Fiche de lecture sur La double dépendance. Sur le journalisme de Partick Champagne [revue Communication - Université Laval, 35/1, 2018] (original) (raw)

Appel à publication Journalisme et plateformes : de la symbiose à la dépendance

Brigitte Sebbah (Université Toulouse 3, France) Eugenia Siapera (University College Dublin, Irlande) Guillaume Sire (Université Toulouse 1, France) Nikos Smyrnaios (Université Toulouse 3, France) Gabriela Zago (Grupo de Pesquisa em Mídia, Discurso e Análise de Redes Sociais, Brazil), 2020

Le web a moins été le théâtre de la désintermédiation que certains de ses fondateurs appelaient de leurs voeux au milieu des années 1990, que d'une réintermédiation. Les acteurs historiques du monde des médias y ont pris place aux côtés de sites de presses nés en ligne, et de nouveaux acteurs dans la chaîne de diffusion : les moteurs de recherches, les réseaux socionumériques (RSN), les agrégateurs, qualifiés parfois de plateformes (Smyrnaios, Rebillard, 2019). Ces dernieres ont en commun de « traiter » le contenu sans le produire. Leurs algorithmes génèrent pour leurs utilisateurs des listes d'informations supposées pertinentes. Ils jouent donc un rôle que l'on peut qualifier d'éditorial, ou de méta-éditorial, vis-à-vis de l'accès à l'information d'actualité. C'est ce rôle-là, et plus particulièrement le rôle joué vis-à-vis de l'information produite par les journalistes, que nous proposons d'interroger dans ce numéro. En effet, désormais l'accès aux sites d'information se fait principalement depuis les appareils mobiles (AT-Internet, 2015 ; Pew, 2016 ; ACPM, 2017). Or il se trouve que ce mode de consommation a tendance à profiter aux plateformes, en particulier aux RSN. Ces derniers créent de plus en plus des services dédiés aux nouvelles et plus précisément des formats dits natifs, par exemple Discover pour Snapchat, Lives et Instant Articles pour Facebook, Apple News ou Accelerated Mobile Pages pour Google, qui ont cela de particulier qu'en général ils ne redirigent pas vers le site des médias qui a pourtant produit les nouvelles grâce auxquelles ces services peuvent fonctionner. De plus ces formats natifs sur certains RSN tels que Facebook ou Instagram ou Twitter, voient leur visibilité augmentée par l'algorithme au détriment des formats classiques (insert

Nonfiction fr : Les dérives addictives du capitalisme (Entretien)

[samedi 02 juin 2018] Patrick Pharo est sociologue, spécialiste de sociologie de la morale, qu'il a étudiée à partir des interactions courantes des sujets sociaux. Il s'est ensuite intéressé à la dépendance à la drogue et aux politiques publiques la concernant, puis, par extension, à d'autres formes de dépendances, amoureuse ou sexuelle notamment. Il élargit désormais sa réflexion aux dérives addictives du capitalisme, en cherchant à renouer avec l'idéal d'émancipation qui avait animé, un temps, nos sociétés. Il a accepté de répondre à nos questions à l'occasion de la sortie de son nouveau livre : Le capitalisme addictif.

Doubler la politique traditionnelle : 'Qui ça ?' (2016-2017) de Philippe De Jonckheere

Missile, 2021

Qui ça ? (2016-2017) est un projet développé sur Désordre, site internet labyrinthique du web-écrivain et artiste touche-à-tout français Philippe De Jonckheere, qui se compose d’un ensemble de chroniques qui ont été mises en ligne quotidiennement entre septembre 2016 et avril 2017. Se disposant en décompte, il prend la forme d’un anti-journal de la campagne présidentielle française de 2017, en lui préférant une vision du politique plus large que celle qui prévaut habituellement dans la société occidentale. On montre dès lors comment, consistant en un recadrage expérientiel qui aménage un espace tiers contre-hégémonique, De Jonckheere dessine à travers lui une certaine forme de vie (politique) à favoriser instruite par les principes d’expérimentation créative, d’émancipation sensible tout autant que d’accueil de la simplicité, de la fragilité et de l’altérité.

Addictions et dépression : « le double diagnostic »

Lydia Fernandez et collaborateurs traitent la question de la co-occurrence entre addictions et troubles psychiatriques, et particulièrement dépressifs qui conduit à porter chez des patients un « double diagnostic ». Le cas clinique de madame S. vient expliquer cette association.

