"De la justesse à la justice". Séminaire inter-laboratoires du département d'anthropologie d'Aix-Marseille Université (original) (raw)
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Cette communication vise à présenter un projet de recherches en cours, relatif à l’histoire des relations entre droit et anthropologie. À la suite des travaux pionniers d’Alain Supiot et de Pierre Legendre, Louis Assier-Andrieu et François Ost rappelaient, très récemment, la nécessité d’un détour anthropologique pour penser le droit et ses finalités. « Quel homme pour quel droit ? », s’interrogeait ce dernier de manière incisive. Cette attention renouvelée à l’anthropologie n’est, nous semble-t-il, nullement inactuelle. À l’heure des modifications profondes affectant la famille et les personnes (mariage pour tous ; procréation médicalement assistée ; transhumanisme, gender studies, statut de l’embryon, etc.), mais également de la gouvernance de plus en plus manifeste par les chiffres, de la justice algorithmique ou encore des transformations du droit pénal et du droit social, les juristes ne sauraient faire l’économie d’une interrogation sur l’Homme qui se cache derrière le droit et ses montages. Pas d’ordre ni de construction juridiques sans une certaine conception plus ou moins implicite de l’Homme, de l’humain. Sans aucun doute, nous pourrions multiplier les exemples démontrant combien l’histoire du droit se caractérise par la succession de façons de voir, d’appréhender et de comprendre l’humanité qui trouvent leur traduction dans l’univers normatif. Chaque période historique déploie un horizon anthropologique particulier qui structure et oriente le droit ; droit et anthropologie apparaissent comme deux savoirs consubstantiels, même si ce lien intime est souvent maquillé sous les apparences d’une naturalité du droit, ou, à l’inverse, d’une neutralité axiologique un peu vite affirmée. Notre hypothèse de travail consiste à la fois soutenir cette consubstantialité de l’anthropologie au droit mais également relever combien une grande partie des juristes travaille à dissimuler ce lien et à rejeter l’anthropologie hors de ses discours ou de ses institutions. Dans ce but, notre projet de recherches consiste à opérer un retour réflexif sur l’histoire de l’anthropologie du droit, du XIXe au XXIe siècles, principalement en France, qui permettra de mettre en lumière des rapports longs et plus denses qu’on ne le pense ordinairement entre droit et anthropologie. Cette communication présentera, de manière synthétique, les enjeux et la méthode d’une telle histoire.
Anthropen, 2022
Dans les travaux d’anthropologie portant sur la justice, les questions de la domination, des inégalités et des discriminations de genre ont focalisé l’attention. Privilégiant une approche critique plutôt que descriptive, cette focalisation a entraîné la marginalisation de l’étude du fonctionnement ordinaire et concret de la justice. L’engouement pour la méthode ethnographique, voire praxéologique, permet d'entrevoir une inflexion de cette tendance.
Injustices épistémiques - Programme colloque de Namur_7&8 février 2019
2019
Programme du colloque international francophone sur les Injustices épistémiques, organisé par le GT21 Diversité des savoirs de l'Association internationale des sociologues de langue française (AISLF) en partenariat avec l'Institut TRANSITIONS de l'Université de Namur les 7 et 8 février 2019.
Gateways: International Journal of Community Research and Engagement, 2020
Cet article présente un cadre d’analyse innovant ancré dans le concept d’injustices épistémiques pour évaluer les recherches participatives. Composé d’une méthodologie de travail et d’un outil d’autoévaluation, ce cadre d’analyse a été développé au fil d’un processus participatif de production et de mobilisation des savoirs qui a pris place au cours des deux dernières années. L’équipe multidisciplinaire ayant entrepris ce processus est composée des chercheur-es et des représentant-es du Groupe de recherche et de formation sur la pauvreté au Québec travaillant à l’élaboration d’un programme scientifique de recherche sur les injustices épistémiques et les recherches participatives. Nous défendons que les recherches participatives peuvent contribuer à apporter des réponses coconstruites entre les milieux universitaires et communautaires à certaines injustices sociales – dans le cas présent, les injustices épistémiques – qui sont enchâssées dans les processus de production des connaissances. De notre point de vue, les recherches participatives constituent des laboratoires permettant d’observer et de comprendre la production des injustices épistémiques et, le cas échéant, d’offrir des leviers pour les réduire grâce à la construction de ponts entre les différentes personnes et les savoirs qu’elles détiennent. L’article est centré sur la présentation de deux dimensions de notre travail: (1) La méthodologie que nous avons mise sur pied pour bâtir des espaces de coapprentissage à la croisée de l’université et des organismes communautaires et (2) Un guide d’autoévaluation disponible en accès libre que nous avons bâti durant notre démarche afin d’aider les universitaires et leurs partenaires à s’engager dans une évaluation réflexive des processus participatifs de recherche du point de vue des injustices épistémiques. L’article met également de l’avant des défis inhérents à l’élaboration de ce programme de recherche ainsi que des réponses que nous avons pu leur apporter, et se termine par des réflexions sur les enjeux clés ayant émergé en cours de route.
