La naissance de Merlin chez Michel Rio ou la réécriture palimpestueuse et spéculaire (original) (raw)

Michel Rio : les réécritures arthuriennes. Présentation

Cahiers De Recherches Medievales Et Humanistes Journal of Medieval and Humanistic Studies, 2010

Michel Rio : les réécritures arthuriennes Présentation L'oeuvre romanesque arthurienne de Michel Rio, depuis quelques années déjà, a attiré l'attention des médiévistes 1 qui se sont intéressés à la manière dont un écrivain contemporain se réapproprie la matière médiévale. Plus largement, l'oeuvre de cet auteur a fait l'objet de diverses études, dont un recueil d'articles dès 1995 sous le titre de Mélancolies du savoir 2 et une thèse, soutenue en 2003 à Clermont-Ferrand 3. Il semble toutefois que son succès de l'autre côté de l'Atlantique, et plus généralement à l'étranger, où il est traduit dans vingt-six langues, soit plus net qu'en France.

La réécriture de Merlin comme affirmation de la littérarité de la bande dessinée francophone

2014

Le personnage de Merlin, en tant que tel ou sous l’un des nombreux avatars du magicien médiéval, est une figure centrale en Fantasy contemporaine. Dans la plupart de ces représentations, Merlin apparaît comme la figure héroïque dépeinte par Robert de Boron dans l’Estoire de Merlin. Cependant, il y a quelques exceptions à cette représentation, et la bande dessinée francophone en donne de parfaits exemples. A travers la représentation parodique du magicien, des séries comme Merlin de Joann Sfar et José Luis Munuera (Dargaud, 1999-2003), Kaamelott d’Alexandre Astier et Steven Dupré (Casterman, 2006- ), Thorgal de Grzegorz Rosinski et Jean Van Hamme (Le Lombard, 1980-2006) et Lanfeust de Troy de Christophe Arleston et Didier Tarquin (Soleil, 1994-2000) montrent que la bande dessinée francophone s’ancre dans la postmodernité littéraire et amorce une redéfinition du genre Fantasy et de ses motifs. The figure of Merlin, either per se or under different avatars of the archetypal wizard, is a central figure in contemporary Fantasy. In most of these representations, Merlin or his counterparts are presented as the hero figure from the proto-legend. However, there are some exceptions to this representation, and the Francophone graphic novel is a case in point. A parodistic rewriting of the wizard’s figure, in series such as Merlin by Joann Sfar and José Luis Munuera (Dargaud, 1999-2003), Kaamelott by Alexandre Astier and Steven Dupré (Casterman, 2006-), Thorgal by Grzegorz Rosinski and Jean Van Hamme (Le Lombard, 1980-2006), and Lanfeust de Troy by Christophe Arleston and Didier Tarquin (Soleil, 1994-2000) shows that the Francophone graphic novel anchors itself in postmodernism while generating a redefinition of the Fantasy genre and its motifs.

Trahison et résurgence de la matière arthurienne dans la trilogie de Michel Rio Merlin, Morgane, Arthur

Cahiers de recherches médiévales et humanistes, 2010

revives the story of the Arthurian kingdom, apparently eliminating the supernatural and enigmatic features that characterise the thirteenth-century cycles. However, transformations of the novelistic substance and poetics maintain certain features and preoccupations inherent in the Arthurian literature of the Middle Ages. Résumé : La trilogie de Michel Rio, Merlin, Morgane, Arthur, reprend l'histoire du royaume arthurien en évacuant, apparemment, la dimension merveilleuse et énigmatique propre aux cycles du XIII e siècle. Les transformations du support et de la poétique romanesques rejoignent toutefois, dans le fond, certains traits et certaines préoccupations inhérentes à la littérature arthurienne du Moyen Âge. Pour un lecteur averti des romans arthuriens français, la trilogie de Michel Rio, Merlin 1 , Morgane 2 , Arthur 3 , est a priori déroutante. Tout en s'appropriant l'histoire du royaume d'Arthur de sa création à sa destruction et certains personnages emblématiques de cette histoire (Arthur, Merlin, Morgane ou Mordred), l'auteur revendique en effet une « trahison illimitée » 4 , débarrassée de ce qu'il nomme le « bric-à-brac médiéval » 5. Disparaissent ainsi l'énigme fondamentale du Graal, les quêtes identitaires et les aventures merveilleuses des chevaliers errants, tout ce qui fonde en somme le matériau des textes médiévaux. Pourtant, malgré la transformation de l'esthétique romanesque arthurienne, dont nous voudrions observer ici les principales modalités, la trilogie de Michel Rio fait résonner plus qu'il n'y paraît certains aspects de la narration et du fonds médiévaux. La « trahison illimitée », telle que l'auteur la revendique, est une posture sans doute plus provocatrice que réelle, et Michel Rio nuance d'ailleurs par la suite son propos initial 6

Réécriture mythique, réécriture cosmogonique : les Cosmicomiche ou l’abécédaire calvinien