Hesamag n° 15 "Journaliste, un métier en voie de précarisation" (1er semestre 2017)

En ces temps incertains, c’est peu dire que les journalistes ont mauvaise presse. Les leaders politiques, toutes tendances confondues, n’hésitent désormais plus à les clouer au pilori en public. Les représentants de la presse formeraient donc une caste homogène, urbaine, branchée, arpentant les lieux de pouvoir, fréquentant les cocktails. L’irruption, il y a déjà un bon nombre d’années, de présentateurs-vedettes de JT sur le papier glacé de la presse people et l’omniprésence de quelques éditorialistes dans les talk-shows n’ont évidemment pas contribué à améliorer l’image de la profession auprès du public. A côté de cette ultra minorité de journalistes VIP, l’immense majorité exerce, modestement et loin des projecteurs, le métier d’informer. La plupart en vivent encore correctement, une minorité grandissante n’arrive pas à en retirer un salaire décent. Le phénomène des stagiaires longue durée et des fauxindépendants n’est pas nouveau. Depuis longtemps déjà, nombre de jeunes éléments prometteurs ont compris qu’il s’agissait d’un passage quasi obligé vers un statut plus stable. Après tout, pourquoi ne devraient-ils pas faire leurs preuves ? Le problème est qu’aujourd’hui les “périodes d’essai” ont tendance à s’éterniser. A un point tel que les aspirants journalistes – et pas qu’eux – n’imaginent même plus décrocher un jour un CDI. Au niveau de la presse écrite, l’Internet a rapidement instillé dans les esprits le réflexe de l’accès gratuit à l’information, accélérant l’érosion des ventes. La crise de 2008 a précipité la chute des rentrées publicitaires. Les patrons de presse et des directeurs de rédaction, au profil de plus en plus HEC, en ont profité pour “dégraisser”. Conséquence : les rédactions se vident, les “survivants” sont au bord de l’épuisement, une grande partie des contenus sont fournis par une armée de pigistes invisibles. En Europe, les freelances représenteraient désormais un tiers des affiliés des syndicats de journalistes. Isolés, mis en concurrence les uns avec les autres – et même parfois avec les contingents d’“informateurs” non professionnels et non rémunérés fournis par les réseaux sociaux –, ils sont prêts à tout pour se faire un nom et inscrire dans la durée leur collaboration avec certains médias. Malgré leur extrême précarité, ils sont peu enclins à se coaliser. “Pour exercer ces métiers, on paye : on paye le plaisir qu’on y prend, on paye le prestige qu’ils confèrent”, constataient il y déjà près de dix ans deux auteures précaires dans un livre consacré à la paupérisation de certains métiers intellectuels, dont celui de journaliste (Les nouveaux intellos précaires, éd. Stock, 2009). Depuis, la situation s’est encore dégradée. Au point que les professionnels du journalisme se mettent à douter du rôle et du sens de leur métier, un pourcentage important d’entre eux envisageant même de réorienter leur carrière. Un nuage de plus sur nos démocraties… en ces temps incertains.

Compte rendu de Heinich (Nathalie), De la visibilité. Excellence et singularité en régime médiatique

2013

En 2005, dans L'élite artiste. Excellence et singularité en régime démocratique, Nathalie Heinich s'était attachée à mettre en évidence les ressorts mis en jeu par artistes et écrivains, au cours du XIXe siècle, pour s'instituer en représentants d'une sorte d'élite aristocratique au sein de la démocratie bourgeoise, soutenue (et soudée) par des valeurs collectives-singularité, vocation, gratuité luxueuse, désintéressement affiché-autant que par une supériorité sociale résultant d'une compétence proprement esthétique 1. Anthony Glinoer en a rendu compte ici même 2 par le détail, soulignant, malgré quelques réserves, qu'avec cet ouvrage important, Heinich a marqué une étape de plus dans l'analyse sociale de l'espace artistique moderne, au confluent des représentations imaginaires et du réel, sans rompre cependant-en tout cas moins qu'elle ne le pense-avec les apports en ce même domaine de la sociologie des champs symboliques développée par Pierre Bourdieu 3 , la théorie de l'institution de la littérature de Jacques Dubois 4 et encore moins avec la sociologie des Mondes de l'art d'Howard Becker 5 .

Pauvreté et journalisme : pratiques en mutation ? Introduction

Sur le journalisme, 2017

'après les Nations Unies, aujourd'hui dans le monde, environ 100 millions de personnes vivent dans les rues, 600 millions dans des abris et un peu plus d'un milliard en situation précaire au niveau du logement (ONU, 2011). Un rapport récent d'Oxfam a alerté quant aux terribles inégalités qui ont cours à travers le monde, montrant que les huit plus riches hommes de la planète détiennent des ressources comparables à celles des 3,6 milliards les plus pauvres, autrement dit la moitié de la population mondiale (Oxfam, 2016). La définition économique et conventionnelle de l'extrême pauvreté concerne plus de 20 % des habitants de la planète qui vivent avec des revenus inférieurs à un dollar par jour, alors que la pauvreté relative, un autre indicateur économique restrictif, comprend 20 autres pour cent de la population mondiale qui, eux, vivent avec moins de 2,5 dollars par jour (Davis, 2006). La pauvreté n'est en aucun cas limitée aux « pays du Sud ». Ceux qui chutent en dessous du seuil de pauvreté au Canada, aux États-Unis et en Europe-une catégorie qui inclut les récents immigrés sans emploi, en particulier dans les grandes villes d'Europe (OCDE, 2013)-constituent à présent pas moins de 40 % de la population dans certaines régions (HUD, 2012 ; Statistics Canada, 2011 ; Fréchet et al., 2011 ; OCDE, 2011). Ce fait contredit nettement la perception largement admise que la plupart des Occidentaux font partie de la classe moyenne. On estime que 3 millions d'Amé-Pauvreté et journalisme : pratiques en mutation ?