Habermas au Bengale, ou comment "provincialiser l'Europe" avec Dipesh Chakrabarty (TSP, Univ. Lausanne, 2009) (original) (raw)

Daniel Hartley - Provincialiser le sujet occidental : pour un communisme postcolonial

Dans Le Capital, Marx identifiait déjà le mode de production capitaliste à un mode de subjectivation dont la personne « libre » de se faire exploiter comme d’échanger des marchandises serait la figure principale. C’est cette perspective que se propose ici d’enrichir et de décentrer Daniel Hartley. À partir d’une confrontation entre la théorie postcoloniale et les débats sur le « mode de production colonial », il montre que le capital subsume, transforme et produit des formes de subjectivation hétérogènes qui sont autant d’obstacles à son universalisation. Si les contradictions objectives du système travaillent de l’intérieur les subjectivités, alors, plus que jamais, la transformation de soi apparaît comme une condition de la transformation du monde.

Dipesh Chakrabarty et John M. Hobson sur l'eurocentrisme et la critique des relations internationales

Études Internationales, 2013

The authors present and analyse the theoretical project of Dipesh Chakrabarty, an important figure of Postcolonial Studies, aiming at « provincializing » some European sociohistorical developments, as well as the critic of Eurocentrism made by John M. Hobson, a well-known advocate of Neo-Weberian Historical Sociology in International Relations. Following the presentation of these contributions to Postcolonial approaches and to the turn toward anti-Eurocentrism in Neo-Weberian analysis, the authors argue that these theories tend to build on a critic of a long-deserted kind of Marxism, which makes them disregard the articulation between the modernity of international relations and the emergence of a global capitalist order. The authors conclude by stating the importance of a return to classical social theory to sharpen the evaluation of the role of past and contemporary Eurocentric practices in international relations.

Provincialiser le sujet occidental : pour un communisme postcolonial

This article emerges from my present research project on postcolonial impersonality. The first part uses Marcel Mauss's lecture on the notion of the person to delineate different historical meanings of the "person" from the Latin "persona" to the present day sense of "person" as a moral subject. The main part of the article then analyses the ways in which the category of the person becomes a bone of contention in the inheritance of the Marxist tradition by Subaltern Studies. I focus particularly on the work of Dipesh Chakrabarty, suggesting that there exists a fragile flicker of "impersonal" communist desire that informs his work from the book on Bengali jute mills to the notion of "History 1" and "History 2" in Provincialising Europe. I then consider Chibber's critique of Subaltern Studies, focusing on what he claims is their misunderstanding of "the universalisation of capital"; I offer a critique of Chibber's counter-argument, despite agreeing with many of his points. I conclude by tentatively suggesting that a reconsideration of the Indian mode of production debate of the 1970s might offer an alternative (in particular for cultural theory, rather than historical sociology) to the limitations of both Chibber and Subaltern Studies. The larger aim is to develop a Marxist theory of the person and impersonality that is attentive to situations of combined and uneven development. To that end, I use this article to propose the notion of "structural personifications" – the fundamental personifications that occur at the level of the mode of production (about which Marx talks in the Grundrisse in the section on pre-capitalist formations), which become overlaid with or undermined by: a) structural depersonifications (of residual or emergent modes of production), b) ideological interpellations, c) existential experiences of racist oppression. URL: http://revueperiode.net/provincialiser-le-sujet-occidental-pour-un-communisme-postcolonial/

La provincialisation de l'Europe

La Libre, 2022

Nous avons été aveugles au projet de provincialiser l'Europe qui se répand dans le monde. Poutine, comme les (candidats) dictateurs du monde entier, ne supporte pas le modèle démocratique de l'UE qui dé e les bases de son régime.

La démocratie sans territoire ? Habermas, Rawls et l'universalisme démocratique

Quaderni, 1991

La polarité entre « territoires » et « communication » paraît centrale dans les débats contemporains autour de la modernité démocratique. L'universalisme démocratique, dont J. Rawls et J. Habermas seraient les hérauts, repose en effet sur un argument «communicationnel » selon lequel la descriptibilité et la légitimation de l'exigence démocratique doivent s'appuyer sur le modèle procédural de l'argumentation rationnelle. S'y opposent les partisans d'une approche « communautariste » du politique pour qui la Démocratie ne peut être étudiée et justifiée que dans le cadre de la territorialité (historique, culturelle, langagière, ...) qui la fonde. Cet article tente de rendre compte de ce débat en soulignant tout autant ses implications épistémologiques que proprement politiques.

