Les populismes : rejetons honteux des démocraties ? (original) (raw)
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Le populisme est-il incompatible avec la démocratie?
Relations, 2015
Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. Érudit offre des services d'édition numérique de documents scientifiques depuis 1998. Pour communiquer avec les responsables d'Érudit : info@erudit.org Article « Le populisme est-il incompatible avec la démocratie? » Christian Nadeau et Ricardo Peñafiel Relations, n° 777, 2015, p. 38-39. Pour citer cet article, utiliser l'information suivante : http://id.erudit.org/iderudit/73708ac Note : les règles d'écriture des références bibliographiques peuvent varier selon les différents domaines du savoir.
Le populisme et les aléas de l’expression démocratique
in C. Couvrat et J.Y. Thériault (dir.), Les formes contemporaines du populisme, Outremont, Athéna, pp.43-56, 2014
Texte publié in : C. Couvrat et J.Y. Thériault (dir.), Les formes contemporaines du populisme, Outremont, Athéna, 2014, pp.43-56 Le populisme et les aléas de l'expression démocratique Tous les auteurs ayant étudié cette thématique depuis une trentaine d'années soulignent à l'envi la polysémie du terme de «populisme». Ainsi que le précisait Pierre-André Taguieff dans un article important sur la question, le suremploi polémique du vocable en a fait avant tout une «étiquette disqualificatoire et un opérateur d'amalgame permettant de stigmatiser, en les rassemblant abusivement, un certain nombre de phénomènes sociopolitiques ou de leaders jugés détestables ou redoutables par celui qui les dénonce 1 ». Tant dans le langage ordinaire que dans les discours politiques et médiatiques, populisme paraît ainsi devenu synonyme de démagogie, d'anti-intellectualisme, d'anti-parlementarisme, d'autoritarisme, voire de «fascisme» lorsqu'il se révèle entremêlé à certaines positions nationalistes (le «national-populisme»).
2017
doit être perçu comme étant l'antithèse-même de la démocratie ; par conséquent, les partis extrémistes rejettent les présupposés centraux d'un système démocratique et, notamment, la souveraineté populaire 4. En même temps, le radicalisme se définit en opposition avec une vision constitutionnelle, à savoir libérale, de la démocratie ; de ce point de vue, les partis dits radicaux acceptent les principes de base de la démocratie et ils critiquent une dérive constitutionaliste. Dans ce cas-ci, le rapport conflictuel avec la démocratie est justifié au nom d'une perversion de nature élitiste ou, plus précisément, une perversion issue des limitations constitutionnelles apportées à la souveraineté populaire 5. Par rapport à ce que l'on appelle la démocratie militante 6 , si les partis extrémistes représentent une menace pour un régime démocratique, les partis populistes restent dans les limites constitutionnelles du fonctionnement des partis, à savoir les principes de la souveraineté nationale et de la démocratie (à titre d'exemple, l'art. 4 Constitution de la République Française). Cette considération faite, nous pouvons joindre Tarchi 7 et affirmer que si les partis extrémistes (à savoir, l'extrême droite classique) critiquent le noyau dur de la démocratie et la volubilité des masses, les partis populistes ont un rapport de vénération envers le régime démocratique idéal, une démocratie qui se réduit à son acception étymologique de base : pouvoir du peuple (l'association entre démos et kratos). Il s'agit d'une démocratie régie, in toto, par des instruments d'expression directe de la volonté du peuple. Honnis sont d'ailleurs les mécanismes d'intermédiation, les partis en premier lieu. Ces précisions faites, force est de constater que, depuis une décennie, il n'y a presque plus aucun État membre de l'Union européenne (UE) qui ne soit pas hanté, d'une manière plus ou moins prégnante, par des exposants politiques associés au genre populiste. Que ce soit Syriza en Grèce ou Podemos en Espagne, le Parti pour la liberté en Hollande ou l'Action des citoyens mécontents en République tchèque, le Parti de la liberté d'Autriche ou le Jobbik en Hongrie, le populisme semble être non seulement dans l'esprit du temps du point de vue des thèmes touchés, mais surtout dans les préférences des électeurs. Il surprend peu alors le fait que, s'il y a une parole qui attire l'attention des médias et de la littérature scientifique, c'est décidément le cas du populisme. Utilisé souvent sans trop de précautions, le populisme devient fréquemment un concept fourre-tout, où il est possible de retrouver des partis, des leaders ou des mouvements dont les caractéristiques sont bien différentes. Nous y retrouvons des exposants de la droite radicale populiste tout comme 4
