Engagement littéraire et responsabilité de la forme : L'ironie dans Pot-Bouille de Zola (original) (raw)

Aspects de l'ironie dans la litterature romanesque

Etudes De Langue Et Litterature Francaises, 1995

Aspects de 1'ironie dans la litterature romanesque Le mot <(ironie)> est couramment employe au sens de " moquerie mechante >>. Ce jugement moral provient sans doute de 1'exceptionnelle force d'attaque de cette figure : il est diflicile de repliquer h l'ironie qui est, par lti, souvent employee dans les discours offensifs. Mais c'est restreindre le procede b un seul de ses aspects. Aussi utiliserons-nous, au cours de notre etude, une definition a la fois plus technique et moins restrictive, 6tablie par le rh6toricien Pierre Fontanier en 1830 : a L{Ironie consiste d direpar une raillerie, ouplaisante, ou stirieuse, le contraire de ce qu'on pense, ou de ce qu'on veutfaire penser. "i) La distinction entre raillerie G plaisante D et <(serieuse }> recouvre une difference de genre de discours, de situation de parole et d'intention. << S6rieuse)>, 1'ironie rev61e un defaut, est utilisee dans une strat6gie d'attaque. e Plaisante ", elle sert surtout 5 faire de 1'esprit, h 6tablir une complicite

Compassion et reflexivite : les enjeux éthiques de l’ironie romanesque contemporaine

« Compassion et réflexivité : les enjeux éthiques de l’ironie romanesque contemporaine », in Hégémonie de l’ironie ? (1980-2007), actes du colloque d’Aix en Provence (8-9 novembre 2007), publié en ligne : http://www.fabula.org/colloques/sommaire978.php. Compassion et réflexivité : les enjeux éthiques de l'ironie romanesque contemporaine L'ironie est une figure tentante pour définir et organiser un champ littéraire contemporain où se superposent des oeuvres issues de poétiques hétérogènes et porteuses de théories de la littérature souvent incompossibles : de l'ironie funèbre et métaphysique d'un Pascal Quignard, qui trouve ses sources dans l'âge classique à l'ironie réaliste des tableaux sociaux de Michel Houellebecq, des ambivalences aigres de R. Camus à l'ironie postmoderne des possibles de Régis Jauffret, des chroniques désabusées de Philippe Murray, Édouard Levé, Frédéric Beigbeder, Olivier Cadiot ou Benoît Duteurtre à l'autodérision inquiète d'un Pierre Michon. À l'héritage d'une école littéraire polémique ou satirique typiquement française se mêle assurément une ironie plus diffuse et propre à la modernité en tant qu'elle peut se définir comme autoréflexivité, un régime qui se manifesterait non comme la présence d'un discours second implicite, mais comme l'ouverture d'une option herméneutique de réserve, d'une possibilité de distanciation : une ironie qui serait un malaise, une fracture interne et nécessaire de la voix auctoriale-comme de toute instance narrative-et de la littérarité même. On sait avec les travaux de Ernst Behler la genèse de telles formes modernes d'ironie, lorsque celle-ci « quitte ses formes forgées par la philosophie transcendantale (Schlegel, Hegel) et par une analyse de l'existence (Kierkegaard, Nietzsche) pour aller vers une conception structuraliste ou déconstrutrice » 1. Pensée par le new criticism comme un refus de l'intentionnalité de l'auteur puis, avec Paul De Man, comme la perte de contrôle du langage dans le langage qui se dévoile comme « insuffisance », l'ironie est « simulacre » chez Barthes ou marque de la « différance » chez Derrida — toutes analyses qui ont pour point commun de brouiller la différence entre ce que Wayne Booth nommait « ironie stable » 2 autrement dit intentionnelle, maîtrisable par son auteur et décodable par une communauté, et l'ironie involontaire, incoercible en tant qu'elle manifeste le « je » au sens mécanique comme psychologique du langage, ou, pour Lacan, du subconscient. Ce que je voudrais ici suggérer, c'est que la littérature des années quatre-vingt a non seulement accepté ce brouillage et cette perte de contrôle auctorial mais en a fait une véritable éthique de cette délégation d'autorité : en offrant la maîtrise de l'arme ironique au lecteur, la littérature contemporaine de l'oeuvre ouverte fait explicitement partager la responsabilité propre à la construction textuelle de sens et de valeurs. D'un outil d'exclusion, l'ironie devient un pacte : elle réunit autant qu'elle exclue, elle peuple autant qu'elle dépeuple, elle propose du pathos autant que de la jubilation, elle console autant qu'elle stigmatise. Cette défense de l'ironie comme forme de communication oblique, dont je trouverai une philosophie chez Richard Rorty, s'accompagne d'un déplacement des objets dont s'empare l'ironie – ce sera ma deuxième hypothèse : à l'heure des démocraties désidéologisées, la compassion textuelle, l'humanisme posthumain et l'utopie communautariste deviennent les cibles de l'action ironique.

