Différences, singularité et universalité (original) (raw)
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Herder entre universalisme et singularité
Revue germanique internationale, 2003
Herder est généralement célébré comme le théoricien de la diversité des langues, de l'enracinement profond des langues dans la culture et la vie des peuples. Il s' agit sans doute d'un aspect central de sa philosophie des langues. Et pourtant, dans la Métacritique ...
Universalitédifférenceetrépétition
Universalité, différence et répétition La première scène d'Une page d'amour relève de ce que l'on nomme en théorie littéraire un incipit in medias res, qui place le lecteur au coeur de l'action et des événements dont les précédents ne sont donnés que dans une étape ultérieure du récit. Un commencement de ce type évite une présentation des événements passés qui rendrait immédiatement manifeste ou la présence de l'énonciateur par son discours ou par sa connaissance des faits qui ne relèvent pas du présent du récit, elle relève de l'impératif discursif naturaliste tel que l'a définie Zola, où l'auteur, partout sensible, n'est présent nulle part ». Il possède en outre un intérêt philosophique et rhétorique : il se donne comme une réalité, mais comme une réalité sans antécédent ni conséquence ; les choses apparaissent sans avoir d'être-pour-un-autre qui font d'elles des produits d'une cause. On peut interpréter ce caractère phénoménal comme une possibilité d'oscillation du récit entre deux catégories réales : on peut soit prêter à la scène le caractère irréel d'un songe, soit la faire basculer du côté du réel. Un des critères qui acheminera la lecture du côté de l'inconsistance du rêve ou de côté persistance du réel, c'est la valeur de primultième, ou, inversement, d'itération, des événements, la première quantité amenant le récit du côté de l'imaginaire, tandis que l'autre lui confère la perexistence du réel. Un tel rapport de fréquence à la réalité des choses est présent dans la philosophie de D. Hume, qui associera rapport de causalité et fréquence («), il laisse pour compte le mouvement, qui se produit souvent une seule fois, et appartient pourtant au caractère des choses existantes, cependant M. Merleau-Ponty parle bien, dans sa méthode, de la proximité du « phénomène de réalité 1 » avec celui des « constantes perceptives 2 ». 1 Inconsistances et persistances Le récit, donné, comme nous l'avons vu in media res, est aussi la relation du temps exceptionnel de la crise, celle de la maladie de Jeanne (dont Hélène craindra un moment qu'elle puisse être mortelle, c'est-à-dire la dernière, et voir « le dernier souffle de Jeanne 3 ») et qui en fait un moment insigne dans un espace-temps donné pour une première fois. Cet événement fait basculer la diégèse un instant vers le temps incertain du rêve. De la même manière, la manière dont se montre le docteur Deberle, alors qu'Hélène cherche désespérément un médecin pendant la nuit, et qui sera conduite dans chez ce docteur au premier coup de sonnette, et verra dans ce hasard providentiel la preuve que « le ciel ne l'abandonnait pas 4 », coup de chance qui aurait pu, sans trop de coût pour le récit, venir après plusieurs essais (Zola aurait pu dire « Elle sonna à plusieurs portes, sans succès, puis , alors qu'elle sonnait à une maison proche de la sienne, elle vit la porte s'ouvrir et apparaître la silhouette d'un domestique ») et qui a pour fonction d'inscrire la rencontre dans l'imaginaire, l'archétype du sauveur pouvant décrire celui qui possède la compétence nécessaire pour venir au secours, comme celui d'arriver de façon quasi-providentielle au moment opportun. Une autre scène relève de l'onirisme et du produit de l'imagination : c'est l'érotisme latent des deux adultes qui sont trop empressés de sauver Jeanne pour se rendre compte de leur propre nudité (« Le médecin avait caché son cou nu. Hélène était restée enveloppée dans la châle qu'elle avait je jeté sur ses épaules. Mais Jeanne, en se débattant, tira un coin du châle, déboutonna le haut du veston. Ils ne s'en aperçurent point. Ni l'un ni l'autre ne se voyaient. 5 »). Le charge sexuelle de la scène est mis de côté à la fois par la vitesse de la narration qui ne reviendra pas sur le dénuement des deux protagonistes avant la fin de la nuit, par l'utilisation du lexique de la nudité sans utiliser aucun terme érotique explicite, comme par le regard et l'attention des deux actants qui sont focalisés sur le sauvetage de la malade. Le récit est le chassé croisé de deux
