PIETTE Albert, 2011. Fondements à une anthropologie des hommes (original) (raw)

Fondements à une anthropologie des hommes

2011

Qu'est-ce que l'anthropologie ? Elle est rarement pensée comme une discipline distincte des sciences sociales. Dite ou sous-entendue « sociale et culturelle », elle en a assimilé les principaux schèmes d'intelligibilité. Après avoir cerné les traits essentiels de l'opération sociologique, après une critique des enquêtes ethnographiques, ce livre entend attribuer à l'anthropologie le statut d'une discipline à part entière avec un objet et des méthodes spécifiques. C'est l'homme, l'individu existant, qui est l'objet de l'anthropologie enfin posée et théorisée comme une science des hommes avec leurs caractéristiques sociales et culturelles mais aussi au-delà ou en deça de celles-ci. Les méthodes consistent alors à se rapprocher des individus pris séparément et non plus collectivement, pour les suivre dans la continuité des situations et des instants de l'existence. C'est dans cette continuité que les hommes rencontrent en situation des institutions, des dieux ou des animaux : ils sont aussi présents en situation. Albert Piette trouve dans l'ontologie un fondement théorique à la constitution de l'anthropologie comme discipline autonome, une science des individus humains et non humains.

Une anthropologie de l’homme décentré

Philosophiques, 2002

L'auteur invite à considérer l'oeuvre de Spinoza comme un projet unitaire où l'ontologie implique une conception de l'homme bien précise et originale. Dans l'enchaînement infini des choses, l'homme n'est plus le lieu où tout converge, il n'est plus non plus un domaine séparé qui suit ses propres lois. De cette façon nous découvrons au coeur de la doctrine spinoziste un projet sur et pour l'homme et, en même temps, une anthropologie établie sur un déplacement. Bien que Spinoza prive l'homme de tous ses privilèges, il ne le vide pas de son sens : la présence de l'homme dans le monde ne reste pas sans effet, puisqu'il participe à la construction de l'être. ABSTRACT.-The author invites to consider the work of Spinoza as a unitary plan where ontology implies an extremely exact and original conception of the human being. In the infinite chain of things, Man is no longer the point upon which everything converges, neither is he a separate world which follows its own laws. In this way we discover at the heart of the Spinozistic doctrine a plan on and for Man, and at the same time, an anthropology established on a side issue. Although Spinoza deprives Man of all his privileges, he does not take away his significance : the presence of Man in the world is not without consequence as he participates in the construction of being. Spinoza a intitulé Éthique l'oeuvre à laquelle il a travaillé pendant quinze ans. Mais il faut dire que beaucoup de commentateurs ont eu tendance à oublier ce fait, et à se concentrer presque exclusivement sur la première partie de ce livre 1. Cela a eu pour résultat une méconnaissance : on a souvent ignoré que l'ontologie spinoziste comportait une nouvelle façon de concevoir l'homme. Serionsnous donc en présence d'un Spinoza humaniste ? Non, si l'humanisme est la doctrine qui reconnaît à l'homme une valeur séparée de l'ordre de la Nature. Nous voyons plutôt Spinoza comme celui qui a profondément renouvelé une problématique héritée de l'humanisme. Le titre même de son livre, Éthique, souligne que son discours est sur l'homme et pour l'homme. Selon nous le but principal de Spinoza était éthique, à savoir, consistait à trouver, de l'intérieur de la productivité humaine, la voie pour déterminer la vie pratique à adopter. Pour atteindre son but, Spinoza démontre et fonde théoriquement l'origine

Éléments Pour Une Anthropologie De L’Homme en Mouvement

Appareil, 2013

Dans une lettre datée du 15 avril 1924, l'historien de l'art A. Warburg suggère à E. Cassirer, en passe de devenir le philosophe des formes symboliques que l'on connaît 2 , que tous deux poursuivent en réalité le même projet : créer « une science générale de la culture comme théorie de l'homme en mouvement 3 ». Il place ces termes entre guillemets, soit qu'il se cite lui-même, soit qu'il cite des propos récents de Cassirer. Cette lettre répond en effet à l'envoi par le philosophe d'un « symbole consolant 4 », destiné à la guérison du créateur de la célèbre Bibliothèque hambourgeoise, tragiquement « exilé » de son propre Denkraum pour cause de troubles neurologiques graves. Or ce remède n'est autre que la définition par le penseur Goethe de son projet morphologique, tel qu'il le formule dans Morphologie, formation et transformation des natures organiques. Et cette définition propose de penser la forme comme l'expérience d'un mouvement effectif et efficace créant par oscillation réglée une figure plastique 5 : Éléments pour une anthropologie de l'homme en mouvement Appareil, 12 | 2013

"L'anthropologie et le politique, les prémisses. Les relations entre Franz Boas et Paul Rivet (1919-1942)". L'Homme - Revue française d'anthropologie, 2008, pp.69-92

Nouée au retour à la vie civile, en 1919, la correspondance Franz Boas/Paul Rivet (129 lettres) permet de révéler la longue amitié politique et scientifique, la collaboration agissante, entre deux pères fondateurs de l’anthropologie – relation restée jusqu’à présent insoupçonnée. On peut repérer trois temps forts, trois motifs pour lesquels ils firent cause commune, de 1919 à 1942. C’est d’abord leur souci de restaurer au plus vite l’internationalisme scientifique et de ne pas exclure les savants des anciennes nations ennemies qui motive leur rapprochement et leurs premiers échanges. Ils partagent le même intérêt pour la linguistique amérindienne, pour sauver de l’oubli ces langues, ce qui n’empêche pas un désaccord de fond majeur sur la manière de mener cette recherche. Enfin, avec la montée du nazisme et du racisme érigés en doctrine d’État, ils se retrouvent à Paris en 1937, pour affronter les tenants de la raciologie nazie. La présence de Paul Rivet au moment du décès de Franz Boas, au moment où ce dernier lui redit l’impérieuse nécessité de combattre le racisme, est hautement symbolique de la qualité de la relation qu’ils surent nouer