Apples and Oranges - Discussion avec Bruce Lincoln (original) (raw)

La pomme et la discorde. Réflexions sur les fruits empoisonnés dans Gaydon, Parise la duchesse et La Mort le roi Artu

Cahiers du Lépard d'Or, 18, 2020 (Fleurs et fruits au Moyen Âge), pp. 157-171, 2020

Contrairement aux animaux, les végétaux n'ont guère profité de l'essor récent de l'histoire culturelle ni de l'apport plus ancien de l'anthropologie historique. Les médiévistes, notamment, si curieux du monde animal depuis une trentaine d'années, les ont laissés de côté. Il a donc semblé pertinent à l'association Au pied du Sycomore et aux Cahiers du Léopard d'or de réfléchir à ce que pourrait être une étude pluridisciplinaire du monde végétal médiéval. Afin de ne pas multiplier les thèmes et les problèmes, deux sujets ont été retenus qui ont donné lieu à deux colloques successifs : les fruits à Saintes (2014) et les fleurs à Paris (2015). Le présent volume rassemble les actes de ces deux rencontres pluridisciplinaires. Les fleurs et les fruits constituent en effet des sujets « carrefours », qui touchent à de nombreux domaines de la vie quotidienne et de la culture matérielle ainsi que du monde des savoirs, des techniques, des symboles, des rêves et de l'imaginaire.

Braun/Apple. Des survivances paradoxales

2012

Si les appareils font epoque, leur invention precede leur decouverte. La nouveaute est recouverte de formes anciennes, qui permettent de faire accepter socialement l' innovation. Nous discuterons ces hypotheses en etudiant le design des objets Apple, qui reprennent les formes elaborees par Dieter Rams chez Braun des 1950. Comment penser ces survivances paradoxales ? Faut-il y voir un echec des nouvelles technologies a formuler un vocabulaire esthetique singulier ?

Editorial : « L'orange bleue », une autre histoire de la mondialisation : production et circulation des agrumes sud-américaines

Géographie, économie, société, 2007

Située de part et d'autre du fleuve Uruguay, et à cheval sur deux pays l'Argentine et l'Uruguay, la région de Cuenca del Plata est une des principales zones sud-américaine de production d'agrumes frais cultivés pour l'exportation en contre-saison vers l'Europe 1. Elle fait son entrée sur le marché mondial au début des années 70 et contribue, depuis, à la position dominante de ces deux pays dans le domaine : plus de 40% des importations européennes d'agrumes en étaient originaires à la fin des années 90. Au cours de la dernière décennie, le contexte concurrentiel des entreprises de la région a connu une évolution notable, en raison en particulier de la libéralisation continue des échanges et du rôle croissant de la grande distribution européenne, principal client et débouché de cette production. « L'orange bleue » est un regard porté sur la mondialisation. Ce regard a une double ambition. Il s'agit, d'une part, de comprendre la construction sociale et historique de systèmes agroalimentaires inscrits dans la mondialisation et celles de leurs capacités à s'insérer dans un espace économique mondial. Il s'agit, de l'autre, de raconter une « autre histoire » de la mondialisation, et ceci à partir d'un triple point de vue : celui de partir d'une région du Sud, de s'intéresser aux producteurs et de privilégier les apports pluri-1 Voir la carte page 254

Une lecture des lieux dans Oranges are not the only fruit.pdf

The Bible, a roulotte, a hill, an igloo made out of the skin of an orange. An analysis of spaces in "Oranges are not the only fruits", places both real and fictional. A side approach to the novel of Jeanette Winterson, and her narrative devices.

" Bouton de rose " , ou : Lacan avec Orson Welles

– À la fin de Citizen Kane la luge “Rosebud” (“bouton de rose”), suprême trésor d'enfance de Kane, jeté aux flammes comme une merde... ». Dans ce film d'Orson Welles, où Kane mourant prononce, en rendant le dernier soupir, ce mot "Rosebud", le personnage de Thompson énonce : (« Mr. Kane était un homme qui a eu tout ce qu'il voulait, puis l'a perdu. Peut-être que Rosebud était quelque chose qu'il ne pouvait pas avoir, ou quelque chose qu'il a perdu. (...) Je suppose que Rosebud est juste une pièce dans un puzzle, une pièce manquante) ». – « ... quelque chose qu'il ne pouvait pas avoir, ou quelque chose qu'il a perdu. » : voilà qui fait écho aux énoncés de Lacan sur l'objet a, notamment : « C'est de sa nature que l'objet est perdu comme tel. Il ne sera jamais retrouvé. » (1959/60 - Séminaire L'éthique de la psychanalyse) Ce qui tient lieu d’objet potentiel du désir après l’intériorisation de l'interdit de l'inceste au sens large (« Tu ne désireras pas celle qui a été ton premier objet d’amour ») est constitué de restes insignifiants, de “déchets” issus de l'image verbale de la mère par synecdoque ou métonymie. – Pourquoi le désir fait-il appel à la métonymie et à la synecdoque ? ● Pour l'enfant le premier objet d'amour est la mère (objet nécessaire et univoque, aussi irremplaçable et inconditionnel que l'objet du besoin, cf. l'angoisse du huitième mois décrite par René Spitz (De la naissance à la parole, Paris, Puf, 1993). ● Or il doit s'en détacher par suite de l’interdit de l’inceste sus-mentionné : il doit la perdre pour pouvoir (grâce à la fonction du Nom-du-Père qui « est d’unir un désir à la Loi », nous dit Lacan) retrouver de multiples objets de désir (personnes, objets, activités, idées). – Comment passe-t-on de la mère à d'autres objet de désir par la métonymie ou la synecdoque ? ● La synecdoque : il se crée un nouvel objet du désir (un tout) avec une partie des caractéristiques concrètes ou abstraite de la mère : la partie vaut pour le tout. ● La métonymie proprement dite : toute caractéristique associée lors de circonstances accidentelles (“tuchè”) à la présence de la mère ou à un geste d'amour de sa part peut se retrouver impliquée dorénavant (“automaton”) dans la recherche de l'objet désiré. – Revenons à présent à Citizen Kane et à notre “bouton de rose” (“Rosebud”). La solution est donnée à la fin du film, dans la dernière réplique. Et la signification toute “lacanienne” qu’Orson Welles lui-même donne de “Rosebud” dans le scénario qu’il a écrit figure dans notre conclusion.

