Recension de "Un printemps rouge et noir. Regards croisés sur la grève étudiante de 2012" (original) (raw)

Un printemps rouge et noir : Regards croisés sur la grève étudiante de 2012

2014

Au printemps 2012, le Québec a été le théâtre d’un conflit social d'une ampleur inédite. « La grève est étudiante, la lutte est populaire ! » clamait alors la rue bondée de gens de tous les horizons. Comment rendre compte d’un tel événement ? Quels ont été les ressorts et les effets de la mobilisation ? Cet ouvrage collectif, dans lequel chaque texte est le fruit d’une collaboration entre des étudiant-e-s et des enseignant-e-s, analyse de façon rigoureuse divers aspects du Printemps érable. Les auteur-e-s abordent de nombreux sujets : des origines du syndicalisme étudiant aux manifestations de casseroles et aux Assemblées populaires autonomes de quartier (APAQ), en passant par les modes de fonctionnement de la démocratie étudiante, les enjeux féministes, les réactions des partis politiques, le rôle des médias sociaux, de la littérature et de l’art ainsi que la répression judiciaire et policière. Alliant analyse de discours, entretiens semi-dirigés et observation participante, ce livre offre de multiples clés pour comprendre la dynamique du Printemps érable. Sans prétendre pouvoir parler de victoire ou d’échec, il souligne l'incroyable éveil politique qu'aura représenté ce conflit social pour toute une génération. Tel un rhizome, la lutte ne peut ressurgir que là où l’on ne l’attend pas. Comme nous le rappelle un vers publié dans Fermaille, revue de poésie créée par et pour la grève, « chaque saison [a] sa propre forme de résistance ». Avec des textes de Andrée Bourbeau, Geneviève Côté, Marc-André Cyr, Philippe de Grosbois, Martine Delvaux, Gabrielle Desrosiers, Marie-Lise Drapeau-Bisson, Véronique Fortin, Marie-Claude G. Olivier, Alain-G. Gagnon, Elsa Galerand, Émilie Joly, Benoît Lacoursière, Michel Lacroix, Ève Lamoureux, Vanessa L'écuyer, David L’Écuyer, Alexandre Leduc, Lucie Lemonde, Rachel Nadon, Olivier Parenteau, Jacinthe Poisson, Maxime Roy-Allard, David Sanschagrin, Alain Savard et Arnaud Theurillat-Cloutier. Marcos Ancelovici est professeur au département de sociologie de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Il est spécialiste des mouvements sociaux et travaille actuellement sur les mobilisations contre l’austérité. Francis Dupuis-Déri est professeur de science politique à l’UQAM. Il est l’auteur de À qui la rue ? Répression policière et mouvements sociaux (Écosociété, 2013) et de Démocratie : histoire politique d'un mot (Lux, 2013). Tous deux participent au Groupe de recherche sur l’action collective (GRAC). Table des matières INTRODUCTION: Retour sur le « Printemps érable » Marcos Ancelovici et Francis Dupuis-Déri PREMIÈRE PARTIE: La démocratie en action Les racines historiques du Printemps érable Arnaud Theurillat-Cloutier, Alexandre Leduc et Benoît Lacoursière La rue contre l’État Alain Savard et Marc-André Cyr La démocratie directe en mouvement Marcos Ancelovici et Maxime Roy-Allard Militantes féministes grévistes Martine Delvaux, Gabrielle Desrosiers, Elsa Galerand, Vanessa L'écuyer « La grève est étudiante, la lutte est populaire! » Marie-Lise Drapeau-Bisson, Francis Dupuis-Déri et Marcos Ancelovici DEUXIÈME PARTIE: Communication et création « À qui le web ? » Geneviève Côté et Philippe de Grosbois Artivistes en grève sociale illimitée Marie-Claude G. Olivier et Ève Lamoureux La grève en vers et en prose : combat, silences et fissures Michel Lacroix, Rachel Nadon et Olivier Parenteau TROISIÈME PARTIE: Les réactions institutionnelles L’approfondissement du politique au Québec David Sanschagrin et Alain-G. Gagnon La répression judiciaire et législative durant la grève Lucie Lemonde, Andrée Bourbeau, Véronique Fortin, Émilie Joly et Jacinthe Poisson Printemps de la matraque. Répression et autorépression Francis Dupuis-Déri et David L'Écuyer CONCLUSION: « Les grèves étudiantes, qu'ossa donne ? » Marcos Ancelovici et Francis Dupuis-Déri Bibliographie

