«Angakkuuniq» et «ilisiiqsiniq». Réflexions préliminaires sur l’agression chamanique chez les Inuit du Nord canadien (original) (raw)
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Recherches amérindiennes au Québec, 2008
À partir de différents matériaux ethnographiques, cet article s’intéresse à l’actualisation des traditions chez les Inuits de l’Arctique de l’Est canadien. La réflexion est menée à partir d’une comparaison de plusieurs pratiques rituelles qui se sont récemment implantées dans ces régions : les cercles de guérison, ainsi que des pratiques d’inspiration chamanique et néo-chamanique. L’article explique comment, sur le plan symbolique, l’exogénéité de ces pratiques a été réduite dans le cas des cercles traditionnels de guérison, alors qu’elle pose problème dans le cas du néo-chamanisme. Les auteurs font l’hypothèse que, dans le contexte de la sédentarisation et de l’urbanisation contemporaine, les cercles de guérison actualisent des dispositifs chamaniques tandis que le néo-chamanisme semble incompatible avec les traditions locales. Le modèle de la quête individuelle volontaire qui fonde le néo-chamanisme offre peu d’attraction pour les Inuits. En somme, le chamanisme ne demeure sans doute pas assez moribond pour faire l’objet d’une réactivation et est trop vivace pour qu’on accepte sa folklorisation. ethnographic sources. It presents a comparison of various ritual practices that flourished in Nunavik and Nunavut in the last decade, and more particularly healing circles and practices inspired by shamanism and neo-shamanism. The paper explains how their foreign origin does not constitute a problem for the practices of the healing circles, whereas neo-shamanic ones are not yet accepted or used by the Inuit. The authors raise the question to what extent healing circles illustrate the revival of Inuit spiritual traditions in the new socio-political context of the North marked by the transition to a more urbanized way of life in the so called permanent communities as well as by the recent emergence of political autonomy. The model of the individual and voluntary shamanic quest that characterizes neo-shamanism appears not to be very attractive to Inuit. The tradition of shamanism is still too much alive to be revitalized and too controversial to be considered as folklore.
Les messagers de l’invisible chez les Inuits de l’Arctique de l’Est canadien
Recherches amérindiennes au Québec
Les rapports que les Inuits entretiennent avec les qupirruit (les petites bestioles) et les savoirs qu’ils possèdent à leur égard demeurent méconnus. Dans les rares études disponibles, l’accent a surtout été placé sur les peurs et la terreur que suscitent ces petites bêtes auprès des humains. On a également souligné leur rôle dans l’initiation chamanique, ces êtres étant en contact avec la mort et susceptibles de revivre ou de se métamorphoser. À partir de sources orales anciennes et contemporaines, cet article aborde un tout autre aspect des petites bestioles, en particulier leur rôle de messagers. Les qupirruit sont des entités capables de guider les humains dans leurs gestes et leurs prises de décision, de les accompagner et de les protéger, d’annoncer des événements à venir. Alors que les traditions chamaniques ont basculé dans l’invisible, il convient de se demander si les petites bestioles ne sont pas aujourd’hui perçues plus positivement que jadis, nonobstant leur ambivalence.
Social Compass 1–15, Vol. 64(3) 328–342, 2017
À partir de sources orales recueillies à la période contemporaine, cet article réexamine plusieurs grandes catégories de la pensée inuit en tenant compte de leur transformation suite à la christianisation. Au 20ème siècle, les Inuit ont en effet modifié un grand nombre de leurs pratiques alors que sur le plan des schèmes, l'idée d'un ordre du monde hétéronome et de pouvoirs qui circulent à travers des médiateurs est demeuré plus stable. L'idée moderne d'être en mesure de se donner ses propres lois, de fonder la société sur la pleine autonomie des acteurs sans jamais tenir compte des grandes forces spirituelles de l'univers, n'a jamais été acceptée. Les Inuit pensent plutôt appartenir à un monde à la fois instable et relationnel, où d'autres existants que sont les animaux, les défunts et les esprits interagissent, si bien que les humains ne peuvent prétendre seuls infléchir le cours des choses. Deux questions se posent alors : dans quelle mesure le christianisme at -il affecté l'hétéronomie et augmenté la part mystérieuse de l'animisme Inuit ? Sila, cette force englobante, peut-elle être conçue encore comme un « mana Inuit » ? Abstract From oral sources collected in the contemporary period, this article reexamines several major categories of Inuit thought, taking into account their transformation following Christianization. In the 20th century, the Inuit have changed many of their practices,
La nuit chez les Inuit canadiens du haut Arctique : une nuit véritable, mais en trompe-l’œil
2018
For many observers, night in high latitudes can be summed up schematically as the seasonal astronomical phenomenon called “arctic night” and its spectacular alternation with its counterpoint, the so-called “midnight sun”. But what about the day-to-day night of people living in these regions? What are the relations they establish between the seasonal “dark-light” cycles and the circadian “night-day” cycles? In this article, we will see how the northern Inuit in the eastern Canadian Arctic combine these two dimensions to produce a concept of night whose essence lies elsewhere than in the sole darkness.
Quel récit de filiation pour les Inuits canadiens
2019
E n France, le récit de filia on est souvent défini comme une réac on polémique au nouveau roman qui excluait le sujet, voire comme une néga on de la fameuse « mort de l'auteur » prônée jadis par Roland Barthes 2 , Maurice Blanchot 3 , Michel Foucault 4 ou Gilles Deleuze 5. Interroger soi-même à travers l'écriture et la psychogénéalogie 6 , res tuer le passé en parlant au nom de ceux qui n'ont jamais pu prendre la parole, témoigner de l'évolu on d'un groupe familial ou social spécifique, ainsi que me re le passé à l'épreuve d'un examen désidéologisé, tels sont les enjeux de ce nouveau type d'écriture. L'essor des récits de filia on, constaté depuis la fin des années 1970 et confirmé par la paru on de La Place d'Annie Ernaux (1983) et des Vies minuscules de Pierre Michon (1984), est contemporain d'une naissance symbolique de la li érature inuite (d'expression anglaise ou française) au Canada. L'objec f de la présente contribu on sera donc EVA VOLDŘICHOVÁ BERÁNKOVÁ Université Charles Quel récit de filiation pour les Inuits canadiens 1 ? 1 L'ar cle s'inscrit dans le Projet Européen du Développement Régional « Créa vité et adaptabilité comme condi ons du succès de l'Europe dans un monde interconnecté » (No. CZ.
Ateliers d'anthropologie, 2022
À partir d’une analyse linguistique d’un corpus de récits en inuktitut de rencontres fortuites avec des esprits, il s’agira d’examiner la notion de rencontre et d’en détailler le contenu. La prise en compte de la structure narrative des récits, mais également le découpage morphosyntaxique de certains énoncés, permettra de souligner ce que signifie phénoménologiquement « rencontrer » un esprit. Si les récits du corpus montrent qu’une rencontre avec un esprit est toujours caractérisée par une perception paradoxale, leurs versions en inuktitut insistent plus encore sur la dimension à la fois processuelle et incomplète de l’interaction. L’étude morphologique d’énoncés extraits de ces récits permettra d’émettre l’idée selon laquelle ce qui caractérise ces récits est justement le fait de raconter des expériences qui ont presque eu lieu, au sens où, si la rencontre avec l’esprit n’avait pas failli, il n’y aurait peut-être plus de témoin pour en parler.