Hesamag n°16 (2017): où va le travail humain à l'ère numérique? (original) (raw)

Quand le travail affecte les corps d’une génération à l’autre (Hesamag, n°21, 2020)

Hesamag, 2020

Des substances toxiques pour la reproduction sont largement utilisées sur les lieux de travail en Europe. La législation européenne se soucie de leurs effets sur les consommateurs et les traite au même titre que les agents cancérogènes. Cette approche n’est pas suivie lorsqu‘il s’agit de la protection des travailleurs.

Travailler derrière les barreaux - numéro thématique Hesamag n°19 (2019)

Hesamag, 2019

“La prison est une loupe : ce qui s’y passe arrive un jour ou l’autre à tous”, écrit Anne Lécu, une religieuse dominicaine qui exerce la médecine depuis 20 ans dans le monde carcéral français. La prison occupe aussi une place importante dans la reproduction des inégalités sociales. Lieu symbolique d’un contrôle qui se veut total sur les corps. Souvent reléguée loin des centres urbains, cette institution disciplinaire projette son ombre sur l’usine, l’école et même l’asile. En un sens, elle nous est familière mais sa réalité est infiniment pire que celle d’autres lieux qui lui ont emprunté certains principes. Les institutions judiciaires sont hautement sélectives dans le choix des personnes qu’elle envoie en prison. Contrairement à ce que la médiatisation de certaines affaires peut laisser croire, les classes privilégiées s’y croisent peu. Un patron peut avoir causé la mort de dizaines de personnes en les exposant à des cancérigènes, il écopera tout au plus d’amendes. Travailler en prison, c’est travailler à la marge. Travailler comme détenu et travailler avec des détenus, c’est un travail qui semble très ordinaire dans les gestes et les tâches qu’on accomplit. C’est aussi travailler dans un contexte radicalement différent du “dehors”. Cette question est rarement abordée en santé au travail. Dans ce numéro, nous avons voulu explorer les conditions de trois collectifs directement concernés. Tout d’abord, les personnes détenues auxquelles le travail n’est jamais garanti. Ensuite, le personnel pénitentiaire aux fonctions multiples et contradictoires : surveiller, punir, aider à une possible réinsertion. Enfin, les intervenants extérieurs qui assurent des missions sanitaires, sociales, éducatives et autres. Avec une même conviction qui ressort de notre enquête : plus la situation des personnes détenues est inhumaine, plus le travail des autres collectifs se dégrade comme s’il y avait une causalité ou un lien commun entre ces trois groupes de populations dans l’univers carcéral. Ce dossier rappelle l’urgence qu’il y a de lutter pour les droits des personnes détenues sans faire aucune concession à la démagogie sécuritaire en vogue actuellement. Il n’y a d’humanité que si elle est partagée par tous les membres d’une société démocratique.

Le potentiel infini des Humanités à l'ère du numérique [Éditorial]

2018

Le potentiel infini des Humanités à l'ère du numérique 1 Le statut des Humanités dans le contexte contemporain-dévalorisées par rapport aux sciences dites dures, exactes ou appliquées-continue d'engager un débat profond multi-et transdisciplinaire sur leur importance en tant que savoir et garde-fou contre une technologisation totalitaire, déshumanisante, fondée particulièrement sur une culture scientifique exclusive. Ce débat s'impose de plus en plus au moment où la critique amorce

