« Religieux, race, ethnicité. Au croisement des marques in-désirables » (original) (raw)

Introduction générale. Religieux, race, ethnicité. Au croisement des marques in-désirables

Appartenances in-désirables. Le religieux au prisme de l'ethnicisation et de la racisation, 2019

intersectionS » Collection dirigée par Claire COSSÉE Comité de lecture Stéphanie CONDON, Claire COSSÉE, Danielle JUTEAU, Aude RABAUD La collection « intersectionS » ouvre un espace à des travaux qui analysent, à partir de cadres théoriques pluriels, l'articulation des divers modes de classements sociaux et les phénomènes de hiérarchisation et de minorisation, construits selon le genre, l'ethnicité/la « race », la classe. Dans cette perspective, les recherches qui s'intéressent aux majoritaires et analysent les dynamiques portées par les pôles dominants auront leur place, ainsi que ceux qui interrogent les rapports entre groupes minoritaires ou minorisés. De même, « intersectionS » entend publier des travaux contribuant à l'analyse des résistances à la domination.

Indicateurs culturels : le poids des credos, le choc des ratios

Seminaire Interne Du Gresoc Toulouse, 1999

Commission Européenne, Bruxelles, mai 1998.-D'une part, il existe une forte imbrication des collectivités dans le financement et le soutien de la culture. Or, les objectifs sont difficiles à percevoir quand plusieurs administrations interviennent sur une même politique. On peut constater en France, depuis les lois de décentralisation, des approches antagonistes, voire conflictuelles, dans les rapports entre autorités territoriales en matière de politiques culturelles : "Il n'est pas rare d'entendre certains acteurs du champ culturel mettre en doute l'existence d'une politique culturelle... C'est qu'ils ne voient plus dans l'action menée c'est le cadre de référence, l'axe directionnel qui anime cette action" 3 .-D'autre part, il existe souvent des interactions étroites entre les politiques culturelles et les autres secteurs de la vie publique : ainsi, centrées jusqu'au milieu des années soixante-dix sur les besoins en équipements, elles étaient très dépendantes des politiques urbaines. Aujourd'hui, les politiques culturelles sont encore trop souvent des annexes de l'aménagement urbain ou des politiques de communication 4 .

Noblesse d’épée, noblesse de robe : espaces sociaux et frontières idéologiques

Atelier du CRH, 21 bis, 2020

« Noblesse de robe » et « noblesse d’épée », deux expressions couramment reprises dans l’historiographie de la noblesse à l’époque moderne, ne sont pas de simples descriptions sociales : leur apparition – décalée chronologiquement – et le développement de leur emploi au xviie siècle sont le fruit des transformations du second ordre, elles-mêmes conséquences de la politique monarchique (développement de la vénalité des offices, volonté de contrôler la définition de la noblesse) et des luttes de pouvoir au sein des élites du royaume. Une histoire sociale de leurs usages, confrontée à l’analyse des parcours sociaux des familles du second ordre, permet de montrer combien ces expressions sont avant tout des assignations qui renvoient à des confrontations idéologiques, à des jugements de valeur sur ce que doit être la noblesse, à une volonté de séparer des espaces sociaux pourtant poreux. Elle met en évidence le passage de termes désignant des états à des catégories désignant des groupes fondés sur des opérations de classement. Autant de changements qui eurent de grandes conséquences tant sur le devenir des familles nobles que sur la conception de la noblesse elle-même.

Entre « intimité culturelle » et « choc des civilisations »

Galia Valchinova. Cultural intimacy versus civilisation clash in Bulgaria Galia Valchinova elaborates on the theme of ambiguity and shows us the complexity of the choices to which ex-communist populations of orthodox faith are confronted in the wake of the Balkan wars. She explains their disorientation facing this Europe whose armoured arm and defence shield appears to be its United States ally. This became obvious during the Nato strikes which revealed its powerlessness and split Balkan societies in two. Since then, Bulgaria which aspires to join the EU in 2007, appears desirous of drawing away as far as possible from the Serbian model by rejecting orthodox worship and communism, their common heritage. Already worked up by its rejection of its Islamic heritage, seen as backward, legacy from the ottoman Empire Bulgaria reacted to September 11, defensively seeking to come closer to the American model. Yet, it found an alternative which did not lock it in such constraining choice of c...

Distinctions culturelles et lutte de soi contre soi : « détester la part populaire de soi »

Hermès, 2005

Engels écrivaient dans l'Idéologie allemande que «les pensées de la classe dominante sont aussi, à toutes les époques, les pensées dominantes» (Marx et Engels, 1982, p. 111-112). Appliquée à l'ordre culturel, cette formule sociologique un peu crue permet de prendre conscience du fait que ce que l'on appelle «la Culture», la «Grande culture» ou la «Haute culture» (en ses modalités les plus variées: académiques, scolaires, avant-gardistes ou mondaines), n'est autre que l'arbitraire culturel des classes dominantes (des différentes fractions de ces classes). Prenant acte des rapports de domination culturels qui caractérisent nos sociétés différenciées et hiérarchisées, la théorie de la légitimité culturelle a ainsi permis d'étudier la distribution socialement inégale des oeuvres, des compétences culturelles et des pratiques. D'une part, elle a mis en évidence l'existence d'une correspondance statistique entre la hiérarchie des arts (et des différents genres à l'intérieur de chaque art) et la hiérarchie sociale/scolaire des consommateurs ou des publics. D'autre part, elle a souligné les fonctions sociales de la culture légitime et, en tout premier lieu, celle de distinction culturelle. Il y a, en effet, un profit de distinction à se démarquer du «populaire» et du «vulgaire» (dans les deux sens du terme: le «commun» et le «grossier») (Bourdieu, 1979). Lorsque les institutions, oeuvres ou pratiques culturelles sont socialement hiérarchisées, alors s'associer au «grand», au «noble», au «haut» ou au «respectable» est une bonne manière de se grandir, de s'anoblir, de s'élever ou de se faire respecter. En revanche, en se tournant vers des activités ou des produits perçus comme «vulgaires», «petits», «bas» ou «communs», on «s'abaisse», on «régresse», on «déchoit» ou l'on «tombe bien bas». Tout n'est évidemment pas intentionnel dans ces opérations de légitimation. Et ce n'est pas parce que le sociologue met au jour les profits symboliques attachés à certains comportements culturels que l'on peut en déduire que les acteurs sont à chaque instant guidés

Quand la race croise le genre : le fondement des sociétés antillaises

2018

Je travaille sur les societes de la Guadeloupe et de la Martinique depuis une vingtaine d’annees. Mon cheminement scientifique s’est d’abord developpe a par­tir de mon experience personnelle, l’absence dans ma vie de mon pere guadelou­peen, qui m’a conduite a realiser une these d’anthropologie a l’EHESS intitulee Je suis la mere, je suis le pere : l’enigme matrifocale (Mulot, 2000). J’y interrogeais les liens familiaux et conjugaux aux Antilles, souvent centralises sur le personnage maternel, qui rendaient plus secondaires et subalternes les relations au pere. J’ai ainsi ete amenee a deconstruire la notion de matrifocalite si souvent utilisee pour decrire les familles antillaises et caribeennes et a analyser la construction sociale des identites sexuelles, des fonctions parentales et du genre aux Antilles. Com­ment devient-on et apprend-on a etre un homme, un pere, une femme, une mere, une fille, un fils, une sœur, un frere lorsque l’on grandit aux Antilles ? Pour com­prendre la fac...