BOUTIER (Jean) (dir.), Étienne Baluze, 1630-1718. Érudition et pouvoirs dans l’Europe classique. Limoges : Presses universitaires de Limoges, 2008, 378 p (original) (raw)

Étienne Baluze et l'Europe savante à l'âge classique

2008

Étienne Baluze, 1630-1718. Érudition et pouvoirs dans l'Europe classique Actes du colloque de Tulle, 21 octobre 2006 premières publications remontent aux années 1650, avec sa critique de la Gallia purpurata de Pierre Frizon (Toulouse, 1652), sa contribution à la Gallia Christiana des frères de Sainte-Marthe et ses travaux sur l'histoire de l'Église au Moyen Âge (Tulle, 1654-1656). Au cours de près de soixante-dix années consacrées à la recherche, il s'est penché sur l'histoire des institutions médiévales, tant monarchiques qu'ecclésiastiques, les pères latins de l'Église, l'histoire de sa province natale, le Limousin, enfin l'histoire de la maison d'Auvergne, qui a suscité de longues polémiques et entraîné son exil hors de Paris (1710-1713) 2. Baluze a joui très jeune d'une vaste réputation. Dès les années 1660, alors qu'il est âgé d'une trentaine d'années, les premiers journaux savants se font l'écho de ses travaux. Dans l'un des premiers numéros du Journal des Savants, son rédacteur, Denis de Salo, publie la liste des livres interdits par un récent décret de la congrégation de l'Index à Rome (17 novembre 1664) : en tête figure le De concordia sacerdotii et imperii, seu de libertate Ecclesiae Gallicanae liber de Pierre de Marca, archevêque de Paris, dont Baluze a achevé la publication après la mort du prélat en 1662 3. « La Cour de Rome ayant tousiours ses visées, il n'est pas trop seur de s'attacher scrupuleusement à ses Censures », commente le journaliste ; le livre contient en effet des « maximes tres-constantes, & qui peuvent passer pour des lois fondamentales de cette monarchie », et il faut conserver « bonne opinion de la sincérité de M. Baluse ». Salo présente à la page suivante une des premières éditions réalisée par Baluze-les oeuvres de Loup de Ferrières (805-862), abbé de Saint-Pierre-en-Gâtinais 4-dont il loue les qualités : cette édition « l'emporte de beaucoup par-dessus toutes les autres. Car non seulement le texte est restably, mais les difficultez y sont aussi esclaircies par des notes très-iudicieuses : dans lesquelles [Baluze] remarque quantité de choses qui se pratiquoient alors à l'esgard des Abbayes Royalles, des moines, & de la discipline ecclesiastique 5 ». Tous les éléments de la réputation scientifique de Baluze sont d'ores et déjà en place : la rigueur de la pratique philologique, la sûreté et l'ampleur de l'information, la richesse des annotations 6. La découverte et l'édition, en 1679, 2 « Les oeuvres publiées d'Étienne Baluze », in Jean Boutier, Stephanus Baluzius tutelensis. Étienne Baluze (1630-1718).

« L’ordre de l’Épée à Chypre : mémoire de la croisade et instrument du pouvoir des Lusignan » Centre Européen d’Etudes bourguignonnes (XIVe-XVIe s .), 59 (2019), p.

2019

Cette contribution propose de montrer comment la fondation royale de l’ordre de l’Épée à Chypre au milieu du XIVe siècle par le roi Pierre Ier s’inscrit dans un mouvement plus vaste de créations d’ordres de chevalerie en Europe. Institué avant son expédition contre Alexandrie en 1365, l’Ordre de l’Épée permet au roi chypriote d’affirmer son pouvoir royal sur la scène politique européenne et de fournir une base militaire à ses projets de croisade. La perspective d’une libération de Jérusalem s’éloignant, le royaume de Chypre cultive alors la mémoire et la nostalgie des idéaux de la croisade auprès des pèlerins occidentaux qui tentent d’obtenir des derniers rois latins d’Orient le prestigieux insigne de l’Ordre de l’Épée.]

