« ‘Des Vies, telles qu’on les aurait écrites, en rendant simplement justice’ : l’histoire des Académiciens morts dans les Éloges de Fontenelle, entre académisme et Lumières », Revue Fontenelle, 14 (à paraître) (original) (raw)
Related papers
« Merveilles et prodiges dans l’Histoire de l’Académie des sciences de Fontenelle (1699-1740) »
Les Sciences et le livre. Formes des écrits scientifiques des débuts de l’imprimé à l’époque moderne, sous la direction de Joëlle Ducos, Paris, Éditions Hermann, 2017, p. 273-285., 2017
On a pendant longtemps défini le travail scientifique de Fontenelle comme un simple travail de divulgation, supposant que le premier secrétaire perpétuel de l'Académie royale des sciences s'était en quelque sorte contenté de mettre son talent de poète galant au service des tourbillons cartésiens 1 . Le succès qu'avaient connu quelques années plus tôt les Entretiens sur la pluralité des mondes 2 entre pour beaucoup dans cette explication, tout comme la grande discrétion que manifeste Fontenelle dans l'exercice de ses fonctions officielles. Des recherches récentes ont pourtant permis de mieux connaître le rôle que Fontenelle joua en tant que secrétaire de l'Académie Royale des sciences, responsable à ce titre des relations que l'institution royale entretenait avec une bonne partie des savants européens et chargé de la rédaction des volumes annuels de l'Histoire de l'Académie royale des Sciences 3 , lourde tâche que l'auteur mena de front en même temps que son propre travail entre 1699 et 1740 4 . Les milliers de pages qui composent cet imposant ensemble contiennent de fait non seulement l'historiographie des exploits de l'institution royale, mais surtout une présentation vivante et critique de la science en action, ainsi qu'une réflexion aiguë sur ce que les nouveaux savoirs en élaboration permettent de comprendre de l'histoire de l'esprit humain telle qu'elle se manifeste à ce moment clé de l'histoire humaine.
Réverbérations. L’académisme de Fontenelle, de Paris à Berlin
Modernité et académies scientifiques européennes, 2023
Cette contribution propose une analyse comparée de la manière dont Bernard de Fontenelle, pour l’Académie des sciences de Paris, et Samuel Formey, pour l’Académie des sciences et des belles-lettres de Berlin, théorisent le rôle et le mode de fonctionnement des académies, ainsi que leur inscription dans la catégorie générale d’histoire de l’esprit humain. Cela permet de montrer comment leur fonction épistémologique est en étroite relation avec le statut politique qui leur est conféré.
2007
La mort occupe une place centrale dans l'imaginaire collectif de la société chrétienne du Moyen Âge occidental. Les conditions du salut dictent aux fidèles les modalités de leur comportement durant la vie, et la mort ellemême apparaît comme un moment particulièrement exemplaire de cette vie : on a la mort que l'on mérite. Dans l'au-delà même, le traitement infligé aux morts est en adéquation avec la façon dont ils ont vécu. Les discours de la prédication ont largement utilisé, dans un but explicitement moral, cette perspective immuable de la « mort de soi » et de ses conditions dans l'audelà 1 . Dans le contexte des derniers siècles du Moyen Âge, ces pratiques pastorales s'affinent, se dotent d'instruments efficaces destinés à la prédication, tandis que la société chrétienne se pense en catégories sociales de plus en plus nettement différenciées 2 . Dans ces conditions, les sermons ad status s'adressent à un groupe social particulier défini selon divers critères, comme l'âge, le statut marital ou encore la profession. Des sermons destinés spécialement aux maîtres et aux étudiants de l'universitas ont été confectionnés, prononcés, et circulent, de même que ces universitaires * Allocataire-moniteur à l'Université Paris I Panthéon-Sorbonne, prépare une thèse sous la direction de Claude Gauvard, L'honneur des universitaires au Moyen Âge : étude d'imaginaire social. Abréviation : TUBACH = F.C. TUBACH, Index exemplorum. A
« La Nature dans les écrits de Fontenelle pour l’Académie des sciences »
Dix-huitième siècle n°45 (2013), p. 97-113, 2013
