Traduire La Disparition de Georges Perec (original) (raw)
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Enjeux du jeu de mots: Perspectives linguistiques et littéraires, 2015
Dans cet article, nous abordons La Disparition de Georges Perec (1969) en partant d’une conception ample et hétérogène de jeux de mots, dans laquelle le roman perecquien peut trouver un rôle représentatif distinctif. En effet, même si le roman est universellement reconnu pour la virtuosité technique de son auteur, on explique cette virtuosité plutôt par rapport à la longueur du lipogramme, et non pas en raison de la variété et multiplicité des jeux que le lipogramme contient – ou tout simplement évoque. Le métatexte, c’est-à-dire l’ensemble des références énigmatiques au livre et à son écriture, déploie une gamme assez diversifiée de jeux de mots internes au texte, tout en réalisant l’ambiguïté propre à d’autres types de jeux de mots, comme le calembour, et en dépassant les bornes du lipogramme. De même, le métatexte permet de multiplier les possibilités de la lecture du texte, en influant pas seulement sur sa lecture, mais aussi sur ses possibles reproductions en langue étrangère. La traduction de La Disparition, en effet, offre une possibilité de réflexion ultérieure sur la nature du roman perecquien. Tout d’abord, écriture et traduction sont strictement interdépendantes, la traduction étant un enjeu important de la généalogie du livre, et une extension des possibilités du jeu réalisé par et dans le texte. Dans toute version en langue étrangère, la traduction du texte perecquien se pose comme un renouvèlement du jeu, où la recherche d’équivalences textuelles est marquée par une négociation incluant des pertes et des compensations. Cela est vrai même dans les langues comme l’anglais ou l’italien, où le respect du lipogramme impose des restrictions moins contraignantes (dû à la fréquence mineure de la lettre lipogrammatique). Des exemples tirés de la version anglaise de John Lee, Vanish’d !, et de la version en italien par Piero Falchetta, La Scomparsa (1995), nous aideront à illustrer à la fois la variété de stratégies de traduction possibles et le caractère d’ouverture d’un jeu littéraire qui ne paraît jamais épuiser son potentiel créatif et ludique.
Poursuivant nos recherches traductologiques sur le très exigeant roman de Georges Perec, La Disparition (1969), nous nous proposons dʼanalyser les contraintes formelles qui, dans un épisode du chapitre 22 dudit ouvrage, imposent au traducteur des stratégies et des choix précis. En lʼoccurrence, Perec bâtit une histoire dʼassassinat de six frères par leur frère cadet sur un certain nombre de jeux syntagmatiques et paradigmatiques qui, tous ensemble, concourent à la création du sens et des effets poétiques, mais qui sont extrêmement difficiles à rendre dans une traduction. Partant de lʼidée formulée par Henri Meschonnic (1995, 1999) selon laquelle on traduit le texte en tant que discours, et non pas en tant que langue, et rejoignant la réflexion de Jacqueline Henri sur la traduction des jeux de mots (2003), nous examinerons, par le biais dʼune traduction possible, les niveaux de lʼinscription de la subjectivité traduisante dans le texte, subjectivité qui, au fond, relève dʼune poétique du traduire propre.
Le Voyage fantôme: Georges Perec/ OULIPO,
Sobre las "bibliotecas fantasmas", una lectura de Le Voyage d'hiver de Georges Perec yb de algunas de sus continuaciones (Jacques Roubaud, Marcel Bénabou, etc). Sur Le Voyage d’hiver & ses suites, postace de Jacques Roubaud, Paris : Les Éditions du Seuil, coll. « La librairie du XXIe siècle », 2013, 448 p., EAN 9782021127324.
L’ “écriture blanche” de Georges Perec
in Véronique Montémont et Christelle Reggiani, "Georges Perec artisan de la langue", Presses Universitaires de Lyon, 2012
Espace de dialogue entre disciplines du texte, la collection « Textes & Langue » invite à une réflexion sur les méthodes d'analyse textuelle, dans des corpus illustrant la diversité des genres et des époques. La langue est donc considérée dans la variété des réalisations discursives, mais aussi à travers les relations translinguistiques. La collection accueille des études articulant explicitement les pratiques d'analyse et d'interprétation textuelles à différents champs épistémologiques et théoriques : grammaire et rhétorique, philologie et herméneutique, linguistique et pragmatique, poétique et sémiotique, analyse des discours, histoire des formes et des idées. L'orientation générale relève de la stylistique littéraire, dont les problématiques peuvent être soumises à de nouvelles approches et techniques (génétique, statistique). Mais l'expérience de la lecture est étendue à d'autres espaces discursifs (politique, journalistique, publicitaire), ainsi qu'aux relations intersémiotiques.
