Commentaire de l’article d’Odile Grandjean-Rucar. Difficile réconciliation en France entre logique de rentabilité du secteur médico-social et démarche éthique souhaitée par les patients (original) (raw)
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Médecine & Droit, 2015
Entre déontologisme et utilitarisme : retour sur les enjeux éthiques de la maîtrise des dépenses de santé ଝ Health, ethics and money Eric Martinez (Directeur des affaires juridiques, Directeur adjoint de la recherche et de l'innovation, CHRU de Montpellier, Docteur en droit, H.D.R.) * , Rodolphe Bourret (Directeur général adjoint, Directeur de la recherche et de l'innovation, CHRU de Montpellier, Docteur des universités, HDR droit, chercheur associé UMR 5815 « Dynamique du droit », université de Montpellier, H.D.R.) , François Vialla (Professeur de droit privé à l'université de Montpellier, Directeur du Centre européen d'études et de recherche droit & santé UMR5815, université de Montpellier) Centre hospitalier régional et universitaire, centre administratif A.-Bénech, avenue du Doyen-Gaston-Giraud, 34295 Montpellier cedex 5, France Résumé L'avis 101 (santé, éthique et argent) permet au CCNE d'accorder une attention particulière à la confrontation entre utilitarisme et déontologisme 1. Si le Comité reconnaît que la démarche utilitariste permet de « mettre en relief les intérêts contradictoires qui traversent la société » et éclaire ainsi le débat démocratique, il ne confère pas à l'utilitarisme une valeur équivalente au déontologisme, garant de la valeur inconditionnelle de la personne humaine.
Compte-rendu Fabienne Brugère : Pour une éthique du “care”
La morale est liée à des exigences de justice pensées dans le cadre d'une référence à un sujet neutre, impersonnel, sujet qui garantit la perspective de l'égalité. (Il est nécessaire d'introduire) de la vulnérabilité dans l'autonomie, de la subjectivation dans la personne, de la sollicitude et du soin dans la justice. C'est surtout reconnaître que toutes les relations humaines ne sauraient porter immédiatement l'égalité, que beaucoup sont asymétriques et qu'elles méritent plus que tout l'attention et la protection, une possibilité de réciprocité contre les abus de pouvoir alors même que le point de départ est la différence ou l'écart dans la relation. " 1 Le care insiste sur la responsabilité individuelle inhérente à l'attitude de soin et sur la mutualité des relations de soin, faisant ainsi écho à Paul Ricoeur qui analyse la sollicitude comme processus d'égalisation du donner et du recevoir. Penser ainsi toutes les modalités intersubjectives, mais aussi politiques permettrait de ne pas transformer l'asymétrie et l'inégalité propres aux relations de soin, en une domination, mais plutôt à y introduire de la réciprocité et de l'égalité. Les notions de soin et de care sont de nouveaux objets d'études des sciences humaines et sociales : notamment de la psychologie du travail, de la philosophie morale et politique, et de l'éthique médicale. L'éthique du care est apparue aux Etats-Unis au cours des années 1980 et désignait " différentes formes d'attention aux autres que l'on peut traduire par les concepts de sollicitude et de soin, le premier exprimant la capacité à se soucier des autres et la conduite particulière qui consiste à se préoccuper d'autres identifiés par un besoin ou une vulnérabilité trop grande, le second regroupant un ensemble d'activités ou de pratiques sociales qui problématisent ensemble le fait de prendre soin et de recevoir le soin. " 2 Il s'agit non seulement d'une attitude et d'une disposition morale mais aussi d'une action, d'une pratique et d'une capacité technique. Comme l'indique la philosophe Fabienne
Un métamodèle d’aide à la décision en éthique médicale
Santé Décision Management, 2008
La décision en éthique médicale s'inscrit dans la confrontation des connaissances de tous les acteurs concernés mais aussi de leur personnalité, de leurs émotions, de leurs comportements, de leurs expériences. Nous proposons un métamodèle d'aide à la décision EPICE prenant en compte cinq couches : (émotions, personnalité, interactions, connaissances, expériences). Il utilise des fonctions de similarité floues prenant en compte l'évolution des objets au cours du temps. Il peut s'appliquer à un grand nombre de domaines d'activité. L'élaboration des décisions a lieu au sein d'un système multi-agent d'aide à la décision (SMAAD) dont les agents représentent les acteurs humains impliqués, modélisés selon les couches du métamodèle EPICE.
