiens veulent remédier à la pauvreté littéraire des récits bibliques tirés de la Genèse, de l'Exode ou des Évangiles, en les réécrivant dans le mètre épique et en les enrichissant de réminiscences virgiliennes, afin de faire don à Dieu de l'héritage culturel reçu dans les écoles et de rendre leur lecture plus attrayante.
Le récit hagiographique se prête particulièrement bien à la réécriture épique. Paulin de Périgueux remploie maintes réminiscences de Virgile, parfois de Lucrèce ou de Lucain. Les épopées latines du Nouveau Testament ont aussi eu une grande influence sur les poètes hagiographiques. En fait, les épopées hagiographiques et bibliques constituent un sous-genre à l’intérieur du genre épique. Paulin insiste sur l’enseignement moral de chaque épisode, tandis que Fortunat pratique une écriture épigrammatique, même dans son poème hagiographique. Ils s’inscrivent dans la tradition de la méditation poétique, mais d’une manière différente. L’épopée hagiographique a des ambitions littéraires. Son but est de charmer, émouvoir et instruire, et si possible de rivaliser avec l’épopée antique.
Quelques aventures de l’ekphrasis dans la littérature contemporaine
2011
Manet, le peintre de la modernité ▪ Le scandale Manet ▪ Le roman d'artiste au XIX e siècle ▪ Le topos «L'atelier du peintre» ▪ Le topos de «la compétition entre art et nature» ▪ Le topos «le peintre et son modèle» ▪ Trois études de cas ▪ Regis Descott, Obscura, une histoire de cadavre et de peinture ▪ Debra Finnerman, Mademoiselle Victorine, «a romance» ▪ VR Main, A Woman with no clothes on. La vision féministe : Victorine Meurent était une artiste-peintre ▪ Serait-il possible d'oublier l'iconographie et de regarder le tableau de Manet? 7. Le miroir de Las Meniñas et l'énigme du crime / 159 Las Meniñas et la carte au trésor ▪ Correspondances, reprises et structures en miroir ▪ Mélanges et hybridations : culture populaire et discours critique sur l'art. « Le miroir» de Las Meniñas et son destin dans les études critiques ▪ Qui a tué le philosophe ? L'historien de l'art 8. L'usage de l'ekphrasis photographique dans le roman contemporain / 178 La mise en images ▪ Le plus haut degré de réalité ▪ La mise en scène du corps et de la mort ▪ Lire la photographié ? Ecrire l'image ? ▪ L'écriture du moi passe par la hantise du corps 9. Le voyage ekphrastique : interférences entre le verbal et le visuel dans Le Journal indien / 198 Détruire et reconstruire. La double référence du texte ekphrastique ▪ La lecture des signes visuels : le plastique et l'iconique ▪ La fascination pour le non-lisible et la compétition entre peintres et poètes 10. Les musées modernes et les romans ekphrastiques / 209 Le roman ekphrastique et la mise en scène des oeuvres d'art dans les musées ▪ Ekphrasis critique et invention romanesque ▪ Le roman ekphrastique et la phantasia ▪ L'effet Méduse ou «the ekphrastic fear» Bibliographie/225 1 Pour l'influence de Spitzer sur la définition moderne de l'ekphrasis voir Vranceanu, 2010. Voir pour l'histoire du terme et pour l'histoire des recherches comparatistes concernant les rapports entre la littérature et les arts Krieger, Claudon, Mengaldo, Vouilloux, Bonfait, Hamon, Louvel. Un cas d'espèce ? La description d'image dans les romans de Jean Echenoz 2 L'image stéréotypée comme référent visuel : de la madone de Raphaël de Balzac à la grande blonde de Jean Echenoz 1
L’article étudie l’influence de réflexions narratologiques des commentaires anciens d’Homère sur la retractatio des épisodes de Circé et de la Cyclopie dans l’Enéide et les Métamorphoses. Les personnages homériques créés par Virgile et Ovide, Achéménide et Macarée, occupent entre autres une fonction qui est originairement celle d’Euryloque dans le chant 10 de l’Odyssée. Leur intervention dans le récit revêt essentiellement deux aspects : d’une part introduire des spectatores in fabula dont le récit autoptique rentre en conflit avec les récits odysséens d’Ulysse, notamment sur le comportement de Circé, tout en posant implicitement la question de l’origine du savoir des personnages dans la fiction ; d’autre part, préserver les héros de dangers qui compromettraient la suite de l’histoire (Circé, Polyphème). Cette invention de personnages aux fonctions narratives aussi nettement définies permet de souligner la familiarité des poètes augustéens avec la réflexion hellénistique sur le déroulement normal d’une scène épique d’hospitalité, les schémas homériques du type « ‘if not’-situation », le deus ex machina, la mise en danger de l’histoire, la résolution d’un nœud de l’action d’après l’histoire elle-même, etc., questions pour lesquelles ils ont certainement puisé une partie de leur documentation dans les commentaires alexandrins à Homère, comme la comparaison des textes latins avec notre corpus de scholies permet de le supposer.
