Octobre 1917, le Thermidor de la Révolution russe (original) (raw)
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Article Daumier avant 1917 en Russie 11 12
La réception de Daumier en Russie. 1830-1917. « Montrez à un Français la caricature la plus drôle de lui-même et il sera le premier à en rire de bon coeur. Plus que tout au monde, le Français aime la vie sociale et publique, et plus que tout au monde, il s'en divertit. Il sait qu'il y a matière à rire dans tout et que l'on peut se gausser de tout. C'est pourquoi la France, où paraissent tant d'oeuvres sérieuses et importantes, fournit en même temps à toute l'Europe et au monde civilisé des lectures légères ; c'est pour cela que nous autres, Russes, nous ne sommes pas les seuls à suivre les remous de la vie française et à les connaître mieux que les particularités mêmes de notre propre existence. » Vissarion Biélinski 1
1917. La Russie et les Russes en révolutions
L'histoire en général, et celle des révolutions en particulier, s'incarne paradoxalement dans des figures de proue. Les deux Révolutions russes, de février puis d'octobre 1917, sont ainsi happées par le rôle et les personnalités de Nicolas II, Lénine, Staline, Trotski, ou encore Kerenski. Pourtant, le grand absent du tableau en est l'acteur principal : le peuple. C'est à sa rencontre que part cette synthèse écrite à partir d'archives, notamment cinématographiques, totalement inédites. Citadins, paysans, ouvriers, monarchistes, socialistes-révolutionnaires, mencheviks ou bolcheviks, tous vivent une année sans pareille, où le chaos permanent le dispute aux difficultés du quotidien ; la propagande et les manifestations de masse aux manœuvres d'appareils conduites par une poignée de militants expérimentés. De Petrograd à Moscou, en passant par les régions éloignées, l'auteur analyse, raconte et explique un Empire en décomposition et une société confrontée à la plus grande crise de son histoire.
Albert Thomas, un ministre socialiste dans la Russie entre deux révolutions (avril-juin 1917)
Lorsqu'éclate la Révolution russe de février 1917, c'est en fonction des préoccupations relatives à la guerre que l'événement est perçu en France. Le gouvernement français décide d'envoyer un ministre socialiste, Albert Thomas, comme « ambassadeur extraordinaire », chargé de négocier directement avec les socialistes russes du nouveau gouvernement provisoire. Sa mission : les convaincre de la nécessité de poursuivre la guerre.
Le mythe sanglant de la Révolution d'octobre 1917
I Les aficionados de Lénine et du socialisme réel, et il en est encore beaucoup trop sous le Soleil de Satan, ne seront pas déçus. Désormais il faut être brutal. Au XXIe siècle nous n'avons plus de temps à perdre si nous voulons en finir avec les mensonges meurtriers du siècle précédent. Car avec l'avènement des grands médias de masse, la radio, le cinéma, la télévision et maintenant la Toile et les réseaux, l'histoire a été inlassablement réécrite au cours des cent dernières années passées, afin d'incruster dans les esprits une infernale mythologie au service d'idéologies dominantes et en apparence seulement, concurrentes : le communisme et le libéralisme ultra. L'on peut ainsi affirmer « qu'au sein de la Matrice, nous baignons dans le liquide amniotique du mensonge »… « Ces mensonges qui nous ont fait tant de mal » avait dit lucidement le vainqueur de Verdun lorsque s'était ouvert le grand bal du diable que fut la Seconde guerre mondiale. Commençons, afin de déblayer le terrain en déboulonnant quelques idées reçues à la peau dure. Observons, comme le dit si bien l'historien du communisme Michel Heller (né selon Wikipedia en 1922 dans une famille juive ouvrière de Moscou) en ouverture de son livre « 70 ans qui ébranlèrent le monde » (1987), que le mensonge extensif aura été la principale méthode de travail des historiens soviétiques (mais pas seulement), aussi est-il recommandé de prendre son souffle pour qui veut remonter le Niagara de la désinformation… Quant au mensonge par omission ou complaisance coupable, il aura été, en Occident, l'apanage