Étude de l'individu comme facteur de connaissance médicale (original) (raw)

Le savoir des patients

La revue du praticien, 2015

Ce dossier traite la question du « patient-expert» de manière pragmatique en s’interrogeant moins sur les différentes figures théoriques du patient et ses différentes dénominations (patient-expert, ressource, partenaire, intervenant, médiateur) que sur les actions que les malades conduisent, les formations dont ils disposent, les enseignements qu’ils délivrent et les procédures et les types de collaboration mise en œuvre pour les solliciter, voire les rémunérer. Un patient-expert teste un patient qui a acquis une expertise ayant donné lieu à une validation, une qualification ou une reconnaissance l’autorisant à exercer des fonctions, réaliser des missions, délivrer des enseignements, assurer différents rôles dans et hors du système de santé. Nous avons construit cette définition au fil du temps et en avons soupesé chaque mot de manière à englober toutes les situations évoquées dans ce dossier.

L'individu dans un essai thérapeutique

Cet article propose de questionner le statut de l’individu enrôlé dans un essai thérapeutique conçu comme expérimentation scientifique. À partir d’une analyse des procédures papier d’un essai mené à Abidjan sur les bénéfices et risques de la mise sous traitement précoce de patients séropositifs, il s’agit de montrer comment l’individu est catégorisé (corps médicalisé, individu subjectif, sujet d’un essai, entre autres), puis objectivé. À la conception de l’essai centré sur l’individu comme objet fait alors place une conception de l’essai centré sur les interactions entre le virus d’un côté, et l’individu conçu comme milieu de vie, ou Umwelt, du virus, de l’autre. Dans ce cadre, loin d’être un acteur passif, le sujet devient un membre actif du dispositif expérimental et participe de sa propre objectivation. mots clés : sujet, objectivation, expérimentation, corps, essai thérapeutique abstract: the indiVidual in a trial, on some aspects of becoming an object in scientific experimentations This paper questions the status of the individual listed in a therapeutic test designed as a scientific experimentation. From an analysis of a process of a trial carried out in Abidjan on the benefits and risks of an early treatment for HIV-positive patients, the aim is to show how an individual is categorized (medical community/ profession, subjective individual, subject of a test, amongst others), then objectified. The conception of the trial focused on the individual as an object is replaced by the conception of the trial focused on the interactions between, on one side, the virus itself and, on the other side, the individual seen as the virus’ environment of life, or Umwelt. Within this frame, far from being a passive actor, the subject becomes an active member of the experimental system and takes part in his own objectivation. Keywords: subject, objectivation, experimentation, body, clinical trial.

Construction du savoir expérientiel des malades, et rapport aux savoirs des adultes non scientifiques

Recherches en Communication, 2011

Les savoirs en santé ne sont plus exclusivement construits dans les processus de clinique organisés par le corps médical mais peuvent résulter aussi de formes d’auto-clinique gérées par des groupes de malades, comme c’est le cas en rhumatologie, diabète, SIDA et pour des troubles psychiques ou des syndromes méconnus ou mal reconnus. La reconnaissance de ces savoirs expérientiels constitue une nouvelle étape de l’éducation thérapeutique avec laquelle les malades dépassent leur situation d’allégeance au classique pouvoir médical, pour assumer un rôle de production de savoirs, en position d’empowerment. Voilà qui renvoie à la question de la capacité que l’on peut s’accorder ou non de s’approprier -voire de produire- du savoir pertinent par rapport aux savoirs savants académiques. De fait l’enseignement formel initial étant calibré pour que 3/4 des élèves quittent les enseignements scientifiques avant le baccalauréat, la grande majorité en s’étant vu infligées des notes marquant une inc...

Étude Multicentrique Des Facteurs Influençant L’Adoption D’Un Dossier Clinique Informatisé Hospitalier Par Des Infirmières

