L'Égypte de Moubarak à Sissi, Luttes de pouvoir et recompositions politiques (original) (raw)

Un régime sous tension : L'Égypte entre reformulations autoritaires et aspirations démocratiques

2014

Cet article vise à mettre en lumière les éléments de continuité et de rupture présents au sein du régime politique égyptien entre la chute du président Moubarak le 11 février 2011 et celle du président Morsi le 3 juillet 2013. Pour ce faire, nous examinons d'abord le rôle ambigu de plusieurs des acteurs majeurs du processus de transition avant de nous pencher sur les mutations institutionnelles elles-mêmes, qui se sont limitées pour l'essentiel à la seule ouverture du champ politique.

Un jour sans fin: Les processus électoraux égyptiens de Moubarak à Morsi

Michel Camau et Frédéric Vairel (dir.), Soulèvements et recompositions politiques dans le monde arabe, Montréal: Les Presses de l'Université de Montréal, 2014, p. 444-466., 2014

Révolution ou coup d'État ? Voilà une des principales interrogations qui s'est posée quand le président Hosni Moubarak a dû quitter le pouvoir le février après trente ans de règne. Les dix-huit journées de soulèvement, qui avaient commencé le janvier, ont révélé les frictions internes au régime et la faiblesse de l'appareil de sécurité. Cependant, la présence des forces armées sur la place Tahrir a donné un goût amer au succès du soulèvement populaire. L'armée serait-elle la puissance cachée derrière les événements qui ont ni par contraindre le président à abdiquer ? Les deux pans de la question demeurent les Charybde et Scylla de l'explication du processus de transformation égyptien.

L’après 2013 des confréries soufies égyptiennes : allégeance au pouvoir, dissensions internes et « renouveau du discours religieux »

Social Compass, 2019

Cet article aborde le rôle de certains ordres soufis et de quelques-uns de leurs cheikhs faisant partie du Conseil supérieur des confréries soufies égyptiennes, dans le projet de « renouvellement du discours religieux » (tajdīd khitab al-dīnī) lancé par le président al-Sissi en 2015. Il pose en particulier la question de savoir dans quelle mesure des oulémas soufis contemporains se réapproprient des concepts appartenant à la tradition mystique islamique, tel celui du tajdīd (renouvellement), pour l'adapter aux besoins de l'agenda politique du pays. Enfin, à partir du cas de la confrérie al-'Azamiya, cet article vise à questionner le rôle joué par l'identité soufie en tant que facteur de mobilisation politique. Abstract This article discusses the role of some Sufi orders and some of their sheikhs who are members of the Higher Council of Egyptian Sufi Brotherhoods in the project to Pour toute correspondance:

La place du Sinaï au sein des rivalités de pouvoir en Egypte (2011-2013)

La péninsule du Sinaï est généralement présentée comme une « zone de non droit » dans la plupart des médias locaux et internationaux. Alors que les causes de cette dégradation sécuritaire paraissent multiples, les acteurs politiques égyptiens semblent s’intéresser à cette région dans l’unique but de discréditer leurs adversaires. L’analyse des termes employés dans la presse, et dans les discours officiels des dirigeants du pays, met en lumière le rôle majeur joué par la violente insurrection dans la péninsule au sein des bouleversements à la tête du pays. Les affrontements pour le pouvoir au Caire ont en effet donné lieu à une véritable instrumentalisation de ces évènements, notamment au cours de l’année 2013. Dans un contexte d’internationalisation des luttes politiques entre les Frères musulmans et les autorités militaires égyptiennes, le Sinaï semble avoir focalisé une partie de l’attention des acteurs de la région sans que de réelles solutions adaptées aux causes locales de cet embrasement ne soient pour autant envisagées.

Égypte : Une révolution politique encore inachevée

Le Moyen-Orient en marche : Perspectives croisées, 2012

Partant de la distinction entre « révolution politique » et « révolution systémique » opérée par Zygmunt Bauman, cet article montre qu'un processus de révolution politique a bel et bien été enclenché par le départ de Hosni Moubarak le 11 février 2011. Les structures politiques de l'ancien régime ont en effet été mises à mal par l'action conjointe des organisations révolutionnaires, du pouvoir judiciaire et du processus électoral, isolant toujours davantage le pouvoir militaire qui en constituait le cœur.

Dispositifs autoritaires et changements politiques. Les cas de l'Égypte et du Maroc

Revue internationale de politique comparée, 2012

La légende dorée de la Révolution française nous a accoutumée à considérer que le Peuple renversait les régimes et que l'explication du changement se trouvait d'abord dans le mouvement social qui se formait. La lecture continuiste de Tocqueville n'a pas amené-du moins pas en dehors de certains cercles-une révision de cette représentation commune 1. Le renversement d'un régime ou d'un dirigeant autoritaire, à la suite d'une série de manifestations, est ainsi presque toujours considéré comme un renversement dont la cause est le mécontentement du Peuple. Le « Printemps arabe » n'a pas contribué à tempérer cette manière de voir, bien au contraire. Certes, les manifestations peuvent être décrites comme un déclencheur de « quelque chose », mais on ne peut comprendre ce déclencheur si l'on ne tient pas compte du contexte dans lequel il opère et de ce qui le déclenche lui-même. La flamme du briquet allume sans doute la mèche et provoque, en ce sens, l'explosion, mais on n'aura pas rendu compte de celle-ci, si l'on n'explique pas pourquoi il y a avait un baril de poudre, une mèche et un homme avec un briquet pour l'allumer. En rendre compte n'est pas aisé, surtout parce que l'on a tendance à prolonger l'explication en se focalisant sur les causes présumées du mouvement social, c'est-àdire les raisons affichées par les manifestants eux-mêmes. Il est possible que celles-ci rendent comptent (tout au moins partiellement) de leurs motivations. Ce n'est, toutefois, pas suffisant. Premièrement, parce que les causes profondes que l'on allègue-la misère, l'injustice ou l'amour de la liberté-eussent pu être pareillement évoquées un mois, une année, voire une décennie plus tôt ; deuxièmement, parce que cela ne nous dit toujours rien sur le succès final de l'opération : ces mêmes régimes avaient résisté à d'autres mouvements, parfois plus violents. La confrontation n'est donc pas, à elle seule, la cause de la victoire des protestataires. Du reste, les travaux de Michel Dobry nous ont montré que les crises politiques possédaient des logiques d'accomplissement et de déroulement complexes, de sorte qu'on ne pouvait pas sérieusement en parler comme d'une cavalcade 2. Ce n'est, toutefois, pas cet aspect des choses dont je vais traiter. Je vais m'attacher à montrer qu'en amont même des crises politiques, il y a eu un affaiblissement de l'autoritarisme lui-même et que c'est d'abord dans cet affaiblissement qu'il faut rechercher l'explication du « Printemps arabe ». Je décrirai cet affaiblissement comme un changement de paradigme, par analogie avec les changements décrits par Kuhn à propos des révolutions scientifiques 3. Il s'agit d'une analogie, parce que je ne chercherai pas à montrer terme à terme que le mécanisme décrit par Kuhn « s'applique » aux changements politiques dans les régimes autoritaires arabes (ou ailleurs). De plus, je prendrai les changements de paradigme dans la version « modeste » de la