L'expression De ratione scribendae historiae, traduction latine du titre du traité de Lucien Πῶς δεῖ ἱστορίαν συγγράφειν, fut inlassablement reprise dans les intitulés des innombrables artes historicae qui fleurirent pendant les xvi e et xvii e siècles dans toute l'Europe et s'interrogèrent -pour ne pas dire s'entre-glosèrent -sur la meilleure manière d'écrire l'histoire. La question passionne le monde savant : nulle surprise à ce que le célèbre père jésuite Famiano Strada, qui exerce pendant la première moitié du xvii e siècle un véritable magistère intellectuel sur la ville éternelle 1 , s'en empare à son tour, non pas dans un traité stricto sensu nommé De ratione scribendae historiae, mais dans la compilation de ses conférences inaugurales prononcées devant l'académie des rhétoriciens et des humanistes du Collège romain 2 , les Prolusiones academicae, qui paraît pour la première fois à Rome en 1617 3 . Ces Prolusiones academicae se déclinent dans trois domaines : oratoria, historica et poetica. En dépit de leur dénomination, les quatre prolusiones consacrées à l'histoire 4 n'épousent pas 1 M. Fumaroli, « Cicero Pontifex Romanus : la tradition rhétorique du Collège Romain et les principes inspirateurs du mécénat des Barberini », Mélanges de l'École française de Rome. Moyen Âge, Temps modernes, 90-2, 1978, p. 806-808. 2 Dans la pédagogie jésuite, une académie regroupait les étudiants les plus brillants, dans le but de pratiquer certains exercices. Plusieurs académies coexistaient : l'académie des théologiens et des philosophes, celle des rhétoriciens et des humanistes, celle des grammairiens… Chaque classe était susceptible d'avoir son académie. Voir Ratio studiorum. Plan raisonné et institution des études dans la Compagnie de Jésus, éd. A. Demoustier et D. Julia, trad. L. Albrieux et D. Pralon-Julia, notes et comm. M.-M. Compère, Paris, Belin, 1997, § 481-527, p. 204-215. Étant donné la nature des leçons de Strada, l'académie dont il s'agit ici est celle des rhétoriciens et des humanistes. 3 Famiani Stradae Romani e Societate Iesu Prolusiones academicae, Romae, apud Iacobum Mascardum, 1617. Ce titre sera abrégé PA dans les notes suivantes. Pour toutes les citations de l'article, j'ai modernisé la graphie et la ponctuation de cette édition. 4 Elles constituent le corpus analysé dans cette étude : PA, I, 2, p. 29-75, An congruenter honestatis et historiae legibus faciant ii qui in rerum narrationibus ad callida et politica, ut ipsi uocant, praecepta diuertunt. Quo loco de Corn. Taciti scribendi ratione multa disceptantur ; PA, II, 2, p. 214-251, Muretus siue de ratione scribendae historiae dialogi pars prior, quae ad res pertinet. An omnia dicere debeat, aliqua omittere possit historicus et an iudicia et coniecturae aliena sint ab eo, quae gemino exemplo ad Liuianam Cornelianamque scribendi rationem conformato illustrantur ; PA, II, 3, p. 252-289, Muretus siue de ratione scribendae historiae dialogi pars posterior, quae ad uerba pertinet. An historici cum poetis oratoribusque stylo conueniant, plerisque historicorum ob id
Epiphanies féminines et ekphrasis vestimentaires dans quelques textes narratifs de la Renaissance
La grâce de montrer son âme dans le vêtement. Scrivere di tessuti, abiti, accessori. Studi in onore di Liana Nissim, a cura di M. Modenesi, M.B. Collini, F. Paraboschi, Milano, Ledizioni, t. I, pp. 59-71, 2015
All’interno di alcune opere, perlopiù narrative, del Cinquecento, vengono studiate le modalità descrittive che sorreggono alcuni momenti topici coincidenti con le apparizioni di personaggi femminili – anche mitologici – in atteggiamento di maestà (è il caso di Venere sul carro trionfale) o in contesti di seduzione. Attraverso l’analisi delle unità significative che compongono i ritratti e gli ornamenti del corpo femminile, considerate nel loro rapporto con il canone retorico e con il substrato testuale e iconografico delle fonti (modelli della tarda latinità, italiani – Boccaccio e Colonna in particolare – di espressione francese – Jean Lemaire de Belges – ), vengono isolate alcune dinamiche di inserimento e combinazione dei dettagli vestimentari e ornamentali all'interno del testo, nel rapporto tra retorica descrittiva e produzione di senso. Quest’ultima risulta legata all'elaborazione di una monumentalità ‘all’antica’, in linea con la tradizione letteraria e iconografica italiana e classica.