« Gendarmes en République, gendarmerie républicaine ? La compagnie du Nord sous la Troisième République (1870-1914) », in Bulletin de la Commission historique du Nord, tome LIII, 2005-2006, novembre 2007. (original) (raw)
Related papers
Incarnation traditionnelle de l’État régalien, la figure du gendarme subit d’importantes mutations dans la seconde moitié du XIXe siècle. En 1870, la gendarmerie garde l’image d’un corps prétorien fortement associé au régime impérial et peu intégré aux communautés qu’elle surveille. Quarante ans plus tard, elle constitue l’un des piliers de la République enracinée dans tous les terroirs, et c’est au nom du principe de proximité qu’elle accepte d’être considérée avec familiarité plutôt qu’avec crainte. On retrouve ici un modèle général de pacification des rapports entre l’État et la société, avec la diffusion d’une idéologie du service public. Dans l’intervalle, la pratique professionnelle n’a pas subi de réelle métamorphose. Bien plus que leur profil social, que leur statut militaire ou que la nature de leur travail, c’est le regard des gendarmes sur leur métier qui évolue. La dépolitisation et l’ouverture au public sont les facettes les plus voyantes d’un changement d’attitude global qui se manifeste surtout dans la relation aux administrés: le ton hautain et cassant cède place à un professionnalisme tempéré de bonhomie. Le gendarme ne cherche plus tant à s’imposer qu’à se faire accepter. Comment expliquer cet infléchissement majeur de l’identité professionnelle? Sans doute ne provient-il pas vraiment d’une stratégie délibérée des autorités; il résulte plutôt des tactiques qu’adoptent les gendarmes face aux nouvelles réalités politiques et sociales. Les intérêts bien compris et les valeurs intériorisées se conjuguent pour accompagner, voire devancer, la mutation républicaine du maintien de l’ordre quotidien.
Archives 501 iV le serVice historiQue de la gendarmerie nationale par Laurent Veyssière Comme nous l'avons vu dans un chapitre précédent, la gendarmerie ne s'est préoccupée de la conservation à titre historique de ses archives que fort tard. Ainsi, même si les documents les plus anciens conservés par le SHGN remontent au XIX e siècle, les fonds antérieurs à la Seconde Guerre mondiale restent très parcellaires en raison des nombreuses destructions évoquées précédemment. Le volume est cependant considérable, puisque après la récupération des archives qui avaient été déposées en 1986 dans les archives départementales, près de 50 kilomètres linéaires d'archives seront conservés.