La représentation corporelle dans le discours signé (original) (raw)

Le corps en interprétation. Dimension non verbale des discours interprétés

2021

À la différence de ce qui se passe en interprétation de conférence, l'interprétation en service public redistribue, par la simple présence physique des intervenants, les relations entre textes-source/textes-cible, entre messages émis/ messages reçus, entre chacun des niveaux de la communication eux-mêmes. Ici, l'interprète est présent : on le voit, on l'entend et l'on guette les signaux non verbaux qu'il produit ou reproduit. C'est par l'intermédiaire de son corps, de son visage et de leurs expressions que s'établissent, de manière consciente ou inconsciente, les premiers degrés de la compréhension. Les gestes, le regard et les mimiques faciales jouent un rôle réel dans la transmission du sens, en fournissant des informations qui, capitalisées, deviennent complémentaires du message verbal. À partir d'un corpus multimodal, combinant les données recueillies au cours d'entretiens (menés auprès de 12 interprètes professionnels), d'enquêtes (échantillon de 60 répondants), mais aussi de séquences vidéo enregistrées (corpus de 13 000 secondes annotées), nous nous proposons d'analyser comment les expressions non verbales

Le discours des organes

2006

Ventriloquies : lire à ventre ouvert Dire oui est un art épouvantable 1 Au commencement était l'organe-foie des bêtes voire des hommes au ventre ouvert comme on ouvre un livre, bouche du mage interprétant les images d'un microcosme charnel, main et geste de l'officiant qui note sur ses tablettes ce que le mage dicte et qu'il n'écrit pas lui-même 2. De l'organe est donc sorti le Verbe, verbe oraculaire tout d'abord des antiques devins mésopotamiens ou étrusques lisant à même la chair, verbe ensuite écrit, tant il semble désormais assuré que la lecture précède l'écriture. Celle-ci en effet est née d'un univers épistémique où le corps, interne et externe, est un signe : on comprend que l'écriture soit d'abord passée par le stade de l'image, en Chine, en Mésopotamie, en Egypte, et que la problématique du "discours des organes" nous ramène, alors même que notre séminaire s'inscrit dans la plus contemporaine modernité, à la préhistoire de l'écriture et de la relation au visible-lisible. Mon but n'est évidemment pas de détailler la complexe histoire de la naissance de l'écriture : ce n'est là ni mon domaine de compétences, ni même mon propos. Cette présentation est en réalité partie d'un constat de lectures multiples : le vingtième siècle se caractérise par une série de récits mettant en scène des ouvertures, souvent très violentes, de corps humains ou animaux, au moment précis où les progrès des biotechnologies font de la main du chirurgien un instrument à terme obsolète… Que signifie cette tension ? Pourquoi cette réponse décalée des écrivains aux progrès de la biologie ? C'est sur cet aspect politique et métaphysique de l'effraction contemporaine des corps romanesques que je voudrais me pencher, pour cerner si les organes, au siècle des génocides, ont encore quelque chose à nous dire. Ou plus exactement pour cerner ce qui du silence des organes relève de la dénonciation : le mutisme organique, loin d'être, comme l'affirmait René Leriche, le signe d'une santé corporelle, semble en réalité la seule façon de désigner les pathologies meurtrières de l'Occident contemporain. 10 L'entraille ouverte, dans l'Antiquité, indexe donc un ordre du cosmos, ordre divin préformaté auquel il s'agit de se conformer 11 : le sacrifice a alors deux valeurs, verso et recto d'un même feuillet, celle, chez les Etrusques, de relier sans discontinuité, par la chair signifiante et les fumées de viande, le terrestre et le céleste, l'infiniment petit et l'infiniment grand, l'interne et l'externe, celle, chez les Romains, de marquer leur séparation. Dans les deux cas, une transcendance est postulée qui se lit dans l'immanence charnelle, un sens, même confus, est donné, qui permet de se référer à un ordre cosmique global, et d'inscrire les actions humaines à l'intérieur de cet ordre. Francis Wolff le notera à propos des Grecs, la philosophie platonicienne et la zoologie aristotélicienne se fondent sur une pensée de la continuité, où sont reliés les zôia-les différents animés qui assurent l'ordre du monde : êtres vivants pourvus d'une âme mortelle d'un côté (humains et animaux), êtres vivants immortels de l'autre (astres et dieux) 12. La divination ne permet donc pas seulement la mise en relation du charnel, du terrestre et du cosmos, mais la mise en relation du vivant au moment où la vie se défait avec le vivant immortel. Des viscères mystérieusement éclairés On sait, à la lecture des oeuvres de Michel Foucault ou Alexandre Koyré, que le dix-septième siècle rompt progressivement avec l'épistémè de la similitude, pour, au fil des siècles, élaborer une pensée où l'anthropocentrisme se nuance en perdant sa place au sein d'un univers désormais infini, mais qui n'en perdure pas moins sous des dehors de plus en plus profanes : il s'agit 8 Id., p. 137.