Etica & Politica / Ethics & Politics, 2017
Montesquieu est reconnu pour être un théoricien de la diversité et du pluralisme. A la différence de ceux qui, avant lui, se consacraient à la description, critique ou admirative, de la diversité humaine, Montesquieu tente de la comprendre, d’en trouver les causes et de lui donner un sens. Dans les Lettres persanes, il propose un regard croisé entre l’Asie et l’Europe, invitant le lecteur à explorer le point de vue de l’autre ; dans son Essai sur le goût, il traite des rapports entre monotonie et variété, symétrie et contraste, dans les plaisirs esthétiques de l’âme ; dans son Essai sur les causes qui peuvent affecter les esprits et les caractères, il propose une analyse des facteurs multiples qui façonnent les manières d’être individuelles et collectives ; et dans l’Esprit des lois il place la question de la diversité au cœur d’un dispositif conceptuel aussi novateur qu’ambitieux. On s’arrêtera notamment ici sur la question de la diversité des mœurs, laissant de côté celle des pouvoirs et des puissances sociales, ayant déjà fait l’objet de nombreuses analyses . Pour le faire, on procédera en deux temps, marqués par les deux grands textes de Montesquieu, son roman épistolaire, Lettres persanes (1721), et son ouvrage théorique, De l’esprit des lois (1748). Montesquieu is recognized as a theorist of diversity and pluralism. In this paper, we focus on the question of the diversity of manners, leaving aside the question of diversity of political and social powers, which have already been the subject of numerous analyses. We shall take Montesquieu's two major texts, his epistolary novel, Lettres persanes (1721), and his theoretical work, De l'esprit des lois (1748).
Lignes, 1999
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Université,particularité, singularité
Le Portique, 2000
Non, ce n'est pas une coquille. C'est bien à travers cette déformation de la déclinaison notionnelle chère à Hegel, que nous voulons tenter de dire notre perception de ce qui, par l'octroi d'une nominalisation bienveillante des rédacteurs, est présupposé comme existant, le discours universitaire. D'un itinéraire analyseur Ayant plutôt, quant à moi, le sentiment d'une multiplicité de discours universitaires, qui, certes, se ressourcent tous en autorité à la présupposition unitaire, substantielle d'un discours supposé spécifique, je ne saurai répondre à la commande qu'à partir de ma propre expérience. Ailleurs Nommé tard à l'Université, après une expérience professionnelle de formateur de maîtres spécialisés de l'Enfance Inadaptée qui, en douze ans, m'a appris à rapprocher la réflexion et les savoirs de la trame même des pratiques, sans les confondre pour autant, le discours universitaire m'est apparu d'emblée dans la multiplicité de ses registres, à vrai dire peu spécifiques chacun étant pris isolément, mais redevenant spécifiques dans le mouvement même de revendication d'une spécificité substantielle, attestée par l'histoire d'une solide tradition. C'est donc cette irruption qui me servira de fil conducteur. Irruption pas nécessairement naïve. L'étudiant de philosophie de la fin des années 60 avait été quelque peu sensibilisé aux contradictions internes de cette culture universitaire, et ce sur la scène parisienne où elles s'exacerbaient discursivement, et autrement. D'où s'autoriser à parler pour être « universitairement » conforme ? Le discours de l'excellence topologique C'est la première question qui est adressée à celui qui vient d'ailleurs. Le discours universitaire dispose d'une géographie de l'excellence. Par cercles concentriques, les autres lieux de formation sont reconnus, ou plutôt, concédés, comme autant d'esquisses Université,particularité, singularité...
