Citoyenneté «autochtone» et réformes environnementales en Amazonie bolivienne (original) (raw)

La réparation symbolique de l'integrité culturelle autochtone. Le cas de la communauté Tikuna de Nazareth en Amazonie Colombienne

Indigenous peoples have autonomous and distinctive ways to repair the collective damages to which they have been victims. In such forms symbolic reparations play an important role, relying on traditional knowledge and customary practices. This study explores the impact of symbolic reparations in the light of non-judicial dispute settlement in one indigenous Tikuna community, located in the Colombian Amazon territory. In this case, questions arise about the symbolic reparation mechanisms used by the Tikuna people. Are symbolic reparations a type of indigenous justice? Should they be considered as community-based agreements? This work examines symbolic reparations according to an empirical and interdisciplinary approach and shows that from an intercultural perspective the symbolic reparation of the Tikuna people can be considered as a source of law.

"Ciudadanos de la comunidad". Appropriation de la bureaucratie et expérience de la ‘communauté’ chez les Matsigenka (Amazonie péruvienne)

Journal de la société des américanistes, 2019

Raphaël Colliaux * Cet article étudie la façon dont certains membres de l'ethnie matsigenka, une population arawak du sud-est de l'Amazonie péruvienne, s'approprient et font vivre l'unité administrative au sein de laquelle ils se trouvent aujourd'hui regroupés, c'est-à-dire celle de la « communauté autochtone » (comunidad nativa). C'est le processus de formation de Palotoa-Teparo, petite communauté administrative matsigenka du département du Madre de Dios, qui sera en particulier étudié. On verra comment les Matsigenka ainsi regroupés en « communauté » reprennent à leur compte le répertoire administratif imposé par l'État, combien ils s'approprient son lexique et ses outils de manière à construire une représentativité politique qui leur est propre. De la sorte, ce sont des ramifications de l'État qu'ils ne cessent de reproduire, tout en exerçant, mutatis mutandis, une forme d'autonomie politique sur le territoire qui leur a été reconnu-aussi exigu soit-il.

L’agency de la route Yucumo-Rurrenabaque entre développement, conservation et autonomie indigène: une étude de cas dans l’Amazonie Bolivienne

Very often roads that are continuously built through Amazonia are thought to mechanically and irreversibly induce colonisation, deforestation and environmental and cultural degradation. This paper provides a detailed case study questioning this taken-for-granted idea. It concerns the Pilón Lajas (Bolivia) and shows that the road gets irreversible only through the interplay between development framing and conservation framing as both define road and spaces, and through the interactions these framings induce between actors that refer to them. Road agency only performs by reciprocal relations that actors develop to stabilise their own practices around roads. Indigenous people, quartered between dilution in interculturality and domination bay conservation, are trying to reconcile autonomy and development by skipping between these frameworks. Keywords: road; Bolivian Amazonia; indigenous; conservation; development.

Les lois de la terre : territoires, souverainetés autochtones et extractivismes en Amazonie péruvienne

L'Homme, 2023

Dans cet article nous étudions les effets sociologiques et politiques de l’usage des lois relatives à la propriété foncière par deux peuples autochtones d’Amazonie péruvienne, les Kakataibo et les Wampis, dans un contexte d’intense compétition entre ces peuples, l’État et les entreprises extractives pour l’accès à la terre et à ses ressources naturelles. Nous montrons que les volontés des populations autochtones de défendre leurs territoires, légitimées désormais par des cadres juridiques nationaux et internationaux, conduisent parfois à l’expression d’un agir politique pouvant défier la souveraineté de l’État péruvien. À partir de nos enquêtes ethnographiques, nous proposons une réflexion sur la notion de souveraineté pour montrer qu’elle ne peut pas être conçue comme un attribut par essence et universel d’une entité politique, mais plutôt comme un agir politique spécifique s’exprimant dans certains contextes en fonction des cadres juridiques en vigueur, et de la capacité des membres du groupe à s’unifier et à s’accorder sur une même décision. En historicisant les revendications territoriales autochtones de cette partie de l’Amazonie, il s’agit de reconnaître l’origine européenne et juridique du concept de souveraineté, dont certains universitaires et intellectuels autochtones dénoncent l’eurocentrisme, tout en donnant à voir la manière dont les communautés wampis et kakataibo s’emparent des cadres légaux pour faire valoir leurs droits territoriaux et leur autorité. L’enjeu est de contribuer au renouveau de l’anthropologie politique de la région et d’offrir un tableau nuancé des réalités et des volontés politiques autochtones.