La Nature dans les écrits de Fontenelle pour l'Académie des sciences. Lorsqu'on s'interroge sur la place et la signification que l'idée de nature peut avoir dans l'oeuvre de Fontenelle, la métaphore par laquelle le philosophe des Entretiens sur la pluralité des mondes explique à la marquise sa conception mécaniste de l'univers semble s'imposer comme une évidence : « […] je me figure toujours que la Nature est un grand spectacle qui ressemble à celui de l'opéra », affirmait le philosophe avant de développer une cosmologie mécaniste où tout dans l'univers s'explique par le jeux de poulies, de cordes et de contrepoids 1. Ce passage paradigmatique de la démarche déployée par Fontenelle dans les célèbres Entretiens aura largement contribué à asseoir la réputation de l'auteur en tant que divulgateur des savoirs scientifiques et grand défenseur de la physique cartésienne, y compris à une époque où la pensée de Newton a réussi à s'imposer en France au sein même des cercles savants 2. Et il est vrai que Fontenelle est sans doute l'un de ceux qui aura le plus contribué, à la charnière des XVII e et XVIII e siècles, à inscrire les savoirs scientifiques dans l'espace 1 1 Fontenelle, Entretiens sur la pluralité des mondes (1686). Éd. critique par Christophe Martin, Paris, Flammarion, 1998, « Premier soir », p. 62. 2 On peut observer à ce propos que les Entretiens sur la pluralité des mondes paraissent un an avant les Principia de Newton (1687). La publication tardive du Traité des tourbillons (1752) a longtemps servi à expliquer le « cartésianisme » de Fontenelle, mais la véritable nature de cet engagement est actuellement reconsidérée. Voir F. Pépin, « Être cartésien pour un historien de la pensée : Fontenelle, les cartésiens et la philosophie cartésienne », dans Delphine Kolesnik (dir.), Qu'est-ce qu'être cartésien ?, vol. II, « Réceptions et transformations : trois siècles de cartésianismes », Lyon, ENS Éditions, à paraître en 2012.
Revue d'Histoire Littéraire de la France, 2021
consacré aux « Pensées secrètes des Académiciens. Fontenelle et ses confrères », mais aussi des Varia, des Comptes rendus, un Bulletin bibliographique. Le Dossier est issu d'un colloque qui s'est tenu en juin 2019 à la Bibliothèque Mazarine, l'Institut de France et la Sorbonne, accompagné d'une exposition à la Mazarine. C'est une nouvelle pièce importante à ajouter au puzzle que dessinent ensemble la revue, le carnet d'hypothèses https://philoclandes.hypotheses.org/ et la plateforme Philosophiecl@ndestine http:// philosophie-clandestine.huma-num.fr sous la houlette d'Antony McKenna et Susana Seguin. Cet ensemble remarquable d'outils numériques et de ressources en ligne, documentaires et critiques, se trouve donc enrichi d'un Dossier fort de 23 articles centrés sur les questions académiques et la figure de Fontenelle.
‘Savoir pourquoi’. Métaphysique du jugement et histoire de l’esprit modernes chez Fontenelle
2015
la géométrie de l'infini que des Entretiens sur la pluralité des mondes. Dans ce qui suit, nous déployons ces deux registres discursifs enchevêtrés comme les moments d'une trajectoire philosophique qui conduit de la recherche des fondations du savoir à la constitution d'une disposition à l'égard du savoir. Ainsi, nous voudrions essayer de situer et de formuler ce qui constitue, pour Fontenelle, le problème posé par la théorie du jugement chez les Modernes, et montrer comment seul l'ajout d'une histoire de l'esprit permet de surmonter sa difficulté principale. Dans un second temps, nous voudrions montrer comment cette histoire de l'esprit peut, à son tour, donner lieu à une nouvelle métaphysique du jugement, comprise à l'aune d'une théorie du vraisemblable. Or de façon tout à fait remarquable, comme nous le verrons enfin, cette théorie du vraisemblable prend appui sur la réflexion que Fontenelle mène dans les années 1690 2 sur l'expérience dramatique et qui le conduit, à partir d'une réflexion sur l'histoire des oeuvres, à l'élaboration du programme d'une véritable esthétique. La démarche philosophique fontenellienne trouve ainsi son sens dans le fait que ses stratégies d'écritures forment autant de dispositifs qui visent à produire chez le lecteur une certaine attitude de spectateur-philosophe. Nous suggérons ainsi la séquence chronologique suivante : l'Histoire du théâtre français jusqu'à M. Corneille, la Vie de M. Corneille et les Réflexions sur la poétique (oeuvres non datées) seraient contemporaines du Parallèle de Corneille et de Racine (publié en 1693), dont elles offrent les développements et le soubassement théoriques nécessaires