Pour une attention à la singularité de chacun
L’éducation a-t-elle un genre ? , 2019
Pour la philosophe Clarisse Picard, notre société valorise un monde commun mixte et neutre du point de vue du genre, afin de lutter contre les inégalités et déconstruire les hiérarchies anciennes. Mais si la lutte contre les stéréotypes est nécessaire, elle ne suffit pas à résoudre les inégalités. C’est pourquoi l’auteure prône une attention particulière, dans l’éducation, pour accompagner chaque jeune, garçon ou fille, à devenir un sujet singulier.
« Phénoménologie et singularité »
Contre-Allée (Collège International de Philosophie), 2007
Il n'y a rien de plus évident que de dire « je suis moi ». C'est même tellement évident qu'il n'y a strictement aucun sens à le dire, si l'on entend par là dire quelque chose, apporter une information sur le réel. Autrement dit, on ne sait pas ce que cette phrase signale, quelque chose qui a le poids du fait ou un simple effet de structure qui se laisse dégager par l'analyse grammaticale. Il est nécessaire que je sois moi, quoiqu'il soit absolument contingent que je sois celui-là ; il est logique que « je » sois quelqu'un, mais c'est une coïncidence totale que ce quelqu'un soit moi. Mais peut-on prendre le risque de passer de la forme grammaticale à une forme phénoménologiquement attestable ? Y a-t-il, autrement dit, une expérience propre à la singularité du moi ?
Singularité et altérité, 2023
Conférence prononcée le 15 avril 2023 Lors de la séance inaugurale de IRISA De la méthodologie de l'art aux méthodologies de l'être Singularité et altérité Singularité et altérité Qu'est-ce qu'un autre ? Qui est autrui ? Parmi les réponses possibles à cette question, il y a celle qui consiste à définir autrui comme notre semblable. Ce qui n'est pas totalement faux. Je ne vais pas qualifier d'autrui ce qui est tout autre. Une chose, un objet matériel inanimé est tout autre que moi, c'est autre chose, c'est d'ailleurs tellement autre chose que je ne vais pas pouvoir le qualifier d'autrui. En revanche, dès que je vais avoir affaire à une réalité avec laquelle je possède quelque chose en commun, la question va devenir plus complexe. Ainsi, en va-t-il du vivant. Pour ce qui concerne le végétal, j'ai le sentiment de ne pas avoir suffisamment de points communs avec lui pour ne pas le considérer comme un autre, j'ai l'impression qu'il est trop autre pour être un autre. Néanmoins, certaines découvertes récentes nous montrent que nous partageons plus que nous pensions avec le monde végétal. Ainsi, les travaux du botaniste Francis Halé, nous ont permis de découvrir que les arbres communiquaient et qu'ils étaient capables de se reconnaître, autrement dit de percevoir ce qui fait la singularité de leurs semblables. Est-ce assez pour le considérer comme un autre ? La question reste en suspens, mais elle souligne en quoi la question de l'altérité est certainement beaucoup plus complexe qu'il n'y parait. Pour ce qui concerne l'animal, la question est peut-être encore plus difficile, car il est évident que je ne peux le considérer comme tout autre, même s'il m'est difficile de le considérer comme mon semblable. Mais est-ce que je possède suffisamment en commun avec lui pour le considérer comme un autre ? Je sens bien qu'il y a quelque chose en moi de l'animal, je partage avec certains d'entre eux des organes identiques. Certainement, sommes-nous d'ailleurs nous aussi des animaux, des animaux singuliers, mais des animaux quand même ! J'ai l'impression de pouvoir communiquer avec certains d'entre eux. Certains mêmes sont parvenus à s'adapter à la vie humaine, à l'environnement de l'être humain. On peut même se demander pour certains d'entre eux, les chats par exemple, si ce sont les humains qui les ont domestiqués ou si ce sont eux qui ont colonisé l'environnement humain. Quoi qu'il en soit, nous hésitons encore à ranger l'animal dans la catégorie « autrui », même si comme l'ont montré de nombreux travaux scientifiques en éthologie, ainsi qu'une réflexion philosophique comme celle développée par Vinciane Despret, les comportements animaux ne sont pas purement instinctifs, mais peuvent sur de nombreux points se rapprocher de ceux des humains.