2014

La décision d'entreprendre des études doctorales est issue d'une mûre réflexion qui s'est appuyée sur des expériences variées vécues à titre de clinicien et de gestionnaire. Elle a été fortement motivée par le profond désir de contribuer au développement de connaissances scientifiques permettant d'alimenter la prise de décision et d'améliorer les retombées de soins dans un système de santé qui fait face à des défis de taille. L'informatisation des pratiques de soins est considérée comme une des solutions pour surmonter les difficultés actuellement rencontrées dans les milieux de soins. Il s'agit d'une avenue incontournable dans laquelle les systèmes de santé sont engagés depuis plusieurs années déjà. J'ai eu le privilège d'être encadré par mes directeurs de recherche, Docteur Claude Sicotte et Docteur Luc Mathieu, deux chercheurs visionnaires, expérimentés et reconnus pour leur expertise dans un champ d'intérêt trop peu exploré au Québec. Je tiens à les remercier pour leur rigueur et leur capacité à m'orienter dans un domaine très vaste où il peut être facile de s'égarer. Par cet accompagnement et par les enseignements qu'ils m'ont transmis, ils m'ont amené à changer ma vision, à poser des questions sous un angle différent et à aller plus loin pour mon développement de futur chercheur. Je suis très reconnaissant d'avoir pu être écouté, soutenu, encouragé et ce, avec patience et doigté. Je comprends mieux le fait qu'on apprend en faisant : je n'aurais pu réussir ce parcours et apprendre autant sans leur précieuse contribution. Je tiens à remercier les membres du jury pour la lecture de cette thèse et les précieux commentaires qui l'enrichiront. Je souhaite aussi remercier mes professeurs à l'École de santé publique de l'Université de Montréal, du Centre FERASI et ceux oeuvrant dans d'autres universités. Vous avez grandement contribué à approfondir mes connaissances dans ce cheminement académique. J'espère avoir la chance de vous côtoyer à nouveau et de collaborer avec vous. Dès l'instant où j'ai manifesté l'intention de poursuivre mon cheminement académique, j'ai reçu un accueil et un appui chaleureux dans mon organisation qui a xvii rapidement donné des suites à cette initiative. Je suis touché par la confiance témoignée par les décideurs du Centre hospitalier de l'Université de Montréal, Mesdames Esther Leclerc, Danielle Fleury, Francine David, Angèle St-Jacques et Sylvie Dubois. Je suis aussi très reconnaissant des ressources mises à ma disposition et du soutien financier offert pour réaliser cette étude doctorale. Ma gratitude se tourne également vers les nombreux décideurs et partenaires dans les différents établissements de santé qui ont accueilli cette étude dans leurs unités de soins, Mesdames

Les savoirs des malades peuvent-ils être regardés comme des savoirs amateurs ?

Les malades ont fait valoir leurs droits dans la société tout au long de la fin du vingtième siècle. La démocratie sanitaire est en marche soutenue par un arsenal de lois qui permettent l'expression des droits, de la parole et du point de vue des usagers et de leurs proches. L'expression d'un savoir spécifique aux malades se fait entendre de façon corollaire dans le système de santé et la société. Schématiquement, elle peut être regardée sous différents angles : les savoirs développés par les soignants auprès des malades dans des consultations d'éducation thérapeutique du patient (ETP), d'une part et les savoirs reconnus issus de l'expérience de la maladie dans des lieux informels et non-formels (intimes, groupaux, sociétaux) d'autre part. L'objet de cet article est de questionner cette reconnaissance émergeante des savoirs des malades au regard des savoirs scientifiques développés dans les pratiques habituellement qualifiées d'amateurs, par exemp...

L’individu est-il vraiment ce grand oublié de la pratique médicale contemporaine ?

Aspects sociologiques, 2014

La thèse avancée par Roland Gori et Marie-Josée Del Vogo (2005) dans « La santé totalitaire — Essai sur la médicalisation de l’existence » se construit autour de deux idées : (i) le sujet éthique serait évacué du moment que l’individu remettrait son corps entre les mains du corps médical et de sa pratique, d’où un déficit que les bioéthiciens tenteraient de combler ; (ii) alors que, dans l’Antiquité, la connaissance de soi était subordonnée au souci de soi — l’individu se préoccupe de lui-même et juge par lui-même des choses —, l’arrivée de la médecine technoscientifique aurait bouleversé cette approche où la connaissance de soi subsume désormais le souci de soi : dès lors « qu’un savoir est scientifiquement exact, on peut le transvaser, le déplacer d’un lieu à l’autre, sans requérir pour autant que celui qui le reçoit se révèle apte à l’accueillir (Gori, Del Vogo, 2005 : 62). » Ce sujet éthique évacué de la pratique médicale proposé par les auteurs s’inscrit dans ce courant d’idées voulant que la médecine contemporaine, de plus en plus spécialisée, technicienne et déshumanisée, traiterait d’organes déréglés et d’affections neurophysiologiquement localisées, plutôt que de l’individu considéré comme globalité. Le procès fait à cette médecine par Gori et Del Vogo serait celui du mépris qu’elle affiche envers la douleur et la souffrance du patient, d’où une contrepartie qui s’exprimerait, depuis les vingt dernières années, dans des pratiques alternatives tenant compte de l’individu dans son ensemble. Cet essai a non seulement pour but de faire le tour des hypothèses avancées par Gori et Del Vogo à propos de cette médecine dite «déshumanisante», mais également d’en nuancer les propos.