Le marché aux fruits et légumes de Rungis (entretien)

Terrains & travaux, 2003

Ce texte étude les pratiques des grossistes des Marchés d’Intérêt National, sur le secteur du « carreau », où se pratique la vente de gré à gré. Il montre que ces pratiques, loin de correspondre à la persistance d’un certain archaïsme, à l’époque de la grande distribution, correspondent à une certaine manière de gérer la spécificité des produits, en occurrence les fruits et légumes. La fragilité et l’évolutivité des produits en particulier, font qu’apparaissent en permanence des écarts aux normes de commercialisation, qui apparaissent insuffisantes aux acteurs pour se coordonner. Ceux-ci adoptent alors un triple mode de fonctionnement, fondé sur les réseaux interpersonnels, la prise sensible des produits, et la mise en concurrence, afin de pouvoir faire face à toute défaillance d’un partenaire habituel de l’échange.

BRANES ET AWRABA. Contribution au débat sur les Butr et les Branes july

Cet article a une histoire. Il y a un mois (juin 2021) j'ai mis en ligne sur academia.edu un premier article sur les Butr et les Brânes qui dérivait de réflexions conduites lors de l'élaboration de mon ouvrage sur les Populations et territoires du Maghreb, VII°-XI° siècle, publié en 2021 par l'Académie du Royaume du Maroc. J'avais envoyé une copie de l'article à Saïda Larej qui préparait une thèse sur les parlers des Brânes 1 et dont j'avais utilisé des références qu'elle m'avait communiqué. Saïda Larej me répondit en m'envoyant une copie de sa thèse qui venait d'être brillamment soutenue. La lecture de son texte me fit découvrir que son auteur s'était efforcé de replacer une étude essentiellement linguistique dans le contexte historique de la tribu qui avait fait l'objet de sa recherche. Elle avait, bien sûr, traité des origines de la notion de Brânes dans la généalogie berbère. Nous eûmes quelques échanges avec des points d'interrogation. Pour y répondre, je suis revenu sur mes propres questionnements afin de revoir la façon dont je les comprenais. Cet article révisé est le résultat de cet approfondissement. Je remercie Saïda Larej pour les avoir provoqués par ses propres questionnements et pour des références qu'elle cite et que j(ai utilisées. Mes nouvelles interrogations m'ont fait voir qu'il y avait deux plans différents dans mes questionnements et que je devais en traiter de façon distincte bien qu'ayant un lien commun. Le premier est celui du débat sur le dualisme Butr-Brânes, fondateur de la généalogie berbère et des interprétations qui en ont été faites dans la chronique historique. Cette première approche me montre que l'interprétation d'origine qu'en a donné Y Modéran semble bien fondée mais que l'usage historique qui en a été fait à partir du X° siècle n'avait plus rien à voir avec les origines. Ce dualisme, en effet, s'était transformé en un justificatif généalogique d'une opposition politique entre les mouvances Sanhâja, pro-fatimides et les mouvances Zenata, pro-omeyyades. Cette opposition avait dominé le siècle. Le dualisme de leurs prétendues origines généalogiques s'imposa come un dogme lorsque, bon reflet de l'histoire politique, il fut repris par Ibn Khaldûn comme la base de l'histoire mythique des berbères et de la classification de leurs tribus. Le second plan de mon questionnement change d'échelle. Au débat généalogique et historique sur les Butr et les Brânes, se rattache en effet une histoire tribale que l'on peut suivre dans l'histoire, celle de la tribu Brânes, une tribu du nord-est du Maroc et la seule, au Maghreb, à porter le nom de la grande branche de la généalogie berbère. A cette histoire sont associés les Awrâba que l'on retrouve également au Maroc dans les alentours de Fès puis, plus tard, 1 Saïda Larej (à qui j'avais envoyé la première version de cet article), thèse de Doctorat, Le parler des Branès