L’unidirectionalité irréversible du changement linguistique comme conséquence de l’acquisition ? Le cas d’expressions négatives déliquescentes en français ancien (original) (raw)

L’évolution des propositions infinitives négatives en français

Linx, 1994

Pollock suggère le schéma (la) comme représentation typique, éventuellement simplifiée, de la structure de base (désormais, la D-structure) des phrases négatives du français, que le verbe soit à temps conjugué ou à l'infinitif. De bas en haut, on note : 1) VP, la projection maximale du verbe ; 2) un syntagme AgrP, dont la tête Agr(eement) contient les traits d'accord du verbe avec le sujet ; 3) NegP, un syntagme négatif représentant la négation de phrase, dont la tête est le morphème ne ; la réalisation typique éventuelle du spécifieur de cette catégorie est pas ; 4) La catégorie fonctionnelle maximale la plus haute, si l'on s'arrête avant le système du complémenteur, est une projection de T(emps), le site de la flexion temporelle. T est spécifié [+ fini] dans le cas des verbes à temps conjugué et [-fini] dans le cas des verbes à l'infinitif (cf. Pollock, p. 372). La structure donnée en (la) ne représente que le cas des temps simples, avec une seule occurrence de VP ; dans le cas de temps composés, l'auxiliaire est simplement introduit sous V et sélectionne lui-même un autre VP. L'arbre (1b), où AgrP et TP sont intervertis, est une alternative plus commune à la représentation originale de Pollock. 4 Une structure comme (1a) est sous-jacente à des énoncés du type de (2) : (2) a Pierre n'aimepasles exposés trop longs. L'évolution des propositions infinitives négatives en français Linx, 5 | 1994

La linguistique variationnelle et les changements linguistiques 'mal compris' : le cas du ne de négation

In: Études sur le changement linguistique en français, Bernard Combettes/Christiane Marchello-Nizia (Hrsg.), Nancy: Presses Universitaires de Nancy, 115-128., 2007

L'omission du ne de négation ne cesse de provoquer de nouveaux dépouillements et de nouvelles hypothèses d'explication. Dans notre contribution, nous visons à présenter une perspective alternative qui intègre la sociolinguistique, le courant probabiliste et la diachronie. Basée sur des corpus du XVIIe au XXe siècle, l'étude révèle des parallèles frappants entre toutes les données à caractère phonique. Ce fait, en combinaison avec la remise en question de la fiabilité des textes littéraires considérés pour la reconstruction du changement linguistique dans la langue parlée, nous amène à relativiser la thèse répandue d'une perte récente et dramatique du ne de négation. À notre avis, la prise en considération de tous les facteurs intralinguistiques en corrélation avec un phénomène donné s'avère primordiale pour décider de son statut sociolinguistique.

Acquis dans une langue, transféré dans l’autre ?

In this contribution the notions of transfer and interdependence hypothesis are discussed in the light of the results of a longitudinal study with migrant Portuguese children in Switzerland. The analysis of their argumentative written productions from the two first data collections shows an interesting pattern of skills' transfer: the skills acquired in the school language seem to be predictive of the results in the heritage language, while the contrary is not verified. The parental input is also discussed, but doesn't show any effect of the argumentative competence.

De l’intransitivité à la transitivité indirecte. Et si le dictionnaire et la grammaire parlaient à l'unisson ?

2ème Congrès Mondial de Linguistique Française, 2010

Le rôle d'une grammaire est de décrire le fonctionnement d'une langue en s'appuyant sur une théorie de classement, classement des catégories grammaticales et des caractéristiques de chacune d'entre elles. Celui d'un dictionnaire est de décrire le lexique d'une langue. Pour ce faire, tout ouvrage lexicographique fait usage des classements proposés par la théorie grammaticale. Chaque mot présenté y est ainsi accompagné de sa catégorie grammaticale, qui est parfois précisée par des informations d'ordres divers (morphologiques, syntaxiques). Dans le cas des verbes, la théorie grammaticale propose notamment une typologie (verbes intransitifs, transitifs directs, transitifs indirects, etc.) reposant sur des critères de classement. Tant les dénominations des classes verbales que les critères eux-mêmes ont évolué au fil du temps. Si les classes verbales sont actuellement stabilisées, nous assistons depuis quelques décennies à une profonde modification des critères de classement. Dans l'usage qu'ils font des notions grammaticales, les dictionnaires suivent la théorie en vigueur, avec cependant un certain décalage. On constate donc dans les dictionnaires contemporains une pénétration des nouveaux critères de classements verbaux, mais celle-ci est parfois anarchique et, forcément, partielle. Les constructions verbales les plus touchées par le changement sont celles qui présentent un complément prépositionnel. Selon le classement traditionnel, certaines d'entre elles sont des constructions transitives indirectes, tandis que d'autres sont des constructions intransitives. Les critères de classement modernes obligent à réviser la dernière catégorie et à analyser certaines constructions intransitives traditionnelles comme des constructions transitives indirectes. Cet article porte sur les constructions verbales à complément prépositionnel touchées par une modification de classement et sur le traitement dont elles font l'objet dans les dictionnaires, en particulier dans un dictionnaire en cours d'élaboration, le Dictionnaire de la langue française : le français vu du Québec. Nous exposons d'abord l'évolution de la typologie verbale, ensuite la pratique lexicographique et celle que nous avons adoptée dans le dictionnaire sur lequel nous travaillons. Nous définirons également le complément indirect selon une des approches de la théorie grammaticale moderne et nous verrons enfin comment nous avons introduit les analyses modernes dans le Dictionnaire, en proposant une passerelle entre les terminologies traditionnelle et moderne. C'est en exposant les états précédents des classements verbaux dans les grammaires qu'il sera possible de comprendre les problèmes générés par le classement traditionnel et les réponses qu'offre sa version moderne. Nous nous attacherons uniquement aux classes verbales touchées par des modifications, c'est-àdire à la classe des verbes transitifs indirects et à celle des intransitifs. Nous prenons comme point de

L’anglicisme syntaxique : Produit inévitable du contact des langues ?

