Les partis politiques fréristes en Égypte à la veille des élections parlementaires (original) (raw)

Les partis politiques égyptiens dans la révolution

L'Année du Maghreb, 2012

This article relies on a corpus of newspapers and Egyptian scientist writings dealing with this issue. It proposes a classification of Egyptian political parties under the regime of Mubarak, based upon their degree of integration in the political system. This degree of integration depends on the combination of two elements: the amount of resources of each party which are dependent on the political power (legalization, money, and chairs in Parliament), and the quantity of independent means (money, estates, activists, candidates, and so on). Combining these two criteria, I constructed three types of Egyptian political parties : those which are excluded from the political system, those which are integrated, and lastly those which are co-opted. These latter didn’t have any means but from the government, and consequently supported the regime. Integrated parties had independent resources, but the political power gave them some advantages. They didn’t try to confront the regime during the last years, and stayed away from protest movements. Lastly, excluded parties had interest to end the regime. Consequently, they took part into the protest movements of the last decade. This classification explains the positions of the Egyptian political parties during the revolution, giving their immediate interests, and their links with protest movements. Cet article propose une classification des partis politiques dans l'Égypte de Moubarak, reposant sur le degré d'intégration des organisations partisanes égyptiennes à l'ancien régime, et qui dépend de la combinatoire de deux éléments : les ressources octroyées directement ou indirectement par le pouvoir exécutif, et les différentes ressources indépendantes du centre étatique. La combinaison de ces deux variables nous permet de classer les partis égyptiens en trois catégories: les partis exclus du système, les partis cooptés, intégrés à ce dernier, et enfin les partis artificiels, qui ne disposent de quasiment aucune ressource propre et sont en conséquence extrêmement dépendants du pouvoir. Cette typologie offre une grille de lecture expliquant les positions prises par les différents partis égyptiens durant la révolution, en tenant compte non seulement de leurs intérêts immédiats, mais également des répertoire d'actions à leur disposition et de leur proximité avec les mouvements protestataires, ces deux derniers éléments étant hérités de leurs conduites passées.

Le printemps des partis ? Le rôle des organisations partisanes égyptiennes dans la mobilisation électorale

Confluences Méditerranée, 2012

This article examines the role of the new political parties in the 2011 parliamentary elections. The new political and legal conditions allowed parties to act as they never did before in Egyptian parliamentary elections. Historically, the clientelist relationships were dominating the electoral operations. In 2011, for the first time, the parties have been able to select the candidates, write electoral plateforms and mobilise electors. Tiré de mon intervention lors d'une journée d'étude organisée par l'IRD à Tunis le 24 avril 2012, cet article s'intéresse aux conditions de la multiplication de nouveaux partis politiques en Égypte depuis la révolution, avant d'examiner le rôle joué par ces organisations partisanes lors des élections législatives de 2011-2012. Les modifications du cadre juridique consécutives à la chute de Moubarak (nouvelle loi des partis et nouvelle loi électorale) ont en effet permis aux partis de jouer un rôle jusqu'alors inédit dans l'histoire électorale égyptienne, habituellement dominée par la personnalisation des enjeux autour des rapports de clientèle. S'appuyant sur divers types d'organisations existant à côté d'eux, les partis ont adopté différentes stratégies en fonction des moyens à leur disposition, en vue non seulement de remporter le maximum de sièges, mais également de s'imposer comme incontournables dans les mécanismes de sélection des candidats et d'agrégation des intérêts.

« Ils nous ont déjà essayés ! » Clientélisme et mobilisation électorale frériste en Égypte (2005) (Politique africaine)

An analysis of modes of vote production used in the last parliamentary elections by the Muslim Brothers shows that they fit into the common framework of Egyptian electoral practices. Indeed, the Brothers’ methods of mobilization follow the clientelist rules of MP elections in Egypt ; thus, they are quite similar to those used by candidates of the ruling party. However, the Brothers’ clientelism presents some specific characteristics which prove to be comparative advantages and which convey heterodox categories of thought in a changing electoral field.

