Le ‘dialogocentrisme’ humaniste : de "Utopia" de Thomas More (1516) au "Cymbalum mundi" de Bonaventure des Périers (1537) (original) (raw)

Les voix imprimées de l'humanisme. Un dialogue entre "Utopia" et le "Cymbalum mundi"

2001

Cette thèse s’attache à étudier les particularités de l’utilisation du genre dialogué par les humanistes du Nord de l’Europe dans la première moitié du XVIe siècle. Nous y procédons à une analyse approfondie de deux œuvres majeures de la tradition dialogique : Utopia de l’Anglais Thomas More, publié en latin en 1516, et le Cymbalum mundi, publié en français en 1537 et généralement attribué à Bonaventure des Périers. Notre analyse comparative de ces ouvrages s’insère cependant dans une approche plus générale à la fois de la nature de la forme discursive écrite qu’est le dialogue et des fondements de la vogue sans précédent de ce genre dans la majorité des cultures européennes de la Renaissance.

L’usage du Bref discours (1608) dans La Naissance de l’humanisme moderne : analyse et raisons d’un abandon

2004

est publié en 1608 à Liège par Léonard Streel, imprimeur juré. Il est anonyme et comporte 70 pages. L'imprimatur donné par le vicaire général du diocèse de Liège, Jean Chapeauville (1551-1617), est reporté à la dernière page 1. En 1940, F. de Dainville fait paraître sa thèse principale, La Géographie des humanistes, et une partie de sa thèse complémentaire, La Naissance de l'humanisme moderne 2. Il présente celle-ci comme le premier volume de sa réflexion sur les Jésuites et l'Humanisme et y fait 22 fois allusion au Bref discours. Il annonce pour « des temps meilleurs » la publication d'un second volume composé de La Crise de l'humanisme et d'Un Humanisme nouveau. Ce second volume ne vit jamais le jour 3. En 1947, dans un article, F. de Dainville fait part de ses découvertes récentes sur le texte du Bref discours : celui-ci est en réalité un chapitre d'un ouvrage publié en 1607 à Arras, la Vie d'Ignace de Loyola, traduction française de la Vita Ignatii Loiolae rédigée par le jésuite espagnol Pierre de Ribadeneira 4. Au-delà de cette date, F. de Dainville ne recourt plus au Bref discours dans ses écrits, et nous nous interrogerons sur les raisons de cet abandon. LE BREF DISCOURS Pierre de Ribadeneira, l'auteur du Bref discours Arrêtons-nous brièvement à la vie de l'auteur du Bref discours. Pierre de Ribadeneira 5 est né à Tolède le 1 er novembre 1526 d'un juré, Alvaro Husillo Ortiz de Cisneros, et de Catalina de Villalobos. Il prit le nom d'ancêtres maternels en provenance de la Galice (Riba de Neira). En 1539, le cardinal Alexandre Farnèse l'emmène comme page à Rome. Ribadeneira y rencontre Ignace de Loyola. Le 18 septembre 1540, neuf jours avant L'usage du Bref discours (1608) dans La Naissance de l'humanisme moderne : an...

De l’utopie du dialogue de la Renaissance à l’institution de la conversation à l’âge classique

Renaissance and Reformation / Renaissance et Réforme, 2018

Cet article se propose de comparer ces deux moments forts de la simulation écrite de l'échange oral en France que sont le milieu du XVI e siècle pour le genre du « dialogue » (ou du « colloque ») et la deuxième moitié du XVII e pour celui de la « conversation » (ou de l'« entretien »), et ce, afin de montrer que la relation de continuité postulée par Marc Fumaroli entre le « dialogue humaniste » et la « conversation classique » pose problème à plus d'un titre. Nous verrons qu'il serait même préférable d'envisager cette relation sur le mode de la discontinuité, voire de l'opposition. En conclusion, nous nous intéresserons brièvement à un « passeur », Jean-Louis Guez de Balzac, ayant joué un rôle majeur dans ce renversement, dont les fondements éthiques et politiques paraissent discutables. This article sets out to compare two high points in the written simulation of oral exchange in France: the mid-sixteenth century for the genre of " dialogue " (or " colloque ") and the second half of the seventeenth for that of the " conversation " (or " entretien "). The article demonstrates that the relation of continuity postulated by Marc Fumaroli between " humanist dialogue " and " classical conversation " is problematic for more than one reason. We will see that it might be preferable to consider this relation in terms of discontinuity, or perhaps even opposition. In conclusion, we deal briefly with a " middleman " who played a major role in this reversal, and whose ethical motivations and politics seem questionable: Jean-Louis Guez de Balzac. Cet article est dédié à la pionnière des études sur le dialogue à la Renaissance, Eva Kushner. This article is dedicated to Eva Kushner who pioneered the study of Renaissance dialogue.)