Hesamag n° 18 / Numéro thématique / Cancer et travail : sortir de l'invisibilité

Hesamag, 2018

Cancer et travail : sortir de l'invisibilité Dans l’Union européenne, le cancer emporte chaque année 1,3 million de vies. Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), plus de 100.000 de ces décès sont attribuables à l’exposition à des cancérogènes au cours de la carrière professionnelle. Donc, près de 8 % des décès par cancer en Europe sont directement liés au travail. Et cependant, ces facteurs professionnels ne sont que très exceptionnellement évoqués dans les médias. De manière encore plus surprenante, les campagnes des institutions publiques ou des organismes privés de lutte contre le cancer ne les évoquent pratiquement jamais. L’Institut syndical européen (ETUI) mène depuis près de trente ans un travail de recherche, d’information et de sensibilisation sur les cancers liés au travail. Avec pour objectif principal d’améliorer la législation européenne dans ce domaine. Malgré de multiples obstacles, ce travail finit par porter ses fruits : ces dernières années, des valeurs limites d’exposition professionnelles ont été adoptées pour des cancérogènes présents dans un nombre important d’entreprises. Si de meilleures lois constituent la pierre angulaire sur laquelle repose la protection de la santé des travailleurs, elles ne constituent cependant qu’une promesse pas une garantie. Dans un nombre beaucoup trop élevé d’entreprises, des règles basiques de sécurité et de protection de la santé continuent à être bafouées. Dans l’immense majorité des cas, ces violations de la loi restent inconnues et impunies. Sauf quand des travailleurs, individuellement ou collectivement, se mobilisent et en assument les conséquences (financières, sociales, professionnelles). Editorial: Soumalia Sacko, visage d'une autre Europe Actualité européenne: L’univers du lobbying européen à Bruxelles Actualité internationale: Dans l’est de l’Ukraine, des hôpitaux-musée au service de populations appauvries Livres Le goût amer des clémentines Plaidoyer pour un travail durable et désirable Dossier spécial - Cancer et travail : sortir de l'invisibilité: Les cancers professionnels : des maladies évitables qui coûtent très cher à nos sociétés L’or noir du Kosovo décide de la vie et de la mort des travailleurs Un couple seul contre le cancer Cancers professionnels : pas de prévention sans données À la traque des cancérogènes au travail Cancer à l’hôpital : le combat solitaire d’une infirmière pour défendre ses droits Quand la maladie remet le travail à sa place

L'entreprise du 21 ème siècle résiliente et ambidextre, le numérique comme hypothèse de travail (2016)

2016

Constitutifs de la vie meme des organisations, les cycles et les chocs qui les accompagnent, peuvent dans certaines circonstances leur etre fatale si elles ne font pas preuve de resilience pour les absorber. Les organisations se trouvent actuellement confrontees a deux defis majeurs, une contraction economique depuis 2008, une transition technologique qui bouscule les modeles de gestion existants et chahute leur eco-systeme. Des lors il s’agit bien d’un changement de paradigme majeur dans la gestion des organisations qui doivent tout en explorant de nouveaux terrains d’activite, preserver leurs ressources. L’organisation doit veiller a laisser s’exprimer l’agilite des elements du systeme qui la composent et celle de ses collaborateurs pour leur permettre de repondre au defi de l’ambidextrie organisationnelle face a l’incertitude et l’imprevisibilite qui caracterisent les environnements economiques contemporains. Pour lui permettre d’acceder a cette agilite, a developper la propriete...

Hesamag n° 15 "Journaliste, un métier en voie de précarisation" (1er semestre 2017)

En ces temps incertains, c’est peu dire que les journalistes ont mauvaise presse. Les leaders politiques, toutes tendances confondues, n’hésitent désormais plus à les clouer au pilori en public. Les représentants de la presse formeraient donc une caste homogène, urbaine, branchée, arpentant les lieux de pouvoir, fréquentant les cocktails. L’irruption, il y a déjà un bon nombre d’années, de présentateurs-vedettes de JT sur le papier glacé de la presse people et l’omniprésence de quelques éditorialistes dans les talk-shows n’ont évidemment pas contribué à améliorer l’image de la profession auprès du public. A côté de cette ultra minorité de journalistes VIP, l’immense majorité exerce, modestement et loin des projecteurs, le métier d’informer. La plupart en vivent encore correctement, une minorité grandissante n’arrive pas à en retirer un salaire décent. Le phénomène des stagiaires longue durée et des fauxindépendants n’est pas nouveau. Depuis longtemps déjà, nombre de jeunes éléments prometteurs ont compris qu’il s’agissait d’un passage quasi obligé vers un statut plus stable. Après tout, pourquoi ne devraient-ils pas faire leurs preuves ? Le problème est qu’aujourd’hui les “périodes d’essai” ont tendance à s’éterniser. A un point tel que les aspirants journalistes – et pas qu’eux – n’imaginent même plus décrocher un jour un CDI. Au niveau de la presse écrite, l’Internet a rapidement instillé dans les esprits le réflexe de l’accès gratuit à l’information, accélérant l’érosion des ventes. La crise de 2008 a précipité la chute des rentrées publicitaires. Les patrons de presse et des directeurs de rédaction, au profil de plus en plus HEC, en ont profité pour “dégraisser”. Conséquence : les rédactions se vident, les “survivants” sont au bord de l’épuisement, une grande partie des contenus sont fournis par une armée de pigistes invisibles. En Europe, les freelances représenteraient désormais un tiers des affiliés des syndicats de journalistes. Isolés, mis en concurrence les uns avec les autres – et même parfois avec les contingents d’“informateurs” non professionnels et non rémunérés fournis par les réseaux sociaux –, ils sont prêts à tout pour se faire un nom et inscrire dans la durée leur collaboration avec certains médias. Malgré leur extrême précarité, ils sont peu enclins à se coaliser. “Pour exercer ces métiers, on paye : on paye le plaisir qu’on y prend, on paye le prestige qu’ils confèrent”, constataient il y déjà près de dix ans deux auteures précaires dans un livre consacré à la paupérisation de certains métiers intellectuels, dont celui de journaliste (Les nouveaux intellos précaires, éd. Stock, 2009). Depuis, la situation s’est encore dégradée. Au point que les professionnels du journalisme se mettent à douter du rôle et du sens de leur métier, un pourcentage important d’entre eux envisageant même de réorienter leur carrière. Un nuage de plus sur nos démocraties… en ces temps incertains.