Journées d'études 24-25 sept. 2012 (Labex RESMED, UMR 8167) L'intérêt de l'organisation de ces deux journées d'études par le Labex, Religions et Sociétés dans le Monde Méditerranéen, axe de rattachement B.2, Médecine religieuse et médecine rationnelle, tend à montrer, à travers des grilles de lecture des textes antiques grecs et latins, littéraires et épigraphiques, le rapport du patient avec son soignant, depuis l'antiquité jusqu'à nos jours. En analysant de près ces textes anciens d'obédience médicale, à la croisée des études médicales modernes contemporaines, il semble évident que les motivations qui animent l'individu malade à se tourner vers telle ou telle médecine, dans l'espoir de recouvrer la santé, ne sont pas sans importance. En effet, le choix du type de médecine est déterminant dans le processus de guérison ; soit recourir à la médecine humaine ou dite rationnelle, soit solliciter l'aide du dieu (donc la médecine divine, par le biais de l'incubation), ou l'aide des praticiens de la médecine magique à travers l'astrologie, l'usage des amulettes, bref, d'autres formes de médecines que l'on peut qualifier de manière quelque peu impropre de « parallèles ». Car la complicité naissante, ou la confiance, entre soignant et patient est primordiale pour la détermination du diagnostic et du traitement dans la médecine rationnelle d'autrefois et d'aujourd'hui (nous pensons ici aux phénomènes neuropsychologiques tels que « l'effet placebo »), et cette relation joue également un rôle crucial dans les médecines « parallèles » pour l'obtention de la guérison. Ainsi, pour une étude transdisciplinaire comme la question du choix du patient, une répartition succincte des journées s'impose : « le premier jour sera consacré à la littérature grecque ou latine, à travers la parole de plusieurs experts philologues, pour réfléchir ensemble sur les textes proposés à l'attention des auditeurs, tandis que le second jour sera consacré à l'analyse des mêmes thématiques examinées cette fois par différents spécialistes d'autres champs disciplinaires (histoire de la médecine, histoire de la philosophie, médecins spécialistes des neurosciences…) 1 ».
Marie-France Raynault et Patricia Loncle - Présentation : la santé au risque du social
Les processus de rapprochement, éloignement, chevauchement des secteurs santé et social constituent l’objet d’analyse du présent numéro de Lien social et Politiques. Les définitions classiques des secteurs de politiques publiques leur prêtent généralement trois caractéristiques : ils se construisent à partir de groupes d’acteurs politiques et professionnels légitimes à une époque donnée; ils véhiculent les valeurs de ces groupes et conduisent à une division institutionnelle du travail administratif; dans les pays occidentaux, ces secteurs ont accompagné l’institutionnalisation des États providences. Résultats, dans une large mesure, de la rationalisation de l’intervention publique, ils n’ont cessé de croître et de se sophistiquer jusqu’au début des années quatre-vingt. Les secteurs sanitaire et social possèdent à cet égard un certain nombre de particularités. En France, en effet, si l’intervention publique dans le domaine social a été construite et systématisée dans le mouvement plus général d’organisation de la Sécurité sociale et de la planification, le domaine de la santé a, quant à lui, souffert de tiraillements structurels constants. Ainsi, si l’offre de soins, dans ce même sillage, bénéficie d’une structuration massive, quadrillant le territoire national avec l’appui de professionnels médicaux organisés en interlocuteurs des pouvoirs publics, la prévention pâtit de déficits chroniques en termes de ressources et de légitimité. La situation québécoise, peut-être plus favorable pour ce qui est de l’institutionnalisation de la prévention et de la promotion de la santé, l’est cependant beaucoup moins dans les domaines sociaux de l’aide aux familles et aux démunis.
Ethique, la vie en question, 2015
Les valeurs qui fondent la médecine impliquent que, sauf péril grave de santé ou de sécurité publique, les propositions thérapeutiques ne peuvent être faites à un patient que dans l’objectif de lui procurer un bénéfice personnel. Pourtant quelle que soit l’intention bienveillante vis-à-vis du malade, cette proposition thérapeutique comporte toujours une part d’objectivation, ne serait-ce que par la nécessaire reformulation de la plainte initiale et son replacement dans un référentiel médical préexistant (1). La loi du 4 mars 2002 (2) (dite loi Kouchner) a reconnu une plus grande autonomie de décision au patient et a rendu obligatoire la recherche d’un consentement explicite avant toute intervention sur sa personne. Mécaniquement, elle expose donc les soignants à faire face à des refus plus fréquents, ou plus formalisés, qui peuvent paraître remettre en cause leur bienfaisance et les fragiliser dans leur exercice professionnel, voire sur le plan personnel. Ces tensions vont-elles nécessairement miner l’exercice médical ?