Sous la valeur critique, l'expression d'un génie. Retour sur le carré des valeurs de Jean-Marie Floch [ancienne version] (original) (raw)

‘Note sur le génie dans « L’origine de l’œuvre d’art »’

Klesis, 2010

Dans la troisième partie de la version définitive de « L"origine de l"oeuvre d"art » (Der Ursprung des Kunstwerkes), Heidegger aborde la question de la création de l"oeuvre d"art. Vers la fin de cette tentative pour penser la création selon les deux idéesclés de l"essai, celles du monde et de la terre, se trouve la remarque suivante : « Il est vrai que aussitôt le subjectivisme moderne interprète la création a sa façon : comme le résultat de l"exercice d"une virtuosité géniale chez un sujet souverain. (Der moderne Subjecktivismus mißdeutet freilich das Schöpferische sogleich im Sinne der genialen Leistung des selbstherrlichen Subjektes) » 1 . Étant donné le contexte philosophique et historique, il ne peut être question ici d"eine geniale Leistung au sens d"une simple performance magnifique ou merveilleuse. C"est pourquoi la traduction française que nous citons, celle de Wolfgang Brokmeier, ajoute le mot virtuosité en rendant cette phrase, ou périphrase allemande, par « exercice d"une virtuosité géniale ». Dans la tradition de la philosophie de l"art moderne, après Kant tout au moins, une telle virtuosité est, bien sûr, nommée génie. Eine geniale Leistung, c"est pour ainsi dire "un coup de génie", "un trait de génie" et, par conséquent, l"intention critique de la remarque semble porter sur le concept de génie dans l"esthétique moderne.

Explication d'un texte de Nietzsche sur le génie

2021

L'activité du génie ne paraît pas le moins du monde quelque chose de foncièrement différent de l'activité de l'inventeur en mécanique, du savant astronome ou historien, du maître tactique. Toutes ces activités s'expliquent si l'on se représente des hommes dont la pensée est active dans une direction unique, qui utilisent tout comme matière première, qui ne cessent d'observer diligemment leur vie intérieure et celle d'autrui, qui ne se lassent pas de combiner leurs moyens. Le génie ne fait rien que d'apprendre d'abord à poser des pierres, ensuite à bâtir, que de chercher toujours des matériaux et de travailler toujours à y mettre la forme.

L'Autre du génie : valeurs et usages du bizarre

Littérature, no 169, 2013

L'Autre du génie : valeurs et usages du bizarre « La raison est un maître commun qui tient unis tous ceux qui s'y soumettent, & qui reconnoissent sa juridiction : mais quand on en a secoué le joug, on épouvante tous ceux que la raison nous tenoit unis. Chacun appréhende de devenir l'objet de notre bizarrerie. » Pierre NICOLE, « Bizarreries », Pensées sur divers sujets de morale. « Un mauvais mot, une expression bizarre m'en a quelquefois plus appris que dix belles phrases. » DIDEROT, Pensées détachées sur la peinture 1. Cet article a été rédigé dans le cadre d'un post-doctorat à l'Université de Calgary. Je remercie particulièrement Anthony Wall, dont les judicieux conseils en ont accompagné la rédaction. 2. Montaigne, Essais, III, « Nous ne goustons rien de pur », in Essais, livre II, chap. XX, éd.

Trouver son génie : Valoriser ses talents, construire son projet de vie, Edition Guy Trédaniel, 2005

Valoriser ses talents et construire son projet de vie. Qui sommes-nous ? En quoi sommes-nous uniques ? Où est notre cœur ? Que faisons-nous avec aisance et passion ? En accord avec vous-même, vous trouverez ce qui vous convient le mieux, ce qui vous rend heureux, ce qui est facile et vous amène au succès. Trouver son génie, c'est trouver le sens de sa vie. Trouver son génie, c'est accepter que les hommes soient différents. Ce livre intéressera les personnes qui ne cachent pas leur singularité, mais cherchent plutôt à la comprendre et surtout à la faire vivre. Construit en trois parties distinctes, "Trouver son génie" explique tout d'abord comment révéler ses talents, expose une expérience vécue de développement personnel dans le désert saharien, et propose enfin des outils de transformation que le lecteur peut immédiatement mettre en pratique."

« Les valeurs d’un avaleur de valeurs : analyse diachronique de quelques définitions de la lexie "valeur" »

site de l’Association Internationale de Stylistique, 2010

Analyse diachronique de quelques définitions de la lexie « valeur » ou « La structure des évolutions idéologiques » Signe de la richesse conceptuelle de ce mot et de son histoire mouvementée, les significations de la lexie « valeur » sont pléthores. Le Petit Robert 1 ne contient pas moins de quatre rubriques générales qui se subdivisent à leur tour en plusieurs définitions contenant chacune jusqu'à quatre acceptions. Y voisinent des significations aussi différentes que « ce en quoi une personne est digne d'estime », « bravoure », « caractère mesurable (d'un objet) en tant que susceptible d'être échangé, désiré », « Titre représentatif d'un droit financier d'une créance », voire « Mesure (d'une grandeur variable) », « Durée relative (d'une note, d'un silence) », « Qualité (d'un ton plus ou moins foncé ou plus ou moins saturé) » ou même « sens (d'un mot) ». Plus gênant, cette dernière définition n'appartient pas à la même rubrique que l'exemple « La valeur expressive d'un mot », un ensemble porte sur la valeur des biens mais le syntagme « objet de valeur » se trouve dans un autre, « Mot mis en valeur dans la phrase » est placé à la fin d'une partie évoquant la dimension pécuniaire, etc. Ce sont, en fait, les rubriques générales qui posent problème : « I. Qualité d'une personne », « II. Caractère d'un bien marchand », « III. Qualité, intérêt d'une chose », « IV Importance d'un élément dans un système ». Les trois premiers titres ne devraient-ils pas tous être des sous-parties du dernier ? Les second et troisième ne sont-ils pas forcément appelés à se recouper ? L'édition de 2009 du Petit Larousse 2 juxtapose, quant à elle, douze définitions différentes, toutes mises au même niveau. Même en fermant les yeux sur les risques d'éparpillement et de dispersion engendrés par une telle profusion, il paraît bien difficile de comprendre ce qui motive l'ordre choisi. Le lecteur est aussi en droit de se demander pourquoi une des acceptions occupe dixsept lignes alors que toutes les autres de deux à six lignes, voire même, dans un cas, une demiligne.

« Conditions d’une ‘critique mondiale’ »

Ch. Pradeau et T. Samoyault (eds.), Où est la littérature mondiale ?, 2005

L'activité critique est étroitement dépendante de la façon dont on calibre la littérature sur laquelle elle opère. On peut limiter ses lectures critiques à un corpus régional, national, voire continental, par commodité linguistique ou pour des raisons de compétences culturelles ; on peut au contraire faire éclater le corpus et circuler sans complexes, au hasard des rencontres, dans une bibliothèque mondiale totale. Un tel choix a des répercussions profondes sur la façon dont le parcours critique va s'effectuer.