Les écrivains français et allemands et la Bataille de la Somme (original) (raw)
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Les écrivains combattants français et allemands, témoins de la fin de la guerre
Revue du Nord, 1998
Alors que pendant toute la guerre, les écrivains combattants français et allemands publièrent de très nombreux ouvrages littéraires relatifs à leur expérience du front, ils restèrent somme toute relativement silencieux sur les derniers mois de la guerre, et ce, des deux côtés du front. Le contexte des années 1918 au début des années vingt était peu favorable à la parution de tels ouvrages et le public était lassé de la littérature de guerre. Pourtant, la fin de la guerre attendue et la victoire espérée avaient été des thèmes majeurs de la littérature européenne entre 1914 et 1918. Mais après 1918, en France, l'euphorie de la victoire le disputait à la fois au deuil des morts qui l'avaient rendue possible et aux déceptions et mésententes relatives à cette paix toute neuve. En Allemagne, la défaite devait radicaliser les déceptions et les espoirs issus de cette fin de la guerre. Des deux côtés de l'ancien front le monde structuré par la culture de guerre et l'unanimisme de la foi en la victoire s'effondrait et le silence des lettres sur ce monde révolu s'installait. Avant peut-être, l'émergence d'un nouveau langage rendant possible à la réécriture de la guerre. misschien de voorbode was van een nieuwe taal om de orrlog opnieuw te beschrijven.
Cet article traite les traductions de la production romanesque française sur la Seconde Guerre mondiale publiées dans l’espace serbo-croate de la Yougoslavie communiste entre 1945 et 1965. L’objectif est de déterminer, en analysant les circonstances historiques et les traductions existantes de la production romanesque, si et dans quelle mesure les autorités communistes ont contrôlé le champ (concept emprunté à Bourdieu) de la traduction autrement dit ont exercé des blockages (Greenblatt). L’analyse montre que même quand il s'agit de l’évocation littéraire de la lutte antifasciste, certains auteurs français étaient explicitement interdits en Yougoslavie dans les premières années de l’après-guerre, alors que d’autres, plus nombreux, étaient plus discrètement omis des projets éditoriaux en raison de leur attitude «réactionnaire»: de cette manière, les autorités parvenaient à supprimer l’autonomie du champ de la traduction littéraire.
La Grande Guerre littéraire au prisme des régions
2014
The regional approach has long been neglected by scholars of the Great War. Nonetheless, it allows for a closer study of local communities at war that leads to a deeper understanding of the ways in which individuals and groups relied on preexisting networks to cope with the conflict, mobilized their local and regional identities in a war between nations, and reconfigured, or not, the ties between home, region, and nation. Literature played an important role not only in the creation but in the questioning of regional identities and it also participated in forging or fracturing both wartime and postwar identities. War narratives and memoirs played a particularly important role in the construction of the wartime experience as well as the identities of veterans. However, while the study of the literature of the Great War at the national level is a highly dynamic field of research, scholars have neglected regionalist writers and their works, as well as references to regional affiliations or a sense of belonging to a particular region made by veterans. This special double issue of Siècles sets out to fill this historiographical void. L’échelle régionale a été longtemps été délaissée par les spécialistes de la Grande Guerre. Elle permet pourtant de se rapprocher des communautés locales en guerre, d’étudier la manière dont individus et groupes s’appuient sur des solidarités préexistantes pour faire face au conflit, mobilisent leurs identités locales et régionales dans une guerre entre nations et comment ils reconfigurent – ou non – les liens entre les « petites patries » et la « grande patrie ». Comme la littérature joue un rôle dans l’élaboration – mais aussi dans la remise en question – des identités territoriales, elle contribua également à forger et / ou à interroger les identités de guerre et d’après-guerre. Le récit de guerre, notamment, participa à la construction de l’expérience de guerre et de l’identité combattante. Les études pourtant très foisonnantes qui lui sont consacrées ont toutefois largement négligé les littératures régionales et régionalistes et les allusions aux régions d’appartenance dans la littérature combattante. Le but de ce numéro double de Siècles est de contribuer à combler ces lacunes.
2015
Le phénomène de la collaboration militaire française pendant la Seconde Guerre mondiale est peu connu et peu examiné en France. En raison de cette méconnaissance, le sujet mérite certainement d’être mieux découvert du point de vue historiographique et littéraire. L’histoire de ces volontaires est encore plus intéressante vue de la région de l’Europe centrale et orientale, car ces militaires étaient présents pratiquement dans tous les pays de cette zone géographique lors de leurs missions effectuées au sein de l’armée allemande. L’activité de ces hommes est présentée par plusieurs sources primaires qui nous semblent exclusivement historiques. En même temps, la situation est bien plus complexe. D’une part, la nature des sources se trouvant dans les différentes archives est très variée, ainsi peut-on y découvrir un nombre d’éléments appartenant au domaine de la littérature. D’autre part, les survivants de ces formations militaires nous ont laissé une littérature autobiographique relati...
