Traducteurs et écrivains : essai de typologie (original) (raw)

L'écrivain-traducteur. Ethos et style d'un co-auteur

Les théories de la traduction, depuis les années 1980, donnent au traducteur un véritable rôle de créateur. « Traduire n'est traduire que quand traduire est un laboratoire d'écritures 1 », écrivait H. Meschonnic, s'accordant sur ce point à la théorie interprétative, à laquelle par ailleurs il s'en prenait avec virulence. Celleci, fondée sur le principe de la déverbalisation 2 , place au centre de l'acte traductif la créativité du traducteur, qui « ne se pos[e] plus le problème de l'intraduisibilité de tel ou tel poème, mais seulement celle de savoir si sa propre créativité langagière est suffisante pour lui permettre de produire un texte qui sera équivalent à l'original dans toutes ses fonctions de désignation et d'évocation 3 ». Dans la pensée traductologique moderne, le texte traduit doit avoir la même valeur littéraire que le texte source, être autonome dans la langue d'arrivée et viser une équivalence d'effet.

Le traducteur face à l’hybridité

La traduction de toute oeuvre littéraire est une activité laborieuse de ré-écriture et de re-création d'un univers fictionnel qui doit correspondre aux goûts et aux attentes des lecteurs de la languecible, pour permettre la diffusion de l'oeuvre. Elle suppose donc un travail «à quatre mains», pareil à une symphonie jouée simultanément par deux musiciens, qui doivent suivre la même partition, mais dont un seulement est le compositeur. Cette activité double implique l'existence d'un pacte de lecture établi entre l'écrivain et son traducteur d'un côté, et entre le traducteur et les lecteurs étrangers de l'autre.

Le traducteur en tant que créateur de neologie

Debate Terminológico, 2012

With the notion of translation competence as its starting point, this work correlates neological creation and translationactivity, advocating the need for more implication in producing secondary neologisms. It does so by presenting a sample ofLacanian neology, which is analyzed and classified from its formal and functional aspects. After that initial classification,translations of neologisms in Seminars published in Brazil were analyzed as well, in search of a pattern of translation criteria.Association of both analyses led to the proposal of a set of equivalence criteria for Lacanian neologisms in Portuguese. Therefore,the aim of this article is to describe and comment on the formal and functional classifications, and present the proposal fortranslation equivalence in Portuguese, with examples, and correlate it to translation competence. The research takes as its theoreticalframework studies on neology, Lacanian psychoanalysis, corpus linguistics, and translation. Results obtained ...

Introduction : le traducteur et ses lecteurs

Mémoires du livre / Studies in Book Culture, 2017

Tous droits réservés © Groupe de recherches et d'études sur le livre au Québec, 2017 Ce document est protégé par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des services d'Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d'utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l'

La Fabrique des traducteurs

Traduire, 2019

Au printemps 2019, j'ai eu le plaisir de participer à l'atelier franco-japonais de la Fabrique des traducteurs, au Collège international des traducteurs littéraires, à Arles. Deux mois de réflexion intense en compagnie des cinq autres lauréats sous la houlette de merveilleux tuteurs, mais aussi deux mois de partage avec tout ce petit monde et celui, plus étendu, des nombreux résidents du CITL, venus des quatre coins du globe et travaillant, dans ce cocon privilégié au coeur de la vieille ville, sur des auteurs et des types de textes très variés, non sans s'autoriser quelques escapades (culturelles, bien entendu !). Sur ce microcosme veille une équipe de choc pilotée par son directeur, Jörn Cambreleng. Jörn, pourrais-tu revenir sur l'histoire de la Fabrique des traducteurs ? Jörn : Volontiers. Ce programme a été lancé en 2010. Il fêtera donc l'an prochain ses dix ans. L'idée initiale était de pallier le manque de renouvellement des traducteurs littéraires et d'édition du français dans le monde. En arrivant à la direction d'ATLAS en 2009 (ATLAS est l'association qui Entretien avec Jörn Cambreleng.

Le traducteur, poète en abyme

« Traduire en poète », éd. Geneviève Henrot et Simona Pollicino, Artois PU, 2017

Faut-il vraiment, pour traduire la poésie, être soi-même poète ? Cette injonction étant aussi ancienne que rarement argumentée, on cherchera ici à la resituer dans son contexte critique et historique. Compilant les positions de divers poètes et traducteurs, je montrerai d’abord que cette fausse évidence s’est imposée de l’Antiquité à nos jours. J’examinerai ensuite l’une de mes propres traductions (de Seamus Heaney) pour comprendre ce qui est censé distinguer un traducteur poète d’un non-poète. À la lumière d’un second ensemble de citations, je renverserai enfin l’argument : travaillant sur l’œuvre d’un autre, le poète traducteur ne risque-t-il pas de lui imposer sa propre poétique ?

Rêverie d’un traducteur

Biens Symboliques / Symbolic Goods, 2018

La reverie serait-elle un bon instrument pour la connaissance de la traduction ? Une reflexion sur le travail de la traduction implique qu’on interrompe le travail pour observer ce que l’on fait en le faisant. Ainsi, puisant dans son experience de traducteur de la correspondance de Walter Benjamin, l’auteur montre comment une part de reverie – associations spontanees de l’inconscient, faculte de constituer un monde separe de la realite selon Freud – entre dans les operations concretes de la traduction. Il propose ainsi de reformuler l’adage « traduire, c’est trahir » : traduire, c’est faire entendre une chose dans une langue, c’est-a-dire la faire reconnaitre dans cette langue aux personnes qui la parlent, tout en trahissant la maniere dont l’autre langue la fait reconnaitre. La reverie serait alors le mode de perception de cette difference, dont la restitution concrete est, de fait, impossible.

Du passeur à l’agent de métamorphose : étude exploratoire de quelques représentations du traducteur littéraire

TTR: Traduction, terminologie, rédaction, 2007

Résumé Cet article se propose d’explorer quelques figures parmi les plus répandues du traducteur littéraire qui, davantage que le traducteur de textes pragmatiques, est appelé à composer avec les faits de culture, voire avec l’altérité. L’objet de cet article est l’étude de « comment » le traducteur ou la traductrice réagit envers la différence culturelle ou encore interagit avec elle, et l’effet de son rapport avec l’altérité sur le produit traductif. À un pôle nous retrouvons la figure du traducteur passeur de textes morts d’Henri Meschonnic, et à l’autre, la figure du traducteur comme agent de métamorphose culturelle de Michael Cronin. Les traducteurs qui se retrouvent entre ces deux pôles, dans l’« entre-deux » ou « dans le troisième espace », vivent dans une zone où deux ou plusieurs cultures se recoupent; ils sont sensibles à la temporalité et sont ainsi amenés à reconnaître le caractère illusoire, fantasmatique, des cultures nationales. Par conséquent, ils ne peuvent manquer ...