« Les manifestations iconographiques du pouvoir de l’écrit : la difficile représentation d’une évidence d’État (royaumes de France, d’Angleterre et de Castille 1150-1630) » (original) (raw)

Travail intellectuel et productions écrites des clercs au palais : à l’ombre d’Alphonse VIII de Castille

Écritures du pouvoir, 2019

Ces quelques pages constituent un écho, plus ou moins lointain, de la conférence que j'ai eu l'honneur de prononcer le 2 octobre 2019 à Bielle, lors de l'atelier "Les cultures politiques dans la péninsule Ibérique et au Maghreb (viii e-xv e siècle). Écritures du pouvoir" ; elles reprennent des refléxions issues de mon dossier de candidature à l'Habilitation à diriger des Recherches qui n'avaient pas encore vu le jour et qui, je l'espère, ne sont pas totalement dépassées. 1 Arizaleta 2016. 2 Cf. Li livres dou trésor, II, 50, 3. López Estrada 1978. 3 On lira ici, en filigrane, ma position sur le "mester de clerecía", que j'ai exposée ailleurs. 4 Paul 1973, 10. 5 Guijarro González 2004. Écritures du pouvoir Éléments sous droit d'auteur-© Ausonius Éditions octobre 2019 Ces clercs castillans qui se sont construit au tournant des xii e et xiii e siècles une identité lettrée jouèrent un rôle intellectuel et social. Il nous sera par conséquent utile d'étudier, dans la mesure du possible, les réseaux culturels dans lesquels ces individus insérèrent leurs productions. L'objet textuel idéal pour entrer dans le monde clérical castillan lettré du 1200 est le Libro de Alexandre 6 , qui gagnerait à être interprété comme étant le produit d'une évolution scripturaire longue. L'Alexandre, écrin poétique mais aussi véhicule d'idéologie, doit être étudié conjointement avec d'autres textes, issus d'un milieu littéraire analogue 7. Après tout, les clercs lettrés qui travaillaient à la promotion du pouvoir monarchique castillan étaient nombreux, depuis 1180 ; pas si nombreux que ceux qui écrivirent pour Henri II Plantagenêt ou pour Philippe Auguste, mais assez pour qu'on en tienne compte.

De l'Auteur à l'auteur: Laïcisations de l’autorité sur scène (France et Espagne, 1580-1640)

Le Dramaturge sur un plateau. Quand l’auteur dramatique devient personnage, éd. Clotilde Thouret, Paris, Classique Garnier, 2018, p. 113-125

RÉSUMÉ – Dans des pièces de la fin de la Renaissance, l’auteur sur la scène renvoie à l’auteur dramatique ainsi qu’à l’auteur divin, et questionne l’ambiguïté qui subsiste entre autorité théologique et autorité dramatique. Si dans El gran teatro del mundo de Calderón, l’autor de la pièce permet d’exprimer par l’analogie la présence et le rôle de Dieu dans la création, dans les Genest de Lope de Vega et de Rotrou, l’auteur dramatique entre en concurrence avec l’auteur divin. ABSTRACT – In a few early modern Spanish and French plays, the playwright on stage represents the dramatist and the divine author, and thus addresses the fundamental ambiguity between theological and dramatic authority. In Calderón’s El gran teatro del mundo, the appearance on stage of the autor expresses through analogy the work of God in his creation, while in Lope de Vega’s and Jean de Rotrou’s adaptations of the martyr of saint Genesius, the playwright seems to be competing with the divine author.

Les clercs au palais. Chancellerie et écriture du pouvoir royal (Castille, 1157-1230)

2010

L’auteur voit dans l’écriture que pratiquent les clercs de la chancellerie royale castillane au tournant des XIIe et XIIIe siècles l’origine des premières expressions, en Castille, d’une littérature tournée vers la fiction. Son étude de l’écriture de chancellerie est proprement éblouissante : naissance et développement du phénomène, puis, tout le paysage, jusqu’ici presque inconnu, des groupes, de leurs chefs, des écoles, des rivalités, des grandes évolutions. Quelques personnalités remarquables sortent définitivement de l’ombre : Juan de Osma, récemment éclairé, en outre, par un colloque du SIREM en Sorbonne, l’étrange Mica, où Amaia Arizaleta est tentée d’entrevoir le premier transfuge ouvrant la route qui mène de la charte à l’écrit littéraire. Car tel est bien le cœur de la question, décisive et donc un peu effrayante, qu’elle aborde : le passage insensible de la belle charte à une écriture narrative qui entre en connivence avec la tradition des fictions exemplaires. L’objet de l’ouvrage se trouve donc dans l’entre-deux de la charte et de la littérature. Mais ce que propose l’auteur, le produit de son travail, est lui-même un entre-deux de la science et de la littérature. Il y a quelque chose de littéraire en essence, quelque chose de romanesque, dans une approche, très savante néanmoins, et rigoureusement scientifique, du passé, servie par l’éclat d’une belle écriture.

Matthieu Lett, « Fable, conversation et peinture en France autour de 1700 : les tableaux mythologiques de Trianon à l’épreuve de l’interprétation », XVIIe siècle, n° 284, 2019, p. 497-514.

Fable, conversation et peinture en France autour de 1700 : les tableaux mythologiques de Trianon à l'épreuve de l'interprétation L'interprétation des décors royaux peints occupe une place importante au sein de l'historiographie consacrée à l'art du règne de Louis XIV. Ces dernières années, les études iconographiques se sont développées de manière significative, avec d'importants travaux comme ceux de Gérard Sabatier 1 , Thomas Kirchner 2 et Nicolas Milovanovic 3 qui proposent des lectures politiques centrées sur la personne du roi et analysent la signification générale des sujets conçus par les hommes de lettres de la Petite Académie fondée par Colbert. Ces études ont tendance à privilégier une lecture unique des oeuvres en cherchant à les identifier à des sources textuelles précises, en particulier l'Iconologie de Cesare Ripa, sans toujours tenir compte de la polysémie des significations souvent recherchée au XVII e siècle 4 . Par ailleurs, l'analyse de la peinture est encore trop souvent détachée de son environnement direct, à savoir l'ensemble du décor de la pièce constitué par les boiseries, les stucs et autres ornements, ce qui peut conduire à biaiser la perception que l'on pouvait en avoir, tant sur le plan intellectuel que visuel. Enfin, ces études négligent le dernier tiers du règne de Louis XIV, sans doute car la célébration de la gloire du roi ne se faisait plus, dans les décors peints, à travers un choix de sujets auxquels il était possible d'identifier explicitement le souverain.

Esthétiques littéraires de 1898 en Espagne

journée d’études « 1898 » dir. Mireille Dottin-Orsini, Université Bordeaux 3 et Bibliothèque Municipale de Bordeau, 1998

La recherche en histoire littéraire générale tend à délimiter un domaine « nordique » de l'art nouveau littéraire associant (post-)symbolisme, décadentisme et renouveau ou révolution formelle dans un espace comprenant au premier chef la France, l'Angleterre, la Belgique et l'Autriche. On y voit, d'autre part, l'évolution du poème en prose, ou du poème vers la prose, le prétendu récit lyrique, la complexité ou la difficulté mallarméenne aussi bien que la simplicité néocatholique, le mystère maeterlinckien et le fantaisisme réputé précurseur d'avant-