De la difficulté d’être naturaliste en matiére d’intentionalité (original) (raw)
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L’intentionnalité, naturellement!
Philosophiques, 2000
Les prétentions de Pierre Jacob dans ce livre ne sont pas de développer une thèse positive concernant l'intentionnalité (pour cela on consultera plutôt son autre ouvrage Pourquoi les choses ont-elles un sens ?), mais plutôt de présenter une géographie détaillée du traitement philosophique de la question de l'intentionnalité au vingtième siècle. L'auteur s'acquitte admirablement de sa tâche, avec pour résultat que le livre devra maintenant figurer en bonne place dans les bibliographies des cours de philosophie de l'esprit. Cela ne rend pas mon travail de commentateur très facile, mais, en cherchant bien, deux passages me semblent faire problème.
1 Comme la page de titre l'indique, il s'agit de l'esquisse d'un travail de plus grande ampleur dont je n'ai tenté de dessiner ici que les grandes lignes. L'option "naturaliste", au sens qui a été retenu ici, s'étend à des questions qui, outre celles qui concernent l'art, l'éthique et la politique, invitent à repenser la culture dans son ensemble, l'histoire et, bien entendu, les relations à l'environnement. Ces questions excèdent de beaucoup les ambitions limitées des présentes Lezioni. 2 Cette dernière opposition épouse les dualismes mentionnés. L'analyse du langage y a contribué. Entre le thème husserlien de la « philosophie comme science rigoureuse » ou du « retour aux choses mêmes » et l'empirisme du Cercle de Vienne ou l'analyse conceptuelle, il y a toute la distance qui sépare une philosophie soucieuse de se démarquer de la science (et de l'empirisme) et une autre philosophie s'inscrivant délibérément dans un programme scientifique et une « conception scientifique du monde ». 3 Le programme de naturalisation de l'intentionnalité en est la manifestation la plus significative. 4 Dans la période récente, Hilary Putnam et Richard Rorty en portent témoignage. philosophies animées des mêmes ambitions, le pragmatisme n'a pas placé ses espoirs dans une métaphysique, voire une théologie, supposée envelopper les forces vives du Concept, de l'Esprit, ni dans les potentialités d'une logique ou d'une conscience présumée à l'oeuvre dans l'histoire. Il entend en un sens remettre les choses à l'endroit, avec la conscience que les renversements et les inversions de toute nature n'ont souvent fait que pérenniser les polarités qu'elles ambitionnent de surmonter. Une philosophie de la praxis partage avec le pragmatisme un primat accordé à l'action, mais si l'action devait être pensée dans son abstraction, sous des formes autonomes qui, se séparant des processus en oeuvre dans la nature, perpéturaient d'une autre manière les vieux dualismes, ou si elle doit nous conduire à projeter en celle-ci les processus censés commander l'action humaine, le bénéfice ne pourrait en être qu'illusoire. Le naturalisme pragmatiste est la réponse que les penseurs pragmatistes ont apportée à ce type de dilemme.
Intellectica, 2019
ENGLISH (French below) The naturalistic incline Cognitive science has gone, within a half-century, from a configuration in which neuroscience held at most a marginal role, to one in which it occupies center stage, if not the entire stage. How can one account for such a reversal? The paper aims at complementing the usual explanations-the shortcomings of classical cognitive science, the momentous development of neuroscience fueled by neural imagery...-by the consideration of the pressure exerted by the demand to naturalize: the study of the brain appears today, compared to the classical approach, as a quick and sure path towards naturalizing the mind. Far from being obvious, this is a mistake based on the erroneous idea that we know what it is to naturalize a given realm before we get down to actually develop the science that accomplishes it. Once this illusion evaporates, a more balanced perspective on the field, both in its historical unfolding and in its present state, is restored. FRANÇAIS Résumé Les sciences cognitives sont passées, en un demi-siècle, d'une configuration dans laquelle les neurosciences ne jouaient au mieux qu'un rôle marginal, à une configuration dans laquelle elles occupent une position centrale, voire hégémonique. Comment expliquer un pareil renversement ? L'article complète les explications courantes-difficultés du paradigme classique, progrès spectaculaire des neurosciences nourri par le développement de la neuro-imagerie ...-par la prise en compte de la pression exercée par l'exigence de naturalisation : l'étude du cerveau apparaît aujourd'hui, comparée à l'approche classique, comme une voie rapide et sûre vers la naturalisation de l'esprit. Il s'agit là d'une fausse évidence, qui repose sur l'idée que nous savons en quoi consiste la naturalisation d'un domaine avant d'en avoir largement engagé la réalisation scientifique effective. Une fois dissipée cette illusion, on retrouve une perspective équilibrée sur le domaine, tant dans son développement historique que dans son état présent.
Une autre sorte de naturalisme ?
Igitur - Arguments philosophiques, 2021
Lecture critique du livre d'Anne Le Goff, L'animal humain (Paris, 2020) dans le cadre du dossier "L'esprit naturaliste" paru dans la revue IGITUR-Arguments philosophiques
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2004
Élisabeth Pacherie autres. Les états mentaux sont alors susceptibles d'être définis fonctionnellement, par leurs causes et les effets qu'ils produisent. De telles analyses sont loin d'être triviales, mais si l'on admet que les états mentaux peuvent être caractérisés par le rôle causal qu'ils jouent, les expliquer revient à expliquer comment ce rôle causal peut s' exercer. En principe, on peut donner cette explication en montrant comment des mécanismes neurophysiologiques réalisent ces fonctions causales.