Savoirs autochtones, « nature-sujet » et gouvernance environnementale : une analyse des reconfigurations du droit et de la politique en Bolivie et en Équateur

Autrepart, 2017

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Du « temps des patrons » au « temps des droits » : conflits interethniques et transformations politiques chez les Ashaninka d'Amazonie brésilienne

1. Pendant longtemps, les Ashaninka ont été désignés par les chroniqueurs, les missionnaires et certains anthropologues comme « Campa ». Ce terme est en réalité une dénomination générique qui regroupe quatre groupes indiens d'Amazonie péruvienne, très proches sur le plan culturel et linguistique : Asháninka, Ashéninka, Matsiguenga et Nomatsiguenga. La plupart des familles indigènes du rio Amônia, objet de cet article, sont originaires du Haut-Ucayali et appartiennent au sous-groupe ashéninka ; une petite minorité parlant la variante linguistique asháninka. Par souci de commodité, nous utiliserons le terme « Ashaninka », beaucoup plus courant dans la littérature ethnographique contemporaine, pour désigner aussi bien les Ashéninka que les Asháninka. Pour un aperçu d'ensemble sur ces classifications, qui suscitent encore des controverses entre anthropologues et linguistes, voir Santos et Barclay (2005, p. XIX-XXIII). 2. En 2007, l'Instituto Nacional de Estadística y Informática (2009) a recensé 97 477 Ashaninka au Pérou. Au Brésil, il existe aujourd'hui un peu plus d'un millier d'Ashaninka qui vivent dans sept terres indigènes toutes dans la région du Haut-Jurua. Avec près de 450 habitants, la « Terra Indígena Kampa du Rio Amônia » regroupe environ la moitié des Ashaninka vivant au Brésil (Instituto Socioambiental 2011, p. 9 et p. 516-518). 3. Suivant Ramos (1998, p. 6), nous entendons par le terme « indigénisme » non seulement les relations des Indiens avec l'État brésilien et ses représentants, mais un champ politicosymbolique plus ample, composé d'un ensemble très hétérogène d'acteurs qui interviennent dans la « question indienne » au Brésil : FUNAI (Fundação nacional do Índio, organisme

