Du document à l'œuvre (original) (raw)

Prélèvement/déplacement : le document au lieu de l'œuvre

Littérature, 2012

Le montage documentaire, qui apparaît comme une forme caractéristique des modalités d’intégration du document dans la littérature du vingtième siècle, connaît des cas limites, où le document envahit entièrement l’espace textuel et se voit ainsi livré en lieu et place de l’œuvre. Alexander Kluge dans Stalingrad, description d’une bataille et Charles Reznikoff dans Testimony se cantonnent volontairement à un geste de sélection, de compilation et de mise en forme de discours préexistants, sans jamais interpréter ou analyser les documents qu’ils citent. Pourtant cette intégration à un contexte littéraire suffit à modifier le regard que le lecteur porte sur le document : le prélèvement est aussi un déplacement qui l’ouvre à d’autres usages et à d’autres interrogations. English : Sampling/Displacing: Documents in Place of Works The editing and montage of documents, which emerges as a characteristic mode of integration of the document in literature in the 20th century, has its extreme examples, where the document overwhelms the entire written space and is delivered instead of a work of literature. Alexander Kluge in The Battle and Charles Reznikoff in Testimony consciously choose to satisfy themselves with selecting, compiling and giving shape to preexisting discourses, without ever either analysing or interpreting the documents they thus cite. And yet the fact of their being integrated into a literary project is sufficient to change the way the reader considers documents: the presentation of specimens, of samples, also displaces them and opens them up to other uses and other questions.

À L'École Du Document

Les cahiers de médiologie, 2001

Distribution électronique Cairn.info pour Gallimard. © Gallimard. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit.

témoignages filmés : du document à l'oeuvre d'art

Nombre de plasticiens contemporains tissent des liens étroits avec l'Histoire, s'appropriant images et archives, menant des enquêtes. Depuis les années quatre-vingt-dix, des artistes dessinent au sein de cette mouvance une posture singulière ; celle de faire oeuvre à partir de témoignages filmés. Derrière leur caméra, ils s'entretiennent avec des individus ayant vécu au plus près d'évènements majeurs de l'histoire contemporaine. L'artiste se fait « passeur de paroles », endossant tour à tour les habits de l'historien, du journaliste ou du documentariste. La dimension historique est une composante essentielle des oeuvres d'Esther Shalev-Gerz, construites autour de l'interstice entre écoute et parole, mémoire et oubli, mémoire collective et mémoire individuelle. A travers ses vidéo et installations, des hommes et des femmes racontent l'histoire. L'artiste les écoute, puis donne forme au souvenir, faisant dialoguer grande Histoire et histoire individuelle. Esther Shalev-Gerz manipule des documents, interroge des témoins, de ceux qui portent vers autrui ce qu'ils ont vécu, et expose des objets-témoins, de ceux que l'on se passe de main en main pour écrire l'histoire. Nous nous arrêterons ici sur les usages artistiques du témoignage filmé, à travers l'étude des stratégies plastiques à l'oeuvre dans la reconstruction d'un réel enregistré. A partir de trois oeuvres, nous questionnerons cette forme de pratique documentaire au regard de ses enjeux esthétiques, politiques et éthiques.

L'œuvre et la page

laviedesidees.fr

Magazines d'artistes et production artistique Cristelle TERRONI À la fin des années 1960, les formes dématérialisées de l'art conceptuel transforment les modes de production artistique. L'émergence d'oeuvres qu'on peut publier et reproduire dans les pages des magazines bouleverse la nature de ces publications éphémères. Gwen Allen explique comment les magazines d'artistes deviennent à cette époque un espace alternatif de production artistique. Recensé: Gwen Allen, Artists' Magazines, an alternative space for art, MIT Press, 2011 Qu'est-ce qui fait la spécificité des magazines ? Selon Gwen Allen, c'est leur nature éphémère : « publier un magazine, c'est entrer dans une relation étroite avec le moment présent. A l'inverse des livres, qui doivent être lus par les générations futures, les magazines sont essentiellement éphémères 1 » (p.1). Contrairement aux magazines traditionnels qui contiennent principalement des rubriques critiques et des pages de publicité pour les galeries d'art, les magazines d'artistes sont beaucoup plus créatifs et permettent une participation directe des artistes. Depuis le début du XIX e siècle ces publications ont toujours été très liées à l'avant-garde artistique : « c'est ici que les idées artistiques furent non seulement conservées et échangées, mais également créées ; ici que les mouvements d'avant-garde naquirent et prirent de l'importance 2 » (p.3). Les artistes utilisent ainsi de plus en plus ce format éphémère afin d'explorer et de communiquer leurs idées innovantes sur l'art 3 ; cette proximité est encore renforcée au XX e siècle quand de nouvelles techniques d'impression permettent aux artistes d'imprimer plus facilement leurs magazines. Mais ce qui rend ces magazines différents dans les années 1970 et 1980 -et c'est là la thèse principale du livre de Gwen Allen -c'est le fait que les artistes les utilisent à des fins artistiques jusque là inédites.

L'art documenté

Le titre de mon intervention pose à lui seul plusieurs questions : qu’est-ce que l'art ? Qu’est-ce qu’un document ? Et quel serait cet art documenté ? Surtout, en quoi ces problématiques sont-elles liées au thème qui nous rassemble aujourd’hui – celui de l’objectivité ? J’essayerai de répondre de la manière suivante : - Je proposerai un bref récit de la dématérialisation de l’œuvre d’art dans les années 1960-70 - Je montrerai qu’une des conséquences principales de cette dématérialisation est la nécessité accrue de documenter les œuvres - Je distinguerai plusieurs types de documents artistiques et détaillerai plusieurs manières de documenter - Je montrerai combien un tel procédé a un effet « objectivant » et « jaugeant » en art, au sens où documenter une œuvre atteste et témoigne de son existence mais semble également « définir » son statut et sa qualité. Un document peut par exemple confirmer l’authenticité d’une œuvre mais, en même temps et par ce biais même, légitimer sa présence et certifier son importance.

Témoignages filmés. Du document à l’œuvre d’art

Journées d'étude interdisciplinaire Paysage(s) de l’étrange. Sur les traces visibles et invisibles d’un patrimoine régional en transformation : (re)constructions artistiques et théoriques d’une histoire transfrontalière marquée par les grands conflits, 2016

La spécialisation à l’œuvre

OCL, 2013

Reçu le 26 mars 2013-Accepté le 29 avril 2013 Résumé-La spécialisation, à l'oeuvre dans les exploitations françaises depuis plusieurs décennies, a remodelé le paysage agricole de l'Hexagone : la céréaliculture est aujourd'hui largement dominante dans le centre du Bassin Parisien, en Alsace ou en Aquitaine, tandis que l'Ouest de la France, qui se consacre à l'élevage intensif, donne une large place dans ses assolements, au maïs ensilage et aux prairies monospécifiques de courte durée. Cette spécialisation régionale s'accompagne d'une réduction du nombre d'espèces cultivées, et d'un raccourcissement des rotations, qui engendre des difficultés à maîtriser les populations d'adventices ou les parasites et de nombreux problèmes écologiques (perte de biodiversité ; faible recyclage des éléments minéraux N, P, K.. .).

Mémoire document de travail

mon travail s'intéresse à cette problématique Dans quelle mesure les représentations sociales de la maladie de Crohn empêchent-elle le « parler de soi » du patient en dehors du milieu hospitalier ? ou hors du contexte hospitalier ou au sein de son entourage proche ?