Circula: Revue d'idéologies linguistiques, 2019

Il est communément admis que le contact linguistique provoque la convergence grammaticale. L'objectif de cette recherche est de proposer et d'appliquer une méthode empirique pour vérifier cette hypothèse. Nous illustrons l'utilité de cette méthode par l'entremise du cas des prépositions sans régime en français, trait stéréotypé attribué à l'influence de l'anglais. Nos résultats, révèlent plusieurs preuves contrecarrant cette interprétation. En revanche, elles démontrent que le candidat à la convergence est plutôt survenu par l'extension d'une tournure purement française à un nouveau contexte. Nous concluons que le changement causé par le contact n'est pas donné d'emblée ; il doit être soigneusement établi par une méthodologie scientifique telle que proposée ici.

Reformulations paraphrastiques et stades d’acquisition en français langue maternelle

Cahiers de praxématique

Reformulations paraphrastiques et stades d'acquisition en français langue maternelle . Arrière-plan théorique : Paraphrase et reformulation Poser d'emblée que la maîtrise de l'activité paraphrastique est graduelle et qu'elle fournit un outil de repérage des stades d'acquisition en langue maternelle présuppose, d'une part, que cette activité participe du processus d'acquisition, d'autre part, que certaines paraphrases sont plus complexes, c'est-à-dire plus difficiles à produire que d'autres, soit parce que l'énoncé source (celui qui est paraphrasé) est « complexe », soit parce que la procédure paraphrastique qui s'applique à cet énoncé source met en oeuvre plusieurs mécanismes simultanés . Si, comme le rappelle Fuchs ( : ), tout le monde s'accorde à reconnaître que la capacité au paraphrasage manifeste la maîtrise de la langue, il n'y a plus consensus quand il s'agit d'admettre que les relations de paraphrase sont inscrites dans la langue. Pour Fuchs (ibid.), les significations et les relations de paraphrase n'ont pas besoin d'être inscrites de façon stable en langue. Selon le même auteur, si elles l'étaient, cela aurait pour conséquence que le produit fini (c'est-à-dire la paraphrase d'un énoncé P) soit toujours le même. Nous adoptons un autre point de vue. À la suite de Harris (, , , ), nous pensons que tout ensemble d'opérateurs a une transformée synonyme dans un ensemble moins contraint de ces opérateurs (Harris, ), autrement dit qu'il existe toujours, dans une langue naturelle, la possibilité de décrire un énoncé réduit par un énoncé analytique. Par ailleurs, l'ensemble des possibilités paraphrastiques d'une langue, qui correspondent aux quatre types d'équivalence . Nous remercions les relecteurs de cet article qui nous ont permis de préciser certains points. . Mentionnées pour la première fois par Maurice Gross ( : -) comme des transformations nouvelles, les transformations par restructuration permettent de relier des paires de phrases telles que : il semble que Marie travaille et Marie semble travailler, ou encore Paul admire les qualités de Marie et Paul admire Marie pour ses qualités. Elles ont ensuite trouvé un champ d'application important avec les travaux de Boons, Guillet, Leclère (), Guillet, Leclère () où des phrases du type Max charge le camion de caisses sont reliées à des phrases de type : Max charge des caisses dans le camion. Les restructurations sont centrales dans l'explication des effacements (B ,  ; G, ), des grammaires locales (I, , , ), de la grammaire des supports (I,  a). Comme on le voit dans ces quelques exemples de restructuration, le lexique reste inchangé, et l'équivalence sémantique entre phrase de base et phrase restructurée est incontestable.

L’antinomie ineffable/exprimable en langue est-elle irréductible?

Abstract: This study is based upon expressibility theory (J. Searle 1972), the theory of expressiveness of natural language (R. Jakobson, 1960, 1963) and on the semiotics of U. Eco (1975). It aims to highlight the main features of the ineffable concept seen as an expressiveness factor. The concept being impossible to analyze in the strict frame of the theories mentioned before, the study will also consider the approaches of affectivity and the stylistics, developed in the French space (G. Guillaume, Ch. Bally). Meta-analytic examination of the functioning of expressibility principle (Searle) leads the authors to the conclusion that ineffable and expressiveness are working in a dialectic way: the “ineffable” obstacle boosts expressiveness. Keywords: expression, ineffable, expressiveness, emotionality, style.

Effets positionnels dans l'acquisition du français

lpl.univ-aix.fr

This paper investigates positional effects within the word in the acquisition of French as a first language. We consider two levels of prosodic representation: the prosodic word and the foot (feet having strong and weak positions). We study only consonantal material. The results show that the prosodic word plays a central role in licensing features. This results in processes such as harmony and metathesis, all of which support the assumption that strong positions enable licensing of marked segments. If a marked segment is present in weak position, a strong position will attract it through consonant harmony or metathesis. Those phenomena appear only in early child production when markedness constraints have a higher rank in the hierarchy of constraints than faithfulness constraints.