Séminaire de recherche "Ethique-de-la-terre"
Le séminaire fédère les enseignants-chercheurs de l'équipe LLACS et d'autres universités associées autour d'un projet de recherche commun centré sur l'éthique de la terre. La réflexion commune a comme objectif le développement d'une pensée critique à partir d'une remise en question du système de valeurs qui a conduit à l'actuel désastre écologique. Refonder l'humain dans ses relations avec le non-humain Nous vivons dans des mondes de plus en plus dominés par l'artifice, qui nous éloignent du milieu naturel : la pensée philosophique est amenée à reconstruire cette relation humain-nature, humain-non humain, en fondant une conception post-humaniste du monde. L'anthropocentrisme et l'esprit de « conquête » de la nature sont à l'origine d'une pensée dominante qui a conduit à la destruction de notre environnement naturel et culturel. L'écoféminisme met l'accent aujourd'hui sur le rôle de la femme dans les luttes pour la sauvegarde de l'environnement et sur sa fonction essentielle au sein du tissu social (voir les écrits de Vandana Shiva). La défense de la diversité biologique et culturelle A partir d'une conception holiste, nous pouvons bâtir une éthique de la terre, dans le respect des autres espèces naturelles et de la diversité culturelle. Le concept de « communauté biotique » est central pour la compréhension d'une vision autre de la nature lui reconnaissant une valeur intrinsèque et pas simplement une valeur d'usage : ce qui est bon pour l'humain n'est pas forcément avantageux pour les autres espèces, la destruction accomplie par l'être humain aura forcément un impact négatif sur la « communauté biotique » dans laquelle il vit. Il est indispensable et urgent aujourd'hui de forger un nouveau regard sur le monde, car, en réalité, tout ce que nous observons nous regarde. Par ailleurs, la dimension interculturelle s'impose aujourd'hui comme dialogue entre différentes cultures avec une attention particulière aux minorités linguistiques et culturelles.
Les juristes humanistes de la Renaissance, des anthropologues en puissance ? Réflexions autour de quelques études (principalement françaises) de cas Résumé : Interrogeant le rôle joué par les juristes -principalement français -dans l'histoire de l'anthropologie à la Renaissance, cet article met en avant la manière dont les juristes humanistes se sont trouvés, par leur travail philologique et historique, au coeur d'une immense oeuvre de collecte de savoirs, et à quel point les progrès de la cosmographie et du comparatisme juridique ont permis chez eux le développement de réflexions essentielles au plan anthropologique. Ce faisant, il s'agit de mettre en lumière non seulement l'apport particulier qui est le leur en matière anthropologique, mais aussi de questionner l'inscription du développement de l'anthropologie à la Renaissance dans une épistémè relevant du champ juridique.
De l'adroite participation à la participation "droite" - Mémoire de Master en Anthropologie
Université Libre de Bruxelles, 2014
La troisième partie de ce mémoire se penchera, sous un angle critique, sur les aspects juridiques du processus décisionnel et de l'urbanisme en général. Nous développerons d'abord le contexte pertinent en se focalisant sur le droit de l'urbanisme (8.1), pour ensuite s'intéresser au droit dans sa dimension ambivalente (9). Nous l'aborderons d'abord comme structure sociale, contraignant et orientant les pratiques des individus (9.1), et ensuite en tant qu'idéologie, soulignant la capacité de résistances des acteurs (9.2). Enfin, nous déploierons ces deux dimensions de façon simultanées en analysant les usages sociaux stratégiques du droit par l'association militante et les élus (9.3).