« Hiérarchie de pouvoirs et hiérarchie des magistratures dans la Rome républicaine » (original) (raw)

« Espaces comitiaux et contraintes augurales à Rome pendant la période républicaine »

Ktèma, 39, 2014

Comitial Spaces and Augural Restraints during the Republican Period. In Rome during the Republican period, all the diverse comitial spaces — at the Capitol or at the Arx, at the Comitium or on the Campus Martius — were from the start « inaugurated » places, that is to say « political templa ». This augural restraint was linked to the need of taking auspices before assemblies, in order to get gods’ agreement for decisions engaging the civic community. All along the period, the evolution of institutional practices — as well within the structure of the diverse people assemblies (the Calate, Curiate, Century and Tribal Assemblies) as in the vote organisation — didn’t make the augural restraints to vanish : their weight worked as much on space as on time. This aupiscious primacy on time and space of the Assemblies was giving to the Senate and the augural college the possibility of controlling magistrates’ powers, including citizen’s vote that was depending on their action.

« Les espaces comitiaux à Rome pendant la période républicaine »

in A. Borlenghi, C. Chillet, V. Hollard, L. Lopez Rabatel & J.-C. Moretti (éd.), Voter en Grèce, à Rome et en Gaule. Pratiques, lieux et finalités, Lyon, 2019, p. 261-276.

À Rome, pendant la période républicaine, le fonctionnement des espaces comitiaux était étroitement lié à l’évolution des pratiques institutionnelles des Romains, non seulement en ce qui concerne leurs différentes localisations à travers la ville de Rome depuis l’époque archaïque jusqu’aux premiers temps de l’Empire, mais aussi à cause de l’évolution des procédures électorales.

« L’autorité ne va pas sans prestige, et le prestige sans éloignement ? Le cas des officiers dans les légions tardo-républicaines », in R. Baudry et F. Hurlet (éd.), Le prestige à Rome à la fin de la République et au début du Principat, Paris, De Boccard, 2016, p. 91-103.

L’article traite de la question du prestige attaché aux fonctions d’officier dans les armées romaines du bellum ciuile (49 à 31 a.C.). Le cas des tribuni militum permet de mettre en évidence que ces officiers se devaient de manifester au combat une exemplarité correspondant à l’ethos aristocratique romain. Indépendamment de ces mérites individuels, les postes de tribunus militum ou de praefectus pouvaient apparaître comme un honos, et, dans le cas de la notabilité italienne au moins, de préséance sociale. A contrario, si l’on ne distingue pas de prestige particulier attaché intrinsèquement au grade de legatus, ces derniers devaient également manifester, en même temps qu’une fides de bon aloi à l’endroit du dux, leur courage sur le champ de bataille, cependant tempéré par le consilium, ainsi que des qualités d’industria et de diligentia dans l’exécution des ordres de l’imperator, dont ils apparaissaient comme les garants. Cette compétence militaire était source de prestige, qui pouvait être réinvesti dans le champ politique.

« L’administration de la justice dans le monde romain. Ier siècle av. J.-C. – Ier siècle apr. J.-C. », dans N. MATHIEU (dir.), Le monde romain de 70 av. J.-C. à 73 apr. J.-C. Voir, dire, lire l’empire (2014), p. 171-208

