Clément Desrumaux, Jérémie Nollet (dir.), Un capital médiatique ? Usages et légitimation de la médiatisation en politique (original) (raw)

Journalisme : retour aux sources. Introduction au dossier (avec Jérémie Nollet)

Politiques de communication, 2013

présentation Nicolas KACIAF et Jérémie NOLLET Les « sources » d'information ont acquis, depuis une quarantaine d'années, une place centrale dans l'analyse sociologique de la fabrique de l'actualité. Il est désormais impossible d'étudier l'activité journalistique et, au-delà, les dynamiques de médiatisation sans prendre en compte les stratégies d'accès aux médias mises en oeuvre par les organisations, leurs représentants, ainsi que par les communicants chargés de gérer leurs « relations presse » 1 . Mais, si ce mot d'ordre a été particulièrement fécond dans les travaux anglo-américains et canadiens, il s'est longtemps réduit en France à l'évocation de concepts-écrans, au premier rang desquels figure cette métaphore des « sources » et la référence à leur récente « professionnalisation » 2 . Le dossier présenté ici ambitionne d'appréhender les processus de mise en visibilité médiatique, en se focalisant sur les interactions entre les journalistes et leurs interlocuteurs, que ces derniers soient ou non cités en tant qu'informateurs et/ou érigés en protagonistes de l'actualité. Il s'agit donc de se pencher sur cette large diversité d'acteurs qui tantôt s'efforcent de susciter l'attention des entreprises médiatiques, tantôt sont amenés à répondre à leurs sollicitations, tantôt cherchent à se protéger contre leur intrusion. Cette introduction vise, quant à elle, à rappeler l'évolution des modalités de construction et de problématisation scientifique d'un tel objet, et à souligner en quoi celui-ci demeure l'objet d'interrogations primordiales, malgré les transformations récentes de l'espace public médiatique. C'est donc bien à un retour aux sources que convie ce premier numéro de Politiques de communication 3 . acceptée par les « véritables » rédacteurs, dès lors qu'ils savent répondre à certaines de leurs attentes. Ces salariés associatifs jouent ainsi un double rôle : acteurs des négociations internationales soucieux de publiciser leurs prises de position, « experts » sollicités par les journalistes pour décrypter les enjeux et détails du sommet.

Les élections présidentielles françaises dans la presse écrite héllenique: une médiatisation au service d'intérêts politiques

Paris 12-Val de Marne/Panteion Universitd des Sciences Sociales et Politiques C,est en considdrant les dlections prdsidentielles frangaises en tant gue ( monlent discursif >, dans .le sens oir elles ont donn6 lieu d ( une abondante production m6diatique >,r que nous avons efudid cet dvdnement au travers la presse dcrite helldnique et examind e ce titre la dialectique produite entre le national et I'international. Notre dtude s'appuie sur une analyse de I'ensemble de deux journaux d tirage national en ayant comme but de ddcoder tant les sens qu'un discours comporte, c'est-d-dire son contenu, que les modalitds d'intervention (parution) utilisdes pour transmettre un discours. Nous avons donc procddd e une double catdgorisation, th6matique, selon I'analyse th6matique classique, et formelle, qui rev6t un caractdre quantitatif tout en conduisant d des interprdtations de nature qualitative pour lesquelles nous avons suivi une mdthodologie inspirde des principes de I'analyse du discours. Enfin, nous avons compl6t6 notre approche par une analyse de la Une des journaux en nous appuyant sur la mdthode s€miotique.

«De l'étude des médias à l'analyse de la médiation: esquisse d'une problématique»

Médias pouvoirs, 1990

Pourquoi passer des médias à la médiation ? Qu'y a-t-il à gagner, à glisser ainsi d'un terme qui désigne les instruments concrets de la communication moderne à une notion abstraite, générale, atemporelle ? Ou bien s'agit-il -mais n'est-ce pas alors ce que le mot communication est déjà chargé de faire -de rappeler à l'empirisme obstiné des Américains les interrogations philosophiques préalables à toute enquête empirique ?

Médiatisation de la communication politique et logiques structurantes

Mots, 1989

MEDIATISATION DE LA COMMUNICATION POLITIQUE ET LOGIQUES STRUCTURANTES La médiatisation de la communication politique bouleverse l'expression politique contemporaine. Si de nouvelles formes se sont imposées et ont été différemment maîtrisées, elles témoignent avant tout d'un déplacement des logiques structurantes vers le champ du marketing. A ce stade, la mutation est un véritable enjeu social. Resumen MEDIOS DE COMUNICACION POLITICOS Y LOGICAS ESTRUCTURALES Los medios de comunicación no dejan de sorprender la expresión politica contemporánea. Nuevas formas se han impuesto y se utilizan con maestria indistintamente. Estas reflejan ante todo un desplazamiento de las lógicas estructurales hacia el campo del marketing. A este nivel, la mutación es un verdadero desafio social.