« Naissance du cicéronianisme et émergence de l’humanisme comme culture dominante : réflexions pour une étude de la rhétorique humaniste comme pratique sociale », Mélanges de l’École française de Rome – Moyen Âge, 125/1, 2013, p. 219-257

This paper focuses on the development and the dissemination of Ciceronianism in Italy in the first half of the fifteenth century, not as much as a doctrine than as a characteristic pratice of writing, evidenced through the many humanists orationes that are preserved. The empirical study of the emergence of the so-called « classicist » oratory is a remarkably significant area of investigation, in order to analyze the expansion of the cultural model of the studia humanitatis. It was indeed both a trivialized tool of social distinction and a vector of institutional and ideological penetration. Three main research tracks are proposed. The first is the creation and the circulation of a common repertory through the multitude of manuscript compilations, generally referred to as « humanistic miscellanies », which normalized practice through practicing. The second is the concrete shaping of an oratorial matrix « in the manner of Cicero ». It can be generally described (stylistic effects and argumentative processes), while measuring the gap created between this matrix and the medieval traditions of Latin rhetoric. The third is the movement of infiltration of ciceronian practice into a variety of rhetorical spheres (such as preaching, diplomatic epistolography or academic ritual) by a more or less successful formal acclimatization. This infiltration also tended to introduce some topical constructions, that produced « common places » between socio-political institutions and humanistic culture. Two manuscripts are inventoried in the annex : the manuscript of Venice, Biblioteca Marciana, Lat. XI. 101 (3939) and the manuscript of the Vatican City, Biblioteca Apostolica Vaticana, Ottob. Lat. 3021.

« La rhétorique humaniste au service des élites chypriotes dans l’Italie septentrionale de la première moitié du XVe siècle », dans G. Clément, I. Fabre, G. Polizzi, F. Thoraval (dir.), Poésie et musique à l'âge de l’ars subtilior, Brepols, 2021, p. 41-50.

La rhétorique humaniste au service des élites chypriotes dans l'Italie septentrionale de la première moitié du xv e siècle Clémence Revest Phénomène encore largement méconnu-mais que plusieurs contributions du présent volume permettent de sortir d'une longue pénombre-, la famille des Lusignan et leur entourage ont entretenu des rapports directs et variés avec les milieux savants humanistes dès les premières décennies du xv e siècle. Ces liens précoces s'expliquent surtout par les multiples ancrages que développent à la même époque les élites chypriotes dans les réseaux princiers d'Italie du Nord (notamment les dynasties du Piémont et de Lombardie), dans le tissu scolaire et académique de Vénétie et de Romagne (à travers particulièrement l'université de Padoue et l'école de Guarino Veronese), ou encore au sein de la hiérarchie curiale agitée par les crises schismatiques et conciliaires 1. Ainsi, au même titre qu'une part grandissante des aristocraties italiennes de la période, les Lusignan et plusieurs membres de leur cour ont été directement au contact de cette culture alternative en pleine expansion et ont été identifiés par les lettrés alors en vogue parmi les possibles promoteurs de nouveaux modèles de composition littéraire de prestige, voire en ont eux-mêmes stimulé la production. Cette sensibilité à l'essor de l'humanisme, nouvel apanage du pouvoir, se traduisit par le recrutement d'un secrétaire italien spécialiste des studia humanitatis : le Vicentin Benedetto Ovetari, frère cadet du chancelier du marquis de Mantoue, lui-même ancien secrétaire du cardinal Gregorio Correr et de l'évêque de