Responsabilites de la forme : voies et detours de l'engagement litteraire contemporaine

« Responsabilités de la forme. Voies et détours de l’engagement littéraire contemporain », in Emmanuel Bouju (éd.), L’engagement littéraire, Presses Universitaires de Rennes, « Interférences », 2005, p. 75-84. « La Forme est la première et la dernière instance de la responsabilité littéraire », R. Barthes, Le Degré zéro de l'écriture. Avec son autonomie, la représentation littéraire a acquis au cours du XIX e siècle les pouvoirs éthiques autrefois confiés à la rhétorique. Désormais pensées en terme de vérité référentielle, narration et description se voient investies de fonctions appartenant traditionnellement au discours : désigner, dénoncer, décrire, sont des actes d'engagement d'un nouveau venu : l'écrivain. Si l'histoire et la politique n'appartiennent plus à l'ordre du littéraire, toute représentation du réel, voile ou déchirure du voile, devient à cet égard possiblement engagée. Mais le discours du roman est un discours plus complexe que les narrations exemplaires que l'ancienne rhétorique avait pour habitude de produire ou que ce que le réalisme et son rêve d'universel reportage voudrait affirmer : la difficulté à maîtrise le sens des représentations s'ajoute à la complexité et à la fragilité épistémologique des savoirs produits par la fiction et à la tension entre la nécessité de produire des croyances et la suspension de l'incrédulité inévitable dans notre lecture moderne de la fiction. La mimèsis, si elle doit être une éthique interne à la littérature et proposer non un discours gnomique ou polémique, mais plutôt une morale du récit, est de fait bien autre chose qu'une fluide et transparente mise à jour : empoignade ou jeu avec le lecteur sur le terrain du réel, elle ne se résout que rarement à cet immédiat « mode d'action par dévoilement » où « la parole est action » 1 réclamé par Sartre. C'est cette complexité des stratégies modernes d'engagement de l'écriture dans le récit contemporain, que je voudrais pointer. Engagement et esthétique La description en des termes communicationnels simples de l'engagement littéraire – comme la recherche d'un effet politique (au sens le plus large) sur le lecteur, performation textuelle enclenchée et garantie par l'implication idéologique, plus ou moins contractualisée, de l'auteur – ne permet en effet en rien de présumer des stratégies esthétiques nécessaires à la mise en place et à l'efficacité de la relation pragmatique engagée par la littérature. Autrement dit : l'engagement littéraire recouvre à la fois des extensions fort dissemblables de l'espace du politique et du degré d'implication nécessaire de l'écrivain (est-il vraiment similaire « [de] sortir sur la place, [de] prendre ouvertement parti, [de] tenter de peser sur l'événement », selon une tripartition proposée par M. Winock ? et dans quel mesure les contextes historiques ne conditionnent-ils pas a posteriori l'évaluation de l'engagement de l'écrivain ? 2) comme des possibles esthétiques innombrables et parfois contradictoires. Si les immenses variations des rapports entre littérature et politique ont fait l'objet de maints travaux, c'est sur la seconde hétérogénéité, celle des moyens stylistiques et génériques, que j'insisterai tout d'abord. Une fois posée la distinction énonciative fondamentale opposant l'option discursive (pamphlet, 1 J.-P. Sartre, Situations II. Qu'est-ce que la littérature, Paris, Gallimard, 1975, p 73. 2 M. Winock, Les Voies de la liberté. Les écrivains engagés au XIX e siècle, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points-Essais », 2001, p 14.

Présentation : L’ironie dans les productions (para)littéraires en langue française au XXe siècle

Cuadernos de Filología Francesa, Universidad de Extremadura (Spain), 21, 2010, pp. 9-13.

En esta introducción, como editora de la parte monográfica del nº 21 de la revista "Cuadernos de Filología Francesa", presento los objetivos de este conjunto de estudios dedicados a la ironía en las producciones (para)literarias en lengua francesa en el siglo XX. Después de contextualizar diacrónicamente el tema genérico gracias a fuentes teóricas, describo y relaciono brevemente las aportaciones de los nueve investigadores a quienes he invitado, profesores y catedráticos de valor reconocido de universidades de seis países diferentes (de los continentes europeo, americano y africano). Los análisis reunidos relativos al ámbito francófono (que no solo incluye Francia) representan un amplio abanico, tanto por su extensión genérica -ya que se contemplan desde novelas y aforismos hasta cómics y textos de humoristas-, como por la diversidad de los enfoques metodológicos propuestos.