L’Uberisation, l’automatisation... Le travail, les emplois de la seconde vague du numérique

2016

Des societes comme Uber, AirBnB, Lyft, TaskRabbit ont construit des plateformes de mise en relation directe de prestataires de services (professionnels ou particuliers) avec des consommateurs (circuits courts) le tout a travers une relation dematerialisee de bout en bout (geolocalisation en temps reel, paiement, evaluations, notations...). Ces plateformes utilisent les memes armes et fondent une nouvelle forme d’hypercapitalisme, ou capitalisme a l’ere numerique, en rupture avec les modeles capitalistiques des grands groupes faisant figures de « tigres de papier » a cote de ces « nouveaux grands predateurs technologiques ». Cet article se propose d'examiner les questions suivantes: Comment la mutation numerique en cours impacte-t-elle le travail, les emplois ? Quelles sont les consequences economiques de l’uberisation ? Quels liens et articulations entre uberisation et automatisation ? Pourquoi l’uberisation et l’automatisation de la societe menacent-elles l’emploi et nous impos...

HesaMag n° 24 - n° thématique "Les lieux de travail à l'heure de la pandémie"

Hesamag, 2021

Dans ce dossier, on a surtout cherché à illustrer et documenter l’impact du Covid-19 sur la santé et la sécurité au travail dans les lieux de travail en Europe. Pour commencer, Berta Chulvi nous emmène à Barcelone dans le quartier ouvrier d’el Besòs i el Maresme où on découvre que la contamination s’arrête bizarrement à l’avenue Diagonal comme si les inégalités sociales résistaient à cette pandémie. Bethany Staunton a décidé d’accompagner le quotidien des sans-papiers à Bruxelles travaillant de manière informelle dans des secteurs essentiels mais doublement pénalisés par les règles de distanciation. Hugo Boursier a été à la rencontre des éboueurs parisiens, applaudis au printemps 2020 pour avoir été en première ligne face à l’urgence sanitaire, qui se plaignent aujourd’hui d’un manque de reconnaissance et de niveau salarial. "Le Covid-19 est comme une loterie : certains souffrent peu, d’autres sont gravement malades et peuvent ne jamais se rétablir", rapporte Pien Heuts dans un papier qui se penche sur le "Covid long" ou les effets à long terme du virus aux Pays-Bas. Avec la montée en puissance des télétravailleurs, les employeurs ne semblent visiblement plus supporter de voir la souffrance psychique. Fabienne Scandella décompose pour nous la face cachée du mot "résilience" qui revient à la mode dans certains milieux. On ne pouvait pas parler des risques liés au Covid sans évoquer le business des pompes funèbres en Roumanie. Curieusement plus le taux de mortalité explose, moins il y a de travail pour les entrepreneurs du funéraire ; Laura-Maria Ilie et Florentin Cassonnet nous expliquent les raisons de ce paradoxe. À Zagreb, Jelena Prtorić revient sur un drame qui a eu lieu au Théâtre national croate et qui révèle de graves failles en matière de sécurité pour le personnel de la scène. Enfin, on s’intéresse aussi à la gestion post-Covid-19 en Finlande mais au-delà des apparences avec un article de Fanny Malinen qui dévoile un climat de stress permanent chez les professionnels de la santé qui envisagent un changement de carrière.