De l'adroite participation à la participation "droite" - Mémoire de Master en Anthropologie (original) (raw)
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Sortir de l'anthropologie potestative
Introduction à Stéphane Vibert et David Gibeault (dir.), Autorité et pouvoir en perspective comparative, Paris, INALCO Presses, 2017
Au contraire de la philosophie politique, l'anthropologie ne pose pas la question de la nature du pouvoir. Du concept de pouvoir, elle accepte la définition ordinairement partagée, admise dans son extension la plus grande » 1 . Cette assertion ouvrant l'entrée « pouvoir » dans un réputé dictionnaire des concepts et idées anthropologiques indique clairement les données du problème. En effet, la polysémie des termes associés à la compréhension des relations asymétriques (pouvoir, puissance, coercition, subordination, domination, exploitation, assujettissement, dépendance, etc.) se voit démultipliée par leur usage dans une diversité des courants théoriques souvent contradictoires, mais aussi par l'interdisciplinarité nécessaire qui en conditionne une approche adéquate. Cette limite n'est certes pas inhérente au seul vocable « pouvoir », puisqu'elle concerne la plupart des concepts majeurs au fondement des sciences du social (anthropologie, sociologie, science politique, philosophie sociale, économie, etc.) : culture, société, communauté, individu, valeur, nation, classe, raison… Autant de termes paraissant indispensables afin d'envisager une description ne serait-ce qu'élémentaire du réel, mais qui font surtout l'objet de milliers de pages visant à en éclaircir la signification, les usages, les conséquences. C'est à cette entreprise de description et d'explicitation que cet ouvrage souhaite contribuer, offrant un ensemble d'études monographiques qui permet de mettre en perspective comparée différentes pensées et pratiques de l'autorité et du pouvoir, puisées dans des mondes sociaux éloignés les uns des autres, à la fois dans le temps et l'espace. Il ne saurait pourtant être question de se cantonner à juxtaposer des images figées en un paysage hétéroclite, à louer l'efflorescente créativité du social pour lui-même : à la suite de Marcel Mauss, Louis Dumont et Daniel de Coppet, qui, parmi d'autres, nous ont précédés dans cette voie, il s'agit d'interroger nos propres catégories de départ -« pouvoir » et « autorité »à la lumière du décentrement ethnographique, en les considérant certes comme heuristiques pour un regard à visée objective, mais en admettant qu'elles ressortiront de ce détour définitivement modifiées, élargies, déplacées, voire contestées. Non pas seulement afin de montrer la relativité et l'imperfection de nos propres conceptions, mais surtout en vue d'exposer et de comprendre les multiples manières d'habiter collectivement le monde, selon le critère fondamental de la « cohérence des sociétés » soutenu par Daniel de Coppet durant 1 Michel Izard, « Pouvoir », in Pierre Bonte et Michel
« Une participation « outre mesure » ? La double ligne de front de l’enquête ethnographique »
Cahiers de Recherche Sociologique, 2016
J’aimerais, dans le cadre de cet article, tenter de cerner quels sont les apports spécifiques des «engagements» ethnographiques conséquents que l’on voit se nicher dans les dispositifs méthodologiques de nombreuses thèses en sociologie, notamment celles d’apprenti.e.s sociologues qui, par leurs trajectoires dans le champ ou leurs modes de financement, «choisissent» de travailler sur des objets, des pratiques ou des univers sociaux qui leur sont familiers. Dans un premier temps, il s’agira de saisir ce qu’un engagement a priori «outre mesure» sur le terrain peut produire comme résultats spécifiques. En quoi l’implication et son corollaire — le «lâcher-prise» apparent — d’un sociologue sur le terrain peuvent s’inscrire dans des opérations de recherche tout à fait pertinentes qui produisent des résultats. Dans un second temps, je m'efforcerai de montrer que cette posture d’enquête est loin de répondre à de strictes considérations épistémologiques. Si elle participe d’une certaine conception de la sociologie, elle répond également à un ensemble de contraintes qui relèvent tout à la fois des dynamiques propres au milieu enquêté et à celles, plus rarement étudiées, du champ académique lui-même, dans lequel l’apprenti chercheur reste parti prenante, même lorsqu’il semble bien loin des séminaires et des colloques qui l’animent.
Le tournant obscurantiste en anthropologie
L Homme, 2012
© École des hautes études en sciences sociales IMAGINONS UN voyageur débarquant d'une autre planète ou d'une autre époque dans l'Europe ou l'Amérique du Nord contemporaines : il ne pourrait manquer d'être frappé, entre autres motifs d'étonnement, par la place et le statut, pour le moins paradoxaux, que nous, les Occidentaux, assignons aux animaux. Tandis que nous livrons les uns-bovins, porcins, volaille-à une exploitation impitoyable, de plus en plus massive, nous surprotégeons et maternons les autres-les « animaux de compagnie »presque comme nos propres enfants. Qui plus est, certains d'entre nous militent en faveur des animaux comme d'autres en faveur des humains : n'a-ton pas vu, à Paris à l'automne 2010, parallèlement au mouvement de contestation de la réforme des retraites, d'autres manifestants réclamer pour les lapins des cages plus spacieuses ? C'est ce que, à la suite d'Ernest Hemingway (1938 [1932] : 19), j'appellerai le phénomène « animalitaire ». D'autres encore, parmi lesquels des savants ayant pignon sur rue, discutent doctement de l'animalisme comme d'une notion allant de soi, ou d'une « ontologie » parmi d'autres… L'usage variable qui est fait du mot « animalisme » nécessite ici une mise au point. Tantôt, en effet, il désigne la prise en compte des animaux par les sciences de l'homme et de la société. Dans ce sens, l'animalisme ne date pas d'aujourd'hui, ainsi qu'en témoignent des disciplines désormais APARTÉS
Anthropologie, politique et engagement social
Gradhiva, 2005
L’article pose la question de l’engagement en sciences sociales et du rapport entre anthropologie, politique et societe en Haiti. La definition de la mission du Bureau d’ethnologie d’Haiti, cree en 1941 pour etudier et defendre la culture populaire, donna lieu a des debats qui sont loin d’etre epuises aujourd’hui. Le Bureau proposait une nouvelle definition de la « culture haitienne », ou predominait l’apport africain, contrairement a la definition des classes dominantes pour qui l’apport europeen constituait l’element essentiel. Apres avoir retrace l’histoire intellectuelle et institutionnelle du Bureau d’ethnologie, ses moments de gloire et de misere, l’article suggere que la vision essentialiste a tonalite fortement raciale de la culture haitienne proposee par les ethnologues de l’epoque donna lieu a une recuperation ideologique par le gouvernement de Francois Duvalier, ce qui contribua pour beaucoup a la persistance de l’image negative du Bureau d’ethnologie qui est encore la si...
Lyon, Herriot, les droites, 1953-1956 (Memoire de Master 1/Maîtrise)
Lyon, Herriot, les droites, 1953-1956, 2010
Maire de Lyon entre 1905 et 1957, Edouard Herriot, figure du radical-socialisme, se maintient au pouvoir un demi-siècle grâce à sa centralité politique et son ancrage local. Les années 1953-1956 sont marquées par des relations complexes avec des droites en pleine progression. Pour la première fois, Herriot s'allie ouvertement avec la droite modérée menée par l'indépendant Pierre Montel, formant une municipalité centriste, avant de rompre à l'approche des législatives de 1956. Dans le même temps il est confronté à l'ambition et au tempérament offensif du gaulliste Jacques Soustelle.