des faiseurs de mythes professionnels, historiens, journalistes, écrivains en mal de public, démagogues et propagandistes1. Enfin, pour qui se penche sur les ombres du passé, il est remarquable de voir le fossé séparant l'histoire telle qu'elle fut d'avec le récit légendaire qui, au fil du temps, en a résulté. Mythologie qui, il est vrai, vient se greffer sur une conception du monde très ancienne, pour ne pas dire archaïque (toujours affleurante dans le cerveau limbique des hommes actuels), voire prélogique (religieuse), imprégnée du rêve et de la nostalgie d'un Âge d'or. Or si nous voulons éviter de retomber dans les mêmes errements-à savoir la guerre, civile ou internationale, le totalitarisme, les massacres de masse – qui accompagnent toutes les tentatives de retour à cet Eden primitif, nous aurions tout intérêt à connaître, afin d'en déjouer les pièges, les mécanismes de la pensée collective et les manipulations qui nous ont trop souvent conduits dans l'histoire récente sur le chemin de l'abîme. Quelques thèses peu orthodoxes • Premièrement il n'y a pas eu de révolution en Russie, mais un coup d'État, les bolcheviques ayant ramassé un pouvoir qui traînait dans le caniveau en raison de l'impuissance des socio-démocrates menchéviks. Le croiseur Aurore tire à blanc sur le Palais d'Hiver avant qu'une centaine d'hommes ne s'en empare et en son sein, le siège du gouvernement menchévique. Rien à voir donc avec les images grandioses et exaltantes du film d'Eisenstein, grand précurseur des magiciens hollywoodiens de l'imaginaire. Ceci fut possible parce les bolchéviques (majoritaires au sein du parti social-démocrate) constituaient, avec quelques 1 Nombreux furent ceux de cette espèce, tel l'historien Albert Soboul qui ayant exercé un important magistère moral, décrivait Lénine (dernièrement France culture lui restituait la parole post mortem) comme grand, de stature imposante avec une voix puissante et envoûtante, alors qu'il était petit et s'exprimait d'une façon fort peu charismatique. Un flagrant délit de mensonge impressionnant chez l'une des figures dominante de la science historique d'après Guerre. Le mensonge est libre pour qui vient de loin dans l'espace ou le temps.
Le 1er mai 1917 ou la Révolution russe en quête d’une union impossible
Revue des études slaves, 2019
"May 1st 1917 or the Russian Revolution in search for an impossible union" Rivalized by other major ceremonies and partly marginalized by the upcoming "April Crisis", May 1st, 1917 deserves our full attention as one of the highlights of the history of the Russian Revolution and an important step in the transformation of its rituals. The debates that accompanied the preparations, the conduct of the celebration, the written and visual production generated by it, as well as the reactions of witnesses, make it possible to read the tensions and ruptures behind what was projected as a great popular celebration. Résumé: Concurrencée par d’autres grandes cérémonies et marginalisée par la « crise d’avril », le 1er mai 1917 mérite toute notre attention en tant que moment fort de l’histoire de la révolution russe et étape importante dans la transformation de ses rituels. Les débats qui accompagnèrent les préparatifs, le déroulement de la célébration, la production écrite et visuelle qu’elle généra et les réactions de témoins permettent de lire les tensions et les ruptures derrière ce qui était projeté comme une grande fête populaire.
Une Révolution de trop : Comment le pouvoir russe tente de neutraliser le centenaire de 1917
A la veille du centenaire de la Révolution d'Octobre de 1917, la Russie semble accueillir cet anniversaire avec un mélange de gêne et d'indifférence. Le pouvoir en place depuis près de dix-huit ans paraît bien peu disposé à célébrer une prise de pouvoir révolutionnaire, alors que Moscou pourfend depuis des années sur la scène internationales les révolutions de couleur dans son « étranger proche » et craint d'éventuels remous, à la veille de nouvelles élections qui devraient voir Poutine briguer un cinquième mandat à la tête du pays.