à sa compréhension. Cette réflexion sur le vraisemblable dramatique n'est pas close par les Réflexions sur la poétique, mais tout au contraire ouvre le programme non seulement d'une philosophie esthétique développée dans Sur la poésie en général 3 (publié en 1751 mais dont la rédaction peut dater des années 1710) mais aussi, c'est notre hypothèse de lecture, d'une métaphysique du jugement développée dans les Fragments et dont la dimension temporelle ou historique, ou, plus précisément encore : moderne, est portée précisément par le concept de vraisemblable élaboré d'abord pour l'art dramatique. Ainsi, on pourrait situer la rédaction des Fragments, pour lesquels on ne dispose d'aucun élément de datation 2 D'après Trublet, l'ensemble constitué par l'Histoire du théâtre français jusqu'à M. Corneille, la Vie de M. Corneille et les Réflexions sur la poétique, publié en 1742 seulement, est mis au net à la fin des années 1690. Voir Trublet, Mémoires pour servir à l'
« La course à la publication hagiographique » : l’exemple des Vies de saint Tudual
Annales De Bretagne Et Des Pays De L Ouest, 2003
Les saints bretons et leurs historiens dans les années 1870-1880 1 Bien que les historiens de la Bretagne aient depuis longtemps attiré l'attention sur l'importance des études hagiographiques, l'absence d'un corpus scientifique des Vies de saints se faisait cruellement sentir au milieu des années 1870. C'est pourquoi l'Association bretonne décida en septembre 1875, lors de son congrès réuni à Lannion, d'éditer les Acta Sanctorum Britanniae Armoricae en en chargeant un Comité capable de mener à bien cette tâche et en plaçant à sa tête dom François Plaine (1833-1900) 2. En dépit de l'aide apportée par l'abbé Louis-Marie Chauffier (1843-1923), Arthur de La Borderie (1827-1901) et Sigismond Ropartz (1824-1878), le bénédictin se rendit compte rapidement de la trop grande difficulté du projet qu'il résolut de restreindre en septembre 1879 aux sept « saints fondateurs », série inaugurée en 1882 avec Paul-Aurélien et Brieuc et poursuivie en 1883 avec Brieuc et Gohard 3. Ces mêmes années, La Borderie n'était
« Fontenelle et la réhabilitation de la libido sciendi dans les écrits académiques »
Le plaisir des modernes, sous la direction de Jean-Charles Darmon et Gianni Paganini, Paris, Hermann, à paraître
Je croirais sur les étoiles tout ce que vous voudrez pourvu que j'y trouve mon plaisir » 1 , déclarait la marquise des Entretiens sur la pluralité des mondes au philosophe qui, dans le célèbre texte de Fontenelle, lui dévoilait les secrets de l'univers. Cette formule, parmi d'autres du même type, a longtemps résumé le projet de l'auteur aux yeux non seulement d'une partie de ses lecteurs, mais aussi d'une partie de la critique qui fit de Fontenelle le père de la vulgarisation scientifique, l'auteur capable de semer de roses l'épineux champ de l'astronomie, et d'agrémenter la physique cartésienne du langage de la galanterie mondaine, comme s'il s'agissait pour lui de simplifier le discours scientifique en le réduisant à une série de jeux de langage que le public non initié aux nouveaux savoir pouvait alors comprendre, apprécier, et plus facilement adopter. Le fait que Fontenelle accède, peu de temps après la publication des Entretiens sur la pluralité des mondes à l'Académie royale des sciences (qu'il rejoint en 1697), et qu'il devienne dès 1699 le premier secrétaire perpétuel de la compagnie renouvelée, semblait confirmer cette idée : Fontenelle aurait ainsi passé plus de quarante ans à résumer pour le public mondain les travaux des « vrais » académiciens, faisant régulièrement l'éloge des savants qui avaient consacré leur vie à la recherche des secrets de la nature, contribuant tout au plus à imposer la figure d'un héros moderne, celle de l'homme de science.
Loading Preview
Sorry, preview is currently unavailable. You can download the paper by clicking the button above.
Related papers
Lettres québécoises : la revue de l’actualité littéraire, 1995
Thierry Belleguic (éd.), Diderot Studies, vol. XXXVI, actes du colloque Publier sur l’art, l’architecture et la ville : La Font de Saint-Yenne (1688-1771) et l’ambition d’une œuvre, Paris, musée du Louvre, 24-25 novembre 2016, Genève, Droz, 2019, 2019
Études littéraires,Département des littératures de l’Université Laval, Laval (Québec), 2014, 45/1, p. 45-62. , 2014