Trajectoires politiques d'un groupe de jeunes egyptiens

Jeunes et politique en Égypte : trajectoires d'un groupe d'étudiants avant et après 2011 25 janvier 2011, un soulèvement populaire se déclenche en Egypte, pendant 18 jours des centaines de milliers d'Egyptiens campent sur la place Tahrir réclamant: le pain, la liberté, la dignité et la justice social. Le 11 Février la démission du président Moubarak est annoncée et le pouvoir est transmis au conseil suprême des forces armées. Le CSFA gouverne pendant 18 mois lors desquels il y a eu un referendum sur des amendements constitutionnels, des élections parlementaires et présidentielles, pour passer enfin le pouvoir à un président issu des Frères Musulmans. Un an plus tard, celui-ci est destitué par l'armée suite à de larges mobilisations, l'armée a nommé un nouveau président, mettant en place un gouvernement provisoire, une nouvelle constitution est soumise à un referendum, les Frères musulmans continuent à se mobiliser jusqu'à maintenant. Dés le début, le soulèvement a été attribué aux jeunes. Une catégorie qui existe au moins sur le plan médiatique (Égyptien et internationale 1 ), politique et dans une partie des travaux académiques publiés « à chaud » en 2011 2 . Ces discours construisent l'image des jeunes comme groupe homogène formé d'individus éduqués, issus des classes moyennes qui militent contre l'autoritarisme en se mobilisant sur les réseaux sociaux sans recours à la violence. 3 Ce type de discours a été critiqué voire déconstruit par un nombre de travaux académiques qui dénoncent l'imposition d'une seule catégorie de jeunes comme stéréotype censé être représentatif, dissimulant ainsi leur diversité socio-économique, de modes d'action et de revendications 4 . La surestimation des effets des réseaux sociaux dans le soulèvement 5 est aussi un enjeu de déconstruction, puisqu'après tout entre 28 Janvier et 2 février (l"apogée du soulèvement) les communications (internet et téléphones portables) étaient coupées. Ces discours sont circulés 1 Par exemple: FIELER Bruce, Generation freedom : the Middle East uprisings and the remaking of the modern world, Harperennial2011. ZAKAREYA Fareed « why there"s no turning back in the Middle East » , In, Time Magazine, 17 February 2011, http://content.time.com/time/magazine/article/0,9171,2050032,00.html 2 L'ouvrage de Farhad Khosrokavar " consacre un chapitre entier pour parler des jeunes éduqués venant des classes moyennes mobilisant les nouveaux moyens de communication pour militer politiquement contre une régime répressif (In : KHOSROKAVAR Farhad, The new arab revolutions that shook the world, Paradigm Publisher, 2012) 3 BURRIS Greg, « Lawrence of E-rabia. Facebook and the New Arab Revolt », Jadaliyya, octobre 2011, http://www.jadaliyya.com/pages/index/2884/lawrence-ofe-rabia\_facebook-and-the-new-arab-revo. 4BOURDIEU Pierre, « La jeunesse n"est qu"un mot », In, Questions de sociologie, Paris, Les Éditions de Minuit, coll. « Documents », 1980, 268 p. 5 BURRIS Greg, Lawrence of E rabia, Op.cit surtout par les medias occidentaux qui auraient intérêt à "orientaliser" le soulèvement, 6 dans le but de ré-enchanter le "mythe" de la démocratie et des droits de l'homme à l'européennes 7 . Cela dit, il est inévitable de remarquer que depuis les dernières années du régime de Moubarak (à partir de 2006) des groupes de militants jeunes deviennent graduellement visibles sur l'espace publique. Ces groupements se multiplient avec le soulèvement de 2011. Leurs actions, visibilité médiatique et l'intensité de leur prise de parole s'accélère dans les années qui suivent de sorte qu'ils s'imposent comme acteur non négligeable. Ce phénomène renvoie à des mouvements politiques comme "le mouvement des jeunes pour le changement 8 , les jeunes du mouvement 6 Avril 9 , les jeunes du Parti al-Dustûr 10 . 11 Mais ne se limite pas au champ politique on le trouve aussi sur le plan culturel avec la création de nouvelles équipes musicales qui tentent de se distinguer de la culture mainstream 12 . les groupes des supporteurs de football les ultras qui après 2011 ont eu plusieurs affrontements avec le/les régimes représentent un autre acteur jeune qui se manifeste à partir de 2007 jouant un rôle de plus en plus politisé Revenant au plan politique, l'adjectif jeune peut exister dans les intitulés des mouvements ou peut qualifier le fait que les membres et les dirigeants sont âgés entre 18-30 ans. Ca peut aussi renvoyer à leurs nouvelles logiques, stratégies et modes d'action qui se distinguent des spécifiques : émigration, futur du pays, modalité de protestations, violence politique, etc. Nous avons aussi posé des questions concernant le statu socio-économiques des enquêtés : Profession des parents, logement actuel, logement familial, occupation. A partir de ces donnés nous avons pu classer nos enquêtés selon les catégories suivantes -Enquêtés issus des classes aisées: Leurs parents ont des emplois prestigieux et/ou très lucratifs (PDG d'entreprise, homme d'affaires, diplomate), ils étaient dans des lycées privés (à diplôme étranger ou diplôme national à une langue étrangère), ils sont tous dans la section anglophone ou francophone et habitent dans les quartiers Pourtant, on peut dire que cette socialisation professionnelle gardait une dimension politique implicite. Une de nos enquêtées déclare avoir 'découvert la politique' en suivant un modèle de simulation: "Dans ma deuxième année j'ai commencé à participer dans un Model et chaque vendredi on passait une heure à discuter des évènements politiques de la semaine et de lancer les débats politique." 39 Une autre a été introduite à un monde de militants lors d'un stage " Dans l'été 2010, j'étais dans ma deuxième année j'ai fait un stage dans le centre national de droits de l'homme, j'étais introduite à un réseau d'activistes. Je découvrais un nouveau monde, des lieux de sociabilité spécifiques), un vocabulaire particulier etc. Je fréquentais ce monde sans m'y impliquer directement. Je soutenais leurs activités politiques mais je ne suis pas devenue activiste moi-même". 40