Poésie vol. 94, 2002
Les grands textes de Perec ne parlent pas de sexe, ou en parlent très peu. Pour expliquer cette pudeur on ne peut invoquer l'obédience oulipienne, car de nombreux écrivains de cette mouvance se sont exprimés avec éloquence sur la chose (Mathews, Roubaud, par exemple). On ne l'explique pas non plus par la tradition des lettres françaises, qui depuis le moyen âge donnent une place prépondérante à la passion amoureuse et son expression physique. Et on l'explique encore moins par le contexte historique -Perec est un auteur des années 1960 et 70, années de la « libération sexuelle » et d'une littérature à l'avenant. Ainsi le silence des textes de Perec sur l'article du sexe en constitue une excentricité significative. Rappelons comme premier exemple la totale invraisemblance des Choses, cette « histoire des années 60 » où de jeunes psychosociologues ont tous les désirs imaginables, sauf le désir de s'aimer. Il s'agit ici sans doute d'une stratégie et d'un choix littéraires. Il s'agit aussi, indubitablement, d'une extension au champ de l'expression littéraire d'une caractéristique personnelle de Georges Perec. Mais pourquoi cette stratégie ? Et que signifie cette réticence tant humaine que littéraire ? Précisons d'abord que l'oeuvre de Perec n'est pas étrangère aux passions. Il y en a pour presque tous les goûts : passion du confort (Les Choses) et de la collection (de buvards, d'unica, de couvertures de cheval, entre autres, dans la Vie mode d'emploi), passion de l'arnaque et du faux (le Condottiere), passion de l'histoire et du sauvetage de mots oubliés, passion de la compétition sportive et passion vengeresse -toutes les passions imaginables, futiles et grandioses, bizarres et banales, ont leur anecdote, leur « personnage », leur histoire emblématique dans les grandes oeuvres de Perec. A une grande exception près : il n'y a pas de véritable histoire d'amour dans les romans publiés, il n'y a pas de grand récit du désir, ni aucune scène majeure de nature érotique. (Nous reviendrons plus tard à la seule exception flagrante de cette exception, l'orgie des Revenentes.) La critique perecquienne nous a beaucoup appris sur le rôle primordial du manque dans la construction de l'oeuvre. Le chapitre manquant (celui qui serait venu en 66e position) de la grandiose structure de La Vie mode d'emploi, le vers manquant (le 180e) du Compendium du chapitre LI de ce même roman, la lettre manquante de La Disparition, les originaux « en manque » du Cabinet d'amateur, ont été commentés et interprétés maintes fois et souvent avec bonheur. Mais au manque thématique le plus évident -l'absence des
Écrit d’un bout à l’autre sans la voyelle e, le roman de Georges Perec, La Disparition, ne cesse de défier les traducteurs depuis sa parution en 1969. Tandis que les uns suivent le texte « à la voyelle », les autres sont plutôt portés à moduler le discours, en omettant systématiquement une autre voyelle. Afin d’en arriver à une traduction croate appropriée de ce texte intégrant un vide, un non-lieu, nous allons examiner ici les données extratextuelles disponibles, et nous allons isoler et analyser les traits pertinents de la stratégie discursive adoptée par l’auteur. Cette stratégie, qui repose sur un usage massif des jeux de mots, et sur des références extratextuelles et intertextuelles, produit divers effets perlocutoires (sémantiques, pragmatiques, symboliques, poétiques, philosophiques, etc.). Elle nous fournit ainsi des pistes à suivre si nous voulons aboutir, lors de la traduction vers le croate, à un équivalent discursif et poétique adapté qui maintienne un équilibre tolérable entre les pertes et les compensations.
Georges Perec : l'expérience de la désappropriation
Le Récit superficiel. L'art de la surface dans la narration littéraire moderne, 2004
Pour citer ce texte : Xavier GARNIER, « Georges Perec : l'expérience de la désappropriation », huitième chapitre de X. Garnier, Le récit superficiel. L'art de la surface dans la narration littéraire moderne, Bruxelles, P.I.E.-Peter Lang, « Nouvelle Poétique Comparatiste », 2004, p. 101-114. Georges Perec : l'expérience de la désappropriation.
Hal-Open Archive, 2022
Cette analyse, bien qu'utilisant parfois les manuscrits, ne relève pas de l'étude de la genèse de La Vie mode d'emploi, mais bien plutôt de son exégèse. Il s’agit d’une enquête sur la présence onomastique de Catherine Binet, dernière compagne de l'écrivain, au sein du texte . La lecture est à la fois réticulée et intertextuelle, en prenant l'Ulysse de Joyce comme phare.