L’expertise dans les discours de la santé : du cabinet médical aux arènes publiques. (original) (raw)

Pour une considération pluridisciplinaire des discours de l’expertise dans les domaines de la santé

Cahiers du Centre de Linguistique et des Sciences du Langage

S’appuyant sur la variété des expertises en santé et observant leur émergence dans et par le discours, ce numéro des Cahiers de l’ILSL a pour objectif de présenter des outils qui permettent d’en appréhender les contours. Dans cette introduction générale, on envisage les discours de l’expertise en santé relativement à trois cadres d’émergence : la communication privée, la communication organisationnelle et la communication publique, qui se caractérisent par des dispositifs et des finalités différenciés.

De l’implication du public dans le processus d’expertise à sa prise en compte dans les politiques de santé

2016

Les initiatives se multiplient pour « ouvrir » le processus d’expertise des risques sanitaires et environnementaux a la societe, comme l’illustre la « Charte de l’ouverture de l’expertise a la societe » ratifiee le 9 septembre 2011 par l’ANSES. En effet, la charte signee ce jour vise a construire, avec les acteurs de la societe, une comprehension partagee des enjeux complexes des situations a risques et des alternatives permettant d’y faire face. Cette ouverture doit ainsi contribuer a renforcer la qualite des travaux que ces etablissements apportent aux decideurs publics, ainsi que la confiance de la societe a l’egard des processus de decision. Les deux articles presentes dans cette note explorent les effets de cette ouverture. Le premier article analyse comment les institutions publiques « utilisent » les contributions des publics1 auxquels elles font appel dans la construction des politiques publiques de sante. Le second article revient sur les resultats d’une experience dans laq...

Expertise et expérience du linguiste dans le monde de la santé

Cet entretien aborde les objets, les méthodes et les perspectives qui sont celles du linguiste en ancrage dans le cadre hospitalier et, plus généralement, dans le domaine de la santé. Après une évocation des évolutions historiques de ce champ d'investigation, il est proposé d'appréhender les objets que traite le spécialiste de la communication dans le domaine de la santé selon une double dichotomie : frontstage/backstage et communication directe/indirecte. On discute ensuite la question des méthodes adoptées et des complémentarités possibles entre des approches quantitative et qualitative. Enfin, on traite des rapports qu'entretiennent le linguiste et son terrain: d'une part, la dimension appliquée et l'ancrage social de la recherche ; d'autre part, l'influence réciproque que la médecine et les sciences du langage et de la communication peuvent avoir l'une sur l'autre.

Des termes des experts aux mots des patients : un discours à construire

2008

Face a l'evolution de la demande d'information des personnes malades et a leur role croissant dans la prise de decision medicale, l'acces a une information validee, comprehensible et systematiquement actualisee, correspondant a leurs besoins, est un enjeu majeur de Sante publique. En reponse a une demande d'intervention dans le circuit de production de documents destines aux patients atteints de cancer et a leurs proches, notre pratique s'articule entre description des discours circulants, activite de recherche sur le fonctionnement linguistique de cette vulgarisation specifique, et propositions dans le but d'optimiser des documents d'information. Si l'utilite sociale de ce type de demarche applicative est manifeste, rejoignant un role ethique que le chercheur peut se faire de sa pratique, la reponse necessite une reflexion pour construire un dispositif qui integre la difficulte d'une expertise specifique dans un cadre interdisciplinaire. Conjugue...

Représentations sociales de la maladie : Comparaison entre savoirs « experts » et savoirs « profanes ».

Le lien entre pratiques et représentations sociales est désormais bien connu. Or, si de nombreux travaux se sont intéressés à la représentation sociale de la maladie mentale, et ce au sein de diverses populations, très peu d’études portent sur la représentation sociale de la maladie au sens large, et aucune ne compare les représentations sociales qu’en ont les professionnels de la santé (PS) et les non-professionnels de la santé (NPS). C’est sur ce point que se centre notre recherche. Le groupe des PS est composé de trois sous-groupes : « médecins », « infirmiers » et « pharmaciens » et celui des NPS de deux sous-groupes : les personnes soumises à un « traitement médical de longue durée » et les personnes « sans traitement ». 270 participants (135 PS et 135 NPS) ont répondu à une question d’évocation dont les données, selon la théorie dite du « noyau central », ont fait l’objet d’une analyse prototypique et catégorielle. Les résultats montrent qu’il existe une représentation sociale de la maladie partagée par les deux groupes, renvoyant essentiellement à la souffrance et à la douleur, mais des registres spécifiques sont aussi mis à jour au niveau périphérique pour chaque groupe. Les PS ont recours à des termes descriptifs renvoyant à la nature et aux caractéristiques de la maladie ; chaque profession évoque la maladie en fonction de son rôle propre. Alors que les médecins se centrent sur le diagnostic et les conséquences de la maladie, les pharmaciens privilégient le traitement de la maladie et sa prise en charge, et les infirmiers se centrent sur le traitement et sur le suivi relationnel des patients. Les NPS se réfèrent quant à eux à des termes focalisés sur le vécu personnel face à la maladie, sachant que les personnes qui suivent un traitement médical privilégient un registre lié à l’affect et aux conséquences de la maladie sur leur quotidien pendant que les personnes sans traitement ont recours à des termes plus descriptifs et formels. Conformément à nos hypothèses, les représentations des PS renvoient à des « représentations professionnelles », tandis que celles des NPS sont reliées à des « pratiques » de la maladie. Ces résultats invitent les PS à élargir les registres des échanges liés à la maladie de manière à favoriser une communication centrée sur une prise en charge du patient considéré dans sa globalité avant d’être un malade réel ou potentiel, et cela constitue un pas décisif dans l’amélioration de la santé du patient.