« Une maîtresse d'esthètes lectrice de Descartes : Alice Lavolle, dite “Manon Fin-de-siècle” » (2021) (original) (raw)
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Manon Lescaut : L’Ériphile du XVIIIe siècle
Le monde français du dix-huitième siècle, 2023
Manon, le personnage titulaire du roman l'Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut, abrégé simplement en Manon Lescaut dans les éditions ultérieures, est réduite à un après coup. Bien qu'elle soit présente dans le déroulement de l'action, il a déjà été observé que ses sentiments et la majorité de ses paroles sont rapportés ou paraphrasés par des Grieux, le narrateur, et de ce fait, Manon est arbitrée et réfractée par les biais émotionnels, sociaux, et moraux de son amant 1. Une des études modernes les plus importantes est celle d'Alan J. Singerman qui a perçu Manon Lescaut comme un roman janséniste 2. Ce texte entre en conversation avec l'essai de Paul Hazard, où il conteste que l'abbé Prévost ait souligné « la merveilleuse intervention de la Providence » 3. Singerman développe la perspective de Hazard en commentant les spécificités de la philosophie augustinienne qui soutient la structure du roman de l'abbé Prévost. Selon lui, Manon Lescaut oscille entre l'amour divin-représenté par l'amitié charitable entre des Grieux et Tiberge 4-et l'amour propre, soit le désir charnel-représenté par la relation entre des Grieux et Manon 5. Le langage employé et le code maintenu par des Grieux sont remarquables pour leurs éléments théologiques, même dans les contextes profanes 6. La Manon de Singerman est « l'incarnation de concupiscence » 7 avec un « goût pour la vie mondaine » 8. Mais ce qui la rend « mondaine » est trop grand et vague-cette généralisation ne définit pas qui Manon Lescaut est spécifiquement. Hazard va jusqu'à dire que « les graves pensées se gardent bien d'entrer [en] son esprit » 9. Les perspectives chrétiennes amoindrissent l'importance de Manon. Dans son oeuvre sur la carrière de Prévost, Jean Sgard tente de répondre à ces questions. À son avis, Manon Lescaut est un roman chrétien, « mais on saurait non plus voir dans cette morale une survivance et la simple preuve que Prévost reste tributaire de son passé » 10. À l'inverse de Singerman et Hazard, Sgard pense que des Grieux parodie le jansénisme et le jésuitisme 11. Il observe que le roman, et d'ailleurs tout l'ouvrage du romancier, comporte des éléments autobiographiques. La vie de Prévost et le récit de des Grieux se confondent 12. Il présume que Manon Lescaut a pris le temps le plus court de tous les romans de Prévost entre plume et publication 13. La facilité de cette écriture s'explique comme
Qvaestiones Romanicae VIII/1, 2019
Notre démarche interroge le rapport littérature-peinture à l’époque du romantisme. Grâce au tableau de Théodore Géricault, Le Radeau de La Méduse (artiste et toile – maîtres de l’art romantique de la première moitié du XIXe siècle), nous investiguons la formation des canons esthétiques de ce courant artistico-littéraire. Les supports de notre entreprise sémiotique sont les considérations pertinentes sur les rôles et les fonctions des images, publicitaires ou non, faites par Martin Joly et Alain Joannès. La conclusion serait qu’un tableau peut être ‘lu’, car il aura toujours un texte caché, perceptible grâce aux détails que le regardeur initié sait voir au-delà de l’image porteuse de signification. Ce qui ne se voit pas est mille fois plus intrigant.
2016a - « Ésope ou le fabuliste imaginaire : un ancêtre mythique de La Fontaine »
Publication à destination du grand public. Abstract : "Je chante les héros dont Esope est le père...." Aux yeux d'un lecteur de La Fontaine, Esope est souvent perçu comme l'inventeur du genre dans lequel s'illustra le fabuliste français - la fable dite ésopique -, mais aussi comme un piètre devancier dont le génie de La Fontaine aurait transfiguré les créations. "Père" des fables et piètre devancier, Esope ne fut en réalité ni vraiment l'un, ni surtout l'autre...