Habermas et la dialectique de la sécularisation

2008

Et si la raison, comme le montre aujourd'hui la logique marchande, était finalement bien plus capable de calculer des moyens que de poser des fins ? Le dernier recueil de Jürgen Habermas, le chantre de la raison communicationnelle, témoigne d'un surprenant revirement vers la religion et le registre compassionnel.

Subaltern Studies : De la provincialisation de l'Europe au langage de la différence

2016

À la lumière de Provincialiser l’Europe, ce chapitre a pour ambition d’interroger la déconstruction des modèles universalistes des Lumières et du marxisme par les Subaltern Studies, pour produire des pistes alternatives de lecture de l’histoire, puisées dans le patrimoine culturel indigène de l’Inde. Il propose ainsi de fournir un matériel littéraire supplémentaire aux démonstrations de Chakrabarty, au regard d’un corpus poétique et narratif moderne de langue hindi et bengali, deux des langues principales d’Inde du Nord. Ce chapitre vise ainsi à réaliser un renversement méthodologique à l’approche opérée dans Provincialiser l’Europe en signalant comment, par son lexique, sa configuration, ses métaphores et ses stratégies narratives, le texte littéraire parvient à déployer un mode alternatif d’écriture de l’histoire et de la culture, se faire le lieu d’émergence et d’expression de langages subalternes et déployer la signifiance des « particularismes culturels ». Il permet dès lors de repenser l’histoire, l’hégémonie et les modes de résistance dans leur pleine singularité, de « poursuivre ce qui résiste aux grands efforts de traduction dans les systèmes culturels et autres systèmes sémiotiques, de sorte que l’on puisse imaginer la radicale hétérogénéité du monde » (Chakrabarty, 2009 : 92) et « poser des nouveaux principes pour penser l’histoire et sa futurité » (Chakrabarty, 2009 : 60). Voir l'article dans: « Subaltern Studies : De la provincialisation de l’Europe au langage de la différence », in Maxime Cervulle, Nelly Quemener, Florian Voros (dir.), Matérialismes, culture et communication. Tome 2 : Cultural Studies, théories féministes et décoloniales , Presses des Mines, Septembre 2016.

"Crisis in Literary History? Du "nativisme" et du provincialisme, et de quelques autres débats intellectuels en Inde

Revue de LIttérature Comparée , 2015

Cet article s'intéresse à la manière dont les écrivains indiens contemporains envisagent le champ dans lequel ils se placent ou sont placés. Il interroge les débats virulents qui traversent, aujourd’hui en Inde, les milieux intellectuels et qui prennent pour objet l’histoire ou la critique littéraire — et leur « indianité » supposée. Si un consensus semble émerger sur une certaine « amnésie » historique et sur la compartimentation croissante des planètes linguistiques et littéraires de l’Inde, cet article s’intéresse aux interprétations souvent opposées de cette « crise », et notamment au courant dit « nativiste » dont les écrivains-théoriciens (B. Nemade, G. N. Devy) prônent une histoire « indigène ». This article, whose title draws on an essay by Sheldon Pollock (« Crisis in the Classics »), focuses on the way contemporary Indian writers consider the field in which they are placed or in which they place themselves. It examines the virulent debates taking place in India on literary history and literary criticism, and on their supposed « Indianness ». If a consensus seems to emerge on a certain historical or literary amnesia, and on the growing compartmentalization of linguistic and literary worlds, I am interested in the conflicting interpretations of this « crisis », especially in the point of view of nativist writers-critics (like B. Nemade and G. N. Devy) who advocate an « indigenous » history.

"Durkheim, la Mondialisation et le Mondialisme"

Je tiens premièrement à signaler, et ce en guise d'introduction, que je réalise en ce moment pour le master 2 « Sociologie et Institutions du Politique » un mémoire qui traite globalement du « retour » des nationalismes radicaux en Europe depuis une dizaine d'années. Retour qui semble, selon une hypothèse personnelle, être paradoxalement en corrélation avec les volontés d'intégration européenne : « à plus d'intégration plus de repli sur soi-même » en quelque sorte… Montée actuelle de ces partis et idéologies qui parait aussi liée à l'avènement de la mondialisation et du mondialisme, et progression qui s'accroit d'autant plus avec l'aide précieuse de la crise économique actuelle. Il me semble, en d'autres termes, que le retour de ces nationalismes radicaux soit la conséquence directe d'un processus croissant de mise en relation, et de dépendances accrues entre États, cultures, sociétés et peuples différents. Il convient de préciser que cette analyse sera basée sur le cas concret de la réussite actuelle du parti politique grec néo nazi « Aube Dorée », dont je vais rencontrer les membres de février à mai à Athènes.