Un Printemps rouge et noir: Regards croisés sur la grève étudiante de 2012 (livre complet)

2014

Au printemps 2012, le Québec a été le théâtre d’un conflit social d'une ampleur inédite. « La grève est étudiante, la lutte est populaire ! » clamait alors la rue bondée de gens de tous les horizons. Comment rendre compte d’un tel événement ? Quels ont été les ressorts et les effets de la mobilisation ? Cet ouvrage collectif, dans lequel chaque texte est le fruit d’une collaboration entre des étudiant-e-s et des enseignant-e-s, analyse de façon rigoureuse divers aspects du Printemps érable. Les auteur-e-s abordent de nombreux sujets : des origines du syndicalisme étudiant aux manifestations de casseroles et aux Assemblées populaires autonomes de quartier (APAQ), en passant par les modes de fonctionnement de la démocratie étudiante, les enjeux féministes, les réactions des partis politiques, le rôle des médias sociaux, de la littérature et de l’art ainsi que la répression judiciaire et policière. Alliant analyse de discours, entretiens semi-dirigés et observation participante, ce livre offre de multiples clés pour comprendre la dynamique du Printemps érable. Sans prétendre pouvoir parler de victoire ou d’échec, il souligne l'incroyable éveil politique qu'aura représenté ce conflit social pour toute une génération. Tel un rhizome, la lutte ne peut ressurgir que là où l’on ne l’attend pas. Comme nous le rappelle un vers publié dans Fermaille, revue de poésie créée par et pour la grève, « chaque saison [a] sa propre forme de résistance ». Avec des textes de Andrée Bourbeau, Geneviève Côté, Marc-André Cyr, Philippe de Grosbois, Martine Delvaux, Gabrielle Desrosiers, Marie-Lise Drapeau-Bisson, Véronique Fortin, Marie-Claude G. Olivier, Alain-G. Gagnon, Elsa Galerand, Émilie Joly, Benoît Lacoursière, Michel Lacroix, Ève Lamoureux, Vanessa L'écuyer, David L’Écuyer, Alexandre Leduc, Lucie Lemonde, Rachel Nadon, Olivier Parenteau, Jacinthe Poisson, Maxime Roy-Allard, David Sanschagrin, Alain Savard et Arnaud Theurillat-Cloutier.

Drapeau noir sur carré rouge : les anarchistes et la grève étudiante de 2012

Possibles, vol. 36, no. 2, 2013, 2013

«Peut-être ne le savez-vous pas, mais les anarchistes sont très actifs au Québec», déclarait un chroniqueur du Journal de Montréal en mai 2012, soit en plein cœur de la plus grande et plus longue grève étudiante de l’histoire du Québec[3]. «On y a même vu un enfant d’environ 10 ans, en pyjama, brandissant un grand drapeau rouge et noir, symbole anarcho-communiste ou anarcho-syndicaliste», rapportait un journaliste de La Presse qui couvrait à Montréal les manifestations de casseroles[4]. Les commentaires médiatiques au sujet des anarchistes adoptaient un ton plutôt critique, puisqu’il s’agissait de dénoncer leur influence prétendue au sein des associations étudiantes, ou plus globalement sur l’ensemble de la société québécoise. Le chroniqueur conservateur Mathieu Bock-Côté signait ainsi un texte dans Le Journal de Montréal, intitulé «Un extrémisme destructeur», où il avançait que «[l]a crise actuelle offre à l’anarchiste un théâtre inespéré». Selon son diagnostic, «l’anarchisme radical» (rien de moins !) «attire des personnalités troubles. Des intoxiqués idéologiques[5]». Même dans le courrier du cœur du Journal de Montréal s’exprimaient des critiques contre «une minorité d’enfants-rois [qui] prône la violence, la désobéissance civile, la révolte et l’anarchie[6].» [POUR LIRE LA SUITE —> VOIR LE TEXTE]

