"Introduction", Artiste-Historien, Revue Histoire de l'art, 2016/2 (original) (raw)

« Introduction », in Frédérique Toudoire-Surlapierre et Augustin Voegele (dir.), L’Art, machine à voyager dans le temps (Fabula, Les Colloques)

"Introduction” [“Introduction”], Frédérique Toudoire-Surlapierre and Augustin Voegele (Eds.), L’Art, machine à voyager dans le temps [Art as a Time Machine], Fabula – Les colloques [Fabula – The Symposiums], 2017. (Symposium. University of Haute-Alsace, 22-25/03/2017.) https://doi.org/10.5281/zenodo.8255793 Time travel (or travel through time) is an old human dream which, like all old human dreams, has found its (privileged) place in literature and the arts. But what we wanted to do was analyse how literature and the arts can themselves function as time-travel machines. Qu’est-ce que le temps littéraire et/ou artistique ? Qu’est-ce, en littérature et dans les arts, que le temps ? Ou encore, qu’est-ce, pour un écrivain, pour un peintre, pour un photographe, pour un réalisateur, que le temps ? La première difficulté que rencontre celui qui s’interroge sur le temps tel que le pratiquent et tel que le figurent la littérature et les arts est celle de la formulation de la question qui l’occupe : comment, en quels termes le problème du temps en littérature et dans les arts se pose-t-il ? Le temps est-il, dans le contexte littéraire et artistique, un concept, une notion, un percept ? Le temps, pour les écrivains et les artistes, est-il un thème, un motif, un outil, un support ? Peut-être la méthode la plus pertinente et la plus efficace est-elle celle qui consiste à considérer la réponse que donnent les artistes avant de formuler la ou les question(s) que nous aimerions leur poser. C’est en tout cas le choix qu’ont fait les chercheurs qui se sont réunis pour le colloque L’art, machine à voyager dans le temps (Université de Haute-Alsace, Mulhouse, 22‑25 mars 2017). Plutôt qu’un concept ou qu’une notion, c’est par suite une posture singulière, celle du voyageur dans le temps, et les usages créateurs et lectoriels qu’elle engendre qui sont au cœur des études ici rassemblées.

Appel Revue histoire de l'art n°79 L’artiste-historien 2016

Revue Histoire de l'art , 2016

Pour son 79e numéro, la revue Histoire de l’art se propose de traiter d’un sujet d’historiographie critique inscrit dans le champ de l’histoire culturelle et sociale de l’art en abordant le thème de l’artiste-historien. Le choix de ce thème appelle une précision. Par « artiste-historien », nous entendons les artistes – peintres, sculpteurs, architectes, photographes etc. – qui ont pris en charge, par l’écrit et l’image, leur histoire. Qu’advient-il lorsqu’un artiste fait de son art un objet d’études historiques ? Comment renégocie-t-il sa place quand sa position d’historien est contestée par le monde de l’art ? Ces questions sont au coeur de ce numéro de la revue Histoire de l’art qui entend établir le profil des artistes qui se sont engagés dans cette voie et comprendre dans quel contexte ils ont mis en récit l’architecture, la peinture, les arts décoratifs, la sculpture, la photographie, sous la forme de traités, de dictionnaires, d’essais, de biographies, d’images, etc. L’enjeu de ce numéro, à travers tous les axes proposés, est d’interroger la question de l’auteur et de montrer de quelle nature sont ses images et ses écrits, de quoi parlent-ils, où sont-ils diffusés, à qui sont-ils destinés, comment sont-ils reçus ? L’objectif visé est aussi d’éclairer la stratégie de carrière de ces artistes liée à cette pratique, en soulignant par exemple quels rapports lient leur pratique artistique à celle de l’écriture. En mettant en image, en écrivant l’histoire de leur art, en découvrant tel ou tel aspect de l’oeuvre de ceux qui les ont précédés, ces artistes-historiens interrogent-ils leur propre pratique ? Mettent-ils à l’épreuve leur connaissance de l’histoire dans l’exercice de leur art ? Autant d’interrogations que nous souhaitons voir investies ici.