Dialogue autour de la ponctuation comme traces du corps qui écrit

Littératures, 2015

Stéphane Bikialo : « Louise Desbrusses se déploie depuis quelques décennies dans (et autour d')un corps doté de muscles, d'os, de tendons, de veines, d'artères, d'organes et autres, en un point (toujours) changeant de l'espace-temps depuis lequel elle extrait et organise mots et mouvements sous une forme ou une autre, voire plusieurs combinées (ou pas) »1. Dès cette présentation, Louise Desbrusses se décrit d'abord comme un corps qui écrit. En plus de ses deux romans publiés aux éditions POL-L'Argent, l'urgence (2006) et Couronnes Boucliers Armures (2007)-, elle est l'auteure d'une pièce radiophonique, Toute tentative d'autobiographie serait vaine, commande de France culture diffusée en 2008 puis publiée chez Lansman en 2010 et de textes courts (nouvelles, essais, poèmes) publiés dans des revues ou des anthologies. Si ces textes seront évoqués, c'est en lien avec un autre pan de son travail : des essais sur les rapports de l'écrit et du corps :

Comment le corps coconstruit les discours et le sens

TIPA. Travaux interdisciplinaires sur la parole et le langage, 2020

Le corps, pris dans une acception large (regard, gestes manuels, proxémie et postures.), a récemment connu un regain d'intérêt dans divers domaines des sciences humaines. Depuis le tournant praxéologique qu'ont vécu les sciences du langage dans ces années 1950 avec les théories des actes du discours notamment, la linguistique interactionnelle (Kerbrat-Orecchioni, 2004 ; Mondada, 2004) lui consacre une certaine place dans ses travaux. Tout autant que les phénomènes verbaux et vocaux, il participe à la construction du sens auquel les interactants collaborent dans l'échange. Il convient donc de considérer à la suite de Kerbrat-Orecchioni (2004), Mondada (2004), Goodwin (2000), Kress (2015), Varela (Varela et al., 1991) ou McNeill (2005), entre autres chercheurs, que le discours ne peut se résumer à sa réalisation voco-verbale. Dans la logique qui prévaut dans une sémiotique sociale telle que définie dès les années 1990 par le New London Group (1996), auquel appartiennent des scientifiques tels que Kress, notamment, le langage est composé de tout ce qui fait signe et sens. Les travaux de Charles Goodwin (2000) confortent l'idée selon laquelle le corps constitue un signe au même titre que l'écriture, les images fixes, les symboles, etc. Soustraire un phénomène revient à amputer l'interaction d'une partie de sa signification. L'on retrouve cette même idée dans le paradigme de l'énaction, qui s'inspire principalement des travaux de Varela. Pour ce neurophénoménolgue chilien, le dualisme cartésien n'est pas recevable : il ne peut y avoir de distinction corps-esprit. Il existe un rapport sensorimoteur au monde, à l'environnement et aux autres qui implique de reconnaitre le langage comme étant constitué tout aussi bien des éléments verbaux que des phénomènes dits « non verbaux », émotions incluses. Une réflexion similaire était déjà présente dans les travaux de Jousse en anthropologie du geste. Les Gesture studies, quant à elles, ont permis grâce aux études menées par McNeill (2005) ou Kendon (2004), de mettre au jour le lien indissociable qui existe entre gestes, parole et pensée. Que cela Comment le corps coconstruit les discours et le sens TIPA. Travaux interdisciplinaires sur la parole et le langage, 36 | 2020

Le discours d'un évènement culturel et sa « représentation »

This article studies the role of the speech in the construction and the representation of a cultural event. "Tlemcen Capitale of the Islamic Culture". We will give importance to how the actors involved give it meaning, revealing the words of their perceptions. Identifying these representations conditions, according to us, the media in shaping the discourse that will bring to promote the event. In this objective, the lexico-metric tools allow us to approach the study of the representations to compare groups of actors between them. They also help to determine the content of the representations, describe their compositions, prioritize and simplify their organization into a grid operational analysis for advertising. The corpus constituted by 12 interviews (30134 occurrences) was analyzed by means of the software-Lexico 3, Tropes, TextObserver and TreeCloud-the results of each being subject to the other. Résumé Cet article étudie le rôle du discours dans la construction et la r...

Clarté du discours et représentation politique

Res publica, 1986

« La clarté du débat politique n'a ;amais été une priorité pour quelque gouvernement que ce fût ». J. ATTALI, Analyse éconornique de la vie politique (1972). Les sociologues du politique, dans la foulée des travaux de David Easton, ont situé Ie discours politique dans Ie schéma explicatif du fonctionnement de la vie politique. Conçu comme un système ouvert en interaction avec son environnement, Ie système politique, à l'instar du schéma proposé par W. Léontieff pour Ie système économique, est Ie lieu d'échanges de facteurs (inputs) et de produits (outputs) (1).