Médiatisation du discours politique et traitement textuel

2004

Les nouvelles formes du discours politique, dans nos sociétés où les mass médias s'en font l'incontournable relais, semblent rejeter dans un autre âge le logos de la Cité grecque, où le talent oratoire prenait appui sur la relativité de toute vérité. Ces nouvelles formes appellent une adaptation de l'idée démocratique, adaptation dans laquelle la valeur du consensus pourrait prendre le pas sur celle de la confrontation idéologique. En témoigne par exemple la lecture récurrente des conflits sociaux, en terme de "problème de communication". Ces conflits traduiraient donc un dysfonctionnement de la démocratie ; et il suffirait de "dire la vérité" (pour reprendre les propos du chef du gouvernement français à propos de la réforme des retraites, lettre du 10 juin 2003), c'est-à-dire de faire valoir l'indiscutable nécessité des actions politiques entreprises, pour résoudre le conflit. L'impact d'un discours politique dont les enjeux idéologiques ne se donnent plus comme fondamentaux ne saurait, dans ce contexte, être appréhendé exclusivement via la problématique du changement d'attitude. On s'intéressera ici au traitement textuel d'un discours produit en situation de conflit social. 1.1 Les masses 1 L'avènement de la démocratie de masse a généré une crise de la représentation démocratique, que l'on peut, à l'instar de Ferry, analyser en tant que divorce entre l'opinion et la raison : « Quelle "raison", quelle rationalité politique pourrait-on attendre (…) d'un espace public démocratiquement élargi à cette masse hétérogène des opinions d'individus et de groupes, où s'exprime la diversité conflictuelle d'intérêts partiels de la société civile ? » (1991:19) 2. Et comment justifier le traitement mass-médiatique au regard de l'idéal démocratique, « alors qu'il paraît débilitant (…) aux yeux des partisans des Lumières et de la logique » (Demers, 1995 :224) ? Certes, la massivité de l'audience légitime les médias comme lieu principal de la politique ; mais en même temps, les contraintes budgétaires liées à l'audimat incitent à une « complaisance de captation : (les médias) offrent ce qui est attendu par le plus grand nombre, avec ce calcul réussi que le plus grand nombre finit par attendre effectivement ce qu'ils offrent » (Rouquette, 1994 :20). La captation opère plutôt sur un registre affectif. Et l'on sait que les décisions des électeurs « proviennent (…) beaucoup plus souvent de l'impression et de l'émotion, de l'impulsion et du sentiment, que de l'analyse (…). Cela met en évidence les vraies racines de la politique de masse : loin de la raison des philosophes, de l'optimisme des pédagogues ou de la technicité des juristes, c'est bien de psychologie sociale qu'il s'agit » (ibid. :46). On ne s'étonnera donc pas de la tendance de la communication de masse à privilégier une "cible affective", c'est-àdire une cible « censée ne rien évaluer de façon rationnelle, mais être mue de façon inconsciente par des réactions d'ordre émotionnel » (Charaudeau, 1997 :91). Or la communication politique, lorsqu'elle vise une cible réduite à sa dimension affective, ne risque-t-elle pas de devenir une forme de propagande ? Il est vrai que le ciblage affectif se justifie par le manque de compétence attribué à cette cible. D'où, par exemple, l'usage de « raccourcis » (Demers, 1995) pour minimiser le coût du traitement cognitif, le public de masse n'étant pas considéré comme prêt à investir un coût trop important pour s'informer. L'incompétence du citoyen "penseur" a d'ailleurs été illustrée maintes fois (voir Rouquette op.cit. :46 ; 74sq.). Et la littérature relative à l'analyse des discours politiques montre que les hommes politiques élaborent une « stratégie du "faire comprendre" », laquelle tient compte « d'une représentation globale de l'auditoire, en termes de connaissance et de maniement de la langue » (Ghiglione et Al., 1990 :140) ; par exemple, le vocabulaire est modulé (en particulier : usage plus ou moins courant) suivant le média et l'auditoire 3. En fait, cette dernière stratégie témoigne que l'on s'adresse aussi à une « cible intellective », c'est-à-dire une « cible à laquelle on attribue la faculté de penser » (Charaudeau, op.cit., p.89). Cela dit le problème de la supposée incompétence de la cible ne tient peut-être pas tant à sa massification qu'à son défaut d'implication politique. Et l'on peut, à l'instar de Touraine, mettre en rapport le développement de la communication politique avec « le déclin et même la disparition des idéologies politiques et la capacité de représentation de l'ensemble de la vie sociale par les acteurs politiques » (1991 :50). 1.2. Le désinvestissement du politique Plusieurs auteurs soulignent la désaffection du public à l'égard du politique. Juhem (2001) par exemple observe, à partir de l'alternance politique de 1981, une « neutralisation » de la presse de gauche, motivée par le souci des journalistes de faire preuve de « professionnalisme », d' « objectivité », d' « impartialité ». L'auteur analyse entre autres le déplacement des thèmes