Territorialité, personnalité et gouvernance autochtone

2006

In this brief study, the author seeks to demonstrate the necessity of reviewing the role played by territory in aboriginal self-government. In part one, he examines how territorial and non-territorial (personal) forms of power structures emerge in multi-community or multi-national states. He then turns, in part two, to the role that each such model should play in aboriginal governance in Canada. Based upon the observation that the coexistence of aboriginal and non-aboriginal populations within shared territories is becoming a permanent part of the demographic evolution of Québec and Canada, the author proposes that the time has come to go beyond the concept of territoriality, without abandoning it, in making constitutional space for aboriginal self-government. For the majority of aboriginal peoples, the land and its resources form the bedrock of governmental jurisdiction, which in turn gives rise to control over land and the relationships between people and such land. Nonetheless, strict obedience to the diktats of territoriality may engender an impasse harmful to the capacity of aboriginal peoples to govern themselves, especially when significant numbers of community members live outside the community land base or, still, in cases where communities without any territory of their own cannot realistically lay claim to any exclusive land rights on a short-term basis. For some of these communities, the settlement of territorial issues may not resolve the fact of their minority dispersal in non-aboriginal territories. In their case, personal rather than territorial jurisdictions will prove to be a permanent solution. The author goes on to emphasize that when non-members living on aboriginal territories do not enjoy all the political rights inherent in Canadian citizenship, the personality principle could apply so as to shield them from the application of certain aboriginal laws that do not affect aboriginal control over the land. The personality principle would in this case consolidate the democratic legitimacy of aboriginal self-government and facilitate the harmonious coexistence of populations without compromising aboriginal peoples control over the exercise of their historic rights. *** Dans cette brève étude, l'auteur s'attache à démontrer qu'il faut revoir la place du territoire dans la mise en œuvre de l’autonomie gouvernementale autochtone. Ii analyse, dans la première partie du texte, les conditions d'émergence de formes territoriales et non territoriales (personnelles) d'organisation du pouvoir dans les États pluricommunautaires ou multinationaux. Il se penche ensuite, dans la seconde partie, sur le rôle que devrait jouer chacun de ces modèles dans la gouvernance autochtone au Canada. Partant du constat que 1'enchêtrement spatial des populations allochtones et autochtones s'inscrit durablement dans l'évolution démographique du Québec et du Canada, l'auteur avance qu'il est devenu impérieux de dépasser la territorialité sans la renier pour aménager l’espace constitutionnel nécessaire à l’autonomie politique autochtone. Pour la majorité des peuples autochtones, la terre et ses ressources constitueront le support de compétences gouvernementales se traduisant par un contrôle de la terre et des rapports entre les personnes et la terre. En revanche, une obédience stricte aux diktats de la territorialité pourrait créer une impasse préjudiciable à la capacité des peuples autochtones de se gouverner; surtout lorsqu'un nombre significatif de leurs membres vivent en dehors du territoire communautaire ou encore dans le cas des communautés qui n'ont pas de territoire propre et qui ne pourront, de manière réaliste, se voir reconnaitre des droits exclusifs sur des terres à court terme. Pour certaines de ces communautés, le règlement de la question territoriale pourrait ne pas suffire à mettre fin à leur dispersion minoritaire en milieu allochtone de sorte que, dans ce cas, les compétences personnelles plutôt que territoriales s'avéreront une solution permanente. L'auteur fait enfin valoir que lorsque les non-membres vivant en territoire autochtone ne jouissent pas de tous les droits politiques inhérents à la citoyenneté canadienne, le principe de personnalité pourrait s'appliquer de manière à soustraire ces non-membres à l'application des certaines lois autochtones n'influant pas sur le contrôle autochtone de la terre. Le principe de personnalité viendrait ici conforter la légitimité démocratique du pouvoir autochtone et faciliter la coexistence harmonieuse des populations sans compromettre la mainmise des peuples autochtones sur l'exercice de leurs droits historiques.""

De la conservation en Amazonie : norme environnementale et démocratie territoriale à l’heure du « Faire mieux avec moins ». La Guyane française et l'État brésilien de l'Amapá entre tensions et normalisations

2018

En Amazonie, la conservation de la nature s’oriente vers le gouvernement des hommes : au nom de la biodiversite, on encadre des populations marginalisees sur des territoires peripheriques. Initialement concues comme des outils d’interdiction, les aires protegees accompagnent aujourd’hui la decentralisation. Leurs nouvelles missions de democratie locale et de developpement economique participent d’une evolution globalisee de l’administration publique, depuis une logique de « souverainete » vers un registre de « gouvernementalite ».Par la comparaison franco-bresilienne des processus de reforme de l’Etat, cette these expose dans un premier temps comment la norme environnementale, conferant une force scientifique aux principes de diversite et de subsidiarite, incite la « recomposition liberale » d’Etats historiquement centralises. Actualisant un mythe de self-government, l’Environnement dessine un nouveau « contrat social » : un projet de gouvernance morale, territorialisee, contrebalan...

Comment peut-on être indigène ? La fabrication d’une identité politique en Amazonie péruvienne

Cet article explore un moment fondateur de la politique autochtone en Amazonie péruvienne : le face-à-face entre un dirigeant et une assemblée — entre un représentant et ceux qu’il représente. Le cas choisi est l’assemblée d’une fédération locale, car c’est là que s’articulent les deux principales institutions politiques autochtones : les communautés et les fédérations. De ce lieu intermédiaire et transitoire émergent la plupart des dirigeants, et c’est là aussi qu’il est possible d’observer la manière dont des identités indigènes se construisent sur le plan politique. Or, cette fabrique identitaire n’a rien d’univoque, elle ne produit pas une essence, mais plutôt une tension entre des interprétations parfois divergentes de ce qu’être indigène veut dire. À travers la confrontation d’un dirigeant quechua du Pastaza avec ses bases, cet article s’attache à montrer la manière dont se composent mutuellement les identités et la politique. Celle-ci, de fait, permet de réinvestir les critères traditionnellement admis de l’ethnicité pour les indexer à un ethos distinctif du leader indigène.