Rouges de colère : la grève étudiante de 2012 au Québec et à Québec

Ni thèse, ni essai, ni exercice de théorisation à outrance, ce mémoire se veut une tentative de retracer le fil des événements, de faire connaître les motivations des acteurs qui les ont rendu possibles et de replacer dans son contexte cette grève historique, la plus longue jamais menée par le mouvement étudiant au Canada. Une attention particulière sera portée aux phénomènes et événements touchant davantage la région de Québec dans la mesure où l'auteur de ces lignes a pu observer cette mobilisation depuis Québec, ce qui ne l'a pas empêché de participer à plusieurs événements dans la métropole et en région. De plus, comme ce mémoire sera remis à l'Association des étudiantes et étudiantes en sciences sociales de l'Université Laval (AESS-UL), il a aussi pour objectif de préserver la mémoire institutionnelle des associations ayant fait grève à l'Université Laval. Cela dit, la plupart des grands événements en lien avec ce conflit seront analysés, qu'ils aient eu lieu à Gatineau ou à Alma. Par ailleurs, grâce à une série d'entretiens de type semi-directif réalisée du 9 au 15 septembre 2012, ce texte accordera une place non-négligeable aux réflexions, commentaires et perceptions de onze militants et militantes de Québec ayant participé à la mobilisation. Ces informations viendront évidemment s'ajouter à celles obtenues par l'entremise d'une classique recherche documentaire.

Insurgence (2013): La grève comme abstraction vécue

Dans la 22ème série de Logique du sens, « Porcelaine et volcan », Deleuze pose une série de questions à l’orée d’une pensée de la fêlure (existentielle) et de l’événement qui problématisent le rapport entre esthétique et politique. J’aimerais en faire le point de départ d’une tentative de mise en forme de quelques interrogations et considérations plutôt théoriques qui ont émergé au cours de cette grande aventure qu’a été la réalisation des films Insurgence (Épopée, 2013) et Rupture (Épopée, 2014) à propos de la grève étudiante québécoise de 2012.

L’autopsie d’une crise de légitimité : la grève étudiante de 2012 et l’État

Si l’affrontement entre le mouvement étudiant et le gouvernement libéral du Québec a pris une forme exacerbée au printemps 2012, c’est parce que l’ordre juridique incarné par le mouvement étudiant était en mesure d’opposer au gouvernement, qui tentait de le supprimer, une contre-légitimité puisée dans la démocratie directe ainsi que dans des pratiques réflexives et contre-hégémoniques. Le choc entre ces deux ordres juridiques a conduit à une crise de légitimité qui n’a finalement été résolue que par le ressourcement de la légitimité de l’État à travers le processus électoral. Ce type de sortie de crise a permis à l’État d’opposer sa prétention à l’universalité à un mouvement social fondé avant tout sur une rationalité commu-nicationnelle intersubjective et qui laissait présager la recomposition d’un sujet politique oppositionnel. The exacerbation of the confrontation between the student movement and the Liberal government [in Québec] can be ascribed to the fact that the legal order embodied by the student movement was able to set up against the government, which was attempting to quell the movement, a counter-legitimacy based on direct democracy and reflexive, counter-hegemonic practices. The clash between these two legal orders led to a crisis of legitimacy which, in the end, was only resolved by renewing the State’s legitimacy through the electoral process. This way out of the crisis allowed the State to oppose its claim to universality against a social movement founded above all on a communicative intersubjective rationality that prefigured the recomposition of an oppositional political subject