La cruauté du geste dans L’Assommoir de Zola

Çédille, 2020

Una parte esencial de la no verbalidad es la kinésica que abarca movimientos del cuerpo humano y la gestualidad articulada en el rostro. En un acto comunicativo, los gestos adquieren una importancia clave en la interpretación de mensajes emitidos, pudiendo llegar, incluso, a contradecir lo dicho. En un texto literario, especialmente de índole realista, estos gestos se corresponden con las actitudes de los personajes y aportan una imagen fidedigna de su comportamiento y personalidad. La elección del aparato kinésico en una obra concreta genera en el lector unas determinadas simulaciones perceptivas que, además, completan la interpretación literaria cognitivamente. El presente artículo se dispone a examinar las manifestaciones kinésicas en la novela L'Assommoir de Émile Zola y a relacionar sus características con la estética naturalista. Palabras clave: Naturalismo. Kinésica. Bestia humana. Clase obrera. Résumé Une partie essentielle de la non-verbalité est la kinésie qui englobe les mouvements du corps humain ainsi que les gestes articulés sur le visage. Dans un acte de communication, les gestes acquièrent une importance capitale dans l'interprétation des messages émis, pouvant même aller à l'encontre de ce qui a été dit. Dans un texte littéraire, surtout de nature réaliste, ces gestes correspondent aux attitudes des personnages et fournissent une image fiable de leur comportement et de leur personnalité. Le choix de l'appareil kinésique dans un travail spécifique génère chez le lecteur certaines simulations perceptuelles qui, en outre, complètent l'interprétation littéraire cognitivement. Cet article est sur le point d'examiner les manifestations kinésiques du roman L'Assommoir d'Émile Zola et de relier ses caractéristiques à l'esthétique naturaliste. Mots clé : Naturalisme. Kinésie. Bête humaine. Classe ouvrière.

Paroles torturées : l'aveu malgré soi dans l'oeuvre d'Émile Zola

Dans La Bête humaine, Émile Zola évoque le clivage du psychisme et le dédoublement de la personnalité de Jacques Lantier par la sensation d'un autre en soi qui le dépossède de son vouloir et de sa raison. La formule est connue, voire célèbre : 2 Théodule Ribot, Les Maladies de la personnalité [1884]

Les enjeux éthiques de l’ironie romanesque contemporaine

La littérature contre elle-même : enjeux éthiques de l’ironie romanesque contemporaine », in Hégémonie de l’ironie ? (1980-2007), actes du colloque d’Aix en Provence (8-9 novembre 2007), publié en ligne : http://www.fabula.org/colloques/sommaire978.php., 2007

Pour Mathilde, sans ironie.

La Rencontre D'Emile Zola et de Joseph Zobel: Un Parallélisme Thématique Entre L'Assommoir et La Rue Cases-Nègres

Neohelicon, 2000

En dépit des efforts pour se forger une identité originelle et distinctive et pour adopter des styles ayant une saveur toute particulière, l'art romanesque aux Antilles françaises continue de se nourrir des courants et des styles empruntés aux modèles métropolitains. Tout bien considéré, la littérature française métropolitaine apparaît comme l'humus qui féconde l'écriture romanesque aux Antilles françaises, malgré la persistance à nier l'évidence d'imitation. Ainsi, bon nombre d'oeuvres antillaises sont le réseau de plusieurs courants littéraires français comme le romanticisme, le symbolisme, le réalisme, le naturalisme et le surréalisme. Voilà ce qui ressort d'une connaissance d'Emile Zola et de Joseph Zobel. Prenons à titre d'illustration leurs deux romans: L'Assommoir et La Rue Cases-Nègres. Dans son oeuvre, Joseph Zobel s'efforce de se montrer différent par l'adoption d'un style d'écriture qui rend compte de son particularisme antillais. Néanmoins, cette oeuvre doit, par endroits son style et ses thèmes à L'Assommoir. Le disciple, ainsi que son modèle, épris du monde ouvrièr, font des tableaux naturalistes de la condition ouvrière. A l'instar de son parangon, Zobel est habile à happer la vie des ouvriers dans son quotidien et dans sa diversité, avec un style impressionniste et cinématographique. Notre propos dans cette communication c'est de comparer et d'analyser ce parallélisme thématique et stylistique qui relie et rend semblable La Rue Cases-Nègres à L'Assommoir.