Littérature française et littérature romande : effets de frontière
A contrario, 2006
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Le début de la guerre provoqua en Allemagne une gigantesque demande, un énorme besoin de renseignements sur ces événements inouïs. Les séries fasciculaires populaires surent elles aussi tirer parti de la situation. Dès les premiers mois de la guerre des douzaines de nouvelles collections ad hoc inondèrent le marché avec des titres tels que : Unsere Feldgrauen (En tenue vert-de-gris), Helden der Luft (Héros du ciel), Spione (Les espions), Um Deutschlands Ehre (Pour l'honneur de l'Allemagne), Mit fliegenden Fahnen (Étendards au vent), Krieg und Liebe (La guerre et l'amour). À côté de ces nouvelles parutions, des séries déjà en circulation furent remaniées pour prendre en compte l'actualité. Ce fut le cas aussi bien pour des collections solidement implantées, déjà spécialisées dans les histoires de soldats et les opérations militaires, que pour des séries dans lesquelles de jeunes hommes, des Allemands entre 16 et 18 ans, venaient à bout de quantité d'aventures et de défis de par le vaste monde et finissaient par faire leurs preuves. Jouissaient d'une faveur particulière auprès des adolescents des titres tels que Heinz Brandt de la légion étrangère et Horst Kraft chez les scouts. Au début de la guerre nos « héros » furent expédiés séance tenante par les auteurs et par les éditeurs jusque sur les fronts allemands de l'est et de l'ouest. Dans ses discours après le début de la guerre l'empereur Guillaume II prononça à plusieurs reprises une exhortation qui devint vite populaire : « À présent nous allons leur donner une bonne raclée ! » Cette injonction cristallisa l'idée largement répandue que la guerre était une promenade de santé, que les adversaires n'avaient pas vraiment quoi que ce soit à opposer aux « armes allemandes » et que pour cette raison le valeureux Allemand, tant le pékin que le militaire, saurait « leur botter le cul ». Cette absurde outrecuidance imprégnait également une grande partie des ouvrages de fiction exploitant les thèmes de la guerre et des combats, entre autres les séries fasciculaires que nous avons mentionnées. Pour le dire en forçant le trait, le schéma véhiculé par la littérature populaire, ce modèle du héros surhumain, invulnérable, à la hauteur de toutes les situations, qui en l'espace des 32 pages de fascicule venait à bout d'une douzaine des pires dangers, fournissait pile-poil l'image même que beaucoup d'Allemands entendaient se faire des réalités de la guerre. Ils voulaient croire en effet que les soldats allemands étaient des êtres tout aussi exceptionnels et supérieurs que les héros de leurs histoires favorites. C'est précisément cette assimilation qui suscita une violente mise en cause, surtout dans les milieux cultivés. Les arguments qu'on opposa dès lors aux descriptions que les ouvrages populaires faisaient de la guerre, nous les connaissons déjà dans leur principe à cause des polémiques d'avant-guerre qui fustigeaient « une fange de bas étage » (« Schundliteratur ») et « la dépravation du goût ». Ce qui était nouveau, c'est qu'à partir de 1914 la critique strictement intellectuelle fut relayée par l'ingérence pure et simple de la censure : des autorités civiles et militaires allemandes interdirent certaines cartes postales et certaines séries fasciculaires populaires, alors que – en emboîtant le pas à la propagande belliciste – elles illustraient le bien-fondé de l'effort de guerre allemand, l'infériorité des adversaires et l'omnipotente supériorité des soldats allemands. Ainsi furent prohibés des milliers de motifs
2016
Apres la guerre, l’Allemagne et l’Autriche deviennent des republiques democratiques dans des conditions politiques et economiques difficiles. La propagande militariste et la nostalgie de la puissance allemande restent vivaces et, des 1925, Hindenburg, qui avait exerce durant le conflit une veritable dictature militaire, est elu President de la Republique (dite de Weimar). Rien d’etonnant a ce que la flamme du militarisme soit maintenue aussi dans les arts, au cinema comme dans une forme de litterature plus exigeante composee a partir de souvenirs ou de journaux de guerre, comme dans le cas du roman d’Ernst Junger Orages d’acier, paru en 1920… et douze fois reecrit depuis ! Le discours dominant est combattu des les dernieres annees de la guerre par un nombre grandissant d’intellectuels et d’artistes et c’est l’Allemagne qui produit avec A l’Ouest rien de nouveau (1928-1929) d’Erich Maria Remarque le plus grand succes international parmi les romans antiguerre de l'entre-deux-guerr...