Recension de Chantal Delsol, La Fin de la Chrétienté
Autour de La Fin de la Chrétienté 1 Le diagnostic est sans appel. Net et lucide. La Chrétienté se meurt, la Chrétienté est morte. Toutefois, la disparition en cours de la Chrétienté, c'est-à-dire de « la civilisation inspirée, ordonnée, guidée par l'Église » (p. 9-10), n'ouvre pas sur l'abîme sans fond du nihilisme et de l'immoralisme, comme se plaisent parfois à le penser les rares survivants du naufrage-« ni la civilisation ni la morale ne s'arrêtent avec la Chrétienté » (p. 35). Elle coïncide plutôt avec l'émergence d'un nouvel âge, d'une nouvelle civilisation avec ses croyances et ses valeurs propres, qui se substitue peu à peu à la Chrétienté. Par certains aspects, cet âge nouveau rappelle l'époque païenne qui précéda l'avènement de la Chrétienté dans l'Antiquité tardive. Comme si une parenthèse se refermait sous nos yeux. Telle est, en substance, la thèse défendue par la philosophe Chantal Delsol dans ce petit essai très stimulant. Les chrétiens qui s'interrogent sur les modalités de leur présence et de leur mission dans la société française contemporaine y trouveront ample matière à réflexion, car il a entre autres mérites celui d'écarter quelques illusions aussi tenaces que stériles. Par exemple, celle qui consiste à s'en tenir à la problématique de la déchristianisation, comme si le christianisme était encore au centre, alors que nous avons affaire à l'émergence d'une nouvelle culture largement étrangère au christianisme. D'où l'inefficacité aujourd'hui des stratégies qui, pour ranimer la
2019
Edition critique et traduction française de la Vie d’Ésope (d’après le texte établi par Papathomopoulos, Ο Βίος του Αισώπου. Η Παραλλαγή G, Jannina, 1990-2010) et des fables ésopiques (d’après Perry, Æsopica, 1952, n° 1-273) pour la collection « Folio Classique » des éditions Gallimard. Rédaction de la préface, annotation du texte, constitution du dossier (chronologie de la tradition ésopique, notice sur la transmission des textes, bibliographie). Quatrième de couverture : Avec son peuple d’animaux et de végétaux auxquels des acteurs humains donnent sans sourciller la réplique, la fable joue sur les frontières : entre l’imaginaire et la réalité, l’enchantement et la vérité, la sagesse et la puérilité, l’animalité et l’humanité, l’écriture et l’oralité, et par-dessus tout entre les sphères culturelles, les langues et les époques. Héritière des civilisations mésopotamiennes de l’âge du bronze, la fable constitue le genre littéraire le plus continûment et le plus universellement cultivé de l’Antiquité à nos jours : d’Orient en Occident, les recueils d’apologues se comptent par centaines. Au sein de cette galaxie, les récits et anecdotes qu’on attribue à Ésope (VIe s. avant J.-C.) occupent une place privilégiée. On les découvrira ici, accompagnés pour la première fois en édition de poche de la Vie romancée qui installe durablement la légende d’Ésope, cet esclave difforme et monstrueux, aussi subtil que redoutable, celui que La Fontaine considérait comme le père d’un genre toujours vivace et fascinant.
2022
Des yeux au coeur, l'intime comme exercice en théorie cielam.univ-amu.fr/malice/articles/yeux-coeur-lintime-exercice-en-theorie Des yeux au coeur, l'intime comme exercice en théorie Apostolos Lampropoulos-Université Bordeaux-Montaigne-Plurielles 2/20 notions qui pourraient bien nuancer leurs liens. S'il est déjà difficile de dire à qui appartient un corps et de quoi un corps est une partie, alors la notion d'un « corps propre » pourrait aussi, dans ce contexte, passer pour une contradiction dans les termes. Ce questionnement est inhérent à certaines écritures de soi et, plus précisément, dans le cas du genre atypique et fascinant que l'on pourrait appeler les récits de soi théoriques. Parmi les exemples les plus significatifs figurent les deux textes qui formeront le corpus de cet article : « Savoir » de Hélène Cixous qui fait partie du volume Voiles (1998) qu'elle a coécrit avec Jacques Derrida et L'Intrus (2000) de Jean-Luc Nancy. « Savoir » de Cixous relate l'impact d'une opération au laser intervenant sur la myopie de la narratrice et, en un sens plus large, sur son propre regard, sur sa manière de se voir elle-même et de voir sa mère. Une bonne partie de ce court texte tourne autour des voiles qui empêchaient sa vision et ne sont découverts qu'a posteriori. De l'autre côté, L'Intrus deJean-Luc Nancy se concentre sur la transplantation cardiaque de l'auteur et sur le traitement de son cancer. D'abord publié en 2000, il a été complété par deux postfaces (la première pour l'édition de 2005 et la seconde pour celle de 2010) qui servent aussi de preuve de la survie de l'auteur. Le texte a inspiré un film de Claire Denis, également intitulé L'Intrus (2004), que Nancy lui-même décrivait comme une adoption plutôt que comme une adaptation. L'Intrus de Nancy nous rappelle ce que signifie devenir étranger à soi ou porter un étranger en soi, mais aussi comment l'on doit se perdre soi-même afin de survivre. En outre, le texte décrit comment l'on peut être touché de l'intérieur en ouvrant la part intime de soi-même à une véritable invasion de ce qui était ordinairement compris comme étranger.