Shlomith Rimmon-Kenan, « Quand le modèle néglige le médium. Réflexions sur la linguistique, le langage et la crise de la narratologie », traduit de l’anglais (Israël) et présenté par Sylvie Patron (original) (raw)
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Cahiers de narratologie, n°23, 2012
La question des rapports du sujet et de l’art en littérature, loin de se limiter à des enjeux d’ordre thématique, s’étend également à la façon dont le sujet est affecté par le croisement des pratiques d’écriture avec d’autres pratiques artistiques. Cette étude se propose de montrer comment le travail réalisé par Olivia Rosenthal autour de Ils ne sont pour rien dans mes larmes met en relation de façon originale les deux aspects de cette question dans la mise en place de dispositifs expérimentaux conduisant à une extension de la pratique littéraire hors du livre. Cette pratique est ici interrogée à travers une mise en regard du texte Les Larmes avec sa mise en performance et son adaptation cinématographique en collaboration avec Laurent Larivière. Ces différentes déclinaisons du dispositif littéraire ne soulignent pas seulement l’intermodalité des pratiques artistiques mais, en mettant le sujet au centre du dispositif, elles rappellent également que le dialogue entre ces pratiques possède un enjeu humain : celui de la diversification des accès que le sujet peut avoir à la compréhension des autres et de lui-même.
The aim of this article is to reassess the generic ambiguity inherent in autofiction from a cognitive point of view. Indeed, in the wake of the recent debate on autofiction, we would like to examine, not the nature, but the reception of these ambiguous texts. For instance, what is the cognitive basis of panfictionalism, the dominant approach when it comes to hybridity ? It is our contention that panfictionalism’s dismissal of generic frames remains unrealistic since the notion of frame (narrative schemas, cognitive types, perceptual habits…) is the necessary structure to get to grips with reality (even textual reality). For the “grey zone” to become tangible, the reader must suspend both belief and disbelief, but this indefinite position seems far removed from the reality of reading. What’s more, the exponents of hybridity overestimate our cognitive flexibility : there is every reason to believe that quite early in the process of reading a text, we opt for a genre or at least a specific horizon of expectation and, more often than not, stick to it.
2012
Le récit biblique, tant vétéro que néotestamentaire se déploie souvent par le biais d’images et de métaphores. À cela viennent également s’ajouter des changements de médium littéraire, des « sauts » de style, où la prose cède pendant un temps plus ou moins long la place à la poésie. Celle-ci amène dès lors à sa manière des éléments que la narration reprend ensuite en faisant progresser le récit. Images, métaphores et « sauts » servent ainsi la stratégie narrative, mais quels en sont les effets sur le lecteur qui peut en être surpris, conforté dans sa lecture, mais aussi dérouté ? Par le biais de quelques textes choisis tant dans le premier que dans le nouveau Testament, ce séminaire s’emploiera à explorer la fonction du recours à ces procédés narratifs particuliers et s’interrogera sur la manière dont ceux-ci contribuent à guider le lecteur en lui fournissant des clés herméneutiques, tout en déployant une stratégie narrative particulière et efficace.
Elle veut s’asseoir à côté de ton ami, s’il vous plaît ! “Ton ami” ? Pourquoi n’a-t-elle pas dit “Kamal” ?... Mahfouz, 1987, p. 265 Dans cet échange composé de deux interventions, il existe un certain « rapport » exprimé par le langage des personnages-locuteurs : il débute par une extraction d’un mot « ton ami », une sorte de reprise mimétique du mot de l’interlocuteur. Aussi, le rapport se manifeste t-il par une interrogation autour du mot repris « pourquoi n’a-t-elle pas dit ». Enfin, le personnage propose une alternative et remplace « ton ami » par son propre nom « Kamal ». Ce remplacement peut représenter une réclamation du nom propre ; d’un mot autre. Dans ce présent travail, la notion de « dialogue », étudié dans un contexte littéraire, sera basée sur le rapport langagier pouvant émerger entre deux locuteurs, et plus spécifiquement sur la sphère de l’interlocuteur, lequel serait en position d’écoute active des mots de l’autre.
« Le narrateur et l’interprétation des termes déictiques dans le récit de fiction »
Daniele Monticelli, Renate Pajusalu, Anu Treikelder, éds, De l’énoncé à l’énonciation et vice-versa. Regards multidisciplinaires sur la deixis/From utterance to uttering and vice-versa. Multidisciplinary views on deixis, 2005
Le narrateur fait l' objet d'une controverse dans la théorie narrative et plus particulièrement dans la théorie du récit de fiction. Il s'agit de savoir s'il y a un narrateur pour tous les récits ou seulement pour certains d' entre eux (et donc si des récits peuvent être dits «sans narrateur»). Le débat est vif, houleux, nous en donnerons quelques exemples. À travers la question du narrateur, c' est toute la question du statut énonciatif des récits de fiction qui se trouve implicitement ou explicitement posée.
La Syrophénicienne et l’espace narratif entre-deux
Fronteiras - Revista de Teologia da Unicap, 2018
L’objet de cet article, c’est d’entreprendre une analyse narrative de l’épisode de la guérison de la fille d’une Syrophénicienne dans l’Évangile de Marc (Mc 7, 24-30). Néanmoins, comme l’interprétation d’un récit peut changer quand on élargit l’espace textuel des possibilités d’une lecture critique, cette proposition veut décrire les articulations constitutives de l’univers sémantique des espaces narratifs entre-deux que le récit de la Syrophénicienne fait ressortir. En ce sens, on cherche à démontrer dans quelle mesure cette péricope fonctionne comme une espèce de pivot narratif qui provoque un changement de mouvement et de perspective, entre les deux récits de multiplication des pains, dans l’Évangile de Marc.
Le narratoème, modèle de la nomadanse dans La Réfugiée d’Hédi Bouraoui
Voix Plurielles
Parue en 2012, La Réfugiée d’Hédi Bouraoui aborde un sujet brûlant, celui de l’altérité, de la reconnaissance d’une identité culturelle étrangère au sein du pays d’accueil. Le récit retrace le parcours d’une réfugiée laotienne, au nom de DorBoa (« fleur de lotus ») dont la seule présence suscite des points d’interrogation constants sur les diversités culturelles. À l’heure où les flux migratoires à travers territoires, frontières, archipels et continents, bousculent bon nombre de nos acquis, Bouraoui recherche formellement des ponts de compréhension et d’ouverture envers l’autre sous un nouveau genre : le narratoème, un néologisme pour « désigner un poème narratif et un récit poétique ». Cet appel à voir différemment et autrement les genres selon une perspective critique et une démarche créatrice invite le lecteur à déchiffrer la polyphonie des significations imaginaires et les trajectoires symboliques de « Lotus au pays du Lys » et de saisir la grâce ineffable de la nomadanse.