Cahiers d'études romanes, n°29, 2014

Les idées de science, de mythe et de réécriture sont intrinsèques à la notion même de cosmogonie, mais la cosmogonie calvinienne fait l’objet d’une double réécriture : celle d’un mythe universel, la naissance du monde, couplée à une réécriture interne à l'œuvre de l'auteur, riche de cosmogonies toujours différentes. Ainsi génératrice de multiplicité, la cosmogonie est en corrélation avec d’autres thèmes calviniens fondamentaux qui ponctuent, et dessinent, un véritable territoire d’écriture : image, mémoire, matière, etc. Enfin, elle constitue, au sein de ce territoire, un point de départ de l'écriture et de l'imaginaire ; elle est table rase de toute notion préexistante. Dans un univers en naissance, Calvino peut ainsi définir à sa guise une série de concepts qui correspondent aux concepts clefs de l’ensemble de son œuvre. Mots clés : Calvino, cosmogonie, réécriture, mythe, science, concepts clefs, territoire

Mythe spéculaire et mirage scriptural à la croisée des chemins : l'entre-deux chez S. Germain

L’entre-deux imaginaire. Corps et création interculturels, 2016

Tout mythe littéraire, ce mythe « enrobé » de littérature dont parlait P. Brunel (Brunel, 1988: 11), est d’emblée par son caractère médiateur un élément qui se prête aisément à une étude de l’« entre-deux imaginaire ». Que dire alors, des mythes littéraires puisant en même temps aux sources du mirage pictural et musical? Comment concevoir l’entre-deux lorsque l’« entre » s’enrichit non seulement d’« écart» —banal masque qui semble distancier, ou rapprocher ? mythe et récit littéraire— mais de cet autre « entre » qui se fait « passage à travers », grâce au mirage de l’image et du son? Du mythe spéculaire ou du mirage scriptural ? A qui accorder la préséance, au texte, à l’image, au son ou à l’« “entre” de l’interstice” » ? La ré-écriture multisensorielle des mythes chez S. Germain nous permettra d’évoquer cet « entre » « d’où/par où procède et se déploie tout avènement » (Jullien, 2012 : 54-55). Et c’est justement cette ré-écriture multisensorielle des mythes qui nous permettra de lire l’« entre », dans l’univers germainien, non point comme simple passerelle miroitante à travers différents langages créatifs (image-texte-sons) mais également, comme cet « entre » qui « renvoie toujours à de l’autre que soi » (Jullien 2012 : 50), en tant qu’espace « en creux » —aux dires de F. Jullien (ibid.)— ou espace « poreux » —selon S. Germain— toujours sans « essence » ( Jullien, 2012 : 50) et, constamment, en partance vers l’Infini.

Merlin l'Enchanteur et les métamorphoses de Brocéliande

Merlin l'Enchanteur et les métamorphoses de Brocéliande, 2016

La forêt de Paimpont est devenue au fil des siècles un territoire de légendes et un lieu touristique connu sous le nom de Brocéliande. Depuis le XVe siècle, la valorisation de cette forêt n'a pas cessé et Merlin l'Enchanteur, qui peuple les mythes gallois tout d'abord, se voit à la fin du Moyen-Âge transporté en Bretagne. Une allée couverte devient son tombeau en 1820. C'est le début d'une réelle métamorphose de la forêt. Elle devient le décor des aventures de Merlin et des Chevaliers de la Table Ronde, et certains endroits donnent un accès direct non pas à la forêt, mais aux légendes. L'espace-forêt lui-même perd de son intérêt puisque le promeneur entre physiquement dans la légende, par des lieux qu'on a peuplés de contes, aux limites de la forêt, qui, elle, semble inaccessible : c'est la forêt originelle, ici déconstruite. Le territoire a subi plusieurs phases d'aménagements qui ont fait évoluer la toponymie et l'emplacement des légendes dédiées jusqu'à une reconnaissance officielle du nom de Brocéliande.

« Marmontel traducteur, ou les ruses de la réécriture »

Revue Italienne d'Etudes Françaises (RIEF), n. 10 (en ligne), 2020

Le but de cette étude est de soumettre les traductions de Marmontel (1723-1799), "La Boucle de cheveux enlevée" (1746) et "La Pharsale" (1766), à un examen précis, en essayant de faire surgir les dispositifs textuels que le "philosophe" emploie pour dévoiler sa voix. L’article s’attache donc à étudier les marques de subjectivité (commentaires, écarts, réécritures, ajouts) détectables dans ces deux textes, pour ensuite mettre les projets qui les sous-tendent en résonance avec la vie, l’œuvre et la pensée de Marmontel. C’est à partir des intrusions auctoriales dont regorgent ces traductions que l’on pourra enfin saisir, sous la plume du Limousin, les enjeux d’une véritable poétique de la ruse.

Pour une nouvelle épistémologie des réécritures littéraires des mythes

2015

This issue of Interférences littéraires/Literaire Interferenties proposes to discuss, refine and integrate new theoretical and methodological insights about the literary rewriting of myth. Its aim is to contribute to a new epistemological framework concerning myth and rewriting in literary studies. Bringing together articles that combine a theoretical and methodological focus with specific case studies, this issue aims to map new approaches to the re-appropriation of myths in the field of literature. Some of the questions it seeks to address are: How is the re-writing of myths distinct from other literary forms? What are the specific characteristics of such rewritings in the context of literary discourse as a whole? How are these characteristics realized in specific cases or oeuvres and what aims or effects do they serve? What can the rewriting of myths tell us about the status of literature, as discourse or as a historically-determined social and anthropological practice? Faced wit...