L'avenir, une catégorie anthropologique (original) (raw)

Une brève histoire de l'avenir

Compte rendu de l'exposition "Une brève histoire de l’avenir", Paris, Musée du Louvre (septembre 2015-janvier 2016) et Bruxelles, Musées Royaux des Beaux-arts de Belgique (septembre 2015- janvier 2016)

"Futurs antérieurs"

« Futurs antérieurs », p.71-81 dans Desgénérations, « Postérité du Postcolonial », n°15, Saint-Etienne, Jean-Pierre Huguet, février 2012, 96 p. Cet article propose d’envisager les postérités du postcolonial de trois façons : comme un héritage, comme un élan, et comme une promesse. L’héritage est celui d’une filiation avec la tradition anticoloniale, mais aussi avec les premières manifestations d’un questionnement d’envergure postcoloniale à l’époque coloniale. On présente alors les différentes logiques politiques ou les alternatives envisagées au colonialisme répressif : imagination impériale, fédéralisme eurafricain, nationalisme, panafricanisme… On tente ensuite de montrer comment le parachèvement du postcolonial pourrait se situer dans la promesse d’un horizon postracial, en s’appuyant sur l’analyse d’un poème de Césaire et sur certaines proclamations historiques (Proclamation du 10 mai 1802 par Louis Delgrès, « Youth Speaks » ou « la jeunesse parle » par Alain Locke en 1925, discours du 18 mars 2008 à Philadelphie, par Barack Obama…). On confronte alors la notion de « postracial » à celle de « postblackness », telle qu’elle s’est trouvée revendiquée dans le champ artistique et culturel afro-américain. Les limites de la « postblackness » sont soulignées grâce à la présentation de deux œuvres afro-américaines : le film Bamboozled, de Spike Lee (2000), et le roman Erasure (2001), de Percival Everett. On montre en conclusion une dissymétrie persistante entre l’identité noire choisie et l’identité noire imposée, qui fonde précisément la nécessité du projet postracial en tant que postérité postcoloniale.

La communauté à venir : posthumaine ou simplement humaine

Dans La Communauté qui vient (1990), Giorgio Agamben a esquissé les contours d’une « communauté » inédite, qui serait formée de « singularités quelconques », donc ni individuelles ni universelles mais déterminées de telle sorte « que jamais un concept ou une propriété (ne) puissent leur servir d’identité ». L’homme quelconque ne cherche pas son identité “dans la forme désormais impropre et insensée de l’individualité”, de “telle ou telle identité biographique particulière” mais dans “cette impropriété comme telle”, dans “une singularité commune et absolument exposée” (p 67). On voudrait confronter cette hypothèse d’une communauté à venir à l’imaginaire posthumain qui se déploie actuellement dans la littérature et oblige à repenser les frontières admises entre l’humain et le non humain, le naturel et l’artificiel, etc. En effet, si l’on considère que toutes les formes que l’espèce humaine sera appelée à prendre dans le futur font partie de l’évolution, alors l’opposition entre homme et machine tombe pour faire place à l’idée d’une communauté humaine qui ne cesse de changer de forme et dont l’identité est profondément plastique, malléable, changeante. Cette hypothèse sera mise à l’épreuve du dernier roman de Ian Mc Ewan, Une machine comme moi, qui interroge l’appartenance des robots à la communauté humaine et révèle ainsi en creux les frontières de l’humain dans nos sociétés contemporaines.

L'Utopie - un genre amphibie

Utopia is a multifold genre that was often given distinct and contradictory definitions. This paper tries to systematize the main concepts created by theoreticians of the genre in order to describe the different typologies engendered by Thomas More's seminal text. It arranges them in a deductive progression, from the largest and all-encompassing to the smaller and very precise ones. It presents several dialectical oppositions: practical/ theoretical utopias, utopian mood/ utopian genre, utopianism/ utopia, hetero-topia/ utopia, political treatise/ narrative utopia , etc. It also distinguishes between utopia and neighboring genres like myth, fairy tale, travel narrative, extraordinary voyage, novel and romance, robinsonade, and science fiction. The scope of this theoretical and historical survey is to contribute a better focused concept of utopia.