L'hyperpolitique du « Plus jamais ça! »: demandeurs d'asile soudanais, turbulence gouvernementale et politiques de contrôle des réfugiés en Israël (original) (raw)

En quête de statut. Mobilités et mobilisations des demandeurs d'asile soudanais en Egypte et en Israël (1995-2015)

2020

A la croisée de la sociologie de l’exil, de la sociologie des politiques migratoires et de la sociologie des mobilisations sociales, cette thèse analyse le phénomène des réfugiés sans asile, et des quêtes de statut qui se déploient dans le temps et l’espace. En analysant cet enjeu à partir du cas des exilés soudanais en Egypte et en Israël, cette thèse contribue, depuis des terrains situés au « Sud », à l’analyse d’une mondialisation de la « crise de l’accueil » et des résistances que celle-ci produit. En effet, les dispositifs qui se déploient dans les deux pays d'accueil étudiés n’offrent que des statuts juridiques précaires qui placent continuellement les réfugiés en marge du droit d’asile. Face à ces mécanismes, les réfugiés, trop souvent perçus comme de simples objets des politiques migratoires, sont acteurs de cette quête. En manifestant, en résistant, en attendant comme en migrant ailleurs, ils agissent et s’adaptent aux formes d’exclusion qu’ils rencontrent. La quête statutaire étudiée ici apparaît alors infinie car perpétuellement alimentée par deux forces contraires : des modes d’exclusion sans cesse renouvelés qui illégalisent et précarisent les migrants d’un côté ; de l’autre, de multiples formes de résistances déployées pour contrer les exclusions subies. A partir d’une étude ethnographique, transnationale et multisituée, cette thèse reconstitue vingt ans de quêtes d’asile soudanaises, en observant les différentes étapes d’exclusion comme des tentatives d’inclusion qui les structurent et en analysant les effets du temps et de l'espace sur la réception des politiques migratoires par les réfugiés. Mots clés : asile, exilés, trajectoires, mobilisations collectives, résistance, attente, prise de parole, politique d’asile, détermination de statut de réfugié, HCR. Thèse de doctorat soutenue le 18 décembre 2020. Membres du Jury: M. Michel Agier, directeur d'études, EHESS (rapporteur) Mme Karen Akoka, maîtresse de conférences, Université Paris Nanterre M. Ibrahim Awad, professor, American University in Cairo M. Choukri Hmed, maître de conférence HDR, Université Paris Dauphine (rapporteur) M. Eberhard Kienle, directeur de recherche CNRS, Sciences Po-CERI M. Alain Morice, directeur de recherche émérite CNRS, URMIS Mme Catherine Wihtol de Wenden, directrice de recherche émérite CNRS, Sciences Po-CERI (directrice)

La politique au parvis Les exilé•es soudanais•es face au gouvernement de l'asile au Caire

Politix , 2024

-En Égypte comme dans de nombreux autres pays du monde, le rôle du Haut-Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies (HCR) dans la vie quotidienne des personnes exilées est central, ce dont attestent les venues régulières de certains de ses membres. Pourtant, les bureaux de l'organisation et de ses partenaires font l'objet d'une sécurisation qui les met à distance et réduit les possibilités d'interactions. Le guichet, lieu théoriquement central de ces rencontres administratives, est alors remplacé par le parvis, espace situé devant les bâtiments de l'organisation rendus de fait quasi inaccessibles, où sont confiné•es les exilé•es. Lieu d'entre-soi dont sont absents les agents administratifs, le parvis devient ainsi un lieu où l'on échange, socialise et apprend des parcours des uns et des autres. Ces mises en commun des expériences favorisent la prise en compte de failles structurelles dans le fonctionnement du gouvernement de l'asile et l'émergence d'une critique politique qui se traduit parfois en manifestations ou occupations du parvis. Adoptant un cadre théorique mêlant étude par le bas de la politique humanitaire internationale et rapport au politique des populations subalternes, cet article montre que le parvis, produit par ces dispositifs de mise à distance, de soumission à l'attente et de dépolitisation, induit en réalité une politisation inattendue des expériences de l'exil.

Le légitime, le temporaire et l'infiltré ou les trois visages de l'immigration en Israël

Cet article s’attache à décrire les différentes transformations du système migratoire israélien qui est affecté à la fois par les mouvements migratoires globaux (dynamiques transnationales, transit de populations exilées en partance de l’Afrique pour l’Europe) et les recompositions du marché du travail (en particulier avec l’émergence d’un secteur du care). Sur ces dernières années, Israël a vu la pérennisation d’une migration de main-d’œuvre en provenance des pays d’Asie (Philippines, Inde, Népal) ou d’Europe de l’Est dans le secteur du care (et dans une moindre mesure dans l’agriculture et le bâtiments), et se renforcer un nouveau flux migratoire composé de demandeurs d’asile africains en provenance d’Érythrée et du Soudan principalement. Par ailleurs, la migration juive (« aliyah ») qui avait diminué au cours de cette dernière décennie, reprend aujourd’hui du souffle avec une croissance, essentiellement alimentée par la France, en raison de la recrudescence d’actes antisémites et un regain à prévoir au vu des derniers attentats de janvier 2015. Ces différentes figures du migrant – nouvel immigrant juif (oleh), travailleur étranger (oved zar) et demandeur d’asile (réfugié ou infiltrateur – palit/mistanen) – redessinent le paysage migratoire israélien et posent de nouvelles questions identitaires sur l’insertion de migrants dans un pays juif. On assiste en un même temps à l’émergence d’une culture érythréenne, soudanaise et philippine, par exemple, en Israël. Ces phénomènes redéfinissent les identités israéliennes surtout avec l’affirmation d’une seconde génération scolarisée dans le pays, maîtrisant parfaitement l’hébreu, mais parfois n’étant pas citoyens. Ils posent la question des nouvelles relations entre territoire, identité et religion.

L’immigration en Israël : un prisme d’observation privilégié des changements sociaux (2007)

Questions internationales, la Documentation française, n°27, pp.64-65. , 2007

The Demographic predicament (la difficile situation démographique), tel est le titre de l'a rticle publié par Sergio DellaPergola début juillet 2007 dans les colonnes du quotidien israélien The Jerusa/em Post. Spécialiste de renomm ée mondiale de la démographie israélienne et des relations entre Israël et la diaspora juive, Sergio Della Pergola recense dans sa cont ribution l'ensemble des questionnements qui lie démographie et société en Israël. Il met en lumière toute la complexité du rapport qu 'entretient encore actuellement l'État israélien avec sa population. Majorité démographique, sécurité, rapport au religieux, ethnicité et formes de l'appartenance ou bien encore individualisme et mondialisation sont autant d'éléments structurant la société israélienne actuelle. Dans ce large spectre d'analyses, la question migratoire demeure au coeur du débat.