Depuis la n du e siècle av. J.-C., la réduction à la condition provinciale des territoires assujettis par Rome visait à répondre à un triple objectif. L'envoi régulier d'un promagistrat, investi du commandement des troupes stationnées dans sa prouincia, devait en premier lieu assurer la sécurité des zones fronta-lières de l'empire et, éventuellement, permettre la poursuite des guerres de conquête des espaces voisins. Sa présence devait aussi faciliter la perception de toute forme de tribut ou de taxe imposée par Rome aux populations locales. Elle permettait enn de fournir aux citoyens romains la protection du droit romain, de leur rendre la justice dans les litiges qui les opposaient entre eux ou aux « alliés » pérégrins (c'est-à-dire non romains). L'exercice de la justice représentait donc, au même titre que le maintien de la sécurité et que la perception scale, un des traits constitutifs de l'impérialisme romain, quel que fût par ailleurs le degré d'autonomie reconnu aux communautés locales. Cette autonomie était nécessairement importante : Rome n'eut jamais les moyens, ni surtout la volonté, d'exercer un quelconque monopole de la justice dans ses provinces, pas plus qu'elle ne prétendit faire reposer sur ses seuls agents le maintien de l'ordre public. L'administration des provinces ne se concevait que dans le partage des compétences entre les représentants du pouvoir romain et les communautés locales. Les modalités mêmes de ce partage différaient sensiblement d'une région à l'autre du monde romain. En Orient, Rome s'appuya très largement sur le modèle de la cité hellénisée, sinon grecque, dotée d'institutions antérieures à la conquête, reposant sur l'existence d'un corps civique autonome. La situation était plus contrastée en Occident. Des provinces comme la Sicile ou la Narbonnaise, sous l'inuence elles aussi de l'hellénisme, comportaient un tissu important de cités, pourvues d'institutions organisées et habituées de longue date à s'administrer elles-mêmes. La tradition civique était en revanche moins forte dans les provinces de la Gaule chevelue, comme dans celles de la péninsule Ibérique ou de 06.indd 171 1/11/14 22:46:01

« Interdicta aula. Cour impériale et hiérarchie spatiale (Haut-Empire romain) », dans Statuts personnels et espaces sociaux. Questions grecques et romaines, éd. par Cl. Moatti et Chr. Müller, Paris, Éditions de la MAE, Coll. « Travaux » n° 25, 2018, p. 271-286.

Rooted in physical proximity with the sovereign, the imperial court was one of the places of power where there was a remarkably close link, and even confusion, between the status of an individual and the space in which that person operated. This situation is particularly visible in the case of the group formed by the prince’s friends (amici), who are usually divided into three categories. This study proposes a different classification, less systematic and more flexible than the traditional tri-partite division, which takes as its starting-point the way in which the prince withdrew his friendship from an individual and the spatial manner in which this procedure took shape. A hierarchy was thus established that was based on the location where one might meet the prince and to which access could be refused, on a temporary or permanent basis. The gradation was organized spatially, starting from the area nearest to the prince and proceeding to the spaces farthest from him: contubernium and congressus; comitatus; banquet; public rituals; public morning greeting; imperial provinces. The central criterion that determined an individual’s status either as the friend or enemy of the prince was spatial, to such an extent that it was the hierarchy among the prince’s friends that was empirically derived from the hierarchy of spaces, and not the opposite. Reposant sur la proximité avec le souverain, la cour impériale du Haut-Empire romain était un des lieux du pouvoir où le statut de l’individu et l’espace dans lequel celui-ci évoluait étaient étroitement liés l’un à l’autre, voire se confondaient l’un avec l’autre. Cette réalité est particulièrement visible dans le cas du groupe formé par les amis du prince, divisé d’ordinaire en trois catégories. Est proposée dans cette étude une autre classification, moins systématique et plus souple que cette structure ternaire, à partir d’un examen des modalités de la procédure qui consistait pour le prince à retirer son amitié à un individu et se matérialisait dans l’espace. Il s’est ainsi établi une hiérarchie en fonction du lieu où l’on pouvait rencontrer le prince et auquel l’accès pouvait être interdit, temporairement ou définitivement. La gradation était la suivante depuis l’espace le plus proche du prince jusqu’au plus éloigné : contubernium et congressus ; comitatus ; banquet ; rituels publics ; salutation publique matinale ; provinces impériales. Le critère central dans le statut d’ami et d’ennemi du prince était spatial à un point tel que l’on peut en déduire que c’était la hiérarchie des amis du prince qui procédait empiriquement de la hiérarchie des lieux, et non l’inverse.