Fouiller les mots (original) (raw)

Poussière de mots

2004

Tout au long de la genèse laborieuse, tumultueuse, interminable, de L'homme rapaillé, entre le début des années 1950 et 1970, Gaston Miron ne cessait de remanier une matière poétique qui tardait à prendre forme. Cette difficulté tenait à une exigence dont on ne trouve d'équivalent, dans la poésie québécoise, que chez Saint D enys Garneau. Quelle est la vérité du poème? Quelle est la p art de responsabilité de celui qui l'écrit? Que doit-il assumer de la vie, de la p ensée, de l'Histoire? Qu'est-ce qu 'un vrai poète? Comment départager ce qui, dans la poésie, relève de l'authenticité du sujet qui l'écrit, et ce qui tient de la fabrication, de la compensation, du refuge esthétique? À l'époque, ces questions, chez JI1~iron, poussent la conscience de soi à un degré d'acuité parfois paralysant. À tout le moins, elles pulvérisent le discours, violentent toutefàrme achevée, obligent la p oésie à se reprendre sans cesse, dans un souci d 'adéquation (mais à quoi ?) jamais entièrement réalisé. On ne s'étonne pas, dès lors, que cette poésie ait été, d 'emblée et pour de bon, inséparable du commentaire, de la rijlexion, tout autant que de l'autobiographie. La conscience politique elle-même, qui va marquer profondément L'homme rapaillé, ne s'articule qu 'au terme d 'un longprocessus d 'auto-analyse, d'un intense questionnement sur soi et sur la poésie. Rarement systématique, procédantplutôtpar bribes, par coups de sonde ou par aphorismes, ce travail fait partie, dès les années 1950, de l'élaboration despoèmes eux-mêmes, que Miron ne cessait d'annoter et de commenter, en s'examinant comme homme et comme poète, dans sa langue qu'il éprouvait comme entravée, dans sa « pauvreté natale », sa souffrance amoureuse, sa dispersion d 'homme d 'action. L es brouillons des poèmes, maintenant déposés dans le fonds Gaston JJ1iron de la section des archives de la Bibliothèque nationale du Québec, témoignent d~ià de ce travail rijlex if et de cette exigence, mais un autre ensemble d'écrits, encore p eu connu, l'illustre de manière encore plus éloquente.

Les mots sortent

2005

du lot » : l'extraction d'information, Iris Eshkol, Universite d'Orleans et Jean-Paul Taravella L'extraction d'information est une offre qui se structure depuis quelques annees en France. Cette technologie repond a un besoin essentiel : permettre de reperer et d'extraire, a moindre cout, certains elements structures d'information a partir d'un texte non structure On connaissait l'extraction principalement par le terme generique de « text mining » (fouille de texte) qui differe du « data mining » (analyse de base de donnees structurees). Aujourd'hui les technologies sont matures et les applications sont nombreuses et ciblees. Citons : • L'indexation automatique : Il s'agit d'extraire des mots representatifs du contenu du texte et d'indexer relativement finement de tres gros volumes documentaires (comme par exemple en retro conversion, ce qui permet aux personnels de se consacrer a d'autres tâches) ; Le classement automatique...

La guerre des mots

La définition foucaldienne de la guerre peut-elle nous permettre de remettre en question la propension des membres du gouvernement français à employer un vocabulaire guerrier pour parler de la lutte contre le terrorisme?

Les mots en trop

Brèves littéraires, 2003

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Enjeux du jeu de mots

2015

Bien d'autres raisons que la nomination de nouveaux objets et concepts techniques et scientifiques expliquent l'émergence des néologismes. La fonction ludique n'est pas la moindre. Elle recourt à des matrices lexicogéniques privilégiées et elle se diversifie en divers types d'effets dans l'interlocution. Du point de vue morphologique, ce sont les procédés extragrammaticaux qui sont particulièrement activés (mot-valisation en particulier mais aussi paronymie, fausses coupes, innovations flexionnelles, etc.). Quand il s'agit de matrices régulières (suffixation et composition), on remarque des écarts entre les éléments qui sont mis en oeuvre (hybrides, mots ou formants relevant de registres différents, etc.). D'un point de vue énonciatif et pragmatique, ces néologismes apparaissent dans des situations diverses (de l'hapax conversationnel aux néologismes qui se diffusent en passant par des situations intermédiaires pour les néologismes littéraires et ceux des humoristes. Ils remplissent souvent d'autres fonctions en sus de leur fonction ludique (accroche, connivence, arme de combat, argument de vente, provocation…) et leur durée de vie peut être variable selon les cas.

Des mots et des murs

Kairos, 2020

La confrontation à la mort nous met au pied du mur. Elle nous renvoie à une limite, à une frontière. C'est la fin d'une existence quel que soit le sens qui est donné à l'après. De la même manière que l'on peut-ou pas-donner un sens à l'après, on peut-ou pas-s'approprier cette limite… Ce mur peut être abimé, abandonné, vide de sens et de vie. Il y a des murs d'enceinte qui emprisonnent, au sein desquels on enferme et on isole. Il en est d'autres, au contraire, qui ont été travaillés pour être beaux, qui sont enjolivés par la nature ou par la main d'un artiste. Il y a des murs qui protègent, qui sont porteurs d'un message, d'un espoir et peut-être d'un sens partagé. Ils ouvrent à un autre espace, à un autre monde… En général, la vie ne nous permet pas de choisir ses limites, mais elle nous laisse la liberté de choisir notre manière de les envisager...

Du Poids des mots

Ci rc ul at io ns , mi gr at io ns , hi st oi re Du poids des mots s t é p h a n e d u f o i x À la mémoire de Thierry Aprile l existe un pouvoir, et même une magie des mots. De nombreux textes de philosophes ou de chercheurs en sciences sociales, plus que de linguistes semble-t-il d'ailleurs, insistent sur ce point. Le plus important, et le plus intéressant, n'est cependant pas là. En effet, si magie il y a, quelle est-elle ? Où réside-t-elle ? Comment opère-t-elle ? Et quels sont ses effets ? Comme l'écrivait le sociologue américain Everett Hugues, « il existe en effet une magie des noms. En tant que chercheurs en sciences sociales et en tant que citoyens, il nous appartient de comprendre quand et comment fonctionne cette magie » 1 . Certains mots sont en effet « chargés d'une grande puissance évocatrice » 2 pour reprendre la formule d'Alfred Métraux à propos de « vaudou ». Il semble pourtant impossible de s'en tenir là.