SFEZ-Revue histoire de l'art

Revue Histoire de l'Art, n°71, "L'écrit dans l'oeuvre", 2012

Jeux de mots, anagrammes, palindromes, signature démesurément agrandie, c'est l'aspect plastique, dans tous les sens du terme, de l'écriture qui intéresse l'artiste américain Bruce Nauman (né en 1941). Mots tracés au crayon, gravés sur des plaques de plomb, matérialisés sous forme de néon, mais aussi paroles prononcées à voix basse, criées à tue-tête, ou encore frénétiquement répétées : les mots sont omniprésents dans l'oeuvre de Bruce Nauman.

« Rosen hors de son propos. Portrait de l'artiste en canoniste », Histoire de l'art n°79, 2016/2

La figure de Charles Rosen (1927-2012) est à la fois centrale et marginale. Il demeure ce pianiste qui écrivit un jour un grand livre – Le Style classique. Historien, musicologue, critique littéraire, Rosen fut tout cela à la fois durant un demi-siècle, dans ses chroniques érudites pour la New York Review of Books, et sa dizaine de livres dont la moitié attendent une traduction française. Le kaléidoscope de son legs intellectuel reste largement à recevoir, et avec lui la fécondité de sa vision herméneutique, ramassant dans une méthode profondément originale l’analyse technique et le récit historique comme arts conjugués de l’interprétation. Rosen est à comprendre comme un des grands érudits humanistes du XXe siècle, dont la « culture vraiment intimidante » vantée par Boulez ouvre avec une rare acuité sur une lecture institutionnelle de l’histoire comme de la modernité. The figure of Charles Rosen (1927-2012) is both central and marginal. He remains as this pianist who once wrote a great book - The Classical Style. Historian, musicologist, literary critic: Rosen acted as all the above for half a century, in his scholarly columns for the New York Review of Books, and his dozen books, half of which await a French translation. The kaleidoscope of his intellectual legacy remains largely to be known, with the fecundity of his hermeneutic vision that gathers in a profoundly original method technical analysis and historical narrative as combined arts of interpretation. Rosen is to be recognized as one of the great humanist scholars of the twentieth century, whose "really intimidating culture" praised by Boulez opens up with extraordinary acuity on an institutional understanding of history and the modernity.

Les avant-gardes artistiques (1918-1945) ; une histoire transnationale (Paris: Gallimard - Folio Histoire - N° 263), 2017. Pocket book. 1200 pages.

2017

Pour qui entreprend une histoire transnationale des avant-gardes picturales au XXe siècle, la période que couvre ce deuxième tome, de 1918 à 1945, est la plus périlleuse. Car l'auteur doit se colleter avec le grand récit dicté par les avant-gardes elles-mêmes. Tout commence-t-il avec Dada? Dès 1910 s'observait la remise en cause symbolique de Paris par les nouvelles générations dans de nouveaux centres : Berlin, Munich, Londres, Bruxelles, Cologne, Moscou, New York. Dada, certes né dans les charniers de la guerre, fut plus encore issu de l'histoire de la modernité artistique et littéraire depuis les années 1850. Les avant-gardes furent-elles idéologiquement progressistes? Les acteurs ne cessèrent de négocier entre les logiques révolutionnaires, leurs ambitions nationales et celle de continuer tant bien que mal à se faire connaître sur la scène internationale. Loin que Paris fût la capitale unique, d'une ville à l'autre, et en particulier à Berlin, Prague, Budapest, Vienne, Moscou, mais aussi à Amsterdam, Bucarest, Zagreb, Barcelone et jusqu'à São Paulo, Mexico et au Japon, apparurent régulièrement de nouveaux groupes décidés à se faire une place dans le courant du modernisme. En revanche, l'entre-deux-guerres fut une période de marchandisation aboutie de l'innovation artistique. Dans les pratiques et les débats des avant-gardes, une problématique était récurrente : quelle place faire au marché, surtout en cas de succès?