Sans livres mais pas sans lettres : renouveler l’histoire des pratiques d’écriture des femmes (original) (raw)
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Écrire/Réécrire le/au féminin : notes sur une pratique
Études françaises, 2004
S’appuyant sur le fait que le phénomène de la réécriture est un effet de lecture lié à la reconnaissance du modèle d’une part et, d’autre part, à la complicité créée par la double conscience — celle de l’auteur et du lecteur — de son détournement, l’article propose quelques pistes en vue d’une configuration possible de la réécriture au féminin. Les figures du palimpseste ainsi examinées s’articulent autour de trois axes principaux : le contre-discours ou la contre-diction, la co-scénarisation ou l’adaptation, le déplacement ou la reprise. Des exemples tirés des oeuvres de diverses écrivaines, de Louky Bersianik à Nicole Brossard, de Pierrette Fleutiaux à Maryse Condé, Muriel Spark et Assia Djebar, sont convoqués pour illustrer les modalités de ces fictions « au second degré ». Ainsi envisagée sous l’angle de sa fonctionnalité et de sa visée pragmatique, la réécriture permet de déployer autrement la cartographie de l’écriture au féminin et d’en explorer les enjeux.
Perspectives croisées sur l’écriture francophone au féminin
2020
Les signataires faisaient partie du même cours et dans l’esprit de la dynamique relationnelle qui animait ce cours, elles ont accepté que des portions de leurs réflexions sur Naomi Fontaine, Amélie Nothomb, Anne Hébert, Maryse Condé, Assia Djebar apparaissent ici conjuguées. Elles ont discuté La Belle Créole, Ombre sultane, Kuessipan, Les Fous de Bassan, Ni d’Eve, ni d’Adam, parfois avec l’aide de ce que nous avions lu de Beauvoir, Cixous, Irigaray. Elles analysent comment les personnages agissent et communiquent sous contrainte, dans l’isolement, sous l’effet d’élans brouillés, abîmés, « balançoire », nous laissant sur une impression de solitude embrassée par les routes, le paysage, le soleil, les « pierres d’eau ».
Faire la différence : écritures littéraires des femmes au Cap-Vert
Études littéraires africaines, 2014
Tous droits réservés © Association pour l'Étude des Littératures africaines (APELA), 2014 Ce document est protégé par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des services d'Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d'utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l'
« Vider le sac des dames » : une ethnographie des écrits disqualifiés
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2012
Certaines migrantes, catégorisées comme analphabètes ou peu alphabétisées, disent ne pas avoir d'usages de l'écrit ou, en tous cas, fort peu et pas de leur propre production. Dans le cadre d'une recherche en cours, par des histoires de vie de femmes migrantes, des personnes ont accepté de vider leur sac à main afin de montrer et de s'apercevoir de quels écrits elles disposaient quotidiennement dans leur environnement familier. Ainsi une quantité importante de documents a été dévoilée : papiers d'identité, documents divers permettant l'accès aux services de soins, documents de transport, courriers administratifs et médicaux, agenda, guide de langue française, revue... Cette contribution se focalisera essentiellement sur deux types d'écrits rencontrés : le guide de conversation en langue française détenu par une migrante bolivienne de langue maternelle quechua et n'ayant que très peu été alphabétisée en espagnol-rebaptisée Mari-Sol-et l'agenda d'une Colombienne, Anna, peu scolarisée dans son pays d'origine mais inscrite à des cours de langue en France depuis plusieurs années. La fouille : une effraction dans le récit Il est intéressant de noter que c'est en voulant rompre le discours attendu ou préparé des deux interlocutrices que ces supports sont apparus. D'elles-mêmes aucune n'a souhaité exposer ces écrits : ils ne correspondaient certainement pas à l'image qu'elles projetaient des attentes d'une chercheuse. Anna par exemple passera un temps infini à montrer ses cahiers, ses livres des différents cours qu'elle a suivis. La demande d'observation de ces écrits, presque cachés au fond de leurs sacs vient déjouer leurs attentes, comme une effraction dans l'histoire racontée. Ces écrits sont alors dévoilés sans aucune préparation préalable et donc sans discours institué à leur égard. Ils jouent le rôle de déclencheur d'un récit-non comme chez Gonzalez-Monteagudo (2011) qui les demande au préalable pour élaborer le discours narratif de la personne-mais comme objet surprise et surpris dans le vif, dans l'instantané. Il annihile par son immédiateté toute pré-construction à son sujet. Il paraît ainsi tout aussi inédit pour sa propriétaire, contrainte de recomposer ou ré-agencer le récit en cours, que pour la personne l'observant pour la première fois. Le lieu de « fouille » ou de découverte est crucial. Il ne s'agit pas d'un lieu exposé, ouvert, à la vue des autres, même des familiers. C'est un lieu clos, caché, enfermé, parfois secret même pour les proches. L'espace d'un interdit : « on ne fouille pas dans le sac des dames ». C'est le lieu d'une intimité transportée quotidiennement. Un accompagnement de soi, un réconfort. Pour les femmes ayant l'habitude de transporter un sac à main, ne pas l'avoir peut conférer au sentiment de nudité. Qu'est-ce donc qui au fond du sac, habille les dames ? Dans ces deux sacs il n'y avait pas de vêtements textiles diraient les nudistes, mais quelque chose de plus intime, des projections de soi inavouables, des trésors en écriture. Demander aux personnes l'autorisation d'observer le contenu de leur sac à main revient d'une certaine manière à franchir une barrière sociale, un empêchement « moral ». Cette tension assumée n'enlève pourtant rien à la quête éthique dans la pratique de la recherche, du respect 525/681