Studia Politica. Romanian Political Science Review, 2017
Le mot Le simple mot de « populisme » souffre déjà de handicaps. Le premier procède de son histoire. Son usage est répertorié assez tard dans les dictionnaires : en 1929 en français, par référence à un courant littéraire rebelle à la psychologie mondaine des romanciers de l'époque. Une deuxième faiblesse du mot tient à ce que presque personne ne se réclame du populisme. Le populisme est « nauséabond ». Troisième faiblesse, il s'est dissous dans le mélange hétéroclite pratiqué par ceux qui l'associent à d'autres mots pour le brouiller plus encore. L'une de ces parentés hasardeuses le lie au terme jumeau de populiste. Les deux mots ne coïncident qu'en partie. Le populisme se comprend comme une catégorie générique du registre politique applicable à un ensemble de courants, d'attitudes ou de régimes de gouvernement. En revanche, tant l'adjectif que le substantif « populiste » sont dépourvus de ce caractère classificatoire. Ils peuvent désigner des phénomènes ou des personnalités relevant du populisme homologué comme tel. Mais il leur arrive aussi bien de qualifier des postures ou des comportements sans rapport direct avec lui. Il faut bien se montrer un peu populiste pour être élu. Les mots populiste et populaire partagent en outre un autre voisinage. Ils opposent l'illicite au licite. Autre voisinage habituel : celui du populisme et de l'extrême droite. Or, l'épithète « extrême droite » relève moins du répertoire de l'analyse que de celui de l'anathème lancé contre ceux qui n'adhèrent pas à la foi démocratique orthodoxe, alors même que le rejet de la démocratie représentative est devenu rarissime chez les populistes. Les populismes des origines Qu'en est-il maintenant des phénomènes classés comme populistes ? Le populisme naît à l'extrême gauche révolutionnaire, sa première manifestation remontant aux populistes russes-les Narodniki 1-des années 1840 à 1880. 1 Le mot Narodnitchestvo-populisme-apparaît en Russie vers 1870, pour désigner un courant révolutionnaire vieux déjà d'une trentaine d'années. Le vocable Narodnik-482 GUY HERMET
Le populisme : une crise de confiance?
Revue française de science politique, 2020
Recension de l’ouvrage de Yann Algan, Elizabeth Beasley, Daniel Cohen et Martial Foucault, Les origines du populisme : Enquête sur un schisme politique et social (Seuil, 2019)
Revue européenne des sciences sociales, 2020
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Le populisme : De la valorisation à la stigmatisation du populaire
Hermès, 2005
La notion de «populisme» a connu un bien étrange voyage qui lui a fait accomplir une totale révolution sur elle-même au point d'en changer complètement la signification et les enjeux intellectuels et politiques qu'elle recouvrait initialement. Valorisant hier le populaire, elle le stigmatise aujourd'hui. Rien n'en témoigne mieux que les usages savants et politiques actuels du «populisme du FN» qui s'imposent, en faisant oublier les autres définitions du populisme qui ont eu cours et l'existence de rapports du populaire au politique fort différents de celui mis désormais en exergue. Sous l'apparente filiation du mot dont l'histoire remonte à la fin du XIX e siècle, des ruptures de signification et un renversement de perspective se sont ainsi opérés. Cette reconversion des points de vue signe alors pour les groupes populaires la perte du sens des causes qu'ils ont défendues et porte à méconnaître le rôle de «l'appel au peuple» dans l'histoire sociale de la construction des démocraties. Le «populisme du FN»: la disqualification du populaire Le «populisme» occupe désormais une place prédominante dans les commentaires politiques et savants pour désigner le Front national et des phénomènes qui, à son instar, ont été longtemps pensés comme relevant de l'extrême droite. Depuis le début des années 1990, les articles, les ouvrages et les 154