Érudition historique et philologique de l’âge classique aux Lumières

Livret-annuaire, 2023

Cette année universitaire, la première depuis 2020 où les conférences aient pu être données presque normalement 1 , a été tout entière consacrée à Fénelon, plus précisément à l'inlassable campagne antijanséniste à laquelle il consacra, durant les quinze dernières années de sa vie, l'essentiel de son activité. On s'est efforcé de mener une étude proprement historique, évitant le Charybde d'un réductionnisme mesquin, où tout est ramené aux intrigues et aux complots de la petite histoire ecclésiastique, comme le Scylla d'une approche purement internaliste, décontextualisée et désincarnée : ce que Bruno Neveu appelait « une nomenclature pour théologiens, attentive aux seuls systèmes, inexacte par trop d'abstraction ». Une attention particulière a donc été, comme toujours, portée au rôle tenu dans ces controverses par les arguments qui relèvent de l'érudition historique et philologique : discussions textuelles et références à l'histoire ecclésiastique. On persiste à penser, aussi bien, que se placer au croisement de l'histoire des doctrines théologiques et de l'histoire des pratiques savantes est le meilleur voire le seul moyen d'éviter la paraphrase. Certains contemporains se plaignaient déjà que M. de Cambrai « chargeât le public de tant de volumes, pleins de répétitions désagréables », et il faut bien dire que le reproche n'est pas sans quelque fondement. Si l'on a une autre ambition que de rajouter à ce massif une gangue redondante et stérile, il faut étudier ce que Fénelon et ses adversaires faisaient vraiment. Bruno Neveu illustrait l'approche historique de ces controverses en citant une lettre de décembre 1692 à Louis-Paul Du Vaucel, où le P. Quesnel, après avoir « apprécié les forces en présence en vrai général d'armée », concluait : « Il est aisé de voir que toutes les matières se tiennent ». On a donc commencé par insister sur le lien entre la défaite de Fénelon dans la querelle quiétiste et l'ardeur qu'il mit, aussitôt après, à relancer la controverse janséniste. On le voit d'emblée dans la polémique autour de l'édition mauriste de saint Augustin en 1699-1700. M. de Cambrai savait fort bien que les mauristes, notamment Mabillon, rédacteur de la préface générale, avaient été nettement « meldistes » dans l'affaire des Maximes des saints, et qu'ils avaient même travaillé contre lui à Rome. Ce fut sous l'influence de cette expérience qu'il examina le Saint Augustin et suivit de très près-sa correspondance en fait foi-, la polémique à laquelle l'édition donna lieu, en adoptant sans réserve toutes les accusations lancées contre elle par les pamphlétaires jésuites. Peut-être rédigea-t-il dès lors son De generali praefatione Patrum benedictinorum in novissimam sancti Augustini operum editionem epistola ad ***, demeuré inédit, dont on a donné un

(with C. Masson, A. Marchandisse and B. Schnerb, eds), La bâtardise et l’exercice du pouvoir en Europe du XIIIe au début du XVIe siècle, Villeneuve-d’Ascq, 2015 (Revue du Nord hors-série. Collection Histoire, vol. 31), 516 pp.

This collection of essays offers new approaches aiming at understanding the specific opportunities and limits through which illegitimate children gained access to political power in the later Middle Ages and the Renaissance. The approach is comparative and the scope embraces England, Scotland, the Low Countries, the Holy Roman Empire, France, Italy and Spain.

K. Konuk / P. Brun / L. Cavalier / F. Prost (ed.), EUPLOIA. La Lycie et la Carie antiques. Dynamiques des territoires, échanges et identités. Actes du colloque de Bordeaux 5, 6, 7 novembre 2009 (Bordeaux, 2013).

The issue of geopolitical networks in the Mediterranean has been the subject of much lively debate in recent years. In the framework of a program funded by the French National Research Agency (CNRS), a program consisting of philologists, historians, archaeologists and geologists took a model of integration into the larger whole of the Mediterranean the ancient regions of Caria and Lycia. At the end of this program, a symposium held in Bordeaux provided an update on the progress of our knowledge of indigenous languages, foreign influences in the architecture and funerary practices. In turn, recent archaeological and epigraphic discoveries as well as historical developments underlying them shed light on the dynamism and ability of Caria and Lycia to adapt to political changes in the Mediterranean world.

L. Furbetta, Empereurs, rois et délateurs: esquisse d’étude sur la représentation du pouvoir et de ses dégénérescences dans l’oeuvre de Sidoine Apollinaire, in ‘RET- Revue des études tardo-antiques’ 4, 2014-2015, pp. 123-154. (online: www.revue-etudes-tardo-antiques.fr)

In this paper we will propose a study of the representation of the power (especially the imperial and royal one) in Sidonius Apollinaris’ works, trying to decode many passages of the texts where the author introduces also a condemnation of power and his degenerations. The aim will be to give a better overview on Sidonius’ idea about the rule and the policy in his country at his age and on his personal involvement as panegyrist, citizen, politician and then bishop. We will analyse the representation of three key-figures in Sidonius’s works : the emperor, the king and the delator. The first part of this paper focuses on the panegyric on Sidonius’ father-in-law, Eparchius Avitus (carm. 7) and on the panegyric on Majorian (carm. 5) and studies the representation of the imperial power. The core of the second part is showing Sidonius’ idea of the barbarian rule in the Gaul and the political meaning of the portrait of the gothic kings Theoderic II and Euric and of the burgundian king Chilperic. At this regard we will analyse in particular epist.1,2 ; 5,6 and 5,7. The letter 5,7 gives us also the opportunity to study Sidonius’ invective against the delators and their bad influence and power. The last part of our paper will be based on the analysis of epist. 2,13. In this letter Sidonius through the example of the emperor Petronius Maximus introduces a philosophical reflection on the bad effects and the danger of power’s wish.