Les salafistes dans le champ politique égyptien

Politique étrangère, 2013

Le salafisme égyptien commence véritablement à se développer dans les années 1970. Il comporte différentes tendances, dont la plus violente est responsable de l’attentat de Louxor en 1997. À la suite de la révolution de 2011, plusieurs partis salafistes sont créés. Le plus visible, Nour, remporte plus d’un quart des suffrages. Il se bat pour faire de la charia la source principale du droit. Après l’éviction du président Morsi, il surprend en se positionnant du côté du nouveau régime.

Les partis politiques dans le monde arabe. Le Maghreb

2006

1 Ce numéro avait été coordonné dans un premier temps par P.-R. Baduel en même temps que le numéro « Machrek ». Pour des raisons éditoriales, il n'a pu paraître dans la foulée. Si bien que les articles ici rassemblés ont été réactualisés pour certains, écrits par la suite pour d'autres. 2 Parmi les premiers travaux notons notamment Rezette , 1955 ; Waterbury, 1975.

À la frontière du parti : jeux d’inclusion et d’exclusion d’une chercheuse chez les Frères musulmans égyptiens (Revue internationale de politique comparée)

La position singulière de l’organisation des Frères musulmans, « illégale mais tolérée » et située à la frontière du parti politique, conditionne fortement la relation d’enquête qui se situe elle-même sur une frontière particulièrement instable, oscillant entre procédés d’inclusion et d’exclusion. Outre les effets du contexte international, la situation de « clandestinité ouverte » dans laquelle se trouve l’organisation implique une gestion fluctuante du secret, et contraint à une renégociation permanente de la relation d’enquête, dont l’enjeu n’est pas tant la conquête du statut de chercheur que la construction de ce statut